NON !! La Naltrexone est utilisée dans les protocoles de
sevrage ultra courts mais associée à une anesthesie générale (pas en France, cette méthode n'y est pas légale) car le syndrome de
sevrage induit
est insupportable !!!
Donc je ne le conseille vraiment PAS !
La seule utilisation de la Naltrexone dans la toxicomanie est,
pour une personne sevrée, la prise régulière pour rendre inutile une éventuelle prise d'
opiacés (maintenir le
sevrage).La prise de Naltrexone n'a pas d'effet
psychotrope en dehors de l'effet antagoniste d'
opiacés. Elle est aussi utilisée pour réduire la consommation d'alccol (Revia).
Je recopie le protocole de
sevrage que j'ai deja mis en ligne ici et qui me semble la meilleure solution (c'est un protocole assez commun hors de France mais critiqué en France par des psychiatres et des addctologues qui sont, ideologiquement, contre l'emploi des
opiacés pour le
sevrage. D'où l'utilisation de
neuroleptiques, BZD,
catapressan etc..).
Amicalement
Essai de protocole de
sevrage ambulatoire de l’heroine par l’utilisation de la
Buprenorphine ou de la
MéthadonePlan
Qui peut en beneficier ??
Comment explorer la demande ??
Modalités pratiques du
sevrage ??
Risques, incidents ??
Suivi apres
sevrage ??
Qui peut en beneficier ??
Une precision importante= il s’agit bien du
sevrage de l’Heroine chez une personne dépendante de ce produit. Ceci exclut donc (du present protocole) les personnes prenant un Traitement de
Substitution aux
Opiacés (TSO), seul ou associé à une consommation d’heroine, qui relevent d’une prise en charge différente.
Nb= La consommation d’heroine seule correspond le plus souvent à trois typologies =
les usagers « jeunes » = avec une consommation d’heroine relativement récente (quelques mois à 2 ans). Le plus souvent le questionnement sur le
sevrage se situe dans une alternative
sevrage/ debut d’un
TSO, face à une « impasse » de la consommation d’heroine (d’origine financiere, judiciaire ou psychologique). Le
TSO est souvent vu comme un « piege » au long cours et les personnes cherchent une alternative. Toutefois ce n’est pas la preuve d’une veritable motivation pour le
sevrage, cela peut refleter simplement un rejet a priori du
TSO.
Les usagers plus âgés ayant une consommation pure d’heroine, mais des experiences anterieures de
TSO. Souvent il s’agit de personnes ayant fait un
sevrage du
TSO et presentant une rechute. La demande de
sevrage correspond à un désir de mettre fin rapidement à la rechute. Dans ce cas le demandeur est plus averti des enjeux et des risques du
sevrage et de la rechute.
Tous les autres cas…..
Les questions que l’on peut se poser sont =
Le demandeur est il bien consommateur ?? Bien qu’il soit assez improbable qu’une personne voulant une « ordonnance » se presente avec une demande de
sevrage, c’est une eventualité qu’il faut savoir éliminer, surtout en rapport avec les risques de la prescription initiale des
TSO chez le patient non toxicomane (même en courte durée). Un test urinaire, de confirmation, peut etre indiqué dans certains cas mais ne doit pas etre systématique.
Le demandeur est il vraiment dépendant ?? Certains consommateurs ne sont pas dépendants et peuvent arreter leur consommation sans aucun symptome physique (l’exploration des antecedents le met en évidence). Dans ce cas, le protocole de
sevrage est inutile. Toutefois l’exploration de la motivation et le suivi peuvent s’inspirer de ce protocole.
Le demandeur veut il vraiment se sevrer ?? C’est le point le plus important. Beaucoup de demandes de
sevrage resultent d’un « ras le bol » ponctuel mais l’analyse des motivations fait apparaître une demande mal motivée (notamment antecedents d’echecs antérieurs dans la même situation, non preparation de la situation « sans drogue », impossibilité « de se voir sans drogue »). Toutefois l’existence d’experiences anterieures de
sevrage suivi de rechute n’est pas necessairement négative. Elle permet d’explorer les motivations, les risques, les ecueils et, en général, une meilleure prise de conscience des enjeux.
Le demandeur veut il LIBREMENT se sevrer ?? Evidemment beaucoup de demandes de
sevrage sont faites « sous pression » (sociale, familiale, judiciaire) . Il importe donc d’explorer la vraie demande de la personne et de pouvoir l’aider à trouver une alternative (TSO le plus souvent) si elle n’est pas reellement demandeuse. Toutefois l’existence de pressions n’est pas necessairement une contre indication absolue au
sevrage. Le plus souvent le demandeur est dans l’ambiguité par rapport à ces pressions et il est important de travailler sur ce point (qui n’exige pas toujours d’ailleurs la levée de l’ambiguité).
Le demandeur veut il se sevrer MAINTENANT ?? Un demandeur peut etre volontaire « en général » mais penser que c’est pas possible maintenant. Un suivi peut donc etre entrepris à la recherche du bon moment.
Comment explorer la demande ??
Les éléments indispensables à explorer sont
Un interrogatoire médical minimal (affections medicales et chirurgicales, antecedents de traitements, antecedents d’allergies et d’incompatibilités avec les traitements)
Un bilan des prises de
psychotropes (au sens large) , y compris drogues « légales », en insistant sur les prises dans les derniers jours.
Une exploration détaillée des essais et periodes de
sevrage, s’il yen a eu, même si elles n’ont pas pu etre menées à bien (notamment pourquoi elles avaient été tentées, qu’est ce qui avait marché ou pas marché, comment etait ressentie la periode de
sevrage total= angoisse, manque ou au contraire impression de mieux etre, comment est survenue la rechute et eventuellement pourquoi etc..)
Une exploration détaillée de la motivation (pourquoi ? pourquoi maintenant ? est ce librement ? correspond elle à une evolution longue et progressive ou au contraire à un revirement brutal ? quels en sont les facteurs importants ? s’il y en a plusieurs les prioriser ? etc..
On peut notamment explorer (selon la technique de l’entretien motivationnel)
- les avantages du non changement
- les risques du non changement
- les risques du changement
-les avantages du changement
En distinguant bien dans le changement ce qui releve du moment du changement (le
sevrage) et ce qui releve de l’etat apres changement (etre sevré)
Enfin en explorant l’avis sur le moment du changement (maintenant ? plus tard ? un jour ?)
Une exploration détaillée de ce que peut etre la vie une fois sevrée (en developpant autour des risques et des avantages du changement vus + haut), notamment comment peut s’organiser la vie sans produit, comment le demandeur peut il la percevoir etc.. ?? On peut envisager que l’essai de
sevrage soit repoussé dans l’attente de changements indispensables ou de la mise en place d’alternatives au produit (post cure par exemple).
Une exploration de la possibilité d’echec du
sevrage. Que faire alors ? = s’engager dans un
TSO ? revenir au statu quo anterieur ?
Une exploration des elements de choix de la methode (hospitalier, ambulatoire) notamment experiences prealables du demandeur, elements socio professionnels imposant des contraintes, couverture sociale etc..
Les elements de la decision sont
Le maintien de la demande par le demandeur apres exploration de tous ces elements
La faisabilité générale (pharmacien, pas de contraintes sociales ou de travail, ).
Le choix du
sevrage ambulatoire vs hospitalier = etant donné le peu de recul sur le sujet, s’il est possible d’affirmer la faisabilité du
sevrage ambulatoire (littérature médicale, témoignages) il est impossible de définir les cas où il doit etre préféré. On peut proposer qu’il soit mis en œuvre quand=
-le demandeur refuse tout autre mode de
sevrage mais persiste à souhaiter un
sevrage- des contraintes sociales, professionnelles ou familiales rendent le
sevrage hospitalier impossible ou difficile
- le demandeur a une experience personnelle de la methode et la demande specifiquement.
Modalités pratiques du
sevrageIl est difficile de définir des protocoles precis, toutefois =
Il semble que le changement d’opiacés facilite en general le
sevrage (buprenorphine à la place de
méthadone et vice versa,
buprenorphine à la place de l’heroine). Si ce n’était pas le cas, le
sevrage d’heroine pourraitv se faire « simplement » en diminuant l’Heroine. L’observation montre que cette technique est rarement efficace.
La
Buprenorphine et la
Methadone ont été utilisées. Un consensus semble s’etre établi pour favoriser la
Buprenorphine en premiere ligne. La
Methadone serait reservée aux demandeurs qui ne souhaitent pas de
Buprenorphine (notamment détournement d’usage non contrôlable)..
Quand la prise de
Buprenorphine est inferieure à 15 jours, il s’agit d’un
sevrage de l’Heroine aidé par la
Buprenorphine (donc sans
sevrage de la
Buprenorphine). Au-delà il y a deux
sevrages, de l’Héroine, puis de la
Buprenorphine. Les temps de
sevrage complet sont alors plus longs. Toutefois des personnes motivées parviennent le plus souvent à ce
sevrage complet en 3 à 6 mois environ.
La dose initiale de
Buprenorphine est difficile à évaluer puisqu’elle doit dans un temps tres court permettre l’induction ET le
sevrage. La dose initiale ne doit pas evidemment entrainer un risque d’overdose mais doit etre suffisante pour calmer les symptomes de manque.Un suivi quotidien est donc souhaitable.
De ce fait il parait peu adapté de pratiquer ce protocole quand la dose initiale de
Buprenorphine doit depasser 8 mg. Une diminution prelable de la consommation d’Heroine peut alors etre mise en place. Toutefois des consommations fortes d’Heroine (5 g/jour) sont en pratique compatibles avec des doses initiales de
Buprenorphine de 8mg et moins, du moins chez certains patients (importance de la connaissance des antecedents, même de
sevrages non reussis).
La possibilité d’un echec doit etre prévue ainsi que ses consequences (poursuite par un
TSO ou non, notamment).
La
Buprenorphine ne doit pas etre donnée sur une « imprégnation » opiacée, au risque de declencher une crise de manque (effet antagoniste). S’il y a eu prise d’Heroine quelques heures avant, on doit attendre des signes de manque pour donner la
Buprenorphine. En général 12 heures apres la derniere prise d’heroine sont largement suffisantes (nb= avec la
Methadone il faut environ 72 h).
La
Suboxone pourrait presenter un interet specifique en prevenant un usage detourné de la
Buprenorphine.
Toute autre médication associée doit etre examinée avec attention. Le risque de prise d’alcool doit etre évalué.(ainsi que d’autres produits)
On peut donc proposer le schéma suivant comme point de départ, mais à ne pas hésiter à adapter au cas par cas,
Premier jour
Apres une periode suffisante d’arret de l’Heroine (6 à 12 h) donner une dose « de sécurité de premier jour » de
Buprenorphine ou de
Méthadone.
Pour la
Buprenorphine ont peut l’evaluer à 8mg le premier jour en deux prises au moins (une premiere prise de 4 mg au maximum doit etre suivie d’une periode d’observation de 2 heures au moins , eventuellement par le patient lui-même).
Pour la
Méthadone 40 mg le premier jour en deux prises au moins (une premiere prise de 20 à 30 mg suivi d’une periode d’observation).
La prescription d’antalgiques de niveau I (paracetamol) et eventuellement d’autres traitements symptomatiques (Spasfon) sera systematique sauf contre indications.
Deuxieme jour et suivants
Si les signes de manque ne sont pas suffisamment calmés, augmentation de la dose comme dans les inductions de
TSO (généralement 12mg de
Buprenorphine et 50 mg (60 mg ?) de
Méthadone au maximum ). Le maximum devrait etre atteint en 3 jours au maximum , suivis d’une diminution rapide. Si celle-ci n’est pas possible, il faut envisager la « conversion » en induction de
TSO, eventuellement suivie d’un
sevrage semi rapide (ou semi lent).
Si les signes sont « tout juste » calmés , poursuivre les doses du jour , diminution des que possible . Si celle-ci n’est pas possible, il faut envisager la « conversion » en induction de
TSO, eventuellement suivie d’un
sevrage semi rapide (ou semi lent).
S’il n’existe pas de signe de manque insupportable (selon la mesure du demandeur, pas selon l’avis du soignant ) , une premiere diminution peut etre amorcée. Le but est un arret de la
Buprenorphine ou de la
Methadone en 10 jours environ. D’importantes variations individuelles dans l’aptitude à diminuer les doses sont constatées.
Si le traitement dépasse 15 jours, le
sevrage total est souvent repoussé à quelques semaines, voire quelques mois.
En cas de
sevrage retardé la «
méthode chinoise » peut etre utilisée (Avec la
Methadone dilution progressive d’un flacon initial).
Sevrage total
Il peut etre accompagné d’une prescription « facilitatrice » de
psychotropes mais le risque de création d’une autre accoutumance doit etre serieusement gardé en mémoire. Notamment la prescription de
Benzodiazepine, si elle est necessaire, sera strictement limitée dans le temps. A signaler que l’utilisation de l’Atarax a été décrite dans le
sevrage amubulatoire des
opiacés selon des modalités proches (300 mg le premier jour puis diminution en 5 jours). Ce pourrait donc etre une prescription logique, en attendant des essais specifiques.
Le plus important est qu’il soit accompagné d’un soutien psychologique et social approprié. C’est une periode difficile qui doit etre accompagnée.
Il est important aussi d’explorer les facteurs de risque de rechute rapide (restes de produit à la maison, frequentation de dealers) et de prendre les mesures preventives necessaires.
Enfin il est important de considerer tous les problemes de santé associés. Il arrive souvent que l’arret des
opiacés « révèle » des problèmes dentaires jusque là anesthesiés, ou des symptomes d’une hépatite connue mais négligée. Il est preferable que leur prise en charge ait été prévue et programmée.
Risques et Incidents
Bien qu’en principe les doses initiales soient plutot inferieures aux doses habituelles d’induction de
TSO on sait que le risque d’overdose est plus de 10 fois plus fort à l’initiation du traitement que par la suite. Les precautions habituelles pour l’induction des
TSO sont donc à reprendre totalement.
Le risque de « desequilibre » menant à une baisse de la vigilance doit etre évalué et des mesures prises, notamment chez les conducteurs et les metiers à risque.
Ce « desequilibre » peut etre lié à une sur dose relative de produit mais aussi à une insommnie ou une irritabilité en cas de signes de manque mal contrôlés. Il peut aussi etre lié à la prise « anarchique » de produit en cas d’echec du
sevrage.(le patient n’ayant pas l’experience des associations de produits qu’il manipule)
En cas de rechute (surtout si elles ne sont pas immédiates) la dose doit etre soigneusement « titrée » pour éviter les overdoses. L’utilisation de doses « standard » de la periode de consommation est la cause principale des overdoses. Le patient devra donc en etre soigneusement prévenu.
Suivi apres
sevrageEn principe ce suivi devrait etre prolongé. L’expérience montre qu’il est souvent écourté par les patients eux même.
Ce point devrait donc faire l’objet d’un protocole à part.
En attendant, on peut recommander l’une et/ou l’autre des solutions suivantes=
Un suivi ambulatoire medico psycho social , au moins proposé.
Des activités de type Narcotiques Anonymes ou équivalents (auto support)
Un suivi de reinsertion socio professionnel
Un sejour en post cure, communauté thérapeutique ou equivalent
Une hospitalisation pour prise en charge de problemes somatiques.
Quand ce n’est pas trop destabilisant une redéfinition imortante des habitudes sociales (notamment evitement des dealers et de certains « amis »).
On peut proposer des recherches sur
Les groupes de prevention de la rechute avec animateur professionnel (les NA ont deja été cités mais relevent plutot de l’auto support))
La mise en place de techniques de promotion de la santé (donc en principe non specifiques à la toxicomanie)
Méthadone :
1 ?ï€ dose initiale : 10 à 40 mg/j ;
2 ?ï€ paliers d’augmentation 5 à 10 mg maximum par paliers de 1 à 3 jours, en fonction de la clinique, sans jamais excéder par semaine 50 % de la dose initiale ;
3 ?ï€ prise quotidienne unique orale.
BHD :
1 ?ï€ dose initiale : 4 mg à 8 mg/j au vu des pratiques professionnelles (doses supérieures à celles de l’AMM, qui justifient d’être validées par des études cliniques spécifiques) ;
2 ?ï€ respecter un délai de 24 heures après la dernière prise d’opiacé pour éviter le syndrome de manque dû aux propriétés antagonistes de la
buprénorphine ;
3 ?ï€ paliers d’augmentation de 1 à 2 mg par paliers de 1 à 3 jours, en fonction de la clinique, jusqu’à la dose optimale
Dernière modification par prescripteur (06 mars 2013 à 09:29)