Ma dépendance au tramadol.

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enaroves78 homme
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champi vert0champijaune0cxhampi rouge0
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Bonjour tout le monde,

Je suis un homme de 45 ans et je suis dépendant depuis plusieurs années au tramadol. Cela fait plusieurs années que je lis le forum mais sans jamais y participer, mais j'ai franchi le pas et je me suis inscrit...et...me voilà!
Alors moi, je suis soignant et je  travaille dans un domaine où j'ai accès à tous les opiacés, benzo...de manière quasi illimités:Morphine, fentanyl, valium, tramadol, kétamine, rivotril...

Ma première rencontre avec le tramadol s'est faite vers 2006, 2007 je ne saurais plus dire précisément. Un mal de tête un peu plus persistant que d'habitude, le paracetamol pas très efficace, on  cherche dans la pharmacie familiale et la je suis tombé sur une vieille plaquette de tramadol 50 mg. 2 CP dans le gosier et c'était partis. Ah ce moment la je ne me doutais pas que ces 2 malheureux comprimés allaient m'entraîner dans cette longue spirale de plusieurs années.

Bref 40 minutes après la prise les premiers effets se sont fait ressentir: une sensation de bien être, d'evoluer dans un univers un peu cotonneux mais sans être déconnecter du monde qui m'entourait, c'était meme plutôt le contraire. Au début je ne consommait pas de manière régulière, juste de temps en temps...mais très rapidement c'est devenu une petite habitude qui s'est installé dans ma routine quotidienne. Cette premiere etape a été rapide mais surtout facile, étant soignant j'avais accès à cette molécule sans restriction.

La 2 ème phase:l'augmentation des doses et très rapidement je prenais 300 mg par prise et ça,3 ou 4 fois par jour (et ces doses la ce n'est que le début!)et franchement j'utilisais le tramadol presque comme une substance dopante. Ca peut sembler paradoxal parce qu'on dit que cette molécule donne envie de dormir mais chez moi c'était le contraire ça inhibait la sensation désagréable qu'on ressent lorsqu'on est fatigué...donc grosse aide lors des gardes et des nuits de boulot...ça me boostait littéralement et ça me permettait de travailler plus.

Autre effet notable à cette époque ça me rendait plus ouvert aux autres ( pourtant je ne suis pas qqlqun de très timide et qui a du mal à parler aux autres) mais la je sais pas, j'étais toujours hyper intéressé et concerné par ce que me disait mon interlocuteur. J'ai longtemps travailler au bloc opératoire ou il y fait souvent très froid...et un des effet secondaire du tramadol c'est la sensation de chaleur qui vous envahie tout le corps qui rends bcp plus simple la cohabitation avec le froid.
Il y avait aussi un autre effet"benefique"...le retard à l'éjaculation mais sans altérer l'érection.
Pendant plusieurs années j'ai ma petite routine avec le tramadol qui m'accompagne sans que que ca me traumatise plus que ça...même si au fond de moi je me dis que c'est vraiment pas normal et surtout que au bout d'un moment je me rends compte que je suis non seulement dépendant " psychologiquement" mais aussi physiquement et la viennent les premieres expérience de sevrage !!!et la c'est une autre affaire.

J'ai bien essayé d'arrêter plusieurs fois mais la douleur était juste insupportable: au bout de 24 heures sans rien prendre,des frissons, avoir chaud et froid en même temps. La peau bouillante mais l'intérieur des os glacé, des nausées, la diarrhée, être épuisé mais impossible de s'endormir...enfin bref le sevrage quoi.
Alors forcément pour continuer à ressentir les effets j'ai augmenté les doses et tout ça sur un peu plus de 15 ans. Je suis arrivé à des doses titanesques!!!j'ai presque honte de le dire parce qu'à la fin j'étais à 900 mg par prise , 3 ou 4 fois par jour !!! Alors ça c'est pas fait d'un coup, sur plusieurs année je suis passé de 300 à 350 puis 400 mg et ainsi de suite.

Mais par contre à ce moment ce n'était plus du tout la même musique qu'au début, non seulement je ne ressentais plus les "bénéfices secondaires" mais en plus je développait des effets secondaires lié à la surconsommation de tramadol: ça coupe l'appétit, j'avais perdus 15 kg, j'avais d'énorme tremblement après chaque prise( pour un soignant qui doit piquer c'est pas top), je n'avais plus envie de rien, ça limitait mes interactions social. Je ne dormais pas bien, le tramadol donne l'impression de dormir "éveillé " ça peut sembler byzarre mais la nuit j'avais juste l'impression juste de somnoler sans jamais avoir accès au sommeil profond donc je ne récupérait jamais. Tout ce qui m'entourait dans la vie n'avait plus aucune saveur, pour moi le monde était devenu noir et blanc et surtout et me semblait étrange à moi même. Du coup je n'avais plus aucune motivation  pour rien, plus rien n'avait de saveur.
Alors bien sur question libido: bas zero libido justement et alors exit le côté " je tiens des heures " du début...je dirais même que c'est le contraire...

Donc tout ça ne pouvait plus durer et j'ai donc appeller un jour le numéro du CSAPA près de chez moi mais j'ai été très surpris parce qu'après avoir exposé mon cas en lui expliquant que je cherchais de l'aide, le type au bout du fil m'a expliqué qu'il ne s'occupait pas de ce genre de cas, qu'il s'occupait des personnes qui prenait de l'héroïne !!! Oui oui c'est vraiment ce qu'on m'a répondu au téléphone. J'ai donc tenté une consultation aux service d'addictologie de l'hôpital de ma ville et j'ai finalement eu une consultation 3 mois après mon appel!!! ( et je vis en région parisienne)
Le premier rendez vous s'est super bien  passé, il m'a proposé un traitement de substitution avec de la buprenorphine.

Actuellement cela fait 2 ans que je suis sous 12mg par jour de buprénorphine et tout va très bien . Cette dose me suffit pour ne pas ressentir les signes physiques de sevrage mais sans que cela ne "shoote" non plus et surtout je n'ai plus tous les effets secondaires dues à la surconsommation de tramadol. Il y a aussi une grosse libération sur le plan de la charge mental, finis le stress d'avoir la quantité nécessaire pour tenir le WE ou pdt les vacances..

Enfin voilà c'était une partie de mon histoire, c'était sans doute un peu long et décousue mais merci de m'avoir lu.

Dernière modification par meumeuh (18 octobre 2024 à  11:07)

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Mlle*Ordinaire femme
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champi vert4champijaune0cxhampi rouge0
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247 messages
Bonjour enaroves78,

Merci de ton intervention. Ça m'aide à garder espoir quant à l'après tramadol.
Je ne suis pas arrivée à tes doses (et pourtant plus d'une fois, j'ai dû me maîtriser jusqu'à subir de plus en plus signes de manque, pour ne pas dépasser les 400 mg).
Ça fait 2 ans que j'ai rencontré le tramadol. Tout comme toi, je me suis laissée tenter, tout en me disant que ce n'était pas un médicament comme le tramadol (de palier 2 hein) qui allait m'avoir!
En me disant même (dans mes debuts): "moi, j'arrête quand je veux"...
Et bien loupé..


Je me retrouve totalement dans ton témoignage concernant ton vécu avec le tramadol. "De la sensation de bien être" qu'il me procurait aussi, au boost qui me permettait tout comme toi d'être productive sans ressentir la moindre fatigue, tout cela associé à l'immense intérêt porté aux autres, rendant les relations sociales plus évidentes. C'est quand même fou cette molécule. surpris

enaroves78  a écrit

et un des effet secondaire du tramadol c'est la sensation de chaleur qui vous envahie tout le corps qui rends bcp plus simple la cohabitation avec le froid.

Et c'est vrai que maintenant que tu le dis, cette sensation de chaleur m'a permis de faire quelques économies de chauffages... Avant que je rencontre le tramadol, j'étais quelqu'un de très frileuse. Je ne supportais pas du tout le froid au point même d'en pleurer. Je mettais mon chauffage jusqu'à ce que mon appartement fasse au moins 24 (souvent plus). J'avais de bonne factures en hiver. Maintenant, je me contente facilement de 17 degré (la chaleur opiacé m'y aidant).


enaroves78 a écrit

La peau bouillante mais l'intérieur des os glacé,

et cet état de chaud froid que j'ai tenté d'expliquer, que personne ne comprenait, me qualifiant même de "compliquée" puisque je ne savais plus vraiment si j'avais chaud ou froid.
Et ce n'est que le début de la torture car s'ensuivent courbatures, les douleurs dans les articulations, de l'agitation dans des jambes douloureuses...
On parle de grosse grippe ?
Je pense que toutes les personnes qui prétendent que cet état de manque s'apparente à une grippe, impossible selon moi qu'elles savent vraiment de quoi elles parlent...U_THIN
La grippe (le virus) pour l'avoir aussi vécu, m'était bien plus supportable que cette torture qu'est l'état de manque. Certes, il y a de la fièvre dans la grippe mais au moins il y a moyen de rester tranquille dans son lit devant un film Disney ou de Noël avec des répits. Dans le sevrage, il n y a pas de répits que ce soit physiquement ou mentalement. On a mal et on est mal.
Je pense qu'il faut le vivre pour s'en rendre bien compte.

Après 9 mois de tentatives de sevrage dégressif, j'ai décidé de m'initier bientôt à la bupré.

Et ce que tu en dis:

enaroves78 a écrit

Actuellement cela fait 2 ans que je suis sous 12mg par jour de buprénorphine et tout va très bien . Cette dose me suffit pour ne pas ressentir les signes physiques de sevrage mais sans que cela ne "shoote" non plus et surtout je n'ai plus tous les effets secondaires dues à la surconsommation de tramadol. Il y a aussi une grosse libération sur le plan de la charge mental, finis le stress d'avoir la quantité nécessaire pour tenir le WE ou pdt les vacances..

...me rassure et me convaint dans mon choix.
Car tout comme toi, je ne veux plus subir les signes de manque, de devoir baisser ma tolérance (donc de subir le sous dosage quelques jours) pour retrouver des effets (qui resteront finalement éphémères qu'on se le dise), d'avoir peur de ne pas en avoir assez ou de ne plus en avoir du tout, jusqu'au même d'avoir peur qu'on me refuse le médicament en pharmacie (oui ça en est arrivé là)!

Merci encore pour ton témoignage.
En tous cas, moi ça me donne de la force de croire à un après tramadol, à un après plus serein en tous cas.

Dernière modification par Mlle*Ordinaire (17 octobre 2024 à  15:46)


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