En France, tous les dérivés des
cathinones sont désormais des stupéfiants
Auteur : Stéphanie Lavaud (site medscape)
16 août 2012
Paris, France - Le Ministère chargé de la santé a décidé de classer comme stupéfiants l'ensemble des drogues de synthèse de la famille des
cathinones par arrêté publié au Journal Officiel du 2 août 2012. Ce classement intervient en raison du potentiel d'abus et de dépendance et de la toxicité de la famille des
cathinones [1].
Les drogues de synthèse en constante augmentation en Europe et en France
De nouvelles drogues de synthèse ont fait leur apparition ces dernières années. Paru fin avril, un rapport annuel de l'European Monitoring Centre for Drugs and Drug Addiction fait état de 49 nouvelles substances psychoactives - toutes synthétiques - recensées pour la première fois par les systèmes d'alerte européens en 2011 [2]. Un chiffre en constante augmentation puisque ce même organisme avait notifié 41 substances en 2010 et 24 en 2009. Diffusées sur Internet, livrées à domicile, à faibles coûts, ces substances sont disponibles sous forme d'engrais, de sels de bains, de sprays désodorisants, de liquide pour parquet… des dénominations sans rapport, bien sûr, avec l'usage du produit.
Les
cathinones synthétiques (dont la fameuse
méphédrone et ses dérivés) représentent une part importante de ces nouvelles drogues aussi appelées 'designer drugs' ou 'legal highs'. « La
cathinone a été découverte il y a une cinquantaine d'années. Il s'agit d'un stimulant alcaloïde dérivé de la feuille de
khat (Catha Edulis), composé
psychotrope contenu dans les feuilles d'un arbuste africain. Elle a des propriétés chimiques clairement amphétaminiques » a expliqué le Dr Laurent Karila (psychiatre-addictologue, Hôpital Paul Brousse, Villejuif) lors du dernier congrès Urgences. Les effets négatifs les plus fréquemment rapportés sont une agitation, des palpitations, une tachycardie, des vomissements et des maux de tête.
Plus possible de rester "légal" en jouant avec la composition chimique
Mais bien qu'addictives et potentiellement dangereuses, ces drogues peuvent être achetées facilement sur internet sans aucune restriction pour certaines d'entre-elles. En effet, pour pouvoir être interdites, ces substances doivent avoir été identifiées comme stupéfiants - c'est d'ailleurs le cas en France, de la
méphédrone par exemple. Toutefois, il suffit que l'on rencontre une
cathinone substituée, c'est-à -dire une substance sur laquelle on a greffé un groupement chimique à un radical de
base, pour que la nouvelle drogue échappe à la classification « stupéfiants » malgré des effets pharmacologiques et toxicologiques proches. C'est donc pour mieux encadrer ces nouvelles drogues, et parer à toutes modifications intempestives de composition chimique dans le but d'échapper à la réglementation, que le Ministère chargé de la Santé a donc décidé de classer l'ensemble de cette famille de substances sur la liste des stupéfiants, à l'instar du Royaume-Uni.
« Cette décision fait suite à la proposition du directeur général de l'ANSM après avis de la Commission nationale des stupéfiants et des
psychotropes et repose sur les critères établis par l'OMS pour l'examen des substances » signale le communiqué de l'ANSM.