A ta demande ANNEBAUER, je me lançe dans l'entreprise perrilleuse qu'est un récit de vie.
Je suis née il y a fort longtemps maintenant, 45 ans exactement, par ici, dans une région riche en monnaie mais très pauvre en pensées.Mes parents sont des représentants types de la France d'aujourd'hui:mère française;père maghrébin.Je suis la 2eme d'une grande fratrie,et suis l'enfant désignée depuis le départ pour en être le bouc émissaire.J'ai connu très tôt LA violence gratuite, injuste, et de ma mère qui ne m'a jamais supportée avant même ma naissance... et de mon père , alcoolique agressif et violent, déchargeant périodiquement ses haines contre nous , et surtout contre moi, à cause des "bilans" truqués faits le soir par ma mère.Mon drame : j'adorais ma mère au point de ne jamais pouvoir la quitter pas même pour aller quelques jours en vacances, et même le temps scolaire de séparation me semblait immensément long et vide sans elle.Je connus très vite des états de dépressions sévères,jamais entendus ni soignés d'ailleurs;des états de révoltes se concrétisant par une propension certaine à la violence (j'étais ce qu'on appelait un garçon manqué...problème double puisque mes parents me considéraient comme LA ratée de la famille...même si mes résultats scolaires me valaient des prix d'excellence, jamais ils n'étaient fêtés...on leur préféraient les prix d'honneur de mon ainée.. Si je vous parle de tout cela,c'est qu'on ne peut comprendre la suite de mon parcours sans connaitre un peu du passé et de ses conséquences psychologiques : j'arrivais ainsi à l'adolescence avec maintes handicaps: une absolue dépendance affective à mon bourreau préféré à savoir ma mère; une implacable haine quasi meurtrière à l'égard de mon père qui tapait ma mère ; une attitude sauvage et timide vis à vis d'autrui; un amour grandissant pour les études,le savoir,la connaissance...
après une initiation à l'éther qui dura bien 4 ans (de 14 à 18 ans), j'entrepris de me néttoyer l'esprit à coup de
LSD;Champignons;datura;H bien sur;alcool accessoirement; et vint en 1ere année de fac la révélation: l'
héroine. Elle m'offrit plus que personne ne m'avait jamais offert: amour ; chaleur; sérénité; confiance en soi et dans quelques autres; une communauté d'amis semblables (enfin !) à moi même; mais aussi un état mental d'apaisement, sans cette terrible lassitude qui m'avait conduite à de multiples T.S graves mais jamais réussies ce que je déplorais jusque là ...et soudain même cette envie lançinante de disparaitre s'envola pour me laisser enfin être, tout simplement... en même temps je menais de front un boulot pour payer mes études; la fac de psycho en l'occurence; un copain qui devint mon conjoint pour les 20 années à venir...et la vie de DEFONCE à ses débuts : une fête perpétuelle, jour et nuit, toujours entourée de potes allant et revenant de pays exotiques;je vécus là mes plus belles années même si je connus quelques incidents de parcours : 2 ans de prison parce que je me refusais à "collaborer"; 1 an et demi de Patriarche comme sur-punition; manques;déccroches;manques;déccroches...........................................................etc....
Al'époque, pas de
substitution : on mélangeait néo codion;alcool fort; médicaments anti anxyolitiques; artanes; par "tonnes" (les médecins seraient fous s'ils pouvaient imaginer une seconde tous ce qu'on a pu prendre en même temps sans jamais envoyer quiconque à l'hosto ) Je pense que tout à commencé à aller fort mal quand le marché de la dope a changé de mains ; soudain on a halluciné : il existait de la
came "rose" ;"brunatre";"jaunatre" ou de la "grise" bref de la MERDE quoi; en plus vendue par des sales types ignares; mauvais; hargneux; ne connaissant même pas les rolling stone....ni l'idée d'offrir un keps...ni le chrome bref des ordures vendant de l'ordure....et vint la suite logique: sida;vhc;et autres saloperies livrées dans les petits képas (d'ailleurs de plus en plus petits ceux là ;pour un temps record d'attente dans des rades pourris,au milieu des gauloise et du pastis bière et autres réjouissances de prolo...)....
Le pire c'est qu'on devenait à la fois de plus en plus malades, de moins en moins défoncés, dans des états "bizaroides",rappelant un peu des effets psychiatrisants, donc décompensateurs bref dangereux pour la santé,ce que je n'avais jamais connu avec la vraie
came ,l'
HERO BLANCHE,et la
morphine.
J'ai jeté l'éponge: enfin j'ai mis 10 ans à y parvenir : temgésic d'abord; puis
subu; puis métha enfin et j'y suis toujours "abonnée".Durant ces 10 ans j'ai perdu mon boulot de psy car le psychiatre de l'hp où je m'était "réfugiée" pour déccro, à omis de signaler à l'administration que j'étais là sous X, ce qui fait que mon employeur a su où j'étais et pourquoi j'y étais...."on m'a fait démissionner" (j'étais tellement cassé aux médoc du psy que j'ai même rien pigé à ce qui se tramait...) : depuis je suis en invalidité; grillée dans ma région ( tous les psy connaissent mon nom comme ça ils ne risque pas de m'embaucher: ben oui j'tais major de promo donc 1ere ce qui est tentant pour un employeur non ?)
Voila en gros mon parcours de CON Battant ...con car je me suis fait bernée grave;il m'arrive de bosser en intérim...à l'usine!!! Battante car je suis encore en vie malgré eux...et j'ai même réussi à faire un magnifique petit gars de 3 ans et demi, qui est ma raison de vivre,ma source et ressource....
Je suis peut être passer un peu vite sur les étapes difficiles de la déccro qui a quand même durer 10 ans: j'en garde de très mauvais souvenirs: épilepsie grave (jusqu'à 7 crises/jour) causée en fait par les cocktails composés par le psychiatre de l'HP, homme ignare au possible, imbu de ses pouvoirs et criminel dans ses "intentions inconscientes"; ces crises ont cessé dès que j'ai jeté tous ces foutus médocs;je les ai remplaçés par de la marche (j'avais grossi de 15 kg); j'ai repris mes activités intellectuelles....et me suis fait larguée par mon cher et tendre....mais ça c'est une autre histoire....; sous son traitement,je ne me levais plus;me lavais à peine; restais allongée dans la même position si longtemps que j'en avais mal partout;mais je ne bougeais pas pour autant...je dormais 20 h puis restais les yeux dans le vide les 4 jours suivants......je suis restée dans cet état de non vie 10 mois à peu près; PERSONNE n'est jamais venu m'aider; les seuls gens qui venaient c'étaient pour la
cc qu'on avait à foison (heureusement qu'elle était présente dans ma vie celle là à cette époque,car elle faisait justement le lien avec LA VIE....Etrange non?
Voila..je dirai aujourd'hui que la dope fut toute ma vie en fait : elle me sauva du suicide; elle me nourrit affectivement, m'empéchant certainement de tomber dans un état schizoide grave; elle fut ma fête; ma joie; la connaissance d'un autre monde ; l'ouverture sur d'autres horizons; bien sur qu'elle fut aussi terribles souffrances,désespoirs noirs , appels à la mort ; isolement ;etc....sinon je serai toujours accro non?
Elle sucite l' AMBIVALENCE , ANNE, c'est ce maux-mot,qui convient aussi pour décrire TA relation à la
came (dans un texte tu demandais ce que tu avais eh bien voici une réponse possible)
Merci de m'avoir lu jusque là .....