Histoire de came

Comme trop de gens j'ai commencé par un joint , par ci par là  entre amis.Ca détend toujours l'atmosphére , c'est sympa ça facilite les fous rires les rencontres.Après de bons pétards , on pionce comme des marmottes défoncées au shit à  la beuh au canna.On se réveille le matin , on se souvient de tout , c'est pas comme l'alcool ça n'attaque pas le cerveau de la même façon , c'est peut-être plus vicieux , ça t'oblige à  faire plus attention.Parce que y'en a qui déraperont jamais , ils se contenteront de leurs quelques biz par jour , se rouleront leurs spliffs tranquillement sans avoir peur de basculer.Et y'aura les autres , les plus fragiles d'entre nous , les un peu comme moi , qui tateront les drogues les plus dures , un pied en équilibre au bord de l'autre rive.

Malgré le nombre incalculable de fois où j'ai pu avoir de sérieux bad trips ceux qui te filent la nausée du siècle , ceux qui te font promettre que plus jamais tu tiseras de cette façon , moi je savais que j'irai plus loin.J'avais envie de toucher le "mal" de plus près.Je rêvais d'avaler par le nez de longues trainées de poudres blanchâtres.Ou de me faire de belles injections intra-veineuses de drogues dures.Et même endormie j'y pensais , je cauchemardais , je me voyais en train de brûler de l'encens de le mettre dans une petite cuillère et d'ajouter de l'eau avant de faire chauffer le tout et d'injecter cette tambouille marron bien au chaud au fond du veine.A vrai dire , la première fois que j'ai touché à  une drogue "dure" , ça s'est passé le plus banalement du monde , du moins pour ce que j'avais pu imaginer.

Un jour d'été de l'année deux mille six , j'ai rencontré une fille qui se baladait , avec son gros sac de randonnée sur son petit dos , sur le bord du canal vers où je travaillais.Elle m'a vue m'a demandée si je savais où elle pouvait poser sa tente et puis on a commencé à  discuter , toute l'après-midi on a expliqué qui on était à  l'une et à  l'autre.Et on est devenue copine de galères.Elle se camait à  la rabla (poudre marron d'origine opiacé , connue aussi sous le nom d'héroïne) , et moi ça me faisait vraiment envie.Elle avait rien sur elle , à  part quelques clopes et sa petite maison sur le dos.Je n'allais pas très bien , je me suis dis que ça ne pouvait que me faire du bien de sortir un peu de ma tête de dépressive.Elle m'a donc initiée à  la rabla (et à  dépenser 160 euros en une après-midi parce que premier dealer s'est cassé avec ma tune ; parce que deuxième dealer lui , a ramené la came ; 1 gramme = 40 euros , donc deux grammes un pour elle , l'autre pour moi).Initiée à  cette odeur forte , à  cette première trace où ma meilleure amie me tenait le livre sur lequel était écrasée la poudre de mes rêves.A la paille que j'ai enfoncée dans ma narine droite , et à  mon index qui bouchait la gauche.A cette sensation d'avoir reniflé des bouts de tessons , et à  ma maladresse maladive de ne pas savoir comment faire.A l'après , au pendant , à  l'avant qui serait plus jamais pareil.
Je suis très vite redescendue de mon nuage poudreux et peu édulcoré.D'abord parce qu'au bout de ma quatrième trace , j'ai vomi.Ensuite dès que la poudre marron s'insérer dans mon pif , je vomissais dans les dix minutes suivant la prise.Quand je dis "vomir" , c'est presque trop peu en définition , c'était plutôt des flots de choses dont je ne soupçonnais pas qu'elles étaient entrées dans mon estomac , et même sans manger , c'était le dernier cri du vomi.

J'ai tourné quelques temps à  l'héro avec quelques trips quelques speeds.J'enchaînais traces et fumes (oui, l'héro se fume sur du papier alu et une paille pour aspirer la fumée par la bouche lorsque vous brulez la poudre qui se liquéfie).Ca me posait un peu c'est vrai , mais c'était pas comme je l'imaginais , je pensais que ce serait vraiment le pied le truc terrible qui te flingue ta dépression chronique plus vite que n'importe quel truc médicalisé.Mais je m'étais lourdement trompée.

Un autre temps je tournais plutôt à  la coke (cocaïne) qu'est censée te désinhiber , mais j'accroche pas , ça me fait pas beaucoup d'effets.C'est louche et ça pue.

La came que j'aime bien , voire un peu trop , c'est la kétamine , sans faire d'apologie non plus bien sûrJ'en suis réellement accro psychiquement parce que pas le temps de l'avoir été physiquement.
C'est un très bon pote qui me la conseillait , j'avais juste à  donner les tunes (60 € = 1 gramme) et à  attendre la livraison.Je connaissais rien à  cette came , j'avais jamais entendu parler de kétamine de ké de két ou de kéta , et au début j'étais pas vraiment chaude , pas vraiment attirer vers l'inconnue.Il est revenu , j'avais le coeur qui bouillonnait , il m'a filé mon meuge (1 meuge = 1 gramme de poudre).Je l'ai délicatement déballé de son papier de bd , ça ressemblait à  de la poudre blanche quelconque , sur le coup j'avais pas la force de me faire une trace , d'écraser la poudre avec ma carte d'identité ou bancaire (les pauvres elles ont des tas de drogues collées à  elles)  , de faire une jolie ligne bien verticale et bien régulière alors j'ai demandé à  mon pote de faire ce que j'aime tant faire en temps habituel.J'ai sorti ma plus belle paille verte fluo , et j'ai tapé le tout.Délicate sensation nasale , la coulée qui t'attaque directement la gorge , ce goût terriblement amer qui envahit chaque parcelle de ta tête , qui elle se met à  tourner à  grande vitesse.Et puis voir une pote par terre se vomir dessus et retenir ce que tu peux pour aller faire pareil mais dans des WC.Se pencher sur le bord des toillettes , la tête qui s'explose contre la lunette des chiottes et libérer ton estomac de ce que tu peux.
Et en reprendre et comprendre tout de suite les effets , ne pas garder le vomi en soi et profiter.D'abord la tête qui s'amuse  toute seule aux manèges à  sensations , et puis le reste du corps que tu ne sens pas.Marcher sans sentir ses jambes , marcher certes , mais marcher pas droit.Se prendre chaque poubelle jaune et verte sur le trottoir , il fait nuit les lumières des lanternes qui te piquent les yeux.Ta vision qui se barre en cacahuète , tu vois pas de près ni de loin tu vois pas grand chose en réalité et lorsqu'on te parle pas savoir qui te parle.Prendre des escaliers en spirales pour des perforeurs de cerveau et s'enfuir en courant le crier , hurler qu'il y a un type là  dans le ciel qui zigouille les nuages avec un couteau.Pas ressentir la douleur quand ta tête se cogne contre des murs en bétons , respirer fort parce que l'oxygène est bizarre ce soir-là  , butter contre quelque chose et s'affaler dessus , se mettre à  dormir en pleine rue debout comme une conne et un pote qui vient te réveiller défoncé lui aussi mais conscient que c'est pas normal de s'endormir comme tu viens de le faire.Parler et ne pas s'entendre le faire , avoir peur d'une herbe ou d'une feuille.Vomir de temps en temps , quand ça te pousse pour sortir de ta gorge.Avoir l'impression de devenir folle , de ne plus rien contrôler , d'entrer dans la tête des vrais fous , ceux avec de gros morceaux de folie dedans.
Ca me permet de les comprendre un peu , comprendre celui à  l'hp qui me racontait que c'était pas de sa faute s'il l'avait tué , c'était ses mains on lui en avait greffé des pas à  lui des mains de tueurs.Alors pour moi , la kétamine ça m'aide à  être moins vulnérable , un peu plus humaine.

Forcément , en revenant de ces jours où j'ai pris de la ké , j'avais plus rien et c'était vachement pénible.Physiquement aussi , début de petit manque , essayé d'en trouver mais quand j'en ai pris c'était à  Paris , ici je connais personne qui pourrait m'en fournir , donc super dur de se dire plus de kétamine pendant un long moment , alors que voilà  j'étais super amoureuse de ce produit.

Et puis les choses font qu'on arrive presque toujours au shoot.Pas tous mais beaucoup.A la fameuse injection avec la seringue et l'aiguille.Avec la petite cuillère et l'eau ou le citron.Ou avec la stéribox si t'en as rien à  foutre de passer pour une camée à  la pharmacie.Avec le briquet et les brulures au bout des doigts.Presque tout le monde m'avait dit , la rabla c'est pas fait pour se faire des fixes (ce qui est faux) moi j'étais persuadée du contraire alors j'ai essayé , j'ai préparé la mixture comme j'avais vu dans les films , j'ai fait chauffé en me cramant bien les doigts , j'ai aspiré le produit dans la petite cuillère avec la seringue et j'ai cherché une jolie veine sur le dessus de ma main.J'ai piqué , tiré sur le piston pour voir si y'avait du sang qui arrivait dans la seringue , je l'ai vu alors j'ai fait l'inverse et le piston à  pousser le mélange bouillant dans ma veine.D'abord petits picotements dans la main et puis la chaleur dans ton bras , tu sens le produit montait le long de ton avant-bras , l'impression de pouvoir le suivre et de faire le trajet avec lui dans ta veine.Et le bien-être enfin , ta tête toute légère , t'es vachement heureuse d'être là .Enfin.
C'est tout cotonneux , tu bouillonnes , ton corps bouillonne.Fumer , fumer clope sur clope parce que t'en as sacrément envie et que chaque passage de la fumée te fait tellement de bien.Là  aussi tu vomis , mais pas de nausées jamais.Toujours le temps d'aller trouver un coin pour déglutir , comme si pour une fois avec cette came en toi tu pouvais tout contrôler.
Sous l'effet de ces shoots , j'ai fait des choses que jamais je n'aurai fait en temps normal.T'es tellement bien , tellement en accord avec le monde d'un coup que tu t'en fous de ta fierté , que tu t'en moques de passer pour une dingue t'as juste envie que ça continue tout le temps , mais c'est éphémère , ça dure pas longtemps et quand tu te ramasses le truc en face , ça fait mal.C'est pour ça que la came c'est un système vicieux , et malhonnête.Ca dure jamais , faut toujours en reprendre toujours et quand t'as plus de tunes t'es bien dans la merde.

J'avais commencé un traitement méthadone , subsitut à  l'opiacé , mais j'ai pas continué , j'en prends de temps en temps quand j'en peux vraiment plus de ma vie.Pas souvent parce que ce médicament me rend malade , me fait vomir et me file une sacrée nausée pendant des heures , mais parfois j'en ai besoin , car les débuts des effets sont les mêmes que la rabla en fixe.

J'espère pas arrêter , j'espère simplement que je vais pouvoir en avoir encore , maintenant que mon compte est un peu renfloué je vais pouvoir aller mieux et me droguer sans faire de mal à  personne , juste à  moi et encore.A moi de renouer avec ce milieu que j'ai délaissé pour cause de faillite bancaire.On y revient toujours , croyez-moi toujours.