Bonjour,
Tu es à la croisée des chemins entre l'envie de continuer comme ça (la couette chimique moelleuse, on a tous du mal à la quitter, on est si bien dans cet état de flottement, surtout dans son lit) et ta raison qui te dis que tu ne dois pas car tu vas finir par te mettre en danger ou rencontrer un problème d'approvisionnement si ton médecin se réveille de sa torpeur.
Ta détresse, prends la positivement comme une prise de conscience qu'un jour tu vas atteindre une limite physique et psychique à ingérer tout cela.
J'ai été dépendante 10 ans de la
codéine, du codoliprane que j'achetais en vente libre. Je n'ai aucun jugement moral sur la dépendance, les drogues, les médocs psychoactifs, mais je sais que notre corps et notre esprit ont une limite.
Si tu sais extraire le
paracétamol alors c'est déjà bien, ton foie n'est pas menacé (moi j'ai gobé 24 codoliprane tous les soirs pendant 10 ans sans jamais avoir entendu parler d'extraction et miraculeusement mon foie est en forme).
Tu as besoin de temps pour te décider. Moi j'ai vu ça comme une balance. Le jour où elle a sérieusement penché vers le danger sur ma santé, l'atteinte psychique (j'étais abrutie par la
codéine, mon cerveau marchait au ralenti alors que je travaillais), le ras le bol de faire toutes les pharmacies de Paris pour qu'on ne me reconnaisse pas, la honte de ne pas oser voyager avec mes stocks...j'ai enfin été prête. J'étais carrément au bout du rouleau avec ma dépendance, elle m'étais devenue insupportable.
Je n'ai pas choisi de consulter en
CSAPA tout de suite, j'ai voulu commencer à réduire ma conso toute seule, tranquille, sans pression, en retirant un cachet de temps en temps, presque mine de rien. En fait, il ne s'est rien passé. Pendant plus d'un an, j'ai réduit quand je trouvais le moment propice, un cachet après une journée fatigante, un autre quand j'ai eu la grippe, 3 quand j'ai eu une pneumonie....
Les 1ères difficultés physiques sont arrivées à 12 cachets, mais ça n'étais pas grand chose. J'ai consulté en
CSAPA en arrivant à 10 car la
codéine n'était plus en vente libre, mais de toute façon j'aurai eu du mal à continuer seule. Voilà, j'ai fini mon
sevrage dégressif avec une addictologue géniale de fin juillet à fin décembre 2017. Je ne vais pas te dire que la fin n'est pas difficile, mais en fait ça dépend des gens, mois j'ai eu des problèmes physiques intenses (impatiences, tensions) mais ça n'est pas toujours le cas.
Là je te parle du
sevrage dégressif mais il y a d'autres méthodes accessibles en
CSAPA, certaines moins difficiles sur le plan physique. La seule méthode à éviter c'est d'arrêter net mais ça on ne devrait pas te le proposer en
CSAPA.
Tu peux donc attendre en faisant attention à toi, tenter de réduire doucement ou pourquoi pas consulter en
CSAPA pour savoir ce que c'est, comment ça fonctionne et ce qu'on peut te proposer. Après, aucune obligation d'y retourner. Tu peux continuer à réfléchir et attendre le bon moment, en faisant attention aux effets de la
codéine, car il y en a parfois (constipation, occlusion, insuffisance respiratoire...).
En tout cas, ne t'en veux pas de ne pas être prête. C'est comme ça, continue à avancer, à te questionner mais sans te dénigrer, à parler avec tes proches et surtout fais attention à ta santé et à ton moral.