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Le rapport de la Cour des comptes sur les politiques de lutte contre les consommations nocives d’alcool 2 souligne la nécessité d’une prise de conscience collective et propose en particulier de développer la recherche et de s’appuyer sur ses résultats. En effet, en France on compte actuellement 42,8 millions de consommateurs présentant des profils de consommation différents. Les niveaux de consommation d’alcool en population générale et notamment chez les jeunes demeurent élevés, leurs conséquences sanitaires et sociales restent ainsi une préoccupation de premier plan pour les pouvoirs publics : on dénombre ainsi 49 000 morts par an pour un coût social estimé à 118 milliards d’euros.
RECOMMANDATIONS D’ACTION
Les recommandations d’action formulées par le groupe d’experts répondent à plusieurs logiques, non exclusives les unes des autres. En effet, ces recommandations sont fondées sur les preuves d’efficacité (evidence-based) des interventions rapportées dans la littérature scientifique ; elles s’appuient également sur des modèles théoriques (theory-based, c’est généralement le cas des campagnes de prévention) qui proposent une liste de déterminants de santé sur lesquels il est possible d’agir.
Pour promouvoir des comportements de santé plus sains, une approche globale est nécessaire, intégrant à la fois des informations sanitaires via les différents canaux de communication et des actions visant à offrir des environnements favorables et incitant à un changement de comportement.
Il est nécessaire d’encourager le développement d’approches allant de la prévention adressée à la population générale à la prise en charge des consommateurs à risque jusqu’à celle de la dépendance.
Il s’agit d’une priorité qui doit faire l’objet, de manière urgente,d’un plan national intégrant des actions dont l’objectif est de réduire la consommation d’alcool dans la population française.
Pour cela,le groupe d’experts recommande de :
• limiter l’accès à l’alcool et réduire son attractivité grâce à la législation et à son application ;
• rendre plus claire la communication des autorités publiques vis-à-vis du grand public, sur les risques liés à la consommation d’alcool ;
• prévenir les usages à risque de l’alcool en renforçant les connaissances et les compétences des usagers ;
• former les professionnels de premier recours aux méthodes d’intervention efficaces ;
• encourager le dépistage de la consommation d’alcool à risque et la mise en place de l’intervention brève ;
• améliorer l’efficacité de la prise en charge de la dépendance.
On voit qu'on reste quand même beaucoup dans une vision "hygieniste" plus que RdR. Toutefois le chapitre prise en charge de la dépendance est plus RdR.
A signaler qu'il existe un programme d'origine canadienne et expérimenté en France (sans hâte excessive) ALCOCHOIX, qui est cité dans l'expertise collective et qui est nettement RdR.
https://www.federationaddiction.fr/app/ … ochoix.pdf
https://www.grea.ch/sites/default/files/3_0.pdf
Améliorer l’efficacité de la prise en charge de la dépendance
La dépendance à l’alcool se caractérise par son évolution chronique, imposant une prise en charge au long cours visant à traiter les épisodes aigus et prévenir les rechutes. Sa prise en charge nécessite donc de renforcer la qualité de l’observance sur le long terme.
C’est pourquoi le groupe d’experts recommande de :
• promouvoir une approche médicale de la dépendance à l’alcool à l’image de celle des autres maladies chroniques ;
• développer des stratégies de santé publique destinées à faciliter l’accès aux soins pour les personnes dépendantes à l’alcool,comprenant la coordination avec les soins primaires et l’accès aux soins destinés à prendre en charge les co-addictions et les troubles psychiatriques co-occurrents ;
• encourager le développement des approches multimodales dans la prise en charge de la dépendance à l’alcool ;
• encourager les approches visant un objectif thérapeutique initial basé sur une approche pragmatique en adéquation avec le stade motivationnel du patient, tout en considérant l’arrêt de l’usage comme l’objectif final à privilégier ;
• en amont de la mise en œuvre d’un sevrage thérapeutique de l’alcool, anticiper le projet de soins destiné à prévenir larechute ;
• favoriser l’implémentation des stratégies thérapeutiques bénéficiant de données probantes d’efficacité telles que l’entretien motivationnel, les thérapies cognitivo-comportementales(TCC), la thérapie des contingences et la prévention de la rechute par la méditation de pleine conscience ;
• promouvoir le rôle de l’activité physique et des contacts sociaux positifs dans la prévention de la rechute. L’activité physique devrait faire partie de façon systématique des programmes de traitement pour les personnes dépendantes ;
• considérer la reprise d’un logement comme une urgence thé-rapeutique chez tous les patients sans domicile fixe présentant une dépendance à l’alcool sans que l’accès au logement ne soit
assujetti à l’observance préalable aux soins addictologiques.
En effet, il existe des liens réciproques entre la consommation d’alcool à risque et l’absence de domicile fixe.La prise en charge intégrative des troubles co-occurrents est à privilégier, notamment s’agissant des co-addictions, des troubles psychiatriques, des troubles cognitifs, des troubles du sommeil et de la douleur chronique. À défaut, une coordination étroite entre les prises en charge complémentaires doit être assurée.
Les troubles cognitifs liés à l’alcool concerneraient au moins la moitié des patients présentant une consommation d’alcool à risque. Ces troubles peuvent altérer la motivation à changer de comportement ainsi que des difficultés d’apprentissage. En conséquence, ils peuvent diminuer l’efficacité des stratégies thérapeutiques utilisées en addictologie, notamment les entretiens motivationnels.Le groupe d’experts recommande donc d’encourager le repérage systématique des troubles cognitifs liés à l’alcool ainsi que leur prise en charge chez tous les patients présentant une dépendance à l’alcool
Dernière modification par prescripteur (05 juin 2021 à 09:46)
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prescripteur a écrit
Bonjour, la synthese telechargeable fait quand même 138 pages.
Oui je sais! Justement, ça fait long quand ça devient une accumulation interminable d'affirmations (sans références ou preuve d'efficacité) sur ce qu'il faudrait faire...
prescripteur a écrit
Ce qui me frappe surtout est que la plupart du rapport traite de comment amener à une consommation nulle ou inferieure aux seuils (vue hygieniste) et pas "que se passe t il quand on boit un peu plus que ce qui est recommandé et peut on en limiter les risques ?" (vue RdR). Amicalement
C'est juste.
Cela ne m'a pas frappée car j'ai été sensible à d'autre détails comme la volonté de se confronter au lobby du vin, l'accent mis sur le périnatal ou les dommages cognitifs, et surtout au fait qu'ils relevaient la contradiction (et le décalage de l'ordre de 2-3x) entre les consommations mesurées à partir des ventes d'alcool et celles évaluées à partir des déclarations via les enquêtes sur la population. Ils mettent les pieds dans le plat du problème de santé publique, et c'est une bonne chose je trouve.
Il me semble aussi qu'ils relèvent la nécessité d'une prévention secondaire de bien meilleure qualité - sujet auquel je reconnaît que je suis sensible car je suis convaincue que "si j'avais su" j'aurais cessé mes consos abusives bien plus tôt.
Mais effectivement c'est la dimension macro du sujet. Au niveau micro ou individuel, il est nécessaire de se poser les questions RdR que tu poses... et d'y apporter des réponses.
Déjà ils actent qu'il n'y a plus de dogme de l'abstinence sauf pour ceux qui, après tentative(s), ne démontreraient pas de capacité à recontrôler leur consommation.
Amicalement.
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