Si je suis séropositif et que je ne prends pas de traitement, suis-je

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mikykeupon homme
Modérateur à la retraite
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A l'occasion de cette 18e conférence internationale sur le sida, Libération propose un partenariat avec le site Vih.org et Yagg.com, site de presse fondé notamment par Christophe Martet, ancien président d'Act up.

Un homme arrive en criant. Il est habillé comme un membre du personnel médical et demande de l´aide, de toute la force de ces poumons. Une sirène d´ambulance retentit soudain dans la salle de presse et force les centaines de journalistes à  lever la tête de leurs écrans d´ordinateur.

Puis, un brancard surgit dans la salle, encadré par des docteurs portant le nom des contributeurs du Fonds mondial. La sirène rugit tandis que les «médecins» se relaient pour mimer la réanimation d´un Fonds mondial exsangue. Les journalistes se sont rassemblés en masse, la chorégraphie à  l´anglo-saxonne est efficace et les images vont bientôt être relayées sur internet. A qui s'adressent-elles?

Plus de 25.000 personnes présentes, des heures de réunions, des actions de sensibilitation et d´alerte, des tonnes de papier... Des stands à  n´en plus finir, les laboratoires pharmaceutiques qui construisent de véritables petites maisons éphémères, un village global coloré et visité. Un espace enfant, des glaciers. Pourtant, au milieu de ce tourbillon, pour ma première conférence internationale sur le sida, je n´ai pas pu m´empêcher de me demander quel était l´impact de cette conférence sur le monde à  l´extérieur.

«Nous vivons avec le VIH et nous couvrons la conférence internationale»

Dans les premières conférences, ni les activistes, ni les personnes séropositives n´étaient invités à  prendre la parole. Aujourd´hui, impossible d´imaginer une conférence internationale sur le sida sans la présence des associations.

Dans le «positive space», aménagé pour les personnes atteintes, il y a des bambous gigantesques et des canapés Ikea à  la pelle. Des chaises vibrantes essayent de chasser les neuropathies, il y a des graines, des fruits et de l´eau pour prendre ses médicaments. Il y a aussi des soupirs, quand on passe la porte et qu´on reconnaît qu´il est important de pouvoir poser le poids du virus, que parfois, l´intensité de la conférence est difficile à  vivre pour un séropo.

Nous sommes au cœur de l´épidémie. Nous vivons avec le VIH et nous couvrons la conférence internationale. Nous relayons les dernières recherches, en pensant à  l´intérêt des gens, mais comment ne pas penser à  notre propre situation et à  ce que ces discussions, ces décisions en matière de réponse au sida, entraînent pour nous.

A ce sujet, la récente montée en force du Treatment as Prevention (TasP) questionne, avec raison, les activistes et les associations représentant les personnes vivant avec le virus. Personne ne peut nier que disposer de plus de moyens pour lutter contre l´épidémie soit une bonne chose. Mais il est important de discuter des conditions d´applications de ce «nouveau paradigme».

«Rien n´est jamais acquis, surtout en matière de droits»

Les dernières molécules sont efficaces et moins toxiques, mais il ne s´agit pas de paracétamol. Si je suis séropositif et que je ne prends pas de traitement parce que les effets indésirables me font plus peur que le traitement, est-ce que ça fait de moi un mauvais citoyen-malade?

Il faut que, pour TasP comme pour toutes les stratégies de lutte contre le VIH, l´intérêt de la personne reste la première des considérations.

Rien n´est jamais acquis, surtout en matière de droits. Mais la force de cette communauté sida est dans cette réponse concertée, ces prises de bec sur l´efficacité des études de prévention, sur ses convictions personnelles. Un modèle unique qui ne se retrouve pas dans les autres maladies.

Nous vivons ensemble depuis 25 ans. En tant que personnes atteintes, nous vivons avec le virus. Nos médecins vivent avec le virus. Les chercheurs vivent avec le virus. Les activisites vivent avec le virus. Certains en vivent, peut-être, mais ils vivent quand même avec.

Michel Kazatchkine et Michel Sidibé portent tous deux un tee-shirt HIV positive, devant la bibliothèque nationale autrichienne, quand ils appellent le public à  soutenir leurs actions et leurs revendications.

Tout le monde est désormais d´accord avec les activistes, que ce soit au sujet de la nécessité de trouver plus de financements ou de la déclaration de Vienne en faveur d´un changement de paradigme en matière de politique des drogues. Mais le message peut-il arriver à  percer jusqu´aux responsables politiques?

A la fin du happening d´urgence en salle de presse, les faux médecins ont réussi à  sauver le Fonds mondial avec leurs financements. Tout le monde aimerait une fin  heureuse. Le Fonds mondial a besoin de 20 milliards de dollars. Il faut que les gouvernements l´entendent, à  travers nous tous.

Source : http://www.liberation.fr/societe/010164 … yen-malade

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Alain Will homme
ancien Vice-Président
Inscrit le 14 Oct 2008
9618 messages
A propos du TasP (Treatment as prevention) (du PrEP, Pre exposure Prophylaxy, et du PEP, Post exposure prophylaxy)

© sida-info-service.org | 23.07.10 | http://www.sida-info-service.org/spip.php?article3315

"TasP and PrEP and PEP…" par le Docteur M. Ohayon (Coordinateur médical SIS) :

On connait depuis pas mal de temps l´argumentaire du Suisse Bernard Hirschel, qui intervenait en plénière mercredi matin. De fait, il n´y a plus de débat sur l´intérêt préventif des traitements antirétroviraux dans la prévention de la transmission du VIH.

Sa présentation a été un peu différente des dernières fois (notamment de celle proposée à  la dernière conférence mondiale à  Mexico, il y a deux ans), plus tempérée, limitée à  la transmission hétérosexuelle à  partir des données recueillies dans des couples, notamment en Afrique. Rien à  redire, sinon une diapo un peu discordante relative à  la transmission chez les homosexuels (pardon, « MSM » pour men who have sex with men) passée un peu rapidement.

Surtout la présentation d´une étude qui devrait se faire (mais apparemment, ce n´est pas encore gagné), avec l´ANRS, comparant deux populations : l´une se verrait proposer un traitement sur la seule séropositivité, l´autre serait soignée selon les recommandations en vigueur. On peut attendre beaucoup de ce type d´études, qui peut vraiment objectiver avec précision l´impact préventif du traitement. Nul doute qu´un tel travail viendrait enrichir le débat brûlant sur le traitement généralisé de l´ensemble des séropositifs, alors que les indications de traitement dans les pays occidentaux sont de plus en plus larges. « Treatment as prevention », donc, qu´il faut désormais appeler TasP.

On chuchotait depuis quelque temps que des données des essais de traitement pré-exposition sortiraient à  Vienne. Déception, ce sera pour la fin de l´année (ou pour la CROI 2011 ?). Ce sera d´autant plus important que Fritz van Griensven nous rappelle que les autres résultats sont plutôt pour 2012, à  l´occasion d´une revue claire et méthodique de la recherche prévention par les traitements. On en revient donc essentiellement aux modèles animaux, qui montrent qu´un traitement pré-exposition doit être pris bien avant l´exposition. Traitement régulier (quotidien) ou intermittent (à  la demande), l´arbitrage sera virologique mais pas seulement. Les données comportementales (comment un traitement peut-il s´adapter aux modes de vie) auront tout autant leur importance. Quant au gel de Ténofovir, vedette des médias, on ne saura qu´en 2018 si cela peut marcher par voie rectale. C´était de la « Pre exposure Prophylaxy » (PrEP).

Pas grand chose sur le traitement post-exposition. Imprécisions sur l´intérêt réel de la démarche, sur son efficacité réelle (dans les 2 heures ?), et surtout constat que cette technique ne pourra jamais être efficace comme outil de prévention de masse. Du cas par cas, donc. C´était la rubrique « Post exposure prophylaxy » (PEP).

Le docteur Julio Montaner présente le travail mené au Canada (Colombie britannique) sur la réduction de l´incidence du VIH chez les gays après la mise en place d´une stratégie de dépistage et de traitement énergiques. Et cela semble marcher, venant illustrer la thèse qu´il défend depuis plusieurs années, selon laquelle le dépistage et le traitement universels pourraient nous amener à  une quasi disparition de l´épidémie. Stratégie collective, évidemment, et non pas individuelle, mais quelque chose qui réduit nettement l´incidence donne une sacre bouffée d´air. Evidemment, cela est associé avec tous les moyens qu´il est possible de mettre en œuvre. Préservatif, bien entendu, mais aussi dépistage et traitement des IST. C´était encore du TasP.

Plus théorique, mais pas moins intéressant, l´évaluation de l´intérêt préventif du traitement en fonction du stade de la maladie où il est proposé. Ces modélisations, présentées par Geoffrey Garnett nous donnent par ailleurs une échelle de transmission alignée sur le taux de CD4 : risque maximum entre 100 et 200,si l´on omet la primo-infection (on multiplie par 10 le risque le plus élevé en infection chronique). Le top du top, ce serait le traitement (TasP) plus le traitement préventif (PrEP). Encore mieux si c´est appliqué de manière ciblée aux populations où l´épidémie est la plus active. Faut-il traiter systématiquement la primo-infection ? Les arguments convergent de plus en plus.

On commence à  se dire - de façon optimiste ? qu´on pourrait peut-être obtenir une réduction drastique de l´épidémie, sans vaccin ni traitement curatif, et du coup très vite. La balle est dans le camp des pouvoirs publics. Décidément, les solutions accessibles sont politiques.

Il m'arrive de trouver que la vie est une horrible plaisanterie. F. Sagan.

Je vois dans la révolution la revanche du faible sur le fort. La liberté est un mot que j'ai longtemps chéri. Sade (Le marquis de)

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