La Russie et les pays de l'ex-URSS doivent intensifier les programmes de prévention contre le sida pour éviter sa propagation dans cette région où la
stigmatisation reste importante, a indiqué vendredi un représentant de l'ONU.
Alors que le monde s'apprête à marquer les 30 ans de la découverte de l'épidémie du sida, une prévention efficace manque cruellement dans la région, a déclaré Denis Broun, le directeur régional d'ONUSIDA, le Programme commun des Nations unies sur le sida.
Selon les Nations Unies, 90% des personnes nouvellement infectées dans la région le sont en Ukraine et en Russie. L'organisation constate également une hausse des infections transmises aux femmes après avoir eu des relations sexuelles avec un partenaire ayant contracté le virus par injection de drogues.
Les données de l'ONU révèlent aussi que l'épidémie se propage en Europe de l'Est et en Europe centrale cinq fois plus vite que la moyenne mondiale pour atteindre 1,4 million de personnes infectées en 2010.
Mais selon M. Broun, la maladie reste mal comprise dans l'espace post-soviétique.
Lorsqu'on évoque la prévention au sein des consommateurs de drogues ou des hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes, on parle de gens qui ne sont pas faciles à atteindre (...) qui sont souvent stigmatisés, a ajouté M. Broun lors d'une conférence de presse à Moscou.
Pour effectuer une prévention efficace, il faut travailler avec eux (...). C'est ce qui manque cruellement dans la région, a-t-il souligné, précisant que seules 20% des personnes ayant besoin d'un traitement contre le sida l'obtenaient.
M. Broun déplore notamment la
stigmatisation des homosexuels, qui incite ces derniers à ne pas se soigner ou à ne pas demander de l'aide.
Lorsqu'il y a une
stigmatisation (dans une société), les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes n'ont pas accès à la prévention et aux soins car ils ont peur d'aller dans des centres d'aide, a-t-il expliqué.
Selon un rapport de l'ONU diffusé en 2010, le HIV est parmi les homosexuels une épidémie cachée en raison du manque de données et du manque d'attention des gouvernements vis-à -vis de cette population.
M. Broun déplore également le manque de programmes pour aider les toxicomanes à sortir de leur dépendance, ce qui signifie qu'ils risquent d'être infectés et d'infecter les autres.
La Russie interdit par exemple l'utilisation de la
méthadone, une substance de synthèse utilisée dans les programmes de désintoxication ou de
substitution à l'
héroïne, et qui s'administre par voie orale.
En Europe de l'Ouest, la transmission du virus du HIV par l'utilisation de drogues représente moins de 5% (du total des contaminés), alors qu'ici elle atteint plus de 70%, a déclaré M.Broun.
Source :
http://www.romandie.com/news/n/_Sida_le … 111706.asp