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Dernière modification par Taedium (11 août 2018 à 22:37)
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Dernière modification par janis (11 août 2018 à 22:51)
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janis a écrit
Coucou taedium,
Rémission? Euh...la drogue n est pas un cancer.
Je n aime pas tes parti pris.
Tu fais quoi : une enquête psychologico-sociale sur le statut de drogué?
"Que fuyez -vous": les jugements dans ce style, c est pour ça que je suis restée sur Psychoactif après m être inscrite.
Une forme de sérénité desintoxiquante ? Tu as breveté la formule?
Et je préfère ne rien dire sur la qualification de "petit joueur" pour tes prises à un rythme effréné. Tu crois que c est un concours ? La prise de substances ne peut pas être qualitative pour toi? Alors tu as bien raison de vouloir une rédemption.
Trêve d ironie, si tu vis si mal que ça tes consommations, tu es pris en charge dans un CSAPA ? Suivi par un addictologue ?
Ça te sera plus utile que de chercher la formule de la sérénité desintoxiquante.
Fais attention à toi
Janis
1) Le terme de rémission ne s'applique pas qu'au Cancer, ouvre un dico.
2) Il ne s'agit pas d'un jugement, mais d'une question avec un présupposé, et si je me permets de poser de présupposé, c'est pour gagner du temps. La drogue permet de fuir quelque chose, sinon à quoi sert-elle ? La drogue est un divertissement, et le divertissement est une manière de fuir, arrêtons de nous voiler la face. Et si je vous pose ces questions, c'est parce que je me les pose à moi-même.
3) Il y a ceux qui se complaisent dans un ménage avec la drogue, et qui s'y complairont ad vitam aeternam, ma foi, cela les regarde et je ne leur porte aucun jugement ; mais il y a aussi ceux qui, comme moi, ne veulent plus en faire une hygiène de vie et recherchent une forme de sérénité qui se passerait du truchement de quelque substance (pharmaceutique ou non).
4) Mon "petit joueur" était ironique, c'était pour signifier que je suis bien conscient que d'autres sont à des extrémités plus grandes que mon cas, mais que, pour autant, la souffrance ne fait pas de discrimination, justement. Je n'ai plus l'âge de comparer la taille de mon sexe, en effet.
En conclusion, apprends à lire entre les lignes avant de t'exciter. Et si il y a bien un endroit où je n'ai pas envie d'entendre parler de prévention et de prise en charge institutionnelle, addictologie etc., c'est bien ici. Ne crois-tu pas que je n'y ai pas déjà pensé, ni même franchis le seuil de l'un de ces centres ?
J'ai la désagréable impression de lire le psy de mon CMP, au demeurant sympathique, quoique plus sympathique que vous, le malheur est que cela n'a rien à voir avec ce que je cherchais en venant ici.
Dernière modification par Taedium (11 août 2018 à 23:08)
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Taedium a écrit
Quel vide vous emplit ? Que fuyez-vous ?
Taedium
Ah! Si seulement j'avais une réponse...
Moi aussi j'aime planer et je me demande souvent pourquoi.
Amicalement et bienvenue à toi sur PA.
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Papaseul a écrit
Taedium a écrit
Quel vide vous emplit ? Que fuyez-vous ?
TaediumAh! Si seulement j'avais une réponse...
Moi aussi j'aime planer et je me demande souvent pourquoi.
Amicalement et bienvenue à toi sur PA.
Merci !
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Salut Taedium,
Moi j'ai commencé la drogue quand je l'ai rencontré. Pas par accident (je suis pas tomé dedans...j'ai pris mon élan et j'ai plongé dedans). C'était l'époque des scènes ouvertes en Suisse, ça ressemblait au paradis.
Ensuite on m'a mit en prison, on m'a envoyé en détox, on m'a laissé sortir avec une période de probation de deux ans ( toute consommation détectée lors de mes contrôles hebdomadaires m'auraient renvoyés finir de purger ma peine ).
A l'époque, le milieu médical, le milieu judiciaire et pratiquement tout le monde gravitant de près ou de loin à la dépendance partageait la même théorie : la, les drogues sont la cause de toutes tes merdes, il suffisait d'arrêter de consommer pour tout régler.
Je suis allé chez les NA, pour mettre toutes les chances de mon côté ( pour pas retourner à l'ombre ). J'ai testé l'abstinence totale, pendant plusieurs années, et j'ai fini par conclure que mon bien-être ne provenait pas de l'abstinence. Parce qu'il faut consommer régulièrement des réunions NA, et j'ai vu beaucoup de gens devenir dépendant aux 12 étapes.
Après mûre réflexion, j'ai choisi de recommencer à consommer des drogues, avec pour objectif de ne pas merder aussi grave que dans mes jeunes années. Cela a bien marché jusqu'à ce qu'un accident me ramène aux opiacés, et j'ai ensuite pris de la méthadone pendant presque deux ans.
Je vivais bien comme ça, sauf que la métha me faisait chier( enfin plutôt pas). Pour moi, c'est un substitut qui est très utile, mais qui a le défaut de n'avoir que les effets indésirables sans le flash. Donc je me suis sevré à l'automne 2012, et depuis je n'en ai plus besoin.
Par contre, je consomme 5-6 autres drogues en quantités et fréquence que j'estime me permettre d'avoir un équilibre de vie satisfaisant. Des fois plus, des fois moins.
J'échangerais pas ma vie de conso actuelle contre un hypothétique bonheur de vivre abstinent. Pour moi, les drogues m'apportent un bien-être qui fait ma vie plus agréable, et je ne vois aucune raison de faire autrement. Je ne fuis rien dans les drogues, ou alors si peu...Pourquoi me priver de cela alors que c'est à ma disposition ?
Dans ce que tu écris, il me semble que c'est l'idée de consommer qui te mets mal plus que le fait de consommer. Parce que dans la mentalité des masses, se droguer c'est mal ? Si ça met mal, alors essaie de ne plus consommer un moment pour savoir si tu vis mieux clean.
La majorité des humains sont dépendants, mais à la place des stupéfiants, ils consomment : sport à outrance, workaholics, cyberdépendance, anorexie-boulimie, réseaux sociaux, alcool, tabac, hyper-sexualité, achats compulsifs, jeux d'argent, jeux vidéos, etc...
On compare l'usage de drogue à un paradis artificiel, je confirme!
On ne se fuit pas au travers de la drogue, on se trouve...
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similana a écrit
Salut Taedium,
Moi j'ai commencé la drogue quand je l'ai rencontré. Pas par accident (je suis pas tomé dedans...j'ai pris mon élan et j'ai plongé dedans). C'était l'époque des scènes ouvertes en Suisse, ça ressemblait au paradis.
Ensuite on m'a mit en prison, on m'a envoyé en détox, on m'a laissé sortir avec une période de probation de deux ans ( toute consommation détectée lors de mes contrôles hebdomadaires m'auraient renvoyés finir de purger ma peine ).
A l'époque, le milieu médical, le milieu judiciaire et pratiquement tout le monde gravitant de près ou de loin à la dépendance partageait la même théorie : la, les drogues sont la cause de toutes tes merdes, il suffisait d'arrêter de consommer pour tout régler.
Je suis allé chez les NA, pour mettre toutes les chances de mon côté ( pour pas retourner à l'ombre ). J'ai testé l'abstinence totale, pendant plusieurs années, et j'ai fini par conclure que mon bien-être ne provenait pas de l'abstinence. Parce qu'il faut consommer régulièrement des réunions NA, et j'ai vu beaucoup de gens devenir dépendant aux 12 étapes.
Après mûre réflexion, j'ai choisi de recommencer à consommer des drogues, avec pour objectif de ne pas merder aussi grave que dans mes jeunes années. Cela a bien marché jusqu'à ce qu'un accident me ramène aux opiacés, et j'ai ensuite pris de la méthadone pendant presque deux ans.
Je vivais bien comme ça, sauf que la métha me faisait chier( enfin plutôt pas). Pour moi, c'est un substitut qui est très utile, mais qui a le défaut de n'avoir que les effets indésirables sans le flash. Donc je me suis sevré à l'automne 2012, et depuis je n'en ai plus besoin.
Par contre, je consomme 5-6 autres drogues en quantités et fréquence que j'estime me permettre d'avoir un équilibre de vie satisfaisant. Des fois plus, des fois moins.
J'échangerais pas ma vie de conso actuelle contre un hypothétique bonheur de vivre abstinent. Pour moi, les drogues m'apportent un bien-être qui fait ma vie plus agréable, et je ne vois aucune raison de faire autrement. Je ne fuis rien dans les drogues, ou alors si peu...Pourquoi me priver de cela alors que c'est à ma disposition ?
Dans ce que tu écris, il me semble que c'est l'idée de consommer qui te mets mal plus que le fait de consommer. Parce que dans la mentalité des masses, se droguer c'est mal ? Si ça met mal, alors essaie de ne plus consommer un moment pour savoir si tu vis mieux clean.
La majorité des humains sont dépendants, mais à la place des stupéfiants, ils consomment : sport à outrance, workaholics, cyberdépendance, anorexie-boulimie, réseaux sociaux, alcool, tabac, hyper-sexualité, achats compulsifs, jeux d'argent, jeux vidéos, etc...
On compare l'usage de drogue à un paradis artificiel, je confirme!
On ne se fuit pas au travers de la drogue, on se trouve...
Merci pour ce magnifique post. Très, très touchant.
Et, si tu me le permets, je note et m'approprierai pour l'avenir cette phrase lourde, très lourde de sens, que j'ai pu esquisser par le passé, mais que je n'ai jamais réussi à exprimer aussi clairement que tu viens de le faire :
On ne se fuit pas au travers de la drogue, on se trouve...
Pourrais-tu l'expliciter davantage ?
Aussi, je suis très troublé par votre profond pessimisme, ou votre profonde lucidité ? « J'échangerais pas ma vie de conso actuelle contre un hypothétique bonheur de vivre abstinent. » Finalement, peut-être avez-vous raison, toute vie est bonne à prendre pour autant que l'on soit averti que tout, finalement, est factice, insensé et absurde.
Enfin, tu me poses la question suivante :
Dans ce que tu écris, il me semble que c'est l'idée de consommer qui te mets mal plus que le fait de consommer. Parce que dans la mentalité des masses, se droguer c'est mal ? Si ça met mal, alors essaie de ne plus consommer un moment pour savoir si tu vis mieux clean.
La drogue m'enferme en moi-même, crée des boucles psychiques dans mon esprit, des schémas inconfortables. La drogue me rend psychotique, paranoïaque, léthargique et impropre à l'action, inconfiant, toujours sur la corde raide, toujours dans l'inquiétude de la prochaine prise, toujours en galère d'argent etc.
Dernière modification par Taedium (12 août 2018 à 00:23)
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Dernière modification par leodric (12 août 2018 à 04:25)
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Quel vide vous emplit ? Que fuyez-vous ? Êtes-vous encore optimistes quant à une rémission ?
L'Homme pourrait se contenter d'un bol de riz, quelques légumes et de l'eau. Pourquoi ne le fait-il pas ?
Si tu réponds à cette dernière question, tu auras une réponse à ta première.
Dernière modification par Lecoq (12 août 2018 à 09:09)
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Pour ma part que vous dire je me drogue par plaisir sa va de soit
Non, ça ne va pas de soi. Peut-être pour toi mais certainement pas pour ceux pour qui le produit consommé est une addiction voire une dépendance.
Il y a bien entendu une part de plaisir mais dans l'addiction et la dépendance elle n'est pas (plus) prépondérante. Commencer la bouteille de pastis à 8 h du matin pour arriver au travail sans trembler et la finir dans la journée ne relève pas que du plaisir.
@leodric parle d'une consommation récréative mais ce n'est pas ce que décrit Taedium. Il souffre et je trouve assez léger de comparer ses consommations au fait d'aller au cinéma, au restaurant ou d'écouter de la musique. On lit rarement des posts de mélomanes qui cherchent à comprendre les raisons de leur pratique dans le but de la supprimer sur des forums spécialisé.
Bref, ça ne me plait pas de lire des messages désinvoltes voire culpabilisant. Il est possible que vous réagissiez ainsi parce qu'il vous renvoi à vos problèmes et que c'est désagréable. Il n’empêche qu'un peu plus d'empathie serait la bienvenue.
Que fuyez -vous?
C'est sa manière de s'exprimer. Elle est peut-être un peu maladroite mais elle a du sens. On ne passe pas d'un spychotrope à un autre et on n'arrête pas lorsqu'on est amoureux lorsque qu'on a une vie qui nous satisfait et nous équilibre, lorsqu’on est heureux.
Je reformule sa question ainsi: Quel est le problème que je pense soigner par la consommation d'un produit? Et oui, c'est la drogue médicament. Avec juste ce problème, le médicament à des effets indésirables et au fil du temps ils deviennent plus important que le bénéfice que l'on en retire. Dis plus directement, le médicament devient le problème.
pourquoi vous droguez-vous ? Quel vide vous emplit ? Que fuyez-vous ? Êtes-vous encore optimistes quant à une rémission, j'entends par là, l'atteinte d'une forme de sérénité qui vous désintoxiquerait pour toujours, et sous quelles conditions voyez-vous cette félicité ?
Tu poses toutes les bonnes questions. C'est assez rare d'être capable de le faire et cela montre que tu as les ressources en toi pour trouver les réponses: pourquoi est-ce que j'agis ainsi, comment pourrais-je agir autrement?
C'est toujours intéressant d'avoir des retours d'autres usagers mais je crois que le plus important c'est toi.
Je crois que dans un premier temps tu pourrais procéder ainsi pour défricher un peu le terrain.
1) Prendre le temps (sur 2 ou 3 jours s'il le faut) d'écrire l'histoire de ta vie avec ses problèmes, l'utilisation de produits et les conséquences pour toi, tes émotions à ces moments là.
2) Quand quelque chose te met en colère, t'angoisse, te met mal à l'aise, écrire dans un petit tableau:
Décrire le ressenti - comment as-tu agis? (des faits) - quelles ont été les conséquences de ces actions? - comment aurais-tu pu agir autrement? - quelles auraient été les conséquences?
Ca c'est de l'auto-soin. C'est pas miraculeux mais ça peut être efficace pour débloquer la situation dans laquelle tu te trouve. Ce sont des méthodes de psychologie cognitivo-comportementaliste, TCC. Tu ne prends aucun risque à faire cela et tu peux en tirer des bénéfices.
Si par la suite tu choisis de consulter un psy qui pratique la TCC, tu pourra t'en servir avec lui.
Il faut être clair. La TCC a des résultats positifs sur l'addiction prouvés scientifiquement. C'est la seule psychothérapie qui peut prouver qu'elle marche. Je la recommande donc vivement.
Tu peux si ce que j'écris te parle me contacter par messagerie privée mais vu que la mienne ne fonctionne pas encore il faut me laisser une adresse mail. Si tu en a marre tu me dis stop, on arrête d'échanger et c'est fini; de même pour moi.
Lorsque j'étais dépendant (alcool, benzos) j'étais bien content que quelques personnes mécoutent avec bienveillance et me donnent des pistes pour aller mieux. Maintenant le renvoi l’ascenseur avec certaines personnes.... je ne suis pas psy, c'est juste de l'écoute et du dialogue entre addicts.
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Il souffre et je trouve assez léger de comparer ses consommations au fait d'aller au cinéma,
au restaurant ou d'écouter de la musique.
On lit rarement des posts de mélomanes qui cherchent à comprendre les raisons de
leur pratique dans le but de la supprimer sur des forums spécialisé.
Tu as en effet raison sur ce dernier point.
Il existe aussi une majorité de consommateurs de cannabis qui n'éprouvent ni l'envie ni le besoin d'arrêter.
En tant que consommateur non joueur je pourrais aussi me poser la question :
"Qu'est ce qui pousse un joueur à perdre son argent au casino ?"
Quel vide vous emplit ? Que fuyez-vous ? Êtes-vous encore optimistes quant à une rémission ?
On ne parle pas de la dangerosité potentielle d'une activité ou d'un produit mais bien du moteur qui pousse les individus à faire ?
Pourquoi un UD serait-il plus à même de répondre à ces questions que le mélomane ?
Quel vide emplit un mélomane pour être toujours poussé à écouter de la musique ? Que fuit-il ?
Et tu peux remplacer sans problème le mot mélomane par toutes les activités citées.
La réponse essaie de contrecarrer les clichés qui se dégagent de ces questions.
On souffre tous d'un vide en nous qui nous pousse à faire plutôt que non.
Ce n'est pas particulier aux UD et ils ne sont pas forcément plus "fragiles" que les autres.
Essaie simplement de rester dans une pièce une journée sans rien faire, sans livre ni télé, sans parler, sans rien faire du tout et tu comprendras rapidement ce qui te pousse à faire quelque chose.
Dans son essence, cette chose n'est pas différente entre un UD, un mélomane ou un sportif.
Il faut d'abord reconnaître ce fait avant de pouvoir essayer de répondre à ces questions et ainsi résoudre ses problèmes d'addictions.
Une autre formulation aurait été "Pourquoi avez vous choisi ceci ou cela pour fuir et remplir ce vide qui est en vous ?" et dans ce cas la réponse aurait été tout autre.
On peut aussi déduire de cela, qu'il ne sert à rien d'essayer d'arrêter une consommation (sans en connaître les causes) si c'est pour se retrouver en face des mêmes causes qui ont généré cette consommation.
Enfin de manière subsidiaire, combien de grands sportifs, en natation ou en football par exemple, finissent alcooliques ?
Et ses bourreaux du travail en burn out parfois jusqu'au suicide ?
J'ai connu personnellement quelqu'un qui s'isolait non stop pour écouter sa musique. Il en souffrait. Sans parler des accrocs à la bouf, à la religion, aux jeux vidéos etc.
Encore une fois, les questions posées ne faisaient pas référence à la dangerosité d'une pratique par rapport à une autre (même si cela pourrait aussi se discuter) mais seulement au moteur qui nous pousse à faire quelque chose plutôt que de ne pas le faire.
Les UD ne sont alors pas des cas particuliers mais seulement un sous-ensemble d'un ensemble qui comporte toute l'humanité.
Bien amicalement,
Dernière modification par Lecoq (16 août 2018 à 12:26)
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Taedium a écrit
Voici ma (mes) question(s) : pourquoi vous droguez-vous ? Quel vide vous emplit ? Que fuyez-vous ? Êtes-vous encore optimistes quant à une rémission, j'entends par là, l'atteinte d'une forme de sérénité qui vous désintoxiquerait pour toujours, et sous quelles conditions voyez-vous cette félicité ? Enfin, selon vous, pourquoi arrêté-je de me droguer si facilement lorsque je suis amoureux ? (j'ai déjà une idée sur la question, mais suis curieux de savoir ce que vous, en pensez.)
Bienvenue Taedium.
Excellentes questions. La première fois que j'ai essayé d'y répondre, sur ce forum, parce que j'expérimentais les plaisirs de l'abstinence partielle, j'avais l'esprit ailleurs et ai fait un hors sujet.
J'avais à peine la vingtaine, tabagisme déjà bien ancré, café devenue compagnon quotidien, peut-être encore en découverte de l'alcool, du moins au démarrage d'une période d'abus, avec de petites expériences du cannabis, que je sentais, je savais que l'addiction était un thème qui risquait de me poursuivre toute ma vie. Cela semblait me correspondre totalement. Conscience totale de cette faiblesse, de ce sentiment de propension à, et raison pour laquelle également j'ai refusé d'aller beaucoup plus loin dans les expérimentations d'autres substances PA.
Quel vide? Au départ je crois qu'il y a la recherche de sensations, et l'envie de sublimer des instants, ordinaires ou extraordinaires mais à côté desquels on pourrait passer, parfois aussi faire passer les instants pourris, transmuter le stress en autre chose. Pas du chemsex mais du chemlife. La vie humaine a une belle saveur, mais souvent décevante, en deçà de mes attentes et les produits plus que simplement combler cet inachèvement, offrent un surcroit de sensations et d'émotions, qui fait qu'on se dit que ces instants méritent vraiment d'être vécus.
Parfois je me demande, j'essaye de me souvenir comment c'était avant, comment c'était avant le tabagisme, comment je fonctionnais dans l'enfance et aux débuts de l'adolescence, qu'est-ce qui me motivait jour après jour, et je n'arrive pas à trouver de véritable réponse. Grandir, la perspective de devenir adulte, que ce serait moins vain, que ça tiendrait ses promesses? La musique peut-être?
Pour moi il y a aussi un côté I can't get no satisfaction, allez plus loin, gratter la surface, aller au fond des choses. Tout le confort 5* mortel du monde ne peut pas remplacer une chambre fumeur ou avec balcon et machine expresso. Même un excellent croissant...
Alors le tabagisme c'était un carburant de motivation, une productivité décuplée, la capacité à aller jusqu'au bout sans fatigue psychologique, adieu la sensation du temps qui passe, adieu l'ennui, vive la concentration. La carotte aussi, au bout du chemin.
L'alcool, après, pour faire la fête à fond, pour provoquer et désinhiber l'imagination, pour évacuer le stress, pour laisser place à une personnalité plus légère et moins conséquente, apte à l'euphorie.
Aujourd'hui je fume en toute circonstance, mais 2x plus quand je suis seule, surtout quand il n'y a pas de contrainte, pas d'obstacle parce que l'envie est plus impétueuse; c'est plus dur lorsque je suis seule et n'ai pas le droit de fumer, la tension peut vite grimper. Toutefois je ne souffre d'aucun symptôme de manque lorsque je m'abstiens provisoirement en présence d'autres personnes par contrainte professionnelle ou sociale, juste de symptômes physiques de sevrage, tant que je n'ai pas à m'abstenir trop exagérément ou sur trop longue durée.
Aussi oui, il y a certainement un vide à combler, chez moi je dirais plutôt existentiel, une déception relationnelle, se résoudre au fait de rester fondamentalement seul avec soi-même dans son cerveau. Et si j'ai pu gagner énormément en équanimité avec le temps, c'est aussi une forme d'émoussement et de renoncement, de pessimisme détaché mais optimiste et toujours curieux, qui s'accompagne d'une satisfaction croissante des petites choses et d'une indifférence croissante pour les grandes et les gens. J'ai eu beau arrêter l'alcool, je n'ai pas l'impression que ça arrange quoi que ce soit; le vieillissement joue au moins certainement autant.
ILE
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pierre a écrit
XXX est plus près de nos vérités.
Existe-t-il un lien vers le credo intégral du site?
pierre a écrit
Change tes questions et on pourra peut être discuté....
Pour certaines d'entre-elles je suis convaincue qu'un changement de repère ferait l'affaire.
Existe-t-il un lien vers le credo intégral du site?
Très bonne question ! Nous nous sommes rendu compte que cela manquait !
Pour le moment il n’y a que publiquement l’explication de la rdr : https://www.psychoactif.org/forum/reduc … ogues.html
Avec les messages du type « je fais un sevrage brutal » nous sommes en train d’ecrire Un texte sur notre vision du sevrage.
Et aux prochaines universités d’été de Psychoactif (réservées cette année à l’equipe) nous allons écrire un texte sur les valeurs que nous défendons ! Vous aurez ce texte début septembre.
Voilà Quelques notions de ce que nous défendons :
En tout cas, pour nous les usagers ne sont pas des « victimes du fléau de la drogue ». Et il n’y a même pas de « fléau de la drogue ». Il n’y a même pas « la drogue ».
« LA drogue » est une construction conceptuelle inventée par les tenants de la prohibition. C’est un attrape tout qui regroupe tout les préjugés sur LES Drogues. (Le fléau de la drogue, les victime de la drogue, l’irresponsabilité dûe à la drogue, la peur de LA drogue, se perdre dans LA drogue, LA drogue qui provoque l’addiction...) et qui est pratique pour stigmatiser les drogues et les usagers, en mettant tout dans le même sac. Il n’y a pas LA drogues, mais les drogues ! Et chaque drogue a sa particularité ! Dans ce concept attrape tout les usagers sont des victimes (tombés dans LA drogue), les drogues sont des fléaux qu’on doit éradiquer à tout pris) et le dealer est le dernier stade de pourriture d’humain...
Les drogues sont avec nous depuis la nuit des temps, et il faut apprendre à vivre avec plutôt que de les pénaliser, et de ce fait marginaliser les usagers.
C’est pourquoi Psychoactif est fortement contre la pénalisation de l’usage de toutes les drogues !
Les dealers ne sont pas le diable incarné. Ce sont des personnes qui revendent un produit comme un autre (par exemple les buralistes-dealer de tabac, les bars-dealer d’alcool...). Seulement La prohibition des drogues illicites donne un marché capitaliste sans aucune règle ! C’est donc la loi du plus fort et donc les mafias qui dominent ! Et les premiers à en pâtir sont les cités et les usagers. C’est à dire des personnes dont tout le monde se fout ! Il faut aller vers une régulation des drogues : c’est à dire une legalisation adaptée qui va réduire les domages selon le produit, la population qui le consomme. Par exemple, pour le cannabis ça peut être les cannabis social club, pour l’heroine Ça peut être la mise en place de l’heroine Médicalisée ! Quand on dit légalisation ça veut pas dire mettre en vente chez Carrefour !
Les drogues ne sont pas des fléaux !
Les drogues ce sont d’abord des plaisirs, même si certains l’ont oublié. Le plaisir de la defonce, le plaisir du soulagement et de l’apaisement des douleurs psy ou physique, le plaisir de faire une pause et de se vider la tête, le plaisir d’experimenter, le plaisir de partager ensemble, le plaisir de ce découvrir autrement (et non on est pas une autre personne quand on consomme des drogues.)... elles ont des bénéfices important pour les usagers ET pour la société ! (Economique, liant social, Art, faire baisser la pression ...)
Enfin Si on regarde l’addiction, ce qu’on oublie tout le temps, c’est qu’elle a aussi d’abord Des bénéfices pour les usagers. Et ensuite viennent éventuellement les domages. Si on regarde cela comme cela, il ne faut pas tant combattre l’addiction (et donc ses bénéfices) que les dommages qu’elle engendre : ce concept s’appelle la réduction des risques et des domages ! Et c’est une révolution dans l’accompagnement du parcours des usagers, ou le sevrage va être l’une des options parmi d’autre, mais certainement pas une fin en soit et pas le graal vers quoi tendre tout usager !
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il n’y a même pas de « fléau de la drogue ». Il n’y a même pas « la drogue ».
« LA drogue » est une construction conceptuelle inventée par les tenants de la prohibition.
LA drogue qui provoque l’addiction...) et qui est pratique pour stigmatiser les drogues et les usagers
Les dealers ne sont pas le diable incarné.
elles ont des bénéfices important pour les usagers ET pour la société !
Si on regarde l’addiction, ce qu’on oublie tout le temps, c’est qu’elle a aussi d’abord Des bénéfices pour les usagers
pas le graal vers quoi tendre tout usager
Je ne sais pas pourquoi je ne peux pas mettre de champi mais je bois du petit lait en lisant tout cela.
C'est exactement ce pourquoi je suis venu m'inscrire sur PA.
Dans la partie "Règles du site", il y a une phrase qui m'avait interpellé et qui est un bon commencement ou peut-être un bon résumé :
Enfin, si vous croyez fermement que le vin n'est pas une drogue, que l'usager de drogues est un malade, que les personnes addictes sont des menteuses et que vous n'êtes dépendant à rien (ni à l'air, ni à l'eau, ni à l'argent...), vous n'êtes peut-être pas sur la bonne plateforme !
Dernière modification par Lecoq (17 août 2018 à 16:34)
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pierre a écrit
Existe-t-il un lien vers le credo intégral du site?
Très bonne question ! Nous nous sommes rendu compte que cela manquait !
[...]
Et aux prochaines universités d’été de Psychoactif (réservées cette année à l’equipe) nous allons écrire un texte sur les valeurs que nous défendons ! Vous aurez ce texte début septembre.
Voilà Quelques notions de ce que nous défendons : [...]
Merci de cette belle réponse Pierre.
Je l'ai lu, relue, et encore relue.
Rien ne m'a étonnée à première lecture, tout cela semblant plutôt aller de soi dans l'absolu, et effectivement correspondre à ce que j'ai saisi de l'esprit du site depuis les mois que je le fréquente, et que spontanément j'approuve d'ailleurs.
A la relecture pourtant lorsque je me mets à envisager la portée des différents éléments de cette profession de foi, hic et nunc, leurs implications, et à tenter de les relier avec la société dans laquelle on vit, les principales tendances selon lesquelles la société et le monde évoluent, quand je commence à imaginer un monde où tous ces principes seraient mis en application, je suis confrontée à l'évidence que non, cela ne va pas de soi, qu'il reste beaucoup à méditer pour chacun d'entre nous usager lambda ou non-usager. Le quoi est donné, reste à définir le comment.
C'est une très bonne idée de publier un texte de référence qui mettrait en avant les valeurs de PsychoActif au-delà de la dimension RdR stricte. Cela contribuera certainement à améliorer la cohérence de nos interventions.
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Dernière modification par sud 2 france (18 août 2018 à 01:10)
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"l'atteinte d'une forme de sérénité qui vous désintoxiquerait pour toujours"
"Pourquoi vous êtes vous intoxiqué avec une substance
psychoactive bien que vous en connaissiez les risques?
Pensez-vous qu'une désintoxication est possible?"
Tu changes la question mais tu restes toujours dans une même forme très culpabilisante et stigmatisante.
Comme si le fait de ne plus consommer était un objectif en soi qui garantirait une forme de sérénité.
C'est ce que pierre compare au graal à atteindre. En tout cas c'est ce que je ressens en lisant ces questions.
J'aurais beaucoup de mal à répondre même à cette nouvelle question car je n'ai pas l'impression de m'intoxiquer en tout cas pas plus que si je consommais d'autres produits alimentaires largement vendus dans les supermarchés.
J'utilise le cannabis pour deux raisons principales.
La première est de ne pas consommer d'autres produits. J'ai eu par le passé des problèmes avec l'alcool et le cannabis m'a permis de me sevrer radicalement et définitivement.
J'ai eu un accident qui m'a engendré des douleurs chroniques et la morphine ne me satisfaisait pas sur le long cours. Je suis un intolérant au Tramadol qui produit chez moi des gueules de bois qui sont comparables à celles de l'alcool dans ses pires moments.
Le cannabis m'évite aussi de prendre des benzos et du paracétamol que j'ai beaucoup consommés par le passé et qui m'ont bien esquinté le foie avec une hépatite médicamenteuse qui m'a fait manger du riz pendant six mois.
La deuxième raison est dans un but spirituel justement pour trouver une forme de sérénité.
Je me permets de joindre le lien que j'ai emprunté à NotreDame420 sur ce sujet.
https://stopmensonges.com/les-effets-sp … -cannabis/
dont voici deux extraits :
"on utilise la plante dans les pratiques en lien avec l’esprit, notamment comme moyen d’arrêter son activité mentale et de plonger dans un état de profonde méditation, aussi appelé Simadhi. À partir du moment où on le désire vraiment, le cannabis peut être un véritable allié dans les activités de méditation."
"Beaucoup de gens qui combinent consommation de cannabis et méditation affirme que contrairement à une méditation simple, le fait de fumer du cannabis permet plus facilement d’obtenir un état de pleine conscience qui met de côté les sentiments opposés qui nous fascinent tous (le bien et le mal, le vrai et le faux, l’amour et la haine, etc…), c’est-à-dire être dans un état sans jugement."
Tu comprends alors que j'ai bien du mal à me retrouver dans ces questions, notamment à cause de leurs formes.
Quant au fond je répondrais la chose suivante :
On commence à consommer des produits psychotropes pour cette même raison qui nous pousse à nous lancer dans d'autres activités (sport, jeux, travail, bouf, religion etc.). Cette raison est d'essayer d'échapper à la souffrance. Ceux qui répondront que c'est pour le plaisir diront finalement exactement la même chose.
En principale conséquence, il ne sert à rien d'essayer de stopper une consommation tant que l'on a pas résolu les problèmes qui ont poussé à cette consommation. C'est pour moi la principale erreur dans le domaine des addictions. Le problème est généralement pris à l'envers.
Quand on souhaite arrêter une consommation problématique, Il faut d'abord réaménager sa vie en conséquence.
Avant de me poser la question "Pensez-vous qu'une désintoxication est possible ?", je commencerais par me poser la question "Pensez-vous qu'une désintoxication est souhaitable ?"
Bien amicalement,
Dernière modification par Lecoq (18 août 2018 à 13:19)
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En principale conséquence, il ne sert à rien d'essayer de stopper une consommation tant que l'on a pas résolu les problèmes qui ont poussé à cette consommation. C'est pour moi la principale erreur dans le domaine des addictions. Le problème est généralement pris à l'envers.
Quand on souhaite arrêter une consommation problématique, Il faut d'abord réaménager sa vie en conséquence.
Je ne partage pas souvent les points de vue de Lecoq mais là je ne saurais mieux dire.
Il me semble cependant que Lecoq n'a pas remarqué que ce qu'il écrit ici est parfaitement en accord avec une des recherches de Taedium (recherche qu'il rejette par ailleurs)
l'atteinte d'une forme de sérénité qui vous désintoxiquerait pour toujours
Si il ne faut pas réaménager sa vie pour cela je n'y comprend plus rien.
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Si il ne faut pas réaménager sa vie pour cela je n'y comprend plus rien.
C'est vrai tu as raison.
Comme quoi on peut voir des sens différents à une même phrase. Cela dépend beaucoup du contexte dans lequel cette phrase apparaît et les mots ne peuvent pas décrire précisément tout un panel continu de sensibilités.
Voilà aussi une autre interprétation.
La différence est tout de même dans le choix d'un mot essentiel : je parle de consommation quand il parle d'intoxication. Associer le mot sérénité à celui d'intoxication peut apparaître comme un oxymore ce qui n'est pas le cas lorsqu'on l'associe au mot consommation.
En d'autres mots, sa phrase semble ne pas offrir d'alternatives.
Trouvez une sérénité et vous pourrez vous désintoxiquer.
Ce A implique B équivaut à non B implique non A :
Vous êtes drogués donc intoxiqués et donc vous ne pouvez pas atteindre la sérénité.
et parmi les antonymes de sérénité on retrouve :
affolement, agitation, ahurissement, aigreur, angoisse, anxiété, épouvante, effarement, effroi, emportement, frayeur, inquiétude, tapage, tempête.
C'est pour moi faire des amalgames qui sont stigmatisants.
recherche qu'il rejette par ailleurs
Je ne rejette pas la recherche. Je pense que, mise sous cette forme, elle est vaine car elle se base sur des vérités qui ne reflètent pas la réalité comme j'ai essayé de le montrer en décrivant mon cas.
Cette recherche est au contraire une question fondamentale.
Peut-être La question à laquelle tout être humain devrait essayer de répondre :
Pourquoi faire plutôt que pas faire ?
En l'occurrence, se poser cette question en ce qui concerne la consommation de produits psychoactifs est parfaitement légitime et intéressante si elle est posée comme un cas particulier d'un questionnement plus général. Sinon elle ne peut déboucher, pour moi, que sur des sophismes.
Dernière modification par Lecoq (18 août 2018 à 12:35)
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