Nursing spécifique aux nouveaux-nés en sevrageKatty RENARDDépartement de Pédiatrie (néonatalogie), CHU St Pierre BruxellesLes enfants dont la mère a consommé durant la grossesse soit de la
méthadone, soit des
opiacés de rue (héroïne,
cocaïne), soit de l'
alcool, soit des
neuroleptiques, soit une combinaison de divers produits peuvent présenter un
syndrome de
sevrage. Des symptômes spécifiques peuvent être observés et doivent
être pris en compte lors de leur prise en charge.
Le nouveau-né peut présenter un syndrome de
sevrage aux
opiacés. (Parquet
& al, 1988 )
« Si la mère a consommé de l'
héroïne, le syndrome de
sevrage apparaît dans 95%
des cas dans les quatre premiers jours qui suivent l'accouchement » (Boulanger,
1997)
La sévérité et la précocité du
sevrage dépendent principalement de l'importance et
de l'ancienneté de la toxicomanie de la mère et aussi d'une éventuelle consommation
maternelle peu avant l'accouchement. (Cayol & al, 2000)
Pour l'enfant dont la mère est substituée à la
méthadone, le
sevrage néonatal est
aussi fréquent qu'avec l'
héroïne, et peut survenir jusqu'au quinzième jour de vie et
durer plusieurs semaines.
Le bébé en
sevrage néonatal aux
opiacés peut présenter les symptômes suivants :
-
des troubles du système nerveux central tels qu'une
nervosité, une irritabilité, des troubles du sommeil, des
trémulations et parfois des convulsions, des cris aigus
excessifs, parfois continus et une hypertonie;
-
des troubles métaboliques, vasomoteurs et
respiratoires tels qu'un encombrement nasal et parfois une
détresse respiratoire, de la transpiration, une hyperthermie,
des marbrures, des éternuements, des bâillements fréquents;
-
des troubles gastro-intestinaux tels qu'une succion
excessive et peu efficace avec des régurgitations et des
vomissements ainsi que des troubles du transit intestinal;
-
une réponse faible aux stimulations visuellesL'intensité du
sevrage est évaluée par le score de Finnegan. Le score est réalisé
plusieurs fois par jour au moment des biberons. Ce score tient compte de tous les
symptômes précités . Le néonatologue ajuste le traitement en fonction des scores
obtenus.(Finnegan, 1986)
Si 3 scores sont supérieurs à 8, ou 2 scores supérieurs à 11, ces bébés seront
traités.
Le traitement du syndrome de sevrage néonatal :La thérapie pharmacologique est prescrite en fonction du type de drogue
consommée par la mère :
- pour l'
héroïne et la
méthadone, l'élixir parégorique (ou teinture
d'
opium) ou le sirop de
morphine sont recommandés ; ces
médicaments sont administrés oralement et utilisés à doses
dégressives,
- lors de polytoxicomanie, de
sevrage du à la
cocaïne ou du à
l'
alcool, le phénobarbital (barbiturique) est préféré ; il peut
être utilisé en complément de l'élixir parégorique si des signes
de manque persistent malgré l'augmentation des doses ou
lorsque la dose maximale est prescrite. Ce barbiturique peut
être administré par voie intraveineuse ou orale. (Weber & al,
1998 ; Midrash & al,1997; Rodriguez & al, 1996)
L'apparition du
sevrage de l'enfant nécessite souvent une admission dans un service
de néonatologie ou dans une unité mère enfant.
Les symptômes les plus fréquents sont une hyperactivités, une irritabilité
importante ainsi qu'un mal-être physique.
Les soins prodigués à ces nouveaux-nés seront adaptés à leur disponibilité et à leur
aptitude à supporter les stimuli.
Que peut-on faire pour améliorer le bien-être de ces bébés ?1. Hypersensibilité à la lumière et au bruit.→
Alimenter - dans la
tranquillité , dans une
lumière tamisée→
Sommeil - protéger le lit de la lumière et du bruit, si possible isoler l'enfant.
→
Interaction - parler à voix douce et basse en fonction de la tolérance du bébé
aux stimuli auditifs et visuels.
2. Réduire l'hyperactivité et l'irritabilité2.1 Par le contact.→
Présence des parents Ces parents nécessitent un accompagnement psycho-médico-social. Ils
peuvent être parfois peu présents ou peu organisés. Cette prise en charge
représente une complexité horaire et nécessite une collaboration et une
coordination des divers intervenants et ce pour faciliter, la présence des parents
ainsi que la relation parents-enfant.
En début de
sevrage, l'enfant présente un malaise physique important et est très
peu disponible. Il n'établit que peu de contacts avec le monde extérieur. Ceci rend
plus difficile la relation parents-enfant et génèrent souvent de l'angoisse et de la
culpabilité chez les parents.
Une communication adéquate entre les intervenants et avec les parents permet de
soutenir cette relation parents-enfant.
→
Bercement - dans les bras, dans un sac ventral (porte-bébé), dans un relax.
→
Emmailloter - mettre l'enfant en flexion avec les mains près de la bouche pour
encourager la bonne attitude et le comportement d'auto consolation.
→
L'installer - entourer dans son lit pour qu'il ait des limites.
Remarque: les excoriations fréquents chez ces enfants peuvent ainsi être évitées.
2.2 Lors de l'alimentation.Du fait de leur traitement, ces bébés boivent le plus souvent à heures fixes,
surtout en phase de stabilisation.
- Il est important de leur donner à boire à l'heure prévue ou dès
leur réveil.
- Eviter de les laisser pleurer pour ne pas augmenter
l'hyperactivité et l'irritabilité.
- Lors du change avant le biberon, l'utilisation d'une tétine et/ou
garder l'enfant emmailloté apaisent l'enfant.
- Lors du biberon, la personne doit être très calme et douce dans
ses mouvements. Il est parfois nécessaire de maintenir ces
bébés emmaillotés pendant le biberon.
L'allaitement maternel est autorisé dans certaines maternités chez des femmes sous
substitution et dont la grossesse fut suivie.
Lorsqu'un enfant est à jeun, le pédiatre peut décider de remplacer
temporairement l'élixir parégorique ou le sirop de
morphine par du phénobarbital
qui sera administré par voie intraveineuse.
Chez les bébés prématurés, il est fréquent que l'alimentation ne soit pas débutée
immédiatement et les quantités de lait ainsi que la qualité de la digestion peuvent
s'avérer insuffisantes. Pour ces raisons, le phénobarbital sera utilisé de manière
préférentielle chez ces bébés.
2.3 Les troubles gastro-intestinaux.Ces enfants ont régulièrement des selles molles ou liquides; une hygiène correcte
et une protection du siège sont recommandées.
Ils ont fréquemment des coliques; pour les aider:
- massage du ventre (dans le sens des aiguilles d'une montre) en fonction de la tolérance aux stimuli,
- les installer sur le ventre,
- les prendre dans les bras en position ventrale.
Un reflux gastrique peut nécessiter une position surélevée ou semi-assise (relax)
La plupart de ces bébés font de long séjours à l'hôpital, il est important de
travailler la relation parents-enfant et d'intégrer le plus rapidement possible les
parents dans les soins de leur bébé.
Ces enfants nécessitent un nursing individuel et continuellement adapté à leur
état car aucune constance n'est observée dans leur comportement.