Bonjour à tous, chers lecteurs.
Ayant très mal dormi (ça change) j'aimerais vous livrer mes sentiments sur le moment, à propos... d'un peu tout. Je vais me lancer donc - sachez que si vous lisez ça, c'est que j'ai mis un certain temps à l'écrire ; sachez aussi que mon humeur est très changeante, et mes opinions sur certains éléments de ma vie également... sachez aussi que mon médecin addictologue du
CSAPA où je suis suivi me lira peut-être également, donc j'écris aussi pour elle - enfin, j'écris avant tout pour moi, pour déballer mon sac, mais si elle pouvait lire ce billet, ce serait un grand pas pour moi, et au moins un petit pas pour ma santé mentale, étant donné que c'est le médecin, le soignant qui me connaît depuis le plus de temps possible, c'est-à-dire depuis fin 2015 je crois, si ma mémoire est bonne - elle me connait en fait même depuis plus longtemps que ma meilleure amie Clotilde, que j'ai d'ailleurs rencontré sur le forum Psychoactif, c'est vous dire... mais en réalité, cela s'adresse à tous ceux à qui j'ai envie de me confesser, et qui sont plus ou moins proches de moi. Je leur accorde donc une entière confiance en leur livrant cela - ai-je raison ou non ? L'avenir me le dira.
D'abord, commençons par le début. Je n'arrive pas à dormir, depuis 2016. Je dormais très bien avant. Même après avoir bu, j'avais un certain sommeil ; après avoir fumé un
joint aussi - je dormais même mieux après 2g de
coke IV avant qu'aujourd'hui en ayant passé la journée éveillé, à jeun (ou quasiment), et en ayant fait du sport l'après-midi au lieu de la sieste, c'est vous dire ! Et inutile de le préciser, mais les insomnies, pour faire dans le jeu de mots, c'est un vrai cauchemar au quotidien : je suis lessivé, pas seulement physiquement, mais surtout mentalement : envie de rien ; baisse de libido (ou augmentation soudaine) ; du mal à faire des choses simples, comme me doucher (c'est devenu la corvée, à tel point que je me néglige !) ; passer son temps dans son lit à la fin pour chercher le sommeil sans le trouver, ou tout simplement pour prendre du repos ; enfin, la défonce, pour pouvoir au moins faire une pause dans les ruminations que l'esprit m'impose.
Je pense, très honnêtement, qu'il est assez facile de faire le lien entre mon internement en HP en 2016 et mes insomnies : je dormais très bien avant alors, pourquoi, d'un seul coup de baguette magique, mon sommeil s'est-il dégradé à ce point ? Pourquoi j'ai constamment du mal à m'endormir, pourquoi est-ce que je fais toujours cauchemars sur cauchemars, pourquoi est-ce que je suis hypersensible au bruit (je porte toujours des boules Quies quand je dors), pourquoi je me réveille tôt dans la matinée, etc. ? Pourquoi d'ailleurs, depuis ce temps, je suis passé de 45 à 60 kilos (pour 1m60) ? Ma réponse à moi est très simple, hyper simple : Solian 200mg, Amisulpride pour les intimes - certes vous me direz, et on me l'a déjà fait remarqué, que la réponse est un peu trop facile... peut-être. Il est vrai que les causes sont le plus souvent multi-factorielles : l'anxiété pour les problèmes d'endormissement (forcément...) ; l'arrêt des
opiacés et de la
cocaïne ; ma consommation d'
alcool, qui peut entraîner un changement dans les rêves, entre autres ; ma consommation passée d'
opiacés et de
coke qui fait que j'en rêve au moins une fois par semaine depuis plus de 4 ans... certes, tout ça joue, je ne dis pas le contraire ! Mais ça joue peut-être à 50 % selon moi - le reste, j'ose le dise, je le mets totalement sur le compte du Solian.
Il est d'ailleurs assez aisé de dresser le constat : quand je suis rentré à l'HP, c'était après cette tentative de suicide de l'été 2016 : j'avais pris alors 2g d'
héroïne brune d'Amsterdam en quelques minutes, quelques boîtes de
Valium et m'était coupé les veines du poignet dans un élan de colère - j'ai appelé les pompiers parce que, finalement, je me sentais trop bien sous
héroïne, de façon ironique, et ne voulait pas que ce soit ma dernière défonce ! Je sais, ça paraît bien stupide, ça paraît con, mais c'est vrai, c'est réellement le seul motif qui m'a fait faire ce coup de fil... bref, je suis rentré à l'HP, et je dois dire que j'étais très parano : je venais de recevoir un message vocal des flics pour une convocation, et je m'imaginais tout plein de choses. Le jour où j'ai tenté de me suicider, je dois dire que j'étais presque délirant, voire délirais complètement. Sven, un type du
CAARUD, m'a vite raisonné ensuite, et il m'a dit surtout d'y aller mollo sur la
coke IV : je pense honnêtement que c'était surtout les produits qui m'ont rendu parano et m'ont fait délirer - mais il n'en allait pas de même pour la psychiatre : pour elle, j'étais psychotique ; elle a d'ailleurs posé le diagnostic de schizophrénie, puis ensuite un autre psychiatre de trouble schizo-affectif, quoique le dernier en date soit un Syndrome d'Asperger. Personnellement, je reste encore tout à fait convaincu qu'il s'agissait d'un épisode psychotique certes, mais bref, et largement, très largement dû à ma consommation d'
opiacés et de
cocaïne IV - surtout la
coke à ce moment là ; et l'on sait à quel point ce produit peut rendre parano (cf. les films de gangsters du genre Scarface, The Goodfellas etc.).
J'ai donc été mis sous Solian, progressivement. On m'a dit qu'il n'y aurait pas de symptômes de
sevrage. On ne m'a pas laissé le choix. C'était ça, ou le
Tercian, ou un autre
neuroleptique. J'ai choisi celui avec le moins d'effets secondaires et que je considérais le moins pire - vous pouvez déjà constater que le proécédé, qui consiste à forcer un malade à avaler des cachetons pour se "soigner", est proprement scandaleux : oui mais que voulez-vous ? On appelle ça la psychiatrie ! Et bien entendu, c'était un mensonge éhonté : il y a bien des symptômes de
sevrage au Solian, il suffit de la lire la notice. Je le sais : j'ai déjà essayé de diminuer le dosage, progressivement, tout seul et même avec un docteur (une addictologue d'un autre
CSAPA), qui ignorait qu'il y avait un
sevrage aux antipsychotiques atypiques comme le Solian : à chaque fois, à chaque fois, mon sommeil s'en est trouvé perturbé, mes angoisses s'en sont trouvées augmentées - je ne vous parle même pas de l'arrêt complet : j'ai fini aux urgences à prendre une dose de
benzodiazépines à tuer un cheval ! Même en changeant de molécule, mais en gardant toujours le même principe (celui des antipsychotiques - très - atypiques), rien n'y fait...
En parlant de mensonge dans le milieu de la psychiatrie : ce n'est pas le seul que cette psychiatre, qui était une interne, rousse (je m'en souviens bien, le Dr Martin je crois), m'a fait : elle m'avait promis de ne pas parler de mon addiction à l'
héroïne à mes parents ; je lui avais dit en effet que je voulais parler de cela avec le Docteur Michel du
CSAPA - qui me suit encore actuellement donc, et pour laquelle j'écrit aussi ses lignes. Pourtant, cela ne s'est pas passé de la sorte : c'est la première chose qu'elle a dit à mes parents, de la façon la plus maladroite possible. Quand je dresse le bilan de cette dame sordide, j'en conclus plusieurs choses : premièrement, qu'elle n'a pas passé le serment d'Hippocrate, mais le serment d'hypocrite ; ensuite, qu'une plainte à son encontre pour le traitement qu'elle m'a fait subir eût été le minimum syndical - malheureusement, elle aurait sans doute gagner le procès, et de toute manière je ne retrouve plus ses coordonnées...
Vous me direz peut-être que c'est parce que, si je me sens mal sans, c'est peut-être parce que j'ai besoin du Solian, parce que je suis malade : cette assertion ne tient pas une seule seconde. Premièrement parce que, si j'étais psychotique, je le saurais depuis longtemps, on me l'aurait fait remarqué : un schizophrène, quand bien même il y a un spectre, ça se voit. Je le sais, j'en connais, même dans ma famille ! Et le nombre de psychotiques que j'ai rencontré à l'HP, je ne les compte plus... bref, non, je ne suis pas un garçon délirant - "différent" oui, c'est ce que me renvoie l'Autre, l'Altérité, la "conscience de soi réfléchie en soi-même en-soi et pour-soi" pour citer Hegel, une de mes références préférées - si vous n'avez rien compris à cette citation, rassurez-vous : il est impossible de comprendre Hegel la première fois, même la deuxième : il faut beaucoup d'entraînement pour comprendre cet immense philosophe allemand, qui inspirera Karl Marx, et il n'y a pas de voie royale pour la science...
Mais revenons donc à nos moutons. Je suis donc insomniaque ; je mets cela sur le compte du Solian. Je pense que le Solian est une saloperie, que je n'en ai aucunement besoin, ni de cela ni d'un antidépresseur d'ailleurs - ni moi ni personne, sauf peut-être des cas vraiment désespérés, mais il est tout de même malheureux que la psychiatrie actuelle mise tout sur des "béquilles" chimiques, qui sont très largement du poison pour la plupart de ceux qui le prennent. Je pense très sincèrement que cela me fait beaucoup plus de mal que de bien - je pense même qu'il est la cause de bien des soucis depuis son intronisation... il faut donc, coûte que coûte, que je m'en débarasse.
Voilà pour la première partie, pour ce qui me passe par la tête ce matin où j'en ai franchement ras le bol de ne plus dormir convenablement comme avant, où je dormais quasiment comme un bébé. Quand je pouvais manger, commme j'ai toujours manger, sans prendre autant de kilos : car, comment pouvez-vous expliquer que je sois passé de 45 à 60 kilos entre 2016 et aujourd'hui, sans absolument rien changer, ni à mon régime alimentaire, ni à mon hygiène de vie ? Certes je mange un peu plus, mais pas tant que ça ; ensuite, je ne fais certes plus beaucoup de sport, mais je n'en ai jamais fait beaucoup ; enfin, toutes les personnes un peu savantes dans ce domaine le savent : les
neuroleptiques, atypiques ou non, font prendre du poids, parfois allant jusqu'à l'obésité. Pour quelqu'un qui n'a pas forcément une bonne image de soi, cela peut s'avérer absolument dangereux mentalement...
Continuons. Je me suis drogué encore par la suite après cet internement, jusqu'en 2017. Essentiellement l'
alcool, le
Valium, l'
héroïne brune et la
coke IV ou en
crack. Je fumais un peu de
cannabis, jusqu'à arrêter totalement - j'en prends quelque fois encore aujourd'hui, mais ça va rarement plus loin qu'une à deux fois dans l'année, et encore... la
coke je la sniffais : j'étais rentré chez mes parents après, donc difficile de se shooter. Mais ça me frustrait trop, j'aime surtout la
coke en
IV et en
crack : quand on a connu ça, difficile de retourner en arrière.
En 2017 donc, installé dans une autre ville, à Caen, je me fais mon dernier shoot d'
héroïne ; ma tolérance ayant baissé, je peux vous dire que ç'a été quelque chose... elle venait de Londres, et elle était vraiment très bonne (je commence à comprendre Peter Doherty !). La
coke aussi, elle venait du même dealer. J'ai testé le
LSD une fois pendant cette période : ça ne me convient pas du tout, j'ai fait une énorme crise d'angoisse, et ai appelé tout mon répertoire, jusqu'à passer la nuit au téléphone avec Clotilde ! Seul un moment de grâce a été sympathique sous
LSD : écouter Neil Young, un peu à la fin. Mais c'était vraiment trop dérisoire par rapport au mal psychologique que cela m'a fait. Quant à la
cocaïne, la dernière fois que j'en ai pris, c'était en
IV et avec du
crack : au début tout se passait bien, puis j'ai voulu me suicider. J'ai injecté d'abord 0.4, puis le reste du gramme ensuite, après avoir fumé 0.5 de
crack : j'ai cru y passer. Encore une fois, j'ai appelé cette amie, qui s'est beaucoup inquiétée : j'étais totalement défoncé, je faisais clairement une overdose, mais elle m'a dit de prendre mon
Valium, ce que j'ai fait. C'est passé. Pas de pompiers ni rien, je l'ai échappé belle. C'est aussi à cette époque que date mon dernier shoot tout court, c'est-à-dire un shoot d'
alcool, qui ne m'a laissé, fort heureusement, qu'un bleu, et qui m'avait fait assez mal à l'injection.
C'est aussi à cette époque, en 2017, que j'ai, pour la première fois, découvert l'amour physique - j'aimerais en parler car perdre sa virginité n'est pas rien dans l'histoire d'un jeune homme, et la sexualité et les rapports amoureux, comme vous le savez, occupent une grande place dans nos vies respectives - sauf si l'on a fait voeu de chasteté, mais ce n'est pas tellement mon cas... Une remarque : j'espère ne choquer personne en racontant cela, mais j'ai besoin d'en parler, et à d'autres personnes que les rares fausses amies que j'ai pu rencontrer sur ma route tout au long de ma vie, jusqu'à bientôt 27 ans. Assez frustré sexuellement à cette époque, et toujours aujourd'hui, j'ai cherché sur internet puis contacter une escort girl. Je voulais assouvir mes fantasmes sexuels, et les découvrir en même temps, "vérifier" en quelque sorte ce qu'il en était de ma vie sexuelle, quand bien même je sais que la première fois n'est jamais forcément glorieuse.
J'ai donc vu cette escort. Je l'ai vu deux fois. Une "latina", une espagnol. Elle parlait très peu Français. Moi j'aurais voulu discuter un peu plus avec elle, au moins en Anglais, mais elle n'y comprenait rien non plus... en tout cas, je dois dire que la première fois a été un assez bon moment. J'ai fait ce qui me fait le plus fantasmer chez les femmes : "m'occuper" de leurs pieds. En somme les masser, les lécher, et faire des jeux sexuels avec. J'ai plutôt bien aimé, et ai réussi à jouir au bout d'environ 45 minutes. Ca m'avait coûté 150 €. J'ai aussi découvert le corps d'une femme nue, en chair et en os, pour la première fois : je dois dire que c'était excitant, mais il y a une fascination chez moi pour les pieds nus - je ne saurais vous dire pourquoi, mais j'ai très vite constaté que le reste ne m'intéressait guère sur le plan sexuel... certes, j'aime faire des câlins, j'aime me faire masser certaines parties du corps, me faire chouchouter comme on dit, mais c'est purement tactil, ou sensuel, affectif ; mais en aucun cas ce n'est sexuel... La deuxième fois - c'est-à-dire le jour suivant -, j'étais ravi de la revoir. Malheureusement, si j'étais excité au début, je n'ai pas réussi à jouir ensuite. Et ce sont les deux seuls rapports sexuels que j'ai pu avoir dans ma vie tout court. Quand je me masturbe, je pense certes aux pieds des filles essentiellement, et regarde ce genre de contenus sur internet. Cependant j'ai aussi une certaine attirance pour les garçons - malheureusement, je n'ai jamais pu encore essayer avec eux. Contrairement aux filles, ce n'est pas leurs pieds qui m'attirent - au contraire, je trouve ça plutôt repoussant je dois dire. C'est davantage "psychologique", c'est... un tout. Je ne saurais comment l'expliquer, mais en tout cas cela m'excite.
Vous me direz : oui, tu viens de nous raconter des histoires de cul - pour être grossier -, mais qu'en est-il de l'amour dans tout cela ? Et bien je dois dire que je n'ai jamais vraiment été amoureux : j'ai toujours souffert d'une solitude immense, d'un énorme gouffre affectif... certes j'ai eu des amis proches tout de même, essentiellement des filles - pour les énumérer dans l'ordre chronologique : Camille au lycée, Emma à la fac, Alexandra également, Garance à l'heure actuelle... toutes m'ont déçu, je me suis constamment engueulé avec elles. Fort heureusement, aujourd'hui je peux compter sur Clotilde. Chose étrange : à chaque fois, j'ai cru que j'étais amoureux d'elles, jusqu'à leur déclarer, à toutes sans exceptions, ma "flamme". Puis j'ai finalement vite compris qu'il n'en était rien, elles aussi, et que je n'ai jamais été amoureux de ma vie, mais que je souffre cependant d'un manque d'affection immense. Il y a un vide en moi, un vide que j'ai sans doute, avec mes bouteilles et mes seringues, voulu remplir. Il y a aussi une frustration sexuelle : arrivé à bientôt 27 ans, sans autre vie sexuelle que la masturbation - que j'ai d'ailleurs de plus en plus de mal à pratiquer, à cause des médicaments sans doute -, j'ai un sentiment de frustration assez important également ; certes, c'est surtout sur le plan affectif que j'aimerais être le plus comblé, mais la vie sexuelle importe aussi. Et hormis revoir une escort, je vois difficilement ce que je peux faire... j'aimerais tenter l'expérience avec un garçon, mais pas un qui se prostitue : je suis déjà assez gêné comme ça en présence d'une fille, alors un homme, vous imaginez bien ! Puis pour ce genre de choses entre hommes, le mieux reste les rencontres dans des milieux destinés à cela - malheureusement la situation actuelle, avec le Covid, m'en empêche, n'ayant pas de Pass sanitaire... Je dois avouer aussi que j'ai peur que cela se passe mal, de ne pas tomber sur la bonne personne etc. Ce qui est frustrant en fait, c'est que j'ai beaucoup de mal dans mes rapports sociaux, il est donc difficile pour moi d'avoir une vie sexuelle épanouie, voire d'avoir une vie sexuelle tout court ; rajoutez à cela mes fantasmes sur les pieds des filles et sur les garçons, et vous rajoutez une difficulté en plus. J'ai parfois le sentiment de faire parti de ces anti-héros que dépeint si bien Michel Houellebecq dans ses romans, comme dans Extension du Domaine de la Lutte.
Je vous ai donc, jusques ici, parlé de mes addictions, et du pourquoi de mes addictions, dont ma solitude, mon vide affectif, mes relations chaotiques avec les autres, ma frustration sexuelle, et aussi du sujet qui me préoccupe actuellement, c'est-à-dire l'insomnie et la fatigue qu'elle engendre - insomnies que je mets, au moins à moitié, sur le compte du Solian. Mais il faut bien un mot de fin pour conclure ces confessions - qui n'en sont en réalité qu'à leurs ébauches : vous imaginez bien que j'ai beaucoup de préoccupations dans la vie, et qu'elles vont difficilement tenir dans ces quelques paragraphes.
Le mot de la fin portera donc sur ma famille. Je pourrais aussi parler de politique : il est vrai que la politique tient une place importante dans ma vie - vous l'avez compris sans doute, si vous m'avez lu citer Hegel et Marx. Cependant ce n'est ni l'instant ni le lieu.
Parlons donc de ma famille : j'aime mes parents. Cela va sans dire. Quand je me sens mal - et mon addictologue le sait encore mieux que moi -, mon réflexe est d'appeler mes parents, ou de retourner chez eux. J'ai un frère âgé d'un an de plus que moi, qui est diplômé d'une maîtrise en géographie, et cherche actuellement un stage, tout en travaillant dans un supermarché à Paris ; et une soeur d'un an de moins que moi, qui vit dans l'Est de la France, et que je ne vois qu'occasionnellement, mais avec qui je m'entends sans doute le mieux. Elle est en couple avec un homme, et a un enfant de 3 ans, qui est donc mon neveu. Cependant, je dois dire une chose : c'est assez difficile de vivre avec eux. Lorsqu'on ne s'est pas vus depuis un certain temps, ça se passe plutôt bien - mais l'année dernière passée entièrement avec eux, dans la campagne paumée, a été assez éprouvante à la fin, et je ne souhaitais qu'une chose : retourner dans mon appartement.
En effet, mon père a, a toujours eu, et cela va en s'empirant, un caractère plutôt... spécial. En fait, pour parler très franchement, il a un vrai caractère de cochon : il passe son temps à râler, tout seul mais surtout sur les autres. C'est rarement de sa faute quand quelque chose de mauvais arrive - du moins pour lui. Nous entretenons de bons rapports, je ne dis pas le contraire ; mais, comme me le disait ma psychologue d'il y a 5 ans (elle aussi travaillait dans l'association dont mon addictologue fait partie), c'est comme si l'on ne s'était jamais rencontrés : je suis plutôt du genre intellectuel, lui ne lit absolument pas. Nous n'avons absolument pas les mêmes goûts en matière artistique. La musique des Beatles, des Rolling Stones, de Bob Dylan, ou que sais-je encore, ce n'est absolument pas ce qu'il va écouter. Ne parlons même pas de Mozart, Chopin ou Schubert... Quant à ce qu'il écoute, je n'ai rien contre, mais suis loin d'être un fan absolu : ça va de Johnny Hallyday, en passant par Sardou, Brel... certes j'aime bien ces artistes. Mais la musique ne se résume pas à cela pour moi - disons qu'en fait, mon père n'aime pas la culture des grands classiques littéraires et musicaux dont je suis imprégné. Quant à la philosophie, n'en parlons pas : il a horreur quand je pars dans de "grands débats", que ce soit sur n'importe quel sujet, mais en particulier la politique. Nous avons certes quelques idées en commun, mais ce sont des idées de bon sens ; pour le reste, la critique politique d'un Rousseau, d'un Hegel, et encore plus d'un Marx ou de Michel Clouscard, ça ne l'intéresse pas, absolument pas - vous constaterez que j'ai parlé de politique à mon insu : c'est qu'en effet j'en suis imprégné, et passe le plus clair de mon temps à réfléchir à ces questions, qui sont plus que jamais d'actualité ; mais je ne vais pas m'étaler là-dessus, ce serait trop long, et ce n'est, comme dit plus haut, ni le lieu ni le moment. Disons que je pense tenter de sublimer mon mal-être par l'action - au moins théorique - en politique, au sens noble du terme. C'est-à-dire que je ne parle pas en terme de partis, de politique politicienne, mais de hautes idées qui pourraient changer la société dans son ensemble et le cours de l'histoire, cette histoire que Hegel a si bien su examiné, et à laquelle Marx y a ajouté les éléments manquants pour en comprendre le moteur.
Cependant, surtout, ce qui me frappe lorsque je parle avec mon père, c'est l'incompréhension dont il fait preuve à mon égard quant à mes soucis : il ne comprend pas mon anxiété, mes angoisses, ma dépression, ma solitude, mes rapports avec autrui, encore moins comment et pourquoi je me suis drogué, pourquoi je bois... là-dessus, il y aurait tant à dire que je ne sais par où commencer ni comment finir. Vraiment, j'ai l'impression d'être un OVNI dans ma famille par rapport à cela ; seule ma soeur, peut-être, me comprend un peu... mais elle est loin de tout savoir ; elle en sait en tout cas moins que vous qui me lisez, si vous êtes arrivés jusque là. Ni mon frère, ni ma mère.
Pour parler de ma mère brièvement : je l'aime beaucoup. Comme tout homme qui aime sa Maman. Comme tout être humain qui comprend que c'est cette personne qui m'a mis au monde. Malheureusement, ma mère a également beaucoup de soucis, elle a connu beaucoup de problèmes, et notamment psychologiques : dépression, anxiété... ma mère est en effet d'un naturel toujours inquiet. Elle tente toujours de ne rien montrer, mais il est souvent arrivé qu'elle pleure à table, sans que personne ne dise rien, puis que moi je vienne la voir, et qu'elle me dise d'arrêter de l'emmerder. Il faut dire aussi que les rapports entre mon père et ma mère sont loin d'être la panacée : ma mère sert plus ou moins de bonniche dans la maison, et n'a pas son mot à dire, ou bien "tu sais la porte elle est là, si t'es pas contente tu retournes chez ta mère !" - comme le dit mon père. Mon père n'est certes pas un bourreau non plus avec ma mère, mais il a un rapport très instable avec elle, et passe beaucoup de temps à se moquer d'elle au mieux, à l'engueuler au pire... il y aurait beaucoup à dire là-dessus. Ma soeur aussi dit comme moi, qu'elle a hérité de la nervosité de mon père, de son irritabilité, et du caractère constamment inquiet de ma mère, femme de ménage depuis qu'elle est en âge de travailler. Mon père, maintenant à la retraite, a connu tous les boulots possibles et imaginables - et les galères qui vont avec... il a tout de même fini assimilé-cadre, sans diplôme, sans rien, juste par sa pugnacité au travail. Je dois dire que, s'il y a bien une chose qu'on ne peut pas lui reprocher, c'est bien cela : c'est un bosseur. J'ai une certaine estime pour cela. Quand on vient d'un milieu prolétaire, ouvrier, comme mon père, et que l'on se hisse de la sorte, cela inspire un profond respect. Aujourd'hui à la retraite, l'impression que j'ai c'est qu'il semble, malgré son apparente bonhomie, malgré son côté "bon vivant", souffrir, et notamment de la mort de beaucoup de proches. Ni mon grand-père paternel, ni ma grand-mère maternelle ne sont encore vivants. Mon oncle Alain est décédé récemment, pendant le premier confinement. Quant à une de mes tantes, Sylvie, elle est malade d'un cancer du sang, quoiqu'elle se porte bien pour l'instant. Enfin, la femme d'un de ses meilleurs amis est devenue handicapée, suite à une opération de la jambe : il est certain qu'il a des raisons d'être parfois, et même souvent, de mauvaise humeur... je ne sais si sa froideur est due à son tempérament, si c'est parce qu'il est très résistant au tragique de la condition humaine, ou s'il souffre intérieurement sans rien dire. Il a également perdu beaucoup de frères étant plus jeune. Et pourtant il en parle si peu, sauf peut-être avec les frères et soeurs qu'il lui reste...
Je pense m'arrêter là. J'ai déjà beaucoup écrit. Je vais laisser le mot de la fin à M. Jean-Jacques Rousseau, qui conclura parfaitement mes confessions par l'ouverture des siennes :
"Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature; et cet homme, ce sera moi.
Moi seul. Je sens mon cœur, et je connais les hommes. Je ne suis fait comme aucun de ceux que j'ai vus; j'ose croire n'être fait comme aucun de ceux qui existent. Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre. Si la nature a bien ou mal fait de briser le moule dans lequel elle m'a jeté, c'est ce dont on ne peut juger qu'après m'avoir lu." (J.J Rousseau, Les Confessions).
EDIT : Il y a une erreur à la fin par contre : il s'agit de ma grand mère paternelle qui est morte ; ma grand mère maternelle est vivante. Sinon des fautes d'orthographes mais elles sont dues à la fatigue... Merci à vous. :)
Dernière modification par HeroinIsMyLife (30 novembre 2021 à 21:01)