Sevrage brutal

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Bonjour, j'ai rajouté le texte suivant au psychowiki sur le sevrage. Je le merts dans le forum pour que vous puiisiez donner des avis, critiques, suggestions. Je modifierai le wiki si besoin. Amicalement

Le sevrage brutal (Cold Turkey)

Régulièrement des forumers annoncent qu'ils ont décidé d'arrêter leur consommation brutalement et qu'ils n'ont besoin de personne pour y arriver. Nous les mettons en garde régulièrement et nous constatons que la plupart se mettent rapidement en echec. De plus, de nombreux témoignages sur PA montrent que les sevrages douloureux rendent les sevrages ultérieurs plus difficiles et probablement facilitent le PAWS.
(Comme il s'agit encore d'une entité peu connue il n'y a pas beaucoup d'études sur les causes favorisantes du PAWS).
Enfin certains sevrages brutaux, notamment ceux de l'alcool ou des BZD, ont un très fort risque de complications potentiellement létales (delirium tremens, convulsions) et sont fortement contre-indiqués.

Pourquoi cette appétence de certains pour le sevrage brutal.

Dans une certaine mesure l'usage compulsif de psychotropes est liée, au moins pour certains, à une forte demande "d"immédiateté". "Qu'importe la certitude d'avoir la gueule de bois demain si j'ai l'ivresse ce soir".

https://www.cairn.info/revue-psychotrop … page-5.htm

La personne addict ne cesse d’interroger son rapport au temps – si particulier et parfois si différent de celui des personnes qui l’entourent. Le besoin d’immédiateté de la satisfaction du désir préside au vécu de l’individu. Pour celui-ci, le temps s’étire, se dilate et semble interminable. Alors il exige « ici et maintenant » ; ce qui a fait dire du toxicomane qu’il était dans le « tout, tout de suite ».

Mais au-delà de cette phrase d’Olievenstein, ce que nous entendons par cette exigence, c’est un acte de révolte, un acte de résistance comme celui que Jean Anouilh fait crier à Antigone : « Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur ! Avec votre vie qu’il faut aimer coûte que coûte… Moi, je veux tout, tout de suite, et que ce soit entier, ou alors je refuse ! Je ne veux pas être modeste, moi, et de me contenter d’un petit morceau, si j’ai été bien sage. »
Ainsi le rapport au temps peut se trouver modifié pour de multiples raisons : l’inadaptation et la révolte, mais aussi le non-conformisme, l’angoisse d’être, l’angoisse de la relation à l’autre, la réalité temporo-spatiale, l’organisation intérieure, l’intolérance à la frustration et l’ambivalence par rapport au changement. Nous aborderons ainsi au fil des publications proposées la notion d’ennui, d’oubli du présent, de temps figé ou à l’inverse accéléré. Ce rapport au temps, « cette conscience intime du temps » pour reprendre les termes d’Husserl nous permet d’assigner un sens à notre existence.

La notion de temps serait donc une dimension du rapport à la vie qui s’apprend, s’apprivoise et se canalise.

Et ce qui s'applique à la consommation s'applique aussi souvent au sevrage. Le consommateur, parfois poussé par des évènements négatifs, voudrait arrêter tout de suite et même "supprimer" ce passé qui l'encombre. Evidemment la plupart des usagers connaissent ces sentiments mais savent aussi qu'ils sont trompeurs et  se tournent vers une solution "raisonnable" ("La notion de temps serait donc une dimension du rapport à la vie qui s’apprend, s’apprivoise et se canalise"). C'est même à la fois l'occasion et la necessité de se tourner vers une nouvelle dimension du rapport à la vie. C'est la meilleure définition du vrai sevrage, celui de l'esprit, pas seulement celui du produit.

Bien entendu, sur un forum d'usagers, nous nous garderons bien de jeter la pierre sur ceux qui cherchent compulsivement un sevrage brutal. Le sentiment d'immédiateté décrit plus haut n'est ni pathologique ni honteux. Mais pour la consommation comme pour le sevrage il peut avoir un effet négatif et c'est bien en forum de RdR que nous nous efforçons de mettre en garde.


Les risques du sevrage brutal à court terme

Pour certains produits ils sont clairement dangereux immédiatement

Ainsi de l'alcool
https://www.sfmu.org/upload/70_formatio … df/053.pdf
https://aide-alcool.be/consommation-pro … ue-arreter

des BZD  http://www.psychomedia.qc.ca/sante-ment … evrage-has

Mais aussi des anti-hypertenseurs  http://betabloquants.over-blog.fr/2015/ … vrage.html

des anti-epileptiques, corticoides etc...

Pour d'autres produits le sevrage brutal est réputé douloureux mais non létal.

Ainsi des opiacés  http://psydoc-fr.broca.inserm.fr/conf&a … com98.html

Mais ce n'est pas exact. Le sevrage brutal des opiacés peut être léthal, notamment quand la personne est privée de sa liberté (prison) donc de la liberté de mettre fin au sevrage.

https://onlinelibrary.wiley.com/doi/ful … /add.13512

C'est même le cas pour les sevrages sous anesthésie

https://www.cdc.gov/mmwr/preview/mmwrhtml/mm6238a1.htm

Enfin rappelons que le sevrage de la femme enceinte peut (frequemment) etre associé à la mort du foetus.

Ou des Anti Depresseurs

https://fr.wikipedia.org/wiki/Syndrome_ … 9presseurs

https://psychcentral.com/lib/ssri-disco … -syndrome/

ou de divers produits, café (céphalées), tabac, cannabis etc...

Mais clairement aucun protocole médical ne recommande le sevrage brutal.

https://www.thelancet.com/pb-assets/Lan … 305663.pdf

https://americanaddictioncenters.org/wi … nts/opiate

Taux de reussite

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/90214

Les risques du sevrage brutal à long terme

Les deux principaux risques de long terme après sevrage sont la rechute et le syndrome prolongé de sevrage (PAWS).

Le Syndrome prolongé de sevrage (PAWS)

https://www.psychoactif.org/psychowiki/ … de_sevrage

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4553654/

Toutefois le PAWS n'est pas encore totalement reconnu par la communauté médicale et les études sont assez rares. Il n'y a donc pas d'études scientifique sur la relation entre PAWS et modalités du sevrage.
Toutefois de nombreux témoignages sur PA montrent que la brutalité du sevrage est corrélée au PAWS ainsi qu'au taux de rechute.


Rechute

Comme pour le PAWS je n'ai pas trouvé d'études liant la nature du sevrage et le taux de rechute mais là encore les témoignages sur PA sont nombreux pour mettre en évidence non seulement un fort taux d'echec mais aussi un taux élevé de rechute dans les mois qui suivent le sevrage. Globalement le taux de succès du sevrage avant les TSO était de l'ordre de 10% à un an.

Par contre les études scientifiques comme les témoignages montrent que les essais de sevrage avec echec augmentent les difficultés de sevrage et les echecs dans les essais suivants. Il ne faut donc pas les multiplier.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3268458/



Les bénéfices du sevrage progressif

Les chiffres de reussite avec les techniques actuelles de sevrage contrastent fortement avec les chiffres anciens. Il est vrai qu'auctuellement la plus grande partie des sevrages de l'heroine est associée à la substitution mais , pour ceux qui le souhaitent, il y a clairement des alternatives efficaces menant au sevrage complet.
Mais la condition de base de toutes ces méthodes est la progressivité.


https://guidedoc.com/heroin-addiction-t … statistics

https://www.drugabuse.gov/publications/ … t-recovery

Dernière modification par prescripteur (28 mars 2020 à  11:48)

Reputation de ce post
 
très détaillé. Merci. plotch
 
Texte mis dans les morceaux choisis de Psychoactif. (Rick)
 
toujours intéressant
 
Merci, besoin de ces informations aujourd'hui. Windingroads

S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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Zénon
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Beau boulot !

Je vais devoir le relire deux, trois fois de plus à tête reposée, mais je trouve ça excellent, surtout sur le rapport du toxico au temps. Énoncé ainsi, ça me permet d’assimiler une idée que j’avais du mal à formuler.

Merci !

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pierre
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Merci Pascal. Je suis d'accord sur ton texte, mais pas du tout sur ta citation qui date des années 80 et d'Olivenstein qui prenait les usagers de drogues pour des "révoltés". Olivenstein a fait beaucoup de mal aux usagers de drogues (titre d'un livre "il n'y a pas d'usager heureux" par exemple...) et n'a pas sa place ici. Donc j'enlève cette phrase du wiki.

Les usagers de drogues ont le meme rapport et au temps que les autres, c'est encore un faux apport d'Olivenstein.

Ce n'est pas pour cela que les usagers veulent en finir le plus vite possible :
- C'est d'abord la stigmatisation qu'il y a sur les drogues et les addictions, qui stressent enormément et qui pousse les usagers à arréter pour redevenir "normal", "clean".
- Et c'est surtout cette croyance qu'en supprimant le produit, on supprime l'addiction et les problèmes.

Dernière modification par pierre (28 mars 2020 à  20:21)

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Piktogramme non binaire
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Dernière modification par Piktogramme (28 mars 2020 à  20:30)

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Rick
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Génial, existe  t il des résultats statistiques sur les %réussite de COLD TURKEY par ex?
On a des articles dédiés au sevrage, avant celui ci que tu vas probablement terminé pour 2020 ? On a que celui sur les PAWShttps://www.psychoactif.org/psychowiki/ … de_sevrage
Ou on en a un sur les benzo par ex.

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Ocram homme
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prescripteur a écrit

Il est vrai qu'auctuellement la plus grande partie des sevrages de l'heroine est associée à la substitution mais , pour ceux qui le souhaitent, il y a clairement des alternatives efficaces menant au sevrage complet.

Bonsoir,

Merci de ton texte et de tes liens.

Très intéressant d ailleurs de montrer qu un sevrage est possible hors TSO, on ne le mets jamais (ou très rarement ) en avant!

Ocram

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Zénon
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pierre a écrit

Olivenstein a fait beaucoup de mal aux usagers de drogues (titre d’un livre "il n’y a pas d’usager heureux" par exemple...) et n’a pas sa place ici. Donc j’enlève cette phrase du wiki.

Les usagers de drogues ont le meme rapport et au temps que les autres, c’est encore un faux apport d’Olivenstein.

Excusez-moi le « name dropping », mais la meilleure amie de ma mère a travaillé en tant qu’assistante sociale à Marmottan sous la direction d’Olievenstein. Elle est bienveillante à son égard, mais aussi très critique. Ma mère, en revanche, ne le supportait pas. C’est vrai, son égocentrisme, sa mégalomanie, ses excès de psychanalyse et son côté soixante-huitard sont exaspérants. Marmottan était un centre d’expérimentation en rupture avec les méthodes classiques, ils ont essuyé les plâtres et ont commis énormément d’erreurs. Nombre de ses constats sont désormais obsolètes. Mais quand même, tout n’est pas à jeter en bloc à cause, en autre, du titre « malheureux » d’un de ses livres. 

Mais pardon, je me fais l’avocat du diable, laissons Olive pour l’instant.

Encore faudrait-il se mettre d’accord sur une définition du « Temps ». Mais s’il y a quelqu’un qui a un rapport particulier au temps, c’est bien le toxico. Je parle de consommation problématique, pas de simple usager ou de « drogué heureux ». Habitués à l’effet instantané et à tout, là, de suite et maintenant, nous réclamons la pilule magique qui nous guérira de notre addiction en cinq minutes. Un bouton « reset » sur lequel appuyer. Selon moi, ce schéma de pensée est aussi valable pour la décroche. Sur une impulsion, un ras-le-bol, nous voulons décrocher sur-le-champ. Ce n’est pas la seule raison, évidemment, mais je pense que cette analyse est pertinente et qu’il y a là matière à penser. En tout cas, ça me parle et je m’y reconnais totalement.

Après, en parlant d’opiacés, la relation avec l’héroïne est un chemin. Le moment du sevrage est au moins aussi important que ses modalités. Un jour, peu importe la méthode, ça « clique » et l’on décroche pour de bon. Hors substitution, j’ai connu certaines personnes qui sont passées par un/des « cold turkey » et n’ont à ce jour pas replongé. D’autres ont fait des dizaines de « taper » et n’y sont jamais parvenus. Le « taper » est aussi très difficile à tenir.

Encore une fois, tout dépend de trop de facteurs pour en tirer des règles générales. Et justement, je trouve le texte de Prescripteur très pondéré.


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Plotchiplocth homme
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Zénon a écrit

Mais s’il y a quelqu’un qui a un rapport particulier au temps, c’est bien le toxico. Je parle de consommation problématique, pas de simple usager ou de « drogué heureux ».

AMHA, ces catégorisations participent à créer des incapacités chez les usagers,  qui y adhèrent à travers cette "histoire" de l'addiction, et en retirent une grande partie des maux de l'usage....
je doute pas du fond bien veillant... mais les mots ont leur violence


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Cobe non binaire
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Zénon a écrit

Un jour, peu importe la méthode, ça « clique » et l’on décroche pour de bon. Hors substitution, j’ai connu certaines personnes qui sont passées par un/des « cold turkey » et n’ont à ce jour pas replongé. D’autres ont fait des dizaines de « taper » et n’y sont jamais parvenus. Le « taper » est aussi très difficile à tenir.

Encore une fois, tout dépend de trop de facteurs pour en tirer des règles générales. Et justement, je trouve le texte de Prescripteur très pondéré.

Exactement, perso je trouve ça bien plus dur d'arrêter sur plusieurs mois que sur quelques semaines, il n'y a même pas débats. Encore faut il avoir le luxe de pouvoir faire un cold turkey (quand on a des gosses ou un taf qui demande d'être frais et dispo c'est tout de suite plus compliqué).

Tout dépend de ses objectifs aussi, si le but est d'arrêter l’héroïne un TSO est une excellente solution qui permet surement d'avoir de meilleurs résultats qu'un sevrage "à la dur", mais si le but est d'arrêter d'être esclave d'une molécule y'a pas 36 solutions malheureusement. Généralement quand on choisi la solution TSO on signe pour plusieurs années (si ce n'est à vie pour certains) et c'est pas nécessairement ce que tout le monde souhaite.


Prototype personnel de Dieu, mutant à l’énergie dense jamais conçu pour la production en série. Il était le dernier d’une espèce : trop bizarre pour vivre mais trop rare pour mourir.

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blastfunk homme
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Zénon a écrit

. Habitués à l’effet instantané et à tout, là, de suite et maintenant, nous réclamons la pilule magique qui nous guérira de notre addiction en cinq minutes. Un bouton « reset » sur lequel appuyer. Selon moi, ce schéma de pensée est aussi valable pour la décroche. Sur une impulsion, un ras-le-bol, nous voulons décrocher sur-le-champ.

Je suis d'accord avec beaucoup de choses mais je crois que dans ce cas c'est même le contraire qu'il se produit le plus souvent. Le "cold turkey" ne me semble plus représenter la majorité des sevrages qui s'opèrent le plus souvent  en dégressif.

L' usager de drogue connaît sa consommation et sait ce qu'il risque à l'arrêter brutalement, que ce pour soit des benzodiazepines, des opiacés ou autre chose encore.
Il a bien souvent fait l'expérience du sevrage et s'informe de plus en plus par des biais comme Psychoactif.
J'aurais tendance à penser que le sevrage brutal concerne pour majorité des personnes mal ou non informées, non encore substituées et à l'écart de l'institution, nouvelles dans leur consommation ou dans un déni de dépendance, et qu'il n'est pas vraiment judicieux de généraliser ni d'en faire une lecture trop psychanalytique.

On peut en outre voir des sevrages brutaux chez des personnes sans antécédent d'usage de drogue, ayant utilisé des antalgiques pour des douleurs sévères ou chroniques, ce n'est pas pour eux une question de "rapport au temps" mais bel et bien de manque d'information.

Il est compréhensible pour tous de vouloir en finir vite dans le cas d'une dépendance, ce n'est pas pour moi spécifique à l'usager de drogue mais général à tout être humain voyant brutalement sa dépendance comme une entrave à ses désirs et à sa liberté, peut-être même à sa propre conservation.

Mais comme le sevrage brutal n'est pas une bonne solution, ce qui compte avant tout, c'est l'information.
Avec de meilleures données à notre disposition et un dispositif informatif plus performant, notamment pour les médicaments, nous éviterions bien des drames engendrés par ces Cold Tukey et il est même à parier que nous en verrions de moins en moins.

Bonne journée à tous et patience en ces temps difficiles.
Blast.

Dernière modification par blastfunk (29 mars 2020 à  16:09)


Ma vie m'appartient.

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Bonjour, comme le dit Blast

Avec de meilleures données à notre disposition et un dispositif informatif plus performant, notamment pour les médicaments, nous éviterions bien des drames engendrés par ces Cold Tukey et il est même à parier que nous en verrions de moins en moins.

Le but de mon intervention, et de la demande de Pierre, est bien de mettre en garde ceux qui sont tentés par le sevrage brutal et chez qui on constate trop souvent un echec douloureux.
J'avais bien précisé que l'impulsivité n'était  ni pathologique ni honteuse et que je ne l'indiquais pas pour mépriser les personnes mais pour les inciter à reflechir à ce qui les motive. Et à trouver des outils pour se sevrer avec succès.
J'ai mis quelques refs avec les traductions google de chapitres ou de résumés.
Dans le premier on trouve notamment une notion interessante = les usagers de cocaine mais aussi leurs jumeaux non consommateurs ont un déficit de contrôle de l'impulsivité mais, donc, il ne mène pas forcément à l'addiction.
Mais cela montre, AMHA, que les relations entre impulsivité et consommation sont reels.
Et cela constitue une piste pour le traitement non médicamenteux.

Je pense que le discours de ceux qui veulent se sevrer brutalement relève aussi d'une impulsivité mal contrôlée même si, parfois, elle est imposée par les évènements.
J'ai bien précisé que je comprenais ce désir de cessation rapide et le fait qu'il peut apparaitre comme plus abordable. Mais le message est clair. Dans la quasi totalité des cas il constitue une mauvaise solution et prolonge plutot l'addiction.
Amicalement


https://archives.drugabuse.gov/news-eve … g-exposure

16 février 2012

Les résultats d'une étude qui vient d'être publiée dans la revue Science indiquent que les personnes dépendantes à la cocaïne présentent des anomalies dans les zones du cerveau impliquées dans la maîtrise de soi qui semblent antérieures à tout abus de drogue. L'étude Lien externe, veuillez consulter notre avis de non-responsabilité., Réalisée par une équipe de l'Université de Cambridge au Royaume-Uni, a examiné 50 paires de frères et sœurs. Un membre de chaque paire était accro à la cocaïne tandis que l'autre n'avait aucun antécédent de toxicomanie. Fait intéressant, les analyses cérébrales ont montré que, par rapport aux individus témoins non apparentés, les deux frères et sœurs partageaient des anomalies cérébrales qui rendaient la communication entre le contrôle et les centres émotionnels du cerveau moins efficace. En conséquence, il a fallu plus de temps aux cerveaux des deux frères et sœurs pour traiter ou transmettre un message afin de stopper une impulsion.

Comme détaillé dans un commentaire d'accompagnement., L'étude offre de nouvelles perspectives importantes sur la maladie de la toxicomanie. Premièrement, le fait que les frères et sœurs sans problèmes de drogue avaient également une maîtrise de soi affaiblie offre des preuves solides que ces anomalies cérébrales sont héréditaires, mais pas déterministes. Deuxièmement, il sera peut-être bientôt possible d'identifier les personnes qui ont cette vulnérabilité héréditaire, ce qui devrait aider les chercheurs à comprendre comment aider les personnes vulnérables à renforcer leur maîtrise de soi. D'autres études ont montré qu'une forte maîtrise de soi peut avoir un impact positif profond, non seulement en tant que facteur de protection contre la toxicomanie, mais en tant que promoteur universel de la réussite individuelle.

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articl … 462835.pdf

ÉTUDES COMPARANT LES UTILISATEURS ET LES NON-UTILISATEURS DE DROGUES SUR LES MESURES D'IMPULSIVITÉ
Comme prévu, les niveaux d'impulsivité mesurés par les mesures des traits de personnalité et la plupart des tâches comportementales sont élevés chez les personnes ayant des antécédents de consommation ou d'abus de drogues. De nombreuses études ont montré que les utilisateurs de drogues obtiennent de meilleurs résultats sur les mesures de personnalité de l'auto-évaluation de l'impulsivité (par exemple von Knorring, Oreland & von Knorring 1987; Sher & Trull 1994; Moeller et al.2001). Plus récemment, un certain nombre d'études ont montré des tâches comportementales objectives qui motivent les utilisateurs à valoriser les récompenses immédiates plus que les récompenses différées. Des remises plus importantes ont été signalées chez les personnes dépendantes aux opioïdes (Madden et al.1997; Kirby, Petry et Bickel 1999), les consommateurs de cocaïne (Coffey et al.2003), les toxicomanes (Vuchinich et Simpson 1998), les fumeurs de cigarettes (Bickel, Odum et Madden 1999; Mitchell 1999) et des individus ayant des antécédents non spécifiés de toxicomanie (Allen et al. 1998). Bien que moins d'études aient comparé les utilisateurs et les non-utilisateurs sur les mesures de l'inhibition comportementale, il existe des preuves que les abuseurs de cocaïne et de méthamphétamine ont de moins bons résultats que les sujets témoins de la tâche d'arrêt (Fillmore et Rush 2002; Monterosso et al.2005). Malheureusement, les comparaisons entre les utilisateurs de drogues et les non-utilisateurs ne permettent pas aux enquêteurs de déterminer le lien de causalité entre l'impulsivité et la consommation de drogues. Les différences entre les groupes peuvent refléter des schémas comportementaux stables qui étaient antérieurs et ont peut-être contribué à la consommation de drogues, ils peuvent refléter les conséquences du mode de vie de consommation de drogues, ou ils peuvent refléter les effets directs ou indirects des drogues elles-mêmes. Les études sur le développement mentionnées précédemment suggèrent que les dépendances impulsives conduisent à la consommation de drogues. D'un autre côté, Jentsch et Taylor (1999) ont passé en revue les données d'animaux de laboratoire indiquant que la consommation chronique de drogues peut conduire à une dysfonction cognitive corticale frontale qui se traduit par une incapacité à inhiber les réponses inappropriées. Il est probable que les différences préexistantes et les conséquences de la consommation de drogues contribuent aux différences observées entre les utilisateurs et les non-utilisateurs. Ces études sont utiles pour documenter les différences dans les échantillons d'utilisateurs et de non-utilisateurs, mais elles fournissent peu d'informations sur la causalité de ces différences.

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24864028


Les troubles liés à l'usage de substances sont répandus et débilitants. Certains syndromes comportementaux (`` addictions comportementales '') caractérisés par des habitudes répétitives, telles que les troubles du jeu, le vol, les achats et l'utilisation compulsive d'Internet, peuvent partager des parallèles cliniques, comorbides et neurobiologiques avec les toxicomanies. Cette revue considère le chevauchement entre la toxicomanie et les dépendances comportementales avec un accent particulier sur l'action impulsive (incapacité à inhiber les réponses motrices) et le choix impulsif (préférence pour des récompenses immédiates plus petites au détriment des résultats à long terme). Nous constatons que la consommation aiguë de drogues ayant un potentiel d'abus est capable de moduler le choix et l'action impulsifs, bien que l'ampleur et la direction de l'effet semblent dépendre de la fonction de base. De nombreux éléments de preuve, y compris les résultats des méta-analyses, montrent une association entre la consommation chronique de drogues et un choix et une action impulsifs élevés. Dans certains cas, un choix et une action impulsifs élevés se sont révélés antérieurs au développement de troubles liés à l'utilisation de substances, ce qui peut signifier leur candidature comme marqueurs de vulnérabilité objectifs. La recherche sur les dépendances comportementales est préliminaire et s'est principalement concentrée sur l'action impulsive, la constatant comme élevée par rapport aux témoins, similaire à celle observée dans les troubles chroniques de toxicomanie. Seule une poignée d'études d'imagerie a exploré les corrélats neuronaux de l'action impulsive et du choix parmi ces troubles. Les domaines clés pour la recherche future sont mis en évidence ainsi que les implications potentielles en termes de modèles neurobiologiques et de traitement. En particulier, les travaux futurs devraient explorer plus avant si les déficits cognitifs identifiés sont de nature étatique ou caractéristique: c'est-à-dire qu'ils sont évidents avant que la dépendance ne signale peut-être un risque; ou sont la conséquence d'un engagement répétitif dans un comportement habituel; et les effets de nouveaux agents connus pour moduler ces capacités cognitives sur divers troubles addictifs.

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26373849

Nous avons examiné les points communs cognitifs et neurobiologiques entre les dépendances chimiques et comportementales. Un mauvais contrôle des impulsions, une fonction exécutive limitée et des anomalies dans le traitement des récompenses sont observés dans les deux groupes d'entités. L'imagerie cérébrale montre des anomalies cohérentes dans les régions frontopariétales et le système limbique. Dans la toxicomanie, un comportement de prise de risque exagéré et une actualisation temporelle peuvent refléter un déséquilibre entre les systèmes exécutifs mésolimbiques hyperactifs et hypoactifs. Plusieurs distorsions cognitives se retrouvent dans le jeu pathologique qui semble exploiter le système de récompense du cerveau qui a évolué pour faire face à des situations liées aux compétences, et non au hasard. Des anomalies dans l'évaluation des risques et l'impulsivité se retrouvent dans divers troubles de l'alimentation, en particulier liés au comportement alimentaire. Les résultats correspondants chez les patients souffrant de troubles de l'alimentation comprennent des anomalies du système limbique, à savoir le cortex orbitofrontal (OFC), le striatum et l'insula. De même, le trouble de dépendance à Internet est associé à une prise de décision risquée et à une impulsivité de choix accrue avec une activation discordante correspondante dans le cortex préfrontal dorsolatéral, l'OFC, le cortex cingulaire antérieur, le caudé et l'insula. Les dépendances sexuelles sont à leur tour associées à un choix impulsif exagéré et à des preuves suggestives d'anomalies dans le traitement des récompenses. En somme, l'exploration des fonctions exécutives et des anomalies de prise de décision dans les dépendances chimiques et comportementales peut améliorer la compréhension de leur psychopathologie et fournir des cibles précieuses pour les interventions thérapeutiques.

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3822522/


Définir et disséquer l'impulsivité pour aider à comprendre les comportements et les troubles liés à la consommation d'alcool

L'impulsivité a été définie comme «une prédisposition à des réactions rapides et imprévues à des stimuli internes ou externes avec une diminution de l'attention portée aux conséquences négatives de ces réactions sur l'individu impulsif ou sur d'autres» (Moeller et al., 2001; Potenza, 2007). L'impulsivité est une construction multidimensionnelle composée d'au moins deux composantes (de Wit, 2008; Meda et al., 2009; Reynolds et al., 2006; Verdejo-Garc?a et al., 2008): l'impulsivité de choix (comme en témoignent les actualisation temporelle) et l'impulsivité de la réponse (comme en témoignent les mauvaises performances sur les tâches impliquant une inhibition motrice). Ces composantes de l'impulsivité semblent dissociables et différentiellement liées à la fonction cérébrale (Brewer et Potenza, 2008; Everitt et Robbins, 2005; Potenza et Taylor, 2009), et donc elles sont susceptibles d'avoir des relations distinctes et dissociables avec la consommation d'alcool et la dépendance. Le défi pour les chercheurs dans ce domaine est d'identifier les concepts de base sous-jacents et de déterminer leur rôle dans l'étiologie des problèmes de consommation d'alcool et de drogues.

Dernière modification par prescripteur (29 mars 2020 à  16:15)


S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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blastfunk homme
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Ok, merci pour les références, c'est instructif.
On y emploie le terme  d'impulsivité, ça me parle plus que la vague notion de "rapport au temps", c'est plus clair.
On s'interroge aussi sur cette Impulsivité, est-elle liée à l'usage de drogues ou était-elle présente auparavant, voilà de bonnes questions et des donnés scientifiques avec.
C'était le côté psychanalytique interprétatif dont je suis moins convaincu, je ne suis pas fan d'Olivenstein non plus.

Bonne soirée les confinés.

Dernière modification par blastfunk (29 mars 2020 à  17:34)


Ma vie m'appartient.

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Bonjour, j'ai fini par trouver le bon mot clé c'est "choice impulsivity". Les articles suivants sont vraiment très intéressants. les 3 premiers comportent des pdf gratuits !! Amicalement

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4535726/

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22387232/

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articl … 553167.pdf

https://link.springer.com/article/10.10 … 016-4372-0

S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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Zénon
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Super discussion, les gars.

C’est clair, l’information est déterminante. À l’époque, on savait rien de rien et on improvisait.

Petite précision : je ne recommande pas le « cold turkey ». Perso, je peux plus, j’en ai trop fait. Mais un « taper » sur plus d’une semaine, avec le produit à portée de main, à deux exceptions près, je me suis toujours ramassé. Faudrait qu’ils inventent un coffre inviolable qui s’ouvre à heures régulières. Ou une meuf inviolable…

Je suis partisan du « warm turkey ». C’est-à-dire une semaine grand maximum d’un substitut quel qu’il soit en dégressif. Et puis STOP !

On parle de sevrage ici, pas de guérir l’addiction.

Mais bon, vu mon état actuel, c’est plutôt : « Faites ce que je dis, pas ce que je fais. »

Impulsivité VS Rapport au Temps, il me semble que ces deux concepts sont différents, non ? Va falloir que je relise vos réponses et les documents pour y réfléchir à tête reposée. Là, je suis un peu trop défoncé. 

Thanks, I’ll be back !

Oh, et cette année, je suis un rebelle et refuse de changer d’heure, je reste à celle d’hiver.

« I don’t believe in psychology. I believe in good moves. » — Bobby Fischer

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Impulsivité VS Rapport au Temps, il me semble que ces deux concepts sont différents, non ?

L'impulsivité de choix est entre autres centrée sur l'importance donnée au bénéfice immédiat par rapport aux bénéfices différés. Ce que j'appelle le rapport au temps.

Pour le sevrage par Sub/metha j'avais fait un protocole souvent critiqué par les soignants mais qui rejoint plusieurs experiences de forumers.

http://www.infos-psychotropes.fr/pdf/protoSVl.pdf


Amicalement

Dernière modification par prescripteur (29 mars 2020 à  20:11)


S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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pierre
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J'ai en effet demandé à Pascal/prescripetur de faire un texte sur le sevrage brutal, car il n'y a pas une journée sans que nous ayons une discussion la dessus. et ca devient lourd de toujours répéter les mêmes choses et de déconstruire des idées qui sont à l'opposé de ce que nous défendons. Je remercie Pascal de l'avoir fait !

Par contre, je m'élève contre toute texte qui caractériserait la personnalité des usagers de drogues. On nous a deja fait le coup de vouloir les caractériser comme "irresponsable, voleurs, impulsifs, ne supportant pas la frustration....", ceci est une autre forme de stigmatisation. Les usagers sont comme tout le monde, variés, divers.
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Merci pierre +1 pour lutte contre stereotypes

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windingroads femme
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Merci pierre et prescripteur. Grace a vous je ne me mets pas en danger. Maintenant si les médecins pouvaient tous s'informer et plus dire de conneries pour certains ca serait cool.

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Zénon
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pierre a écrit

Par contre, je m'élève contre toute texte qui caractériserait la personnalité des usagers de drogues. On nous a deja fait le coup de vouloir les caractériser comme "irresponsable, voleurs, impulsifs, ne supportant pas la frustration....", ceci est une autre forme de stigmatisation. Les usagers sont comme tout le monde, variés, divers.

Les formes sont importantes, d’accord. Attention aux généralités, évidemment. Mais attention aussi de ne pas tomber dans l’excès inverse.

À mon humble avis, me semble-t-il, selon moi, me concernant, personnellement, je pense qu’à partir du moment où l’on émet une opinion, on va immanquablement être taxé de « stigmatiseur ». C’est comme le coup du « pas d’amalgame ». C’est en fait exactement le coup du « pas d’amalgame » qui ferme la discussion et empêche toute réflexion.

Mais pardon, en tant que toxico, peut-être suis-je trop impulsif…


« I don’t believe in psychology. I believe in good moves. » — Bobby Fischer

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