Voici un petit échange entre Toto et un journaliste sur le
cannabis, encore une fois notre ami s'illustre par son manque de connaissance, ou son dénie.
Les partisans de la légalisation du cannabis se plaignent que le gouvernement refuse le débat. Daniel Vaillant et Stéphane Gatignon ont exposé leurs arguments. Le premier ministre et les ministres de l´Intérieur et de la Santé leur ont répondu. Il y a donc eu débat. Débattre, ce n´est pas se rendre aux conclusions de ses adversaires, surtout quand elles sont erronées.
Daniel Vaillant affirme que la prohibition est inefficace. Selon lui, « on a l´une des législations les plus répressives d´Europe alors que le niveau de consommation [du cannabis] est l´un des plus forts d´Europe »… La loi de 1970 n´a pas une finalité répressive.
Elle permet d´orienter l´usager, à tout moment de la procédure, soit vers des soins, soit vers l´abstinence, par toutes sortes de moyens : stage de sensibilisation aux dangers des drogues, injonction thérapeutique, obligation de soins… Et la prison si nécessaire, mais la sanction est assortie de mesures sanitaires ou éducatives, car le but du législateur est que les usagers arrêtent de consommer, dans l´intérêt de tous.
On estime à 1,2 million le nombre de consommateurs réguliers de cannabis : c´est beaucoup ! Il faut distinguer le “flux” du “stock”, si j´ose dire. Le flux (les entrées en consommation) diminue : en 2001, 50 % des jeunes Français avaient touché au
cannabis à l´âge de 17 ans, 42 % aujourd´hui. C´est encore trop, mais cette amélioration contredit tous ceux qui crient à l´échec de la prohibition. On oublie de dire aussi que la consommation d´ecstasy a baissé et que les
méthamphétamines, des drogues de synthèse qui envahissent la planète, ne sont pas présentes en France. Les partisans de la
dépénalisation ont tort de dire qu´il serait vain de lutter contre la drogue.
Le nombre de consommateurs – le stock – reste important… Je ne le nie pas, mais ce n´est pas en légalisant le
cannabis qu´il diminuera ! Il y a dix fois plus d´usagers réguliers du
tabac (12 millions) que de fumeurs de
cannabis. Pourquoi ? Parce que le
tabac est licite, et pas le
cannabis. L´interdit a des vertus pédagogiques : quand on les interroge, près de la moitié des jeunes qui ne consomment pas de
cannabis déclarent ne pas le faire en raison de son interdiction légale. Ce n´est donc pas le moment de dépénaliser. D´ailleurs, près de deux Français sur trois sont contre, selon de récents sondages.
Ceux qui réclament sa dépénalisation citent en exemple le Portugal, qui autorise la détention d´une petite quantité de cannabis… Ils oublient de citer tous les pays qui reviennent à des législations beaucoup plus contraignantes. La Suède, par exemple, avait dépénalisé le
cannabis dans les années 1970. Elle l´a repénalisé, en développant d´importants programmes de prévention, et la consommation y est bien moindre qu´ailleurs. L´Angleterre a recriminalisé le
cannabis. Les Pays-Bas veulent restreindre drastiquement l´accès aux
coffee shops et reviennent sur la distinction entre les drogues dures et les drogues douces. Il y a donc bien un mouvement en Europe, non pas en faveur de la
dépénalisation mais, au contraire, de la restriction. Peut-être vais-je vous surprendre, mais la France avait dépénalisé, de fait, l´usage du
cannabis dans les années 1990 : des consignes avaient été données pour que les consommateurs ne soient plus interpellés. Résultat : une explosion de la demande et des trafics dans les cités. Le développement de l´économie souterraine dans les quartiers correspond très exactement à cette
dépénalisation de fait. C´est à cette époque que les organisations criminelles se sont structurées autour du
cannabis. Ce que nous vivons aujourd´hui, ce sont les dernières batailles pour reprendre le terrain aux trafiquants.
Que peut-on faire ? Il serait irréaliste de vouloir éradiquer totalement la drogue, ce n´est d´ailleurs pas l´objectif du gouvernement, mais on peut en cantonner la consommation à des niveaux très faibles. Toutes les administrations travaillent ensemble dans ce but, c´est ce qu´a souhaité le président de la République en créant les groupes d´intervention régionaux (Gir) en 2002, quand il était ministre de l´Intérieur. On obtient d´excellents résultats en frappant les trafiquants au portefeuille. Il ne suffit pas de les mettre en prison : pour eux, c´est seulement un accident de parcours ! Grâce à la loi Warsmann, il est désormais possible de saisir tous les biens des trafiquants, ce qui est très efficace : ils n´ont plus les moyens de reprendre leur “commerce” à leur sortie de prison. On avait saisi 1,2 million d´euros en 2007, 21 millions en 2010 ! Nous leur portons des coups très durs en remettant de l´État dans ces quartiers. On le voit aux saisies de drogue. Comme le marché n´est pas extensible, cela provoque forcément des réactions – d´où les règlements de comptes entre voyous, qui se disputent un marché plus étroit.
Selon Stéphane Gatignon, la légalisation du cannabis ferait disparaître ces réseaux criminels en supprimant les profits qu´ils tirent d´un trafic illicite… Ces trafiquants ne sont pas des militants du
cannabis. Ce qui les intéresse, c´est l´argent. Imaginons qu´une régie du
cannabis soit créée en France – ce qui serait contraire aux conventions internationales, mais imaginons… Cette régie distribuerait par exemple du
cannabis à 6 % de
THC (le principe actif du
cannabis). Mais rien n´empêcherait ces organisations criminelles de vendre du
cannabis à 12 %, ou des drogues de synthèse. Les trafics ne disparaîtraient pas, ils se redéploieraient. Savez-vous que la contrebande de
tabac est la deuxième source de revenus de la Camorra napolitaine ? Le
tabac est pourtant un produit légal !
Daniel Vaillant affirme qu´une légalisation contrôlée permettrait « d´instaurer une politique de réduction des risques ». Qu´en pensez-vous ? On a l´impression que, pour les partisans de la
dépénalisation, le
cannabis serait inoffensif et que les problèmes de santé seraient seulement liés aux adjuvants (poudre de pneu, voire microbilles de verre). C´est faux ! Le produit est nocif en soi. Les études scientifiques prouvent que, chez les adolescents prédisposés, la consommation de
cannabis est un facteur déclenchant et aggravant de maladies psychiatriques. Je vous renvoie à l´étude publiée cette année par le British Medical Journal. Le
cannabis diminue aussi les capacités de mé moire immédiate, de concentration et de vigilance. Sa nocivité justifie son interdiction.
Sources :
http://www.valeursactuelles.com/actuali … 10707.html