Je trouve que c'est une bonne initiative d'avoir crée cette discussion au sujet de la prostitution
J'aimerais apporter mon témoignage même si j'ai encore beaucoup de mal à parler de cette période de ma vie, qui à duré en tout 4 ans, certains mois je cumulais 2 emplois dit classiques pour éviter de "replonger", j'ai voulu m'en sortir tellement de fois, j'en pleurais souvent me jurant que c'était la dernière fois, comme pour l'
alcool et la drogue.
On se fait des promesses qu'on ne tient pas, on est pris dans une spirale, un quotidien, on ne se rend même plus compte de ce que l'on fait, tout devient automatique, on est plus sois même, on devient une comédienne qui manie l'art du mensonge auprès des clients, des amis, de la famille, on ment à tout le monde et surtout à soi-même !
Je n'ai pas connu la prostitution de rue, je ne l'ai pas fais pour la drogue j'en consommais très peu à l'époque mais j'était boulimique, tout mon argent y passé, c'était devenue incontrôlable, droguée à la bouffe
Jeune et totalement inconsciente l'idée m'est venue en regardant un reportage à la télé sur les étudiantes qui arrondissaient leurs fins de mois en étant "escorte girl" de temps en temps, j'ai vu ça à l'époque comme la seule solution
Une solution que je pensais temporaire, avant de trouver un cdi, me soigner de la bouline et apprendre à gérer mon argent
Une petite annonce sur un site "réputé", une discussion et quelques semaines après mon 1er client
Le premier c'était il y a 5 ans, j'avais 20 ans, il tenait d'abord à m'emmener au restaurant avant pour faire plus ample connaissance et discuter, il se définissait comme un homme "cérébral" ayant envie d'une amie plutôt qu'une aventure
Jeune quinquagénaire, il m'a mise à l'aise au restaurant et c'est la première fois que j'ai eu cette "automatisme" de jouer la comédie, de dire ce qu'il voulait entendre
Il habitait juste à coté du restaurant, il avait mis une bouteille de champagne au frais, allumer quelques bougies, pendant que je me préparais dans la salle de bains en me répétant "aller courage tu peux le faire, t'a besoin de cet argent" en me regardant dans le miroir, les yeux humides, serrant les dents pour éviter de pleurer
Dans nos échanges de mail, nous avions parlé de ce que j'accepter où non de faire, il a respecté mes choix
J'ai fermé les yeux, j'avais littéralement la nausée par ce que je faisais
Une fois fini il a voulu me faire "un câlin", de longues minutes interminables comme pour donner le change, faire croire que tout ça n'était pas basé sur l'argent, j'ai compris bien plus tard que la plupart de des hommes que j'ai connus avait simplement un manque de confiance en eux et surtout un manque de tendresse
Ça a duré de cette façon pendant 2 ans, je travaillais à côté mais je n'avais pas d'emploi stable alors je retournais à cette "solution temporaire" quelques fois par mois, avec des hommes toujours différents que je choisissais, je ne les voyait pas plus de 2-3 fois, je préférais les plus de 40 ans, moins de risques d'agression, ils avaient besoin de me parler de leur vie, de leurs enfants
Plus je gagnais de l'argent plus j'en avais "besoin" un besoin irrépressible, j'ai eu une occasion alors j'ai franchi le cap de travailler pour quelqu'un, 4-5 jours par semaine, parfois jusqu'à 4 clients par jour
On était deux à quatre filles, chacune notre tour
En 2 ans j'ai travaillé pour 4 personnes différentes (deux femmes et deux hommes) avec des attentes différentes je m'adaptais, je ne pensais plus clairement
C'était en train de me détruire, de plus en plus de crises de boulimie, des soirées de plus en plus alcoolisées souvent jusqu' en vomir, puis la drogue douce et dure
J'ai arrêté la prostitution il y à un an, je n'en pouvais plus, l'envie de mourir quasi quotidienne et tout ces mensonges me rendais folle
Je me suis fait tatouer, une grosse pièce comme un symbole pour me rappeler que cette fois-ci je tiendrais ma promesse d'arrêter définitivement
Mais au fil des mois malgré un emploi normal et stable je me suis mise à boire quotidiennement pour oublier ces images, ces cauchemars puis la drogue de plus en plus, mais selon mes moyens
Je suis devenue accro à une drogue de synthèse (3 MMC) pendant 6 mois des injections quotidiennes
J'ai décidé d'aller voir une psy et de me faire aider, elle m'a proposé différentes solution, traitement
ad arrêt-maladie, cure de désintox
J'ai décidé de rester chez moi, j'ai passé 3 semaines sans sortir, sous ma couette, ko cloué au lit à péter un câble pour rien, sueurs froides etc ... mais je voulais vraiment m'en sortir, je ne voulais plus m'injecter cette merde, je me suis accrochée j'ai eu du serpolex 10 mg pour m'aider que j'ai diminué à 5 mg depuis un mois.
Je ne souhaite à personne de vivre cette
descente au enfers.
J'ai réussi à me sortir de l'
alcool depuis plus de 9 mois ( je buvais tout les jours en tout 12 litres de vodka par mois) et j'ai surtout réussi à arrêter les drogues ( je fumais 4-6
joints par jour + 3-6 fixes par jour)
J'apprends à vivre de nouveau mais différemment, je ne travaille plus, je sors peu, je me suis renfermée pour me protégée
Je ne sais pas si un jour j'arriverais à être avec quelqu'un et à avoir de nouveau des relations intimes, avec mon vécu et mes cicatrices dû aux injections au niveau des bras...
Continuer à prendre soin de moi c'est pour l'instant mon seul objectif
Certes on peut choisir la prostitution mais on en sors pas indemne, toutes les filles que j'ai connues ont basculé dans l'
alcool, la drogue, la boulimie, l'anorexie, certaines se sont suicidés, et les autres tentés de vivre tant bien que mal dans une réalité qui les dépasse
A toutes celles que j'ai rencontré qui débutaient qui ont cru à tort que c'était de l'argent facile et rapide, je leur ai parlé sans détours, en détails, il faut dire la vérité, les longues douches passé à se frotter, cette parano qui s'installe dès que tu vois un homme dans la rue, des crises d'angoisses due à une simple phrase où un geste anodin, ne plus savoir faire la différence entre quand tu joues la comédie et quand tu es toi-même, ne plus savoir qui on est, les addictions en tous genres....
Je finirai avec une citation qui je trouve résume bien ce que j'ai pu observer en discutant avec les filles que j'ai connues : "On ne tombe pas par hasard dans le monde à part des escortes/prostitution.
Nous partageons toutes une histoire presque semblable.
Notre parcours révèle un ratage, une défaillance dans notre passé de petites filles dont on n’a pas respecté le corps. On saute le pas parce qu’on a souffert dans son enfance."
J'ai était violée à l'âge de 14 ans, carences affectives, divorce, absence, manque affectif, addiction, drogue
alcool... la prostitution n'à été pour mon cas qu'une suite logique
A celles qui ont franchi le cap ou qui le voudraient, aller voir une psy, parler et extérioriser, entouré vous de bonnes personnes qui vous tirent vers le haut
Je suis revenue de ce monde mais pas sans séquelles