TR 4-aco-met

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#4-AcO-MET #psychédéliques #research chemicals
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PenPen homme
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Homme de 38 ans, 1.70m, environ 57 kg.

Produit : 4-aco-met en pellet de 20mg (fractionné) acheté sur le clear.

Tout le week-end, un tiers-lieu de ma ville organisait son festival annuel avec trois scènes différentes entre lesquelles les gens pouvaient naviguer pour varier les ambiances et les styles musicaux (plutôt électroniques de façon générale). J’avais déjà pris mes billets et chauffé des potes pour y aller quoi qu’il en soit. J’avais au début l’idée de me faire la soirée du vendredi en prenant un peu de LSD (genre un quart de buvard) histoire de donner un peu de consistance au monde extérieur tout en restant dans un état tout à fait gérable. Au final, je rejoins mes potes à la terrasse d’un café qui est un peu l’une de nos résidences secondaires. Le temps est quasi parfait (ciel bleu, une petite vingtaine de degrés et ça faisait longtemps). On commence à discuter des projets pour la soirée en se disant que si l’on ne veut pas finir à pas d’heure, autant commencer à prendre tôt. Lorsque j’avance l’idée du LSD, certains rechignent un peu. Comme je n’ai pas envie d’en prendre seul, on essaie de se mettre d’accord. Un pote à la table me dit que lui serait peut-être plus chaud à taper le truc que j’ai récupéré il y a peu, à savoir des pellets de 4-aco-met. Face aux interrogations de certains, je leur explique un peu le profil du produit, ses caractéristiques et ce à quoi il faut s’attendre. De ce que j’avais lu c’était censé être un produit gérable, à la montée rapide et à la durée assez limitée, avec surtout des visuels yeux ouverts ou fermés. On se résout à prendre ça et au final vers 19h35, on en gobe une moitié chacun avec un pote (soit 10 mg chacun). Un troisième en prendra un peu après nous un entier (donc 20mg). Là-dessus, on continue à discuter comme avant en attendant les premiers effets : le but est d’en prendre connaissance dans un lieu familier, à 5 minutes de chez moi à pied avant de se rendre au festival qui est légèrement excentré.

Pour info, j’étais un peu fatigué de ma semaine et de ma journée, j’avais juste mangé un sandwich le midi mais j’étais plutôt bien dans ma tête. Au bout de quelque chose comme 15 minutes je passe aux toilettes et une fois que j’y suis, je commence à me demander s’il n’y a pas déjà des trucs qui se passent. Le début des effets était annoncé comme rapide mais j’ai déjà l’impression que l’ambiance est en train de changer, sans trop savoir précisément en quoi. Je ressors et reviens à la table et à partir de là, les effets s’accentuent encore : plus de doute, il est en train de se passer quelque chose. L’environnement extérieur devient de plus en plus présent et c’est comme s’il y avait une sorte de vibration, de bouillonnement ambiant, d’instabilité. Je finis par regarder mon pote qui a pris le même dosage que moi et on tombe assez vite d’accord pour se dire qu’il vaut mieux se mettre à l’écart. On quitte le café et on rejoint un parc qui se trouve à une centaine de mètres. En gros, pour planter le décor, c’est une sorte d’île avec un bâtiment religieux en grès des Vosges en plein milieu, un peu comme l’île de la cité sur la Seine mais en miniature. On se rend compte sur le court trajet que ça devient difficile de se déplacer normalement car les distances, le rapport au sol et la capacité à marcher droit commencent à être bien altérés. Pas vraiment des vertiges à proprement parler mais l’impression de marcher sur un sol qui monte ou descend légèrement alors qu’il est censé être parfaitement plan. On est deux gars dans un cadre urbain et vivant qui se prennent une montée de l’espace à la puissance de laquelle on ne s’attendait pas du tout et qui essaient de marcher en lâchant moitié amusés moitié surpris des « rolalala mais c’est fort à mort en fait ».
Une fois au parc, on s’assied dans l’herbe afin de retrouver un peu de stabilité. C’est certes plus posé mais la montée tape encore et on commence à se demander combien de temps elle va encore durer. Physiquement, je crois que j’apprends alors ce qu’est le bodyload : à partir de ce moment et pendant encore une bonne heure j’aurai le ventre qui me travaille un peu, des sortes de sensations de fébrilité (froid et grelotement mais sans que ça soit désagréable). On a aussi par moment des bouffées qui nous forcent à inspirer profondément. Les effets sont intenses et surtout visuels et auditifs, comme l’impression d’être à balle de champis. Tout ce qu’on regarde se déforme et se tord, les textures semblent être de la pâte à modeler que quelqu’un malaxe doucement. Le bâtiment religieux n’a jamais été aussi impressionnant ; on dirait que quelqu’un a décidé d’y faire un mapping en plein jour. Les clochers semblent se déformer et les coursives tourner autour des tours. L’herbe sur laquelle on s’est assis enfle et gonfle. De temps à autres, des cris d’oiseaux nous parviennent de l’autre côté de l’eau. On ne les voit pas mais ils semblent être très loin, en dépit du fait que leurs cris ou chants nous parviennent amplifiés comme s’ils avaient pris un mégaphone et résonnent comme dans une cathédrale. Je ne saurais pas dire au bout de combien de temps cela intervient mais la sensation de montée et de monde un peu chaotique s’estompe et laisse la place à ce qu’on pense alors être un plateau. On se rendra rapidement compte que le trip ne sera fait que de montées et de descentes alternées (au sens courant de montagnes russes, pas du vocabulaire spécifique aux stupéfiants). Pendant environ deux heures on va passer de phases comprenant les effets déjà décrits à d’autres où tout semble très gérable et où une quasi-sobriété semble s’être réinstallée quoique dans un monde légèrement étrange. Une fois compris ce principe, cela restera assez rigolo et on se plaira à souligner ces sensations de flux et de reflux (nous sommes d’ailleurs assez incroyablement synchronisés) en sortant des commentaires de forain qui fait accélérer son manège avec des « et zzzzzzé rebartiiiiii » dans son micro. Je précise qu’une troisième personne ce soir-là a trouvé pour sa part le trip assez linéaire et constant, contrairement à nous.

Après environ 30 minutes (durée à prendre avec des pincettes car le temps est « un peu » distordu) on décale sur un banc, sous de grands marronniers. Le banc nous semble orange fluo et on galère à faire des trucs tout simples : il renverse sa banane, je suis incapable d’extraire un chewing-gum de mon paquet, etc. A cause de l’ombre, l’ambiance nous plait moins et on se décide à passer chez moi pour pouvoir vivre notre état sans craindre d’apparaître aux yeux du monde extérieur comme deux gars complètement perchés. Il y a à peine 400 mètres pour arriver à mon appartement mais ça parait super dur : on remonte par les trottoirs une rue à sens unique face au vent (pourtant léger) et avec les voitures qui arrivent en sens inverse et ça nous donne vraiment l’impression physique d’avoir à remonter un courant. Je me concentre surtout sur le sol sans m’arrêter car je sais que tous les bâtiments autour vont être en train de danser si je lève les yeux, on longe quelques terrasses bondées et on arrive enfin chez moi.

Tout y semble plus feutré mais avec une ambiance et des couleurs toujours extrêmement denses, cette fois-ci dans des tons jaunes, ocres et orangés suscités par les rideaux, les portes en bois et le parquet. Celui-ci semble presque luisant, comme s’il venait d’être ciré, laqué le jour même, alors que je n’ai pas passé l’aspirateur depuis trop longtemps. Les effets restent comparables à ceux du plein air mais le changement de cadre nous fait apprécier d’autres aspects de notre environnement, nous concentrer davantage sur des points de détail ou la texture et le relief de certains objets. Chose insolite,  par la fenêtre, on aperçoit dans la cour intérieure une table dressée avec un ou deux couverts et les verres qui vont avec. On comprend après que c’est un voisin de l’immeuble qui l’a installée pour une raison qui nous restera inconnue mais sur le coup on s’est quand même regardé en se disant « mais nom de Dieu, qu’est-ce que c’est que ce truc ? ». Ça nous paraissait complètement surréaliste. Physiquement, je commence à me sentir très fatigué : je baille toutes les 5 minutes à me décrocher la mâchoire et mes jambes semblent lestées comme après une longue randonnée. Déboule alors le troisième larron qui avait pris son pellet entier comme un grand et était resté au café avec le reste de la bande du début. Il n’a pas la même carrure que nous et a l’habitude de toujours tout super bien encaisser mais je me dis quand même qu’avec le truc qu’on a pris ça a dû quand même le secouer un minimum. On se retrouve contre toute attente face à un mec dont on pourrait penser qu’il a au pire fumé vite fait sur un joint : il se tient debout sans problème, les mains dans les poches, parle sans être gêné par quoi que ce soit et nous demande si on est prêts pour aller au festoche. Pour moi c’est non : à ce stade (il est environ 21h), ça me parait encore impensable de sortir à nouveau pour affronter l’agitation extérieure, les gens et le mouvement. Ce n’est pas du tout de la crainte et à aucun moment je n’ai eu l’impression de me dire que ça allait mal se passer mais disons que c’est mon tempérament de vouloir jouer la sécurité. On décide alors de patienter un peu pour voir comment ça évolue : les autres veulent sans doute me laisser le temps de me faire à l’idée de sortir sans me traîner de force avec eux. Ils me demandent s’il serait possible de mettre un peu de son afin de voir comment on y réagit ; je branche mon pc dans le salon et le relie à la chaîne. Je ne m’étends pas sur la vision de l’écran du pc qui, sur la page d’accueil de youtube, donne l’impression d’être face à Time square un soir de nouvel an.  Se pose alors la question de savoir quoi écouter. Après quelques instants d’hésitation, je lance une piste d’Erik Satie. Pour ceux qui ne connaitraient pas c’est de la musique de la fin du XIXe siècle en mode piano seul, très calme et lent mais avec toujours un côté mystérieux. Ça me paraissait être un choix approprié sur le moment mais les autres me regardent amusés en mode « gars, t’es sérieux, le programme c’était d’aller s’ambiancer sur du gros son et toi tu nous mets de la musique de chambre ». Au bout de quelques minutes, n’ayant pas d’autre idée, je clique sur un mix de psytrance proposé aléatoirement. La fenêtre de la vidéo semble être vivante : ce sont les animations classiques pour ce genre de mix avec des visuels végétaux ou géométriques qui se transforment progressivement mais là, la profondeur semble réelle et les couleurs – quoiqu’ artificielles – très intenses. On me redemande à plusieurs reprises si je ne veux vraiment pas faire un effort pour aller au festival, au moins en procédant par étapes ou en faisant des pauses en route. Après plusieurs refus, je finis par me dire que je fais un peu le rabat-joie et qu’il y a quelque chose d’un peu décevant à cela, que le dynamisme de la soirée en pâtit et que le fait d’être en mouvement fait partie de l’intérêt à utiliser ce produit spécifique. Je songe au fait que contrairement à un petit dosage de LSD ou de champis, je ne pourrai pas vraiment rester chez moi en restant contemplatif pendant des heures, à phaser sur un truc à la con. Les autres, de leur côté, ne veulent pas non plus me laisser tout seul à la maison malgré des paroles que je veux rassurantes. Sans faire trop d’efforts pourtant et presque naturellement, je change de mentalité et me voilà en train de me préparer pour qu’on y aille tous ensemble. Comme mon pote est chaud pour redroper plus tard, je prends encore deux ou trois pellets et un benzo de sécurité.
Au bout de quelques minutes de marche, je comprends que j’ai fini par me laisser tenter parce que les effets sont objectivement moins forts. Il y a encore ces irrégularités et ces vagues qui reviennent de temps en temps mais on tend vers quelque chose de plus constant et qui relève plus d’une atmosphère globale. Là où pendant une heure et demie on avait l’impression d’être dans un parc d’attraction, certes intéressant mais quand même un peu bourrin et désorientant, on se retrouve dans un état beaucoup plus agréable et apaisé. Le soleil n’est pas encore couché mais la luminosité commence tout doucement à s’adoucir et on se dirige vers le festival en prenant un petit chemin qui longe l’eau. On croise bien quelques personnes mais ce n’est plus la foule dense du centre-ville et le décor, même s’il reste encore des bâtiments, est bien plus végétal. Je sens que je peux respirer longuement et profondément et lorsqu’on approche du tiers-lieu, tout – mis à part la musique dont on entend déjà les basses étouffées – laisse penser qu’on est un matin d’été : le ciel est rose, tout est calme et je ne sais pas pourquoi mais c’est l’impression que ça me donne.

On passe l’entrée sans appréhension, y compris la sécurité qui checke les sacs et vérifie le contenu des poches. Une fois à l’intérieur, on prend une bière chacun (j’étais au perrier depuis le début) et on entame une visite du propriétaire, passant d’une scène à l’autre entre les trois disponibles. Les véritables hallucinations ont complétement disparu et on est tous d’accord pour dire que l’on est quand même bien redescendu. On peut apprécier la musique, les lumières et tout le reste sans être complètement à côté de la plaque, dans un état qui ressemble à une sorte de mix entre des visuels légers type LSD et un peu de md. Etant un peu mou, je me mets en quête de taz pour donner un petit coup de boost mais j’abandonne assez rapidement car les seules personnes que je connais et croise n’en ont pas. Je préfère apprécier le moment plutôt que de chercher trop longtemps un produit que je ne trouverai peut-être pas. C’est con, j’en avais à la maison mais n’ai pas pensé à en prendre lors du départ. On circule entre les gens qui paraissent extraordinairement beaux, femmes ou hommes. Après avoir bien pris nos repères, on décide de redroper. Ne souhaitant pas revivre l’effacement complet des lois de la physique classique, je ne prends qu’un quart supplémentaire. Les autres reprennent une moitié. On se demande vraiment ce qui va se passer et si le redrop va nous soumettre à nouveau à une montée comparable à la première qui nous avait bien scotchés. Au final, après avoir attendu 15 à 20 minutes, ne sentant pas d’effets trop forts, je gobe mon dernier quart. Il y a bel et bien eu une petite relance mais en rien incapacitante. Je ne saurais pas dire si, avec la 4-aco-met, seule la phase initiale de décrochage avec la réalité est rude ou si l’accoutumance est telle qu’une dose identique produit des effets vraiment minorés seulement deux à trois heures après (si quelqu’un a une théorie ou une explication, je suis preneur). Bref, la soirée se poursuit, toujours avec des va-et-vient, quelques fous rires et les zygomatiques qui tirent, les jambes lourdes et les bâillements qui reviennent, accompagnés pour ma part des mêmes symptômes au niveau du système digestif. On arrive réellement à danser tout en ayant parfois l’impression de louper une marche quand le pied est censé retomber sur le kick. Dans la foule, je dois me forcer pour ne pas fixer les gens qui semblent toujours aussi beaux. Quand je ferme les yeux, des CEV sont perceptibles sans être absolument incroyables et lorsque personne ne me touche ou ne me frôle j’ai l’impression de danser seul au milieu de nulle part. Je laisse de côté toute une série de commentaires qui n’ont rien de spécifique à la soirée et qui, n’étant pas à mettre sur le compte du produit, ne sont pas plus intéressants que cela. Le temps passe donc et avec lui arrive la sensation d’un quasi-retour à la réalité alors qu’il n’est qu’une heure du matin. L’un de mes potes a fini par rentrer chez lui et le deuxième discute avec une personne à côté de laquelle nous nous étions assis. Au téléphone, je reçois un appel d’un des gars du début à qui j’avais refilé un pellet mais qui était resté à faire sa soirée au centre-ville : il en a pris la moitié il y a un certain temps, est lui aussi redescendu et me propose de le rejoindre pour continuer en prenant d’autres trucs. A ce stade, je sens quand même la fatigue qui est bien présente et je ne suis plus sûr d’avoir envie de rester : généralement, je n’aime pas attendre la toute fin des concerts ou des sets pour partir. Je dis au revoir à mon dernier binôme et me mets en route pour le chemin retour en regardant la ville autour de moi.

Une fois rentré, je me mets au lit assez vite après avoir grignoté un peu. Lorsque je ferme les yeux, je n’ai pas cette sorte d’excitation résiduelle du cerveau qui empêche de dormir comme sous L mais malgré tout j’expérimente un nouvel aspect du produit : je ne sais pas si c’est précisément ce qu’on appelle des images mentales mais mon esprit imagine sans cesse à partir d’une pensée une situation qui en découle : je me vois en train de discuter avec des gens ou dans d’autres circonstances  qui me semblent très réelles ; comme dans un rêve mais sans être endormi, enfin je crois. Ce genre de truc m’était déjà arrivé à quelques rares occasions lorsque je fumais pas mal de weed et qu’après quelques verres je me retrouvais à être persuadé de parler avec quelqu’un jusqu’à ce qu’en un instant je me rende compte que j’étais absolument seul chez moi à la table de ma cuisine. Couché à deux heures environ, j’ai dû faire avec et me rendre compte qu’à trois heures je n’avais pas encore vraiment trouvé le sommeil. Les dernières heures de la nuit ont été plus réparatrices. En fin de compte, je me suis réveillé ce matin (j’ai écrit tout cela aujourd’hui samedi) à 8h30, encore un peu fatigué notamment physiquement mais sans galérer particulièrement et au point de reprendre le rythme d’un samedi presque classique. Cela est assez étonnant car il y a eu dans le passé des lendemains de L à petite dose qui m’ont laissé un sentiment de décalage bien plus important avec la réalité.
Pour conclure, l’expérience a donc été aussi intéressante qu’étonnante et la 4-aco-met semble donc être une drogue très singulière par sa durée d’action : je n’avais jamais expérimenté un truc qui pouvait percher à ce point si rapidement pour retomber somme toute assez vite (2 à 3 heures maximum d’effets pleins). La question se pose à présent de son usage à venir : je pense qu’après une pause destinée à faire revenir la tolérance à zéro, j’essaierai de n’en prendre qu’un quart, peut-être doublé si cela se passe bien d’un peu de taz pour voir si cela peut se prêter de bout en bout à une ambiance festive. Je ne pense pas vouloir dans l’immédiat prendre une dose plus importante mais m’interroge néanmoins sur les effets à attendre dans ce cas-là : effets plus intenses encore ? plus longs ? A suivre …

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