Bonsoir à tous,
C'est drôle je me rends compte que j'écris environ tous les 1 an 1/2, mais je vous lis régulièrement et je vois que beaucoup d'histoires qui se ressemblent ....... donc si mon témoignage peut aider ne serait ce qu'une seule personne pendant quelques minutes, je trouve que ça vaut le coup d'écrire, même si les conseilleurs ne sont jamais les payeurs et qu'en aucun cas je ne veux me positionner comme une "donneuse de leçons"
Notre histoire s'est terminé au bout de 4 ans mais comme pleins d'autres histoire d'amour .... la drogue, certes, n'a pas facilité les choses mais n'est pas responsable de notre rupture, on ne voyait plus la vie de la même façon, mais là nous sommes dans un autre débat ....
Comme beaucoup de non usagé,au début j'ai combattu fermement la drogue, cris, pleurs, petage de cables, surveillance, inquisition, etc ..... me rendant compte que plus j'avançais dans mes délires suspicieux et mes reproches plus lui trouvait de nouveaux subterfuges pour consommer.
Nous étions partis de très loin au début de notre rencontre, il vivait soit chez des "potes tox" ou dans dans d'éventuels hébergements du CSST ou à la rue, moi j'étais aux antipodes de ce monde m'assumant pleinement professionnellement, sortant de 18 ans de mariage bien conformiste et avec un enfant qui s'envolait vers ses études supérieures, nous nous sommes rencontrés au hasard d'une rue et nous ne nous sommes plus quittés.
La première année a été la plus dure, je découvrais .... je pétais les cables mais j'ai enrichis mon vocabulaire : CSST,
méthadone, insuline, taper,
ritaline,
skenan, hépatite C, ... ;-)
Au bout d'un an il a eu accès à la
méthadone en gélules, et cela a été le premier virage vraiment positif, jusque là son traitement était en fiole et il l'injectait avec tout ce que cela implique (des bras troués, des infections ....)
Parallèlement il a traité son hépatite C et même s'il a vraiment déconné pendant le traitement ... il est guéri
Puis il s'est remis à travailler, certes à mi temps en CAE mais il avait une activité autre que de traîner dans le quartier où nous habitions et qui malheureusement est le quartier des tox de la ville ,même si c'était un super quartier (bien loin des cités...).
Grâce à son travail et au mien, nous avons pu nous faire plaisir en voyageant (angleterre, inde, espagne ...) Chaque long week end ou vacance, devenait prétexte à mettre en place un voyage, ce qui nous motivait à avancer tous les deux.
Je sais qu'à cette époque il continuait à consommer mais les quantités n'avaient plus rien à voir avec ce qu'il y avait eu auparavant. De mon côté, je m'étais plus ou moins habituée à ses consommations, mais ce qui m'attristait vraiment était les produits qu'il consommait.
J'avais réussi à accepter la drogue et quelque part à comprendre (je vous ai beaucoup lu et j'ai beaucoup appris avec vous) mais je n'ai jamais accepté même à ce jour le produit qu'il consomme.
J'ai pu comprendre la
coke, l'
héroine, le
LSD, les champi et les autres mais je ne comprends pas ce détournement de médicaments qu'est la
Ritaline, on me l'a expliqué à maintes reprises mais non ;;;je n'arrive à l'accepter. Apparemment c'est une spécialité de notre région mais surement pas la meilleure .... (essayez plutôt la tourte au blettes)
Nous nous sommes séparés une première fois avant l'été, son contrat de travail s'était terminé, il avait un projet professionnel mais la trop grande consommation a tout fait capoté, il a vécu des semaines dehors, à la rue jusqu'au jour où il est venu demandé de l'aide à la maison.
Il est entré en clinique pendant 2 mois, moi j'avais pris la décision de déménager, pas loin, 15 kms, il a choisi de me suivre, il est venu ici. Je ne savais pas ce que cela allait donner ....
Résultat, 3 mois plus tard, nous avons pris la décision d'arrêter. Pour la première fois nous nous disputions pour tout et n'importe quoi et il repartait à notre ancienne adresse pour consommer, il n'avait plus la force (je ne parle pas d'envie mais de force) de chercher un travail donc il était mieux pour nous deux que nous arrêtions notre
descente au enfers .......
Je sais que malgré la vie qu'il mène aujourd'hui il a (comme moi) au fond de lui tout le bonheur que nous avons vécu.
Si aujourd'hui, j'étais magicienne avec une petite baguette, je ferai le souhait non pas qu'il arrête la drogue (je sais beaucoup de personnes vont bondir) mais qu'il devienne un usagé heureux et responsable
Si ma dernière phrase choque, je tiens à préciser que je suis toujours la même qu'il y a 4 ans, je ne fume toujours pas de
joints, que je ne consomme rien (à part mon FLEUR DU PAYS) il a mit un point d'honneur au fait que je ne consomme jamais aucun produit, c'était quelque chose d'absolument vital pour lui : que je reste en dehors de tout ça
Voilà j'ai écrit un pavé pour ceux qui ont un proche qui consomme, pour leur dire que "se manger le cerveau" ne sert à rien, en parler, communiquer : oui; expliquer ses peurs : oui ; faire pression (et là oui) pour la prévention : OUI (matériel propre, visite dans un centre, traitement de substition ...)
Je vous remercie, vous les habitués de ce site dans un premier temps de m'avoir répondu lorsque j'en avais besoin mais aussi d'être présent comme vous l'êtes et de nous aider au travers d'un écran