Bonjour Loris,
Salut à toi, je t'encourage dans ta démarche... vraiment ! 3 mois de
came, c'est vraiment pas beaucoup dans l'absolu et même si le manque et les
cravings sont déjà installés, ce n'est pas encore "profond". C'est un moment du temps où tu peux te défaire de ça rapidement. Inutile de te dire qu'après ça se complique et tu pars là dedans pour.... x années. Mais ça, tu le sais déjà . En plus, au bout de 3 mois, ça y est, t'as déjà fait le tour de toute l'expérience, tu n'as plus rien à y apprendre. Le reste ne sera que répétition et années un peu foutu en l'air...
Il faut pas s'inquiéter sur ce "phénomène" qui t'arrive - car déjà ton
sevrage n'est certainement pas complètement terminé - car tu as prolongé la consommation de
came avec la
méthadone - qui elle - se déconcentre très doucement. Pour vraiment aller mieux, il faudra attendre que le
sevrage physique soit déjà vraiment terminé, dans ton cas, celui de l’héroïne est fini mais il reste les effluves de
méthadone , je pense qu'il faut compter 10-12 jours après la dernière prise de métha. Si tu as l'impression que "le manque" est passé, c'est déjà super - mais ça ne veux pas dire que le
sevrage physique (métabolique j'entends) est fini. Il y a des symptômes physiques à expression "psychique" qui souvent, s'estompe réellement à l'issu du nettoyage.
Une fois arrivé là , je t'encourage à tout faire pour continuer la route que vous vous êtes choisi. Tu risques d'arriver dans la période
rouge, là ou ça devient plus difficile de pas craquer pour un petit truc, ce que les gens appellent "le post
sevrage" ou "manque psychologique" , peut importe le nom - c'est la période qui suit un
sevrage d'
opiacés au cours de laquelle le plaisir est encore bien en tête. A partir de là , tu risques d'avoir un changement de perspective par rapport à la
came.
Pour moi le manque psychologique se traduit comme ça :
- Ca me l'impression que y a moyen de gérer "facilement". Si je me sens clean et là , plus rien n'interdit de consommer.
- Ca me donne l'impression que les compteurs sont remis à zéro, qu'il y a nouveau du crédit - et les envies se font de plus en plus forte... ca envahit l'espace parfois pendant une heure ou deux. Et ensuite grosse frustration... puis à nouveau, ça va mieux. Ca fait des va et vient. Dur de s'accrocher. Il y a des jours ou ca va, ca se passe bien et je me dis "c'est bon j'en reprendrais jamais!!" ... et puis de manière imprévisible, ca me tombe dessus d'un coup.
Et si j'y allais ???? Ca fait tellement longtemps ! - Ca ronge ça ronge, ça "gratte" et j'ai toujours dans l'idée fausse qu'au fond, je peux en prendre une fois ou deux sans raccrocher derrière - que ce coup là , ca sera différent. A mesure que je me questionne, il y a comme un débat intérieur qui s'amorce avec une petite voix qui me dit
"n'y retourne pas, il y a que de la souffrance, tu viens juste de t'en sortir, tu vas tout foutre en l'air" suivi d'une autre voix qui me raconte autre chose
"oui mais t'as assuré, tu gères, t'es clean, t'as réussi à arrêter, tu peux très bien en reprendre un peu, juste ce soir, et puis là tout clean, l'effet sera super fort, ce sera top, ca te refera comme au début... blabla... pourquoi t'en priver?" etc..." Ce genre de pensée m'envahit et très souvent, sans prévenir, un moment donné j'en ai trop marre de cette obsession, je pète un plomb et je courre en chercher. Sur la route, je frétille, c'est magique - j'ai l'impression que je vais trouver le Graal.
Le problème quand on reconsomme juste à la sortie d'un
sevrage - même très peu - ca réenclenche tout le processus de manque, pas aussi violemment bien sûr, mais de nouveau 4 jours pas bien à traverser, à nouveau les frissons, à niveau la fatigue généralisée etc... et quand on vient déjà d'en bouffer pendant 10 jours non stop et quand on en sort à peine, et qu'il faut recommencer - ça rend dingue ! Je ne compte plus le nombre de
sevrage brut que j'avais réussi physiquement et que j'ai connement gâché pour quasiment rien.
Mais pour conclure, je te dirais que cette phase s'achève en quelques semaines à la seule et unique condition de pas en reprendre, même pas une petite trace. Le premier mois est rude, surtout les vendredis soirs et les moments d'ennui que l'on pourrait boucher avec la
came. Tant qu'il y a de l'occupation, ca va mais dès que l'ennui survient... attention danger.
Le second mois, ca va mieux, les pensées se font plus rares et il ya moyen de se "raisonner" meme si il y a encore quelques pics de serrage ou il ne faut pas tombé sur un dealer dans la rue sinon c'est mort. A partir du troisième mois, ça devient de plus en plus comme avant d'en avoir pris pour la première fois - j'y pense presque jamais - mais mais... on est jamais à l'abri d'une grosse crise d'envie à s'en déchirer les boyaux. Et ça, c'est à vie, il me semble.
En tout cas, à chaque fois que j'ai réussi à tenir les
cravings du premier mois - j'ai réussi à m'abstenir des périodes assez longues. Une fois la porte fermée, pour moi, elle reste bien fermée. Chaque jour qui passe te reconstruit un peu plus et un peu mieux. C'est un processus lent, il faut s'efforcer de pas y penser, et pour ça il y a pas le choix, il faut remplir... le VIDE ! Il faut reprendre un maximum d'activités....
La règle d'or pour que ça marche : abstinence totale.
Si tu tiens le choc, alors peut être que d'ici un ou deux ans, tu pourras gérer (c'est risqué) et te faire des petits plaisirs 2-3 fois par an....
Si tout cela, te semble ingérable et que tu finis par y revenir, c'est pas dramatique mais cela voudra sérieusement dire qu'un traitement de
substitution serait une meilleure formule que le clean absolu.
Courage,
Ziggy