Parce qu’elle se prête particulièrement aux effets synesthésiques de cette drogue découverte il y a 80 ans, la musique est sûrement l’art le plus marqué par le LSD.Par Luc Vinogradoff et Romain Geoffroy Publié le 18 novembre 2018 à 15h27 - Mis à jour le 18 novembre 2018 à 19h58Détourné en drogue récréative dans les années 1960, le LSD a eu une influence essentielle sur de nombreux courants artistiques de l’époque, et jusqu’à aujourd’hui. La musique, parce qu’elle se prête particulièrement aux effets synesthésiques (les sens qui se mélangent) est sûrement l’art qui sera le plus touché. Pour les 80 ans de sa synthétisation, voici une playlist pour éveiller les sens de nos lecteurs.
Certaines de ces chansons furent bannies des ondes lors de leur sortie, comme Eight miles high des Byrds, en 1966, ou
Lucy in the sky with diamonds des Beatles. La BBC jugea en 1967 que c’était une incitation à la consommation du
LSD, ce que le groupe niera toujours.
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Revolver : les Beatles font leur « album de l’acide »« Si Rubber Soul était l’album de l’herbe, Revolver est celui de l’acide », disait John Lennon. Sorti en 1966, l’année suivant les premières expériences sous
LSD des Beatles, cet album radicalement innovant se veut un voyage psychédélique pour l’auditeur. Tomorrow never knows fait notamment référence à un texte du sulfureux « pape du
LSD », Timothy Leary.
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The Beatles : « Revolver », pilule psychédéliqueLes Beach Boys vibrent sous LSDEn octobre 1966, les Beach Boys ont sorti leur chef-d’œuvre Pet Sounds depuis quelques mois lorsqu’ils dévoilent un single inédit : Good Vibrations. Brian Wilson, 24 ans, vient de passer six semaines en studio pour terminer ce morceau d’une complexité incroyable.
À l’époque, il ne cache pas sa passion pour le
LSD, allègrement consommé lors des longues sessions en studio. « D’abord, ma créativité a augmenté au-delà de mes espérances. D’un autre côté, ça a foutu en l’air mon cerveau », racontera en 2011 un Brian Wilson souffrant de troubles mentaux.
Alice au Pays du LSD, avec Jefferson AirplaneLorsque la chanteuse Grace Slick écrit « White Rabbit » pour son premier groupe, The Great Society, le
LSD vit ses derniers mois de légalité à San Francisco. La chanson sera reprise par Jefferson Airplane lorsqu’elle rejoindra le groupe. Elle deviendra même l’un de ses classiques, avec ses références à Alice au Pays des Merveilles et, comme le dit Slick, « toutes ces histoires pour enfants où il faut prendre une sorte de substance pour avoir une aventure ».
France Gall et les ravages du LSDIl est plutôt question de ravages artistiques. Teenie Weenie Boppie sort en 1968, deux ans après l’interdiction du
LSD en France. Le titre est écrit par Serge Gainsbourg alors que la substance est encore à son zénith de popularité culturelle. « Teenie Weenie a pris du
LSD/Un Sucre et la voici/Au Bord de la folie », chante France Gall d’une voix sucrée. On vous recommande le clip, où France Gall est « en plein trip » pendant neuf minutes (!!), entourée par des chorégraphes... déchaînés.
The Who, le Magic bus et les « acid tests »Dans ce titre sorti en 1968, les Britanniques évoquent un « bus magique » bien connu de la contre-culture psychédélique : celui des Merry Pranksters et de l’écrivain Ken Kesey (auteur de Vol au-dessus d’un nid de coucou) qui parcoururent les Etats-Unis à bord du véhicule multicolore. Convaincus que le
LSD permettait d’atteindre des niveaux supérieurs de conscience, les « joyeux lurons » organisent des « acid tests » où des doses sont distribuées gratuitement.
Pink Floyd, Syd Barrett et la cruelle absenceL’enregistrement de l’album Wish You Were en 1974 se fait dans la foulée de l’immense succès de Dark Side of The Moon. Pink Floyd n’est plus le petit groupe des débuts, c’est un monstre du rock. Comme pour garder un lien avec le passé, et avec leur ancien leader Syd Barrett – cramé par une consommation excessive de
LSD – le groupe dédie cet album à l’absence de leur ami, « en espérant qu’il fût là ». Barrett passera même dans les studios d’enregistrement, mais il était si coupé de la réalité que ça ne donnera rien musicalement. Roger Waters se souviendra de ce passage dans Shine on You Crazy Diamond lorsqu’il écrira : « Now there’s a look in your eye, like black holes in the sky » (« Et maintenant tes yeux, ressemblent à des trous noirs dans le ciel »).
Bobby Beausoleil et le versant sombre du psychédélismeComme il le disait il y a quelques années à Libération, Bobby Beausoleil se considère comme « un musicien, avant d’être un meurtrier ». En 1970, le jeune homme gravite autour de la Famille de Charles Manson. Pour avoir poignardé à mort un homme, il est condamné à la prison à vie. C’est là qu’il reprendra les instruments et composera, dans les années 1980, la bande originale du court-métrage de Kenneth Anger, Lucifer Rising. Une musique qui pourrait aussi bien être la bande originale du versant glauque du psychédélisme, quand le « flower power » se fane et laisse apparaître une réalité moins colorée.
L$D : A$AP Rocky et le rap psychédéliqueEn 2015, le rappeur américain dévoile une ode sans ambiguïté au
LSD. Dans son texte, la drogue psychédélique prend l’apparence d’une femme attirante. Le clip s’inspire par ailleurs de l’esthétique colorée d’Enter the void du réalisateur français Gaspard Noé.
Dernière modification par pierre (20 novembre 2018 à 20:24)