Produit consommé pendant le trip: 250 ug de 1CP
LSD, 1
joint de
cannabis a T+2H
Set : Homme 38 ans, 65 kg, fumeur quotidien de
cannabis depuis 20 ans et psychonaute relativement averti, j'ai abordé le trip en pensant bien connaître mes réactions aux psychédéliques, grosse erreur.
Setting : une balade en forêt entouré d'amis proches
Planifié depuis quelques jours, cette petite promenade démarrait sous de bons auspices : un entourage au top, que des amis proches dont un qui ne prenait rien et serait trip sitter, et une belle météo qui promettait de plaisants visuels.
Ayant déjà expérimenté le 1cp
lsd je trouve la montée de ce produit assez longue, je prend donc une première partie de la dose prévue avant l'arrivée de mes amis. Une demi heure plus tard tout le monde est la et prêt à prendre sa dose, 20 mg de
2CB pour deux de mes amis novices dans le domaine, et 150 ug de 1cp
lsd pour un autre ami un peu plus expérimenté.
Pour ma part je prend un autre
buvard de 100 ug de 1cp
lsd. Au final le
2CB n'aura eu que peu d'effets sur mes amis, et tant mieux vu la suite, malheureusement pour mon autre ami les 150 ug de
lsd ont bien marché pour lui et il a subit toute ma bouffée délirante en étant bien perché lui meme. 250,ug de
LSD c'est une dose importante, ayant déjà expérimente cette quantité je pensais pouvoir la gérer sans souci avec un bon setting.
13H30 : prise de 150 Ug de 1cp
lsd14h: 100 ug de 1cp
lsdAprès un court trajet nous arrivons assez vite au point de départ de la balade, à l'orée d'une forêt isolée. La lumière est belle, et au fur et à mesure que nous avançons je commence à ressentir les premiers effets : petit goût métallique dans la bouche et une sorte d'énergie nerveuse annonciatrice du début du trip.
Bientôt les fous rires s’enchaînent, une douce et plaisante chaleur se répand dans mon corps, le coté fractal des branches d'arbres saute aux yeux. Les quelques feuilles vertes qui subsistent encore en cette saison m'apparaissent d'un vert presque surnaturel par son intensité.
Apres un peu plus d'une heure de marche et de folles discutions, une mauvaise surprise nous attend : une voiture de gendarmes passe sur une route à proximité et s'arrête quand elle voit notre groupe. Hésitant sur la conduite à tenir et ne voulant pas d'un contrôle dans notre état nous finissons par faire demi tour. Petit coup de pression de nos amis les gendarmes qui font demi tour pour venir se garer un peu plus prés de nous, toujours sans descendre de leur véhicule..
Au final nous retournons sur le chemin forestier et ils ne nous suivent pas, plus de peur que de mal, j'imagine qu'ils voulaient juste s’amuser un peu à inquiéter des promeneurs.
Je ressens alors de petits moments de paranoïa le temps d’être sur qu'ils ne nous attendent pas plus loin, mais mes amis moins perchés me rassurent que non, et cette préoccupation me quitte assez vite.
Environ 16H :
Pendant ce temps le
lsd continue à faire son chemin dans mon esprit et je commence à dépersonnaliser. Ayant déjà connu cette sensation je n'éprouve aucune frayeur et l'accueille au contraire avec plaisir, sans doute était ce une erreur de lâcher complètement prise à cette sensation. Dépersonnaliser permet un regard extérieur sur soi même, c'est quelque chose que je trouve fort intéressant pour en apprendre plus sur soi même.
Je m'écoute donc échanger avec mes amis sur tout un tas de choses, j'ai à ce moment l'impression d'avoir une grande vivacité d'esprit et une grande sagesse, comme si le
lsd avait déverrouillé des capacités latentes de mon cerveau. Je sens que la personne qui s'exprime n'est pas ma personnalité habituelle, je suis très expansif et ne laisse que peu les autres parler, persuadé du haut intérêt de mes propos. Cette tendance mégalomaniaque ne fera que s'amplifier avec le temps, je ne lutte à aucun moment car mon narcissisme déjà assez fort au naturel atteint des sommets inconnus jusque la. Pourquoi lutter quand cette nouvelle personnalité me semble tellement intéressante ?
A partir de ce moment je commence à perdre pied avec la réalité mais je ne m'en rend pas du tout compte. Le sentiment de dépersonnaliser à cédé la place à cette nouvelle personnalité qui occupe maintenant toute la place.
De plus en plus sur d'avoir tout compris sur tout j’enchaîne des propos qui me semblent profonds (sans doute incohérents pour les autres).
Souhaitant arrêter de fumer depuis quelques temps, je décide pour marquer le coup d'en faire le serment, je brise au sol le bâton que j'avais ramassé plus tôt et le hurle de toute mes forces en défiant qui pouvait bien m'entendre. Ce geste impulsif et violent me procure un plaisir cathartique, il ne me ressemble guère et je pense qu'a ce moment la j'ai complètement perdu contact avec la réalité.
Je me sens extrêmement bien dans mon esprit, persuadé de mon immense sagesse, j’espère rester ainsi pour toujours.
A partir de cet instant seul le témoignage de mes amis m'a permis de savoir ce que j'avais fait dans la réalité.
Nous arrivons alors au bord d'un champ et une révélation d'une logique qui me semble à toute épreuve m'emplis: ma compréhension absolue de toute chose doit signifier que je suis dieu enfermé dans un corps de mortel, et que je n'ai plus que quelques minutes à vivre.
Je tente d'expliquer à mes amis combien les conventions sociales sont inutiles, je me déshabille et fait des gestes obscènes avec mon corps, touche le corps de mes amies femmes (sans leur accord bien sur...).
A ce moment mes amis ont bien compris que mon comportement n'était pas du tout normal, même dans le cadre d'une expérience psychédélique. Je suis violent avec mes amis hommes, les frappant sans raison, à ce moment la ils ne sont pour moi plus vraiment des personnes mais des sortes de PNJ comme dans un jeu video. Ma toute puissance m'autorise à faire n'importe quoi, aucune règle ne s'applique plus.
Mes amis sont évidemment terrifiés par mon comportement, je ne m'en rend pas compte et seul quelques flash de regards emplis de peur reviennent me hanter après coup.
Apres ces moments de violence et d'exhibition, la sensation d'une mort imminente devient prédominante. Mourir si peu de temps après avoir atteint la divinité m’emplis de rage et de peur et je cours alors dans le champ à moitié nu.
Milles pensées m'envahissent, et j'ai l'impression d'agoniser tout en sachant qu'a la mort de mon corps, l'univers cessera d'exister et que je me réincarnerais dans une forme supérieure, dans mon désespoir je m'arrache les cheveux et mange la terre du champ.
A un moment j'ai l'impression de tomber et qu'il ne me reste que quelques respirations à vivre.
Profitant d'une courte accalmie mes amis réussissent à me faire avaler un benzo, je crois alors qu'ils sont mes apôtres et que ce cachet me donnera quelques minutes de vie en plus.
Dans la réalité je cours un peu partout dans le champ et me fait volontairement tomber des dizaines de fois dans la terre meuble. Apercevant un ruisseau un peu plus loin et voulant ressentir l'eau une dernière fois je finis par m’immerger entièrement (il fait 5 degrés).
Mon esprit ne sent rien mais mon corps finit par se calmer, que ce soit par le froid ou le benzo qui commençait à agir. Je suis alors assez surpris de ne pas être mort, j'attendais avec impatience de me réincarner dans une forme supérieure. Pour la première fois un léger doute s'installe, aurais je eu tord de me prendre pour dieu ?
Environ 18H :
La suite est fort confuse pour moi, j'ai eu l'impression de revenir à moi (mon vrai moi) de manière assez soudaine, assis dans mon canapé, enroulé dans une couverture de survie et les bras attachés.
Apparemment une fois passé mon délire divin, j'ai eu une phase très enfantine ou j’étais non violent et réagissais comme un jeune enfant, ce qui leur a permis de me ramener.
Très choqués par mon comportement mes amis finissent par me raconter mes agissements le lendemain. Je suis horrifié d'apprendre ce que j'ai fait car je n'avais aucun souvenir des moments les plus trash, blesser et traumatiser des gens qu'on aime c'est à mes yeux une des pires choses possibles.
J'étais persuadé de n'avoir aucune prédisposition à la psychose, pas de problèmes mentaux dans la famille, une quarantaine de trips sans souci, 20 ans de
cannabis et un bon set & setting, et pourtant, ça a bien eu lieu..
Cette plongée dans la folie reste une expérience intéressante, surtout le souvenir de cette conviction absolue de la logique de mon délire et l'impression de clarté mentale qui l'accompagnait, mais le prix à payer est vraiment trop élevé, surtout quand ce sont les gens qu'on aime qui trinquent.
Aujourd'hui je dois apprendre à vivre avec les conséquences de ce coup de folie, j'ai blessé et terrifié des gens que j'aime , mes certitudes sur ma solidité mentale ont volées en éclat et je me suis fêlé une côte et arraché des cheveux.
Du coup fini les expériences psychédéliques pour un bon moment, j’ai aussi stoppé le
cannabis pour quelques temps, histoire d'être sur que mon esprit est aussi intact que j'en ai l'impression avant de reprendre.
Si je pouvais donner un seul conseil de cette expérience, ayez toujours des benzo sur vous et un sitter si vous comptez prendre des doses importantes, ça peut vous sauver la vie.
Dernière modification par Francissimo (05 janvier 2021 à 14:11)