Bonjour à toutes & tous.
Voilà plusieurs années que je me pose la question existentielle? de m'inscrire ou non sur PsychoActif.
Je vous lis depuis très longtemps.
Sans jamais avoir "osé" ne serait-ce que répondre sur un topic.
Je me demande franchement si la question étaitbien celle d'oser, ou plutôt un vieux prétexte pour me dire que non, "je maîtrisais".
Mon histoire est particulière, bon courage par avance et un grand merci àceux qui prendront le temps de lire.
J'aiun trouble de la personnalité borderline (État Limite) de "bas grade" (sans critères de gravité comme les TS, grosses prises de risques, automutilation) qui par chance, m'a permis jusqu'à aujourd'hui, de mener une vie... Bien rangée, vue de l'extérieur.
Excepté une cassure dans mon couple (c'est une très longue histoire, je ne vais pas rentrer dans le détail, mais en bref, nous sommes ensemble depuis 2003, j'étais, de 2103 à 2017, il y a eu une cassure, même si nous étions restés très proches, la cassure venait de moi. Depuis 2017, nous sommes de nouveau en semble, et nous sommes même remariés cet été?.
J'ai mené somme toute une une vie assez... Linéaire.
Aide-soignante dans un gros CHU Parisien, j'y ai travaillé13 ans, de l'extérieur, je paraissais non seulement toujours
speed, gaie, et en plus de mon travail (j'étaisen 12 heures de nuit), je m'occupais de mes deux petites filles sans soucis.
Sans vantardise aucune, vous comprendrez ensuite pourquoi j'écris cela, toutes les infirmièresme voulaient comme binôme.
En plus de faire mon travail, je faisais celui des autres, qui partaient roupiller sur des fauteuils relax. Et ouais... L'APHP ça peut être très cool pour certains...
Il faut savoir que j'ai toujours été, de par mon trouble borderline, été attirée par les substances dopantes, mais je ne sais par quelle chance, je suis passée au travers de toutes les addictions auxquelles j'étais, quelque part... Prédisposée, au vu de mon profil. Même la clope. Même si je dois résister régulièrement à l'envie de m'acheter un paquet.
En fait, je suis obsessionnellement terrorisée par le cancer. C'est la seule chose qui me retient...
Mais est arrivé dans ma vie le
Tramadol.
Je me rappelle précisément de cette journée, dans les détails les plus infimes.
Pourtant, c'était en 2007...
D'ailleurs, quand je fais le compte, j'ai le vertige, pétard...
J'ai 38 ans à l'heure qu'ilest (même si on me prend pour la sœur de mes filles, tant mieux ma foi, mais j'ai quand mêmemes 38 piges!)
Je me rappelle, cette journée de 2007 à démarrésous un ciel plutôt gris.
Et j'avaisun mal de crâne carabiné?.
J'étaisencore de jours àce moment là de ma carrière.
Je prends un Doliprane en partant travailler. Rien.
Avant de prendre mon poste, un Ibuprofène. Rien.
Je bossais en binômeavec une collègue, et je lui sors, comme ça, vraiment en toute naïveté, juste histoire qu'elle sache pourquoi j'étais un peu moins moulin à paroles (mon surnom est Chatterbox, çaveut tout dire de moi?)
Elle me demande ce que j'ai pris.
Je lui explique: Doliprane, puis Ibuprofène, qui n'ont pas eu d'effet.
Elle va farfouiner dans la pharmacie et revient avec un compriméde
Tramadol, et pas un petit dosage (il existe en 50mg, 100mg Libération Prolongée(LP) et 200mg LP.
Elle m'aramené un 150mg LP.
J'avais déjà donné plusieurs fois du
Tramadol aux patients, mais je ne m'y étaitpas intéressée (par contre, je prenais volontiersdes benzos par-ci par-là, mais le
Tramadol, ça ne me parlait pas.
Et je ne connaissais personne qui en prenait.)
Je peux décrire précisément, même si cela fait 14 ans, ce que j'ai ressenti moins de 10mn après la prise.
Je ne sais plus si le soleil s'est levé dehors, ou si je voyais des rayons de soleil tout autour de moi.
Mon esprit s'est déroulé comme un drap blanc lavé de frais que l'on secoue au soleil.
Je me disais: "C'est le vrai Daylight..."
Une aura m'a enveloppée, je me sentais moi-même, mais remplie d'une joie, d'un amour pour l'autre et d'une force immenses.
Je me sentais capable de dire, de faire tout ce que je ne parvenais pas à réaliser jusque là.
En somme, j'étais sur un immense trampoline, et je sautais de plus en plus haut.
J'ai écouté ma collègue parler de religion, en "ressentant" profondément ce qu'elle voulait me dire.
Discussion que j'aurais poliment écoutée en temps normal. Sans commenter.
J'ai fini mon travail en moins de deux et je suis allée aider sur l'autre aile, où ils n'avaient pas terminé.
Je me sentais nimbée de lumière, de joie, d'empathie, je me sentais capable de tout.
Je pense que beaucoup reconnaîtront leur première montée de
Coke.
Le
Tramadol étant un opiacé, et que j'y suis particulièrement réceptive,
ce jour à signé mon "alliance" avec ce produit.
Au départ, je n'en prenais que quand j'étais un peu fatiguée, pas trop d'attaque. Ensuite, de plus en plus souvent, j'aicommencé à en ramener chez moi... L'engrenage.
Il faut savoir que la pharmacie de tous les services de réanimation par lesquels je suis passée n'avaient pas de pharmacies automatisés.
Les médocs étaient rangés dans des petites cases, sauf les stups (Morphine,
Fentanyl, Sufentanyl et Remifentanyl), dans armoire sous clé, avec contrôleentre chaque équipe.
Le reste était, j'ai honte de le dire, mais c'était un véritable open bar.
Les médicaments arrivaient par caisses tous les jours, et c'étaient nous, les aides-soignants, les préposés à ranger la pharmacie"...
J'ai beaucoup travaillé de nuit, de plus.
Je ne me suis jamais confiée à qui que ce soir, je ne sais pas si j'étaisla seule à "faire l'écureuil", il y en avaient bien un ou deux qui me paraissaient un peu trop high, à taper des Moonwalk en pleine nuit pour amuser la galerie, mais je n'ai pas posé de questions, et pris toutes les précautions possibles pour ne pas me faire griller.
On peut dire que pendant de très nombreuses années, l'hôpital a été mon dealer. Un dealer qui ne te demande pas d'argent, juste de bosser.
En 2015, période durant laquelle j'étais séparée de mon conjoint, donc après 8 ans de consommation, évidemment, il m'en fallait chaque jour, minimum 2x200mg matin et 2x200mg l'après-midi, voir plus certains jours, donc 800mg à 1g sur la journée, plus des mélanges détonants à
base de Rivotril en gouttes et autres benzos (j'aimais vraiment bien le Rivotril en gouttes, tiens, il a été retiré du marché pour ce qui est de l'utilisation en tant qu'anxiolytique. Il n'est utilisé qu'en anticonvulsivant maintenant...?)
Il faut savoir que parallèlement, j'avais ENFIN trouvé une psychiatre géniale en 2014.
J'avais perdu foi en la psychiatrie, je vous assure.
J'ai vu... 7 ou 8 psys avant de tomber sur elle.
Le courant n'est passé avec aucun, ou bien leur méthodes ne me plaisaient pas du tout.
Et je ne suis pas du style à me plier à des injonctions qui ne me conviennent pas, tous médecins soient-ils.
Je souffrais de troubles alimentaires sévères (on ne savait pas à l'époque que j'étais borderline. Les troubles alimentaires sont très présents dans ce trouble de la personnalité.)
Le
Tramadol me coupait l'appétit.
Il avait toutes les fonctions: Il me rendait "moi en mieux", il me rendait sociable avec n'importe qui, alors que je suis TRÈS difficile dans mon appréciationde l'autre. Dans le choix de mes fréquentations.
Très sélective.
Il me servait également d'anorexigène, je pouvais me maintenir allègrement à moins de 50kgs pour 1m68, sans ressentir la faim.
Ma psy a également diagnostiqué chez moi un
TDAH important, et j'ai été placée sous
Ritaline (Méthylphénidate), et le diagnostic de HPI est tombé aussi. Après avoir été testée chez une autre psy spécialisée, avec le test WAISS.
Je n'aime pas beaucoup en parler. Ça fait pompeux.
C'est à la mode et ça m'énerve. C'est rarement un cadeau d'être diagnostiqué HPI à l'âge adulte.
On entenddes HPI s'autoproclamer à droite à gauche, et des parents accourir faire tester leur gosse "Il est Haut Potentiel", c'est certain.
Nan. Il est juste mal élevé. Ou il y a un souci àla maison.
Le mix
Ritaline +
Tramadol + les "à côtés", benzos et compagnie m'ont fait entrer en phase hypomaniaque, alors que je ne souffre pas de bipolarité, ni même de cyclothymie.
Je me suis retrouvée à 44kgs pour 1m68, très contente de moi en plus.
J'ai atterri à l'hôpital.
Par rapport àmes troubles alimentaires, et aussi pour me couper de l'endroit où je me fournissais autant que je le désirais.
J'avais 4 grosses boîtes type boîtes à chaussures remplies de réserves.
Je vous passé la période hospitalisation, qui, sur le plan de troubles alimentaires ne m'a absolument pas aidée.
J'yétais également rentrée pour
sevrage.
Je suis sortie sevrée, ça oui, et en plus, au lieu de me laisser mes "pare-fou", l'idiotede psy que j'ai eue comme référente làbas, qui me voyait 10mn tous les 3 jours, avait baissé mon antidépresseur et anxiolytiques de moitié...
Quelle logique?!?
Je venais me sevrer du
Tramadol et des excès de Benzos, pas de mon traitement de
base...
À savoir que je n'avais quasi plus rien dans le sang àma sortie.
Contre des doses énormes 3 semaines auparavant.
Bien évidemment, j'ai touché du doigt ce qu'est la dépression.
J'ai vécu la pire période dont je puisse me souvenir aujourd'hui.
Je n'osais rien dire àma psy, de peur de la décevoir (qu'elle bêtise crasse, quand j'y pense, quel temps perdu...)
Je rêvais jour et nuit du
Tramadol.
J'allais vraiment très mal, tout en essayant de le cacher soigneusement. Je continuais à me lever, me pomponner comme avant. Tenir l'appartement rutilant comme un sou neuf, au prix d'efforts surhumains.
J'étais dans le noir.
Je me retrouvais en dépression post
sevrage, à la maison, sans mon travail, que j'aimais.
L'impression d'être une loque, qui n'avait absolument pas réglé ses problèmes de TCA, et en arrêt de travail, répartie de zéro.
La suite est... Rocambolesque, comme toujours, ou plutôtsouvent, avec moi.?
Ma psy est brutalement partie, emportée par un cancer du pancréasil y a exactement 4 ans.
Un de ses confrères à repris le flambeau.
Heureusement, excellent feeling avec lui, immédiat.
Il a suivi mon deuil. J'avais comme perdu ma mère. N'ayant pas de mère digne de cette appellation, le transfert sur ma psy était très fort.
Il m'a renvoyée chez une psy spécialisée dans le
TDAH (on m'avait retiré aussi ma
Ritaline, du fait de mon poids trop bas), pour réévaluer le diagnostic, qui bien sûrs'est révélé positif+++ une seconde fois.
Il m'a replacée sous
Ritaline.
Qu'on le croie ou non, mes TCA se sont arrêtés net suite au décès de ma psy, qui a été concomitant au suicide d'un ami.
Je suis miraculeusement en rémission depuis 4 ans. Sans récidives.
J'ai toujours un poids bas, que je surveille, mais de loin. Je mange peu, mais trois fois par jour, et même du chocolat!?
La
Ritaline à donc été réintroduite à raison de 4x 10mg/jour.
Plus mon traitement que l'autre charmante psy hospitalière avait baissé de moitié.
J'ai également avoué à mon psy que j'avais continué à reprendre du
Tramadol, je m'en faisais prescrire autant que possible par 2 médecins, je jonglais, c'était terrible.
Le "craving" ne me quittait jamais.
Aussi curieux que cela puisse paraître, mon psy m'a remise sous
Tramadol.
Il connaît plus que bien les difficultés quant à stopper les antalgiques, surtout la
Codéine ou le
Tramadol, sans parler des morphiniques.
Le but est de diminuer extrêmement progressivement.
J'ai réussi à diminuer.
Mais depuis une bonne année, je stagne...
J'aila chance inouïe d'avoir ce psy, qui ne me met aucune pression et me laisse aller à mon rythme.
Malgré tout, je me demande si je ne vais pas me coltiner le
Tramadol à vie.
J'ai envie de tenter un nouveau palier, mais dès que je suis sur le point de me lancer, je recule.
La
Ritaline est extrêmement active, non seulement sur ma capacitéde concentration, mais sur mon humeur.
Elle m'aide à diminuer, c'est certain.
Mais même.
Même avec le reste de mon traitement, le
Tramadol est la substance la plus accrocheuse que je connaisse.
J'ai testé la
Coke: Ouais, bien, mais même effet que si je me mets une bonne dose de
Tramadol dans le cornet, alors au vu du prix du gramme, et du fait qu'il faut avoir un dealer (je fais un blocage total sur le fait d'avoirun dealer...)
J'ai si peur qu'après tant d'années de "vie commune" ,avec une séparation trop douloureuse, avec cette molécule, je ne parvienne pas à m'en défaire...
Tous les feux sont au vert dans ma vie, mon trouble borderline se calme beaucoup, j'ai accompli un travail conséquent sur moi.
Je travaille dans le domaine de ma passion.
Mais me lancer dans un réel
sevrage me terrorise. Même en continuant le reste de mon traitement...
Je peux dire que le
Tramadol est à la fois mon meilleur et mon pire ennemi.
Je voulais vraiment témoigner, depuis longtemps, c'est chose faite.
Je sais, je m'étale toujours, je suis très...Longue, on va dire!?
Merci par avance à ceux qui auront pris la patience de me lire.
Et évidemment, j'espère avoir vos témoignages, sans tabous.
La vie m'a appris à ne pas juger. Ou très rarement.
Le jugement est propre à l'humain, mais on peut l'abaisser à un niveau très bas, depuis que je lis, me documente sur la psychologie/psychiatrie, en plus de ce que j'ai appris durant mes études.
L'humain est si complexe.
Non, ce n'est pas qu'une histoire de volonté, ou de secouage de puces. C'est bien plus complexe que cela.
Mon oreille est toujours bienveillante, et mon épaule solide, lorsqu'il s'agit de soutenir, d'écouter...
Belle journée à tous, et à très vite je l'espère.?
Myna
Dernière modification par Agartha (30 novembre 2021 à 20:12)