Bonjour à toutes et tous,
J'ai 43 ans et parcours les forums de Psychoactif depuis quelques semaines ( je tiens à préciser au passage que n'ayant jamais eu connaissance de l'existence de ce site auparavant, j'ai été très agréablement surpris par la qualité du forum et des échanges, j'irais même plus loin, je pense que ce site est d'utilité publique ( ! ), bon, je n'apprends rien à tous les gens qui postent ou lisent ici régulièrement, mais c'est bien de le dire quand même...
J'ai donc décidé de m'inscrire ce matin pour une raison très simple, j'ai un souci avec l'
héro et besoin d'en parler...j'espère simplement ne pas saouler les gens qui prendront la peine de me lire et trouver éventuellement quelques bonnes âmes qui daigneront me répondre...
J'expose ma situation ( et décris un peu mon parcours au préalable ) : premiers pétards vers 14 ans, conso quotidienne à partir de 17 ans jusqu'à mes 27/28, j'ai arrêté à l'époque parce que ça commençait à me filer des crises d'angoisses pas possibles, tachycardies et tout, donc j'ai arrêté non pas par courage ou choix réellement, mais parce ce que mon corps et ma psyché me montrait que j'étais au bout de ma relation d'amour avec le produit...
Première drogue " dure " vers 19 ans : cé,
mdma,
lsd, gros kif mais des soirées toujours bien espacées, la peur de tomber dedans etc...et jusqu'à il y a quelques mois, j'ai toujours réussi en plus de 20 ans à gérer mes consos, pas l'ombre d'une dépendance ou addiction ( sauf avec les pétards donc ET le
tabac ), juste des parenthèses enchantées pour kiffer avec les potes, lorsque je le choisissais....
Pourtant il y a de ça une dizaine de mois, un vieux pote passe à la maison, en grosse galère de thunes et pleine crise de manque ( lui consomme de l'
héro depuis 4, 5 ans ), je le dépanne donc, et tout commence comme ça : il commence à débarquer tous les deux, trois jours pas bien etc, dépannage de thune, ma compagne qui lui préparait un sac de bouffe en plus, bref on essaye de le mettre bien, prendre le temps aussi de discuter avec lui autour d'une bière " faut que t'arrêtes ta conso là, ça devient chaud etc "...et puis à force, je lui demande de me faire gouter sa " merde " pour voir ce qu'il en est ( je n'avais quasiment jamais consommer d'
héroine avant ), donc deux petites traces, une bière et une gerbouille plus tard, je lui dit qu'on va l'aider à se réinscrire à la CMU, pour qu'il voit un addictologue et tout le toutim...
Bref il passe de plus en plus souvent, et nous on commence à prendre goût à nos petites traces avec lui avec une petite bière ou verre de vin...jusqu'au moment fatidique ou on commence à lui demander de nous ramener un petit G pour notre conso à nous, et là débute une conso quotidienne, 1 G à deux avec ma chérie tous les jours, on trouve pas ça énorme et on se dit qu'on gère, que c'est juste pour quelques temps...
bref, ce petit manège dure quelques temps jusqu'au jour ou on se retrouve en dèche de produit, son dealer ayant un petit contre-temps et là, je me retrouve en manque ( pour ma femme, fatigue et petit moral, mais rien de fou, et tant mieux parce que je pense que j'aurais eu du mal à supporter de la voir aussi mal que moi ), " fourmis " qui me brûlent dans les membres, impossible de dormir, besoin de m'étirer dans tous les sens à m'en faire péter le dos et tendons, bref, le manque physique quoi...
Là je commence à psychoter comme un dingue, je dis à ma femme qu'il faut réagir, ni une ni deux je trouve le num d'un généraliste/addictologue et je prends rendez-vous ( en ayant écumé au préalbe tous les fours de la ville pour trouver un plan pas trop dégueulasse pour me soulager ) : le médecin me prescrit de la
buprénorphine...j'en prends 3 jours et pète un plomb, j'arrête tout et décide quitte à en chier comme un damné de me sevrer à la dure...15 jours super compliqués, manque physique dur à gérer mais surtout, insomnies terribles, anxiété comme jamais je n'en ai eu ( de
base je suis un anxieux de la vie mais là j'avais l'impression de tomber dans un vortex de dépression, un désespoir existentiel, bref, je me trouve ridicule à décrire ça comme ça vu ma " petite " conso et le peu de temps ou j'en ai pris mais c'est comme ça, c'est ce que je ressentais)...
J'essaie de réagir malgré tout, vais voir mon mèdecin traitant ( à qui je n'ai rien dit, pas trop sûr de ses compétences en le domaine et surtout de sa réaction, on s'entends bien mais je ne le sens pas trop ouverts sur certains sujets quoi, ce qui est triste à dire mais bon...), lui demande une prescription de
xanax et de somnifères, me remets à pratique une activité physique ( légère hein, j'allais marcher 30, 45 minutes pour me taper des courbatures de malade dans les cuisses le soir même ) tous les jours, étirements, exercices de respiration pour me détendre etc...
Ca c'était il y a un mois, ça commençait à aller mieux, pas le top niveau sommeil ni moral ( toujours un petit
xanax 0,25 le soir avant de me coucher, mais plus de somnifères, le
zolpidem ça marche mais c'est chelouuuuu ), mais mieux...et puis il y a une semaine à peu près, je retape deux petites traces, certainement parce que je suis un âne bâté doublé d'un masochiste...puis pareil le lendemain, rien le surlendemain, 4,5 traces le jour d'après et bref, je me réveille ce matin avec les mêmes symptômes que ceux que j'ai découverts il y a un mois, juste en moins fort, et donc je pense pouvoir gérer sans me claque-bouler le cerveau cette fois ci...cependant, et c'est pour cela que je viens vers vous aujourd'hui ( au delà du fait de raconter ma petite vie et déverser mon mal-être ) il y a une chose que j'ai constaté par rapport à ma conso des derniers jours : lorsque je consomme, la
descente n'est plus la même que ces derniers moi, ou simplement je piquais du nez et finissais par m'endormir comme un bébé...je sens une sorte de dépression, de malaise profond, que rien ne soulage sauf mon petit cachet de
xanax, ensuite je m'endors, mais avec des cauchemars hardcore, ce qui ne m'arrivait quasiment jamais auparavant...
Pensez-vous que c'est une sorte de dégoût du produit et de ma consommation que j'associe désormais clairement à quelque chose de néfaste ? Ou est-ce que les anxiolytiques jouent un rôle aussi ? ( 4 semaines de
xanax, je devais en prendre 2 cachets peut-être tous les 6 mois avant cette période )...bref, pour ceux qui ont eu la patience de me lire, qu'en pensez-vous ? A savoir que là, ma dernière trace qui date d'hier soir sera certainement la dernière avant de très longs mois, voir la dernière de ma vie ( mais qui sait ? Je pensais être quelqu'un qui gère les drogues et qui n'en prends que de manière récréative, une fois tous les 2/3 mois auparavant, donc bon...)
Merci d'avance pour vos réponses, si toutefois vous en avez, et dans tous les cas, je pense que ça m'a fait du bien de poser tout ça par écrit...
C'est une démarche égoiste, et j'en suis désolé, sincèrement, mais là j'ai besoin d'en parler à d'autres gens que ma femme ( qui comprends et qui est un amour, mais qui ne vit pas du tout le même rapport au produit que moi ), ou mon pote ( qui galère comme un damné avec sa conso, les thunes qu'il doit à son dealer...bon par contre il s'est enfin décidé à aller dans un centre, c'est déjà ça...) je ne sais pas vraiment ce que je peux apporter en retour au gens qui me répondront, mais je compte bien faire un don au site en revanche, parce que lire ces forums m'a appris pas mal de choses ces derniers temps, et même évité de péter un cable certains soirs..voilà, portez-vous tous bien, et faites attention à vous...