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Le Monde - La consommation de drogue stimule légèrement le produit intérieur brut
Pour la première fois, l’Insee intégre la consommation de stupéfiants au calcul du produit intérieur brut. Les Français auraient dépensé 2,8 milliards d’euros en 2013 pour se fournir en drogues diverses.
La consommation de drogue stimule légèrement le produit intérieur brut
LE MONDE ECONOMIE
Le 26 mars 2018 à 10h46
Mis à jour le 26 mars 2018 à 11h13
Pour la première fois, l’Insee intégre la consommation de stupéfiants au calcul du produit intérieur brut. Les Français auraient dépensé 2,8 milliards d’euros en 2013 pour se fournir en drogues diverses.
Environ 3 % de la population achète régulièrement du
cannabis, soit à peu près 1,5 million de personnes.
Environ 3 % de la population achète régulièrement du
cannabis, soit à peu près 1,5 million de personnes. / ALAIN JOCARD / AFP
Le « shoot » est moins planant qu’attendu. D’après les dernières estimations que nous a communiquées l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), les Français auraient dépensé 2,8 milliards d’euros pour se fournir en drogues diverses en 2013. La moitié pour l’achat de
cannabis, un « gros tiers » pour la
cocaïne, et à peu près 10 % pour l’héroïne, l’ecstasy, et les
amphétamines. Mis bout à bout, le budget « stup » des ménages serait donc trois fois inférieur à ce qu’ils consacrent chaque année à l’achat de poissons et fruits et de mer…
Mais ces données sont-elles fiables ? Ce sont, reconnaît l’Insee, des « ordres de grandeur ». Aucun enquêteur n’a été envoyé dans les planques à
shit ou les «
cocaine call centers ». Encouragés en 2013 par Eurostat à intégrer la consommation de stupéfiants au calcul du produit intérieur brut (PIB), les statisticiens ont compilé les données de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) et de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ).
Selon ces calculs, la production française de drogues avoisinerait 100 millions d’euros, auxquels s’ajoutent 400 millions d’euros consacrés aux importations. De quoi assurer aux dealers un bénéfice estimé à 2,3 milliards d’euros au bas mot. Le trafic total représenterait 0,1 % du PIB.
Un coup de pouce à la croissance ?
Une paille donc, même si, reconnaît Ronan Mahieu, chef du département des comptes nationaux à l’Insee, la part de la valeur ajoutée issue de la consommation de stupéfiants « progresse plus vite que le PIB d’ensemble depuis le début des années 2010 ». Cette dynamique se traduira-t-elle par un coup de pouce à la croissance revue et corrigée fin mai ? Si c’est le cas, sa contribution s’annonce infinitésimale.
La France n’est pas le premier pays à intégrer les données de la drogue à sa comptabilité, rappelle M. Mahieu. Le Royaume-Uni, les Pays-Bas ou encore l’Italie l’ont fait avant elle. Certains incluent même la prostitution. Un sujet qui reste une ligne rouge dans l’Hexagone.
Depuis 2005, l’Insee tient compte, en revanche, de la contrebande de
tabac. « Elle ne représentait pas grand-chose avant que les pouvoirs publics ne décident d’augmenter nettement le prix des paquets, note le responsable des comptes nationaux. Aujourd’hui, c’est un marché très intéressant pour les consommateurs et les trafiquants », qui rapporte 600 millions d’euros par an au PIB.
66,1 tonnes de drogues ont été saisies en 2017
Signe que l’économie grise se porte bien, l’année 2017 a été faste pour les services de douanes. Selon un rapport publié le 13 mars, 66,1 tonnes de drogues ont été saisies sur le territoire national et en haute mer, soit 46,6 % de plus que l’année précédente. Dans le détail, 46,1 tonnes de
cannabis (+ 31,3 %) et 9,2 tonnes de
cocaïne (+ 142,1 %) ont été confisquées.
Lire aussi : Saisies record de
cocaïne pour la douane française en 2017
Malgré des prix moyens toujours croissants, la consommation de
cocaïne progresse en effet dans l’Hexagone. D’après le dernier rapport de « tendances » de l’OFDT, daté de décembre 2017, 1,1 % des 18-25 ans y auraient déjà touché, contre 0,3 % en 2000. Le nombre d’usagers réguliers, toute génération confondue, est estimé à 450 000.
Les revendeurs, eux, disposent aujourd’hui d’un produit plus pur, en provenance des Antilles. Selon l’OFDT, « 1 kg de
cocaïne acheté autour de 3 500 euros en Guyane peut être revendu coupé de 120 000 à 150 000 euros au détail ». L’activité la plus lucrative reste toutefois la revente de
cannabis. Environ 3 % de la population en achète régulièrement, soit à peu près 1,5 million de personnes. Des consommateurs, qui selon l’OFDT, fumeraient de plus en plus d’herbe et de moins en moins de résine.