C'est hilarant.
Ca se passe en 1848. l'auteur prend du
haschich (per os) et s'en va voir une dame "aux moeurs légères". Mais attention, n'y voyez nul malice. voici comment il explicite sa démarche :
"Avant de commencer le récit de mes expériences, je proteste de nouveau contre toute pensée malhonnête que l´on voudrait me prêter ; je fais de la science, et la science est, comme l´art, chaste et pudique dans sa nudité ; je dis avec le poète :"
Nuda recede Venus, non est tuus iste tabellus
Disce verecundo sanctius ore loqui
« Si tu es nue retire-toi Vénus, ce petit livre ne t´appartient pas. Apprends à parler plus honnêtement d´une voix réservée ».
Le texte provient de : Félix Roubaud,
"Traité de l´impuissance et de la stérilité chez l´homme et la femme, comprenant l´exposition des moyens recommandés pour y remédier," Paris, J.-B. Baillière, 1855, 1, p. 309-313.
Voici un extrait:
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Mes premières expériences sur le
haschich datent de 1848. Les diverses préparations de
Cannabis indica dont je fis usage me furent fournies par mon confrère le docteur Foucart, qui les tenait lui-même de M. Louradour, pharmacien.
Ainsi que je le disais plus haut, l´action du
Cannabis indica sur le sens vénérien me frappa dès ma première fantasia, et, comme elle se reproduisait exactement la même à chaque ivresse, je résolus de diriger spécialement mon observation sur ce point.
À cet effet, je me haschichais avec une femme dont les mœurs faciles ne pouvaient apporter d´obstacles à l´expérience.
Après la période d´hilarité qui fut pour ma compagne une période de larmes et de terreurs, je m´étudiai à tourner mon esprit vers des idées lascives. L´imagination ne répondit point à ma volonté ; j´eus alors recours aux baisers, aux attouchements, en un mot aux excitants physiques.
Sollicité tour à tour par les visions tout idéales dues au
haschich, et par la volonté de fer dont j´étais animé, j´étais dans un trouble extrême, et il me sembla enfin, après des efforts inouïs, que l´érection du membre viril s´était produite.
Je voulus alors me livrer au coït.
Mais au moment où je croyais atteindre le but, un obstacle infranchissable s´opposa à l´intromission de la verge, et mes forces s´usèrent à le vaincre ; brisé de fatigue et couvert de sueur, je dus renoncer à accomplir cette œuvre immense, l´organe copulateur participant lui-même à l´abattement de tout l´organisme.
Je recommençai mes attaques un nombre infini de fois, et toujours je dus céder à l´obstacle dont je parlais tout à l´heure, et qui, selon toute probabilité, n´était autre que la flaccidité de la verge.
Toutes ces tentatives infructueuses avaient réellement abattu mes forces. – Je me mis au lit avec la compagne de mes tristes exploits. – Dès ce moment, les souvenirs me font défaut, et il est pour moi certain que je m´endormis d´un sommeil presque léthargique.
Le lendemain au réveil je me sentis brisé et étourdi comme si je m´étais livré toute la nuit à des excès exagérés de coït. J´interrogeai ma compagne, elle ne s´était même pas douté de mon voisinage. J´examinai les draps et je ne constatai aucune tache de sperme. D´où venait donc cet anéantissement qu´aucune perte n´expliquait ?
J´ai répété la même expérience deux fois et à des intervalles assez éloignés, et toujours j´ai noté l´absence des désirs vénériens, la flaccidité de la verge et la rétention du sperme.
Cet état du sens génital ne se prolonge pas d´ordinaire au-delà de l´ivresse amenée par le
haschich ; cependant une langueur se fait quelquefois sentir pendant un ou deux jours, mais elle se dissipe d´elle-même, à moins que l´on ne fasse un usage abusif de ce narcotique, auquel cas l´impuissance peut advenir.
Cette circonstance est rare dans nos pays ; on ne la rencontre guère que chez les peuples d´Afrique et d´Asie qui font du
haschich leur boisson favorite et journalière. C´est une des mille causes qui rendent les Orientaux le plus promptement et le plus longtemps impuissants ; car le plus efficace et peut-être l´unique remède au mal, est de discontinuer l´usage du
haschich, ce que ces peuples efféminés ne veulent ni ne peuvent faire ».
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suite et texte entier avec introduction sur
http://leportique.revues.org/index142.html