"Arrêtez votre conso de drogues d'abord, je vous ausculte après",ou le refus d'accès au soin des PUD

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Fastofle homme
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Bonjour à tous,

j'avais accompagné un gars à l'hôpital pour une prise en charge de son hépatite C. (Pour rappel je bosse en CAARUD)

Arrivée devant la toubib, elle fait le point des consommations de monsieur. Ce dernier est honnête et lui indique continuer de consommer son sub et de la coke en IV. Et la elle lui sort qu'il faut qu'il arrête de shooter et de consommer car cela ne sert à rien de le mettre sous traitement s'il ne change pas... Je suis resté bouché-bée. Cependant nous n'avons rien lâché arguant le refus de soin et il a été pris en charge.

Je vous rassure, nouvelle hépato au CH. Elle nous a contacté en nous disant que si nous avions besoin de la solliciter elle se rendrait disponible le jour même ou le lendemain pour recevoir nos accueillis et mettre en place le traitement rapidement.

Comme quoi une personne peut tout bloquer ou débloquer....

Cela reste parfois juste un problème d'éducation à des choses inconnus pour les toubibs, avec un soupçon de représentation négative...

Mais on y arrivera à faire bouger les choses!

Dernière modification par filousky (21 novembre 2023 à  09:40)


« Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin »

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Ambrouille femme
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Ma mère a été alcoolique et elle a , au tout début de son cancer a l'oesophage , a du se sevrer sans en avoir le choix puisqu'elle ne pouvait plus rien avaler sans que ça remonte direct dans sa bouche.

En plus de son sevrage force, elle a du aller aux urgences car elle était sur le point de mourir de déshydratation. Elle a entendue , un urgentiste dire a un de ses collègues "beh ouais mais bon a un moment quand on boit , on assume les conséquences hein"

Elle était en salle d'attente et était toujours pas perfusée quand elle a entendue ça. Elle n'avait pas réagir non plus étant très affaiblie. Fort heureusement, par la suite et durant son séjour, elle l'a plus revue et le reste du personnel avait été très agréable et l'avait soutenue mais ce mec... Si je l'avais croisée... La tarte qu'il se serait pris dans la gueule.

Dernière modification par Ambrouille (21 février 2023 à  18:19)

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Ambrouille femme
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Je me permets aussi de souligner que le personnel médical de base et très généralement n'est pas réputé pour être délicat avec ses patients. Étant du domaine médical, mais pas médecin, j'ai déjà entendue de nombreux docteurs crier sur des patients cancéreux. Par exemple, un patient qui avait de l'eau dans ses poumons, a du subir une intervention douloureuse. Le médecin qui beugle "hey ça va pas la peine de gémir heiin ça fait pas mal !", Ou un patient que l'on intube qui, par réflexe, se débat a qui on dit "roh arrêtez donc d'exagérer"

Ça me surprend presque pas que vous ayez des expériences négatives. Encore moins sur un sujet comme celui ci où malheureusement beaucoup de personnel se montre sectaire et peu conciliant.

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Locutus homme
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Personnellement j'ai moi aussi, eu de mauvaise expérience avec le personnel soignant. Il y a quelques années, j'ai fait une surdose d'amphétamines avec peut être un délire somatique (encore aujourd'hui, je n'en suis pas sur, j'avais de très fortes sensation de brûlure au niveau des coudes, des genoux, des mains et des pieds avec faiblesse et clairement mes articulations se sont mise a grincer et craquer anormalement, je voyais les zones ou ça me brûlait perdre en volume en quelques minutes, les tendons devenant plus visible et plus fin, même au toucher je sentais une différence...)

Ayant sincèrement peur de mourir je me décide à aller à l'hôpital, n'ayant pas de permis et ne connaissant personne dans le coin (j'avais débarqué il y a deux mois, je loué alors un studio a l'étage d'une maison appartement a une dame âgée) j'appelle le SAMU, la femme au bout du fil me passe rapidement un médecin qui me dit concrètement d'aller me faire foutre, que c'était de ma faute et que c'était bien fait pour moi car j'avais consommer de la drogue... (Je tiens à préciser que malgré le fait que j'étais totalement perché, j'étais quand même lucide et calme, je n'ai pas appelé en étant totalement paniqué)
Dépité, j'appelle les pompiers qui, pour le coup m'écoute et m'envoie une équipe rapidement.

A ce moment je décide de sortir attendre les pompiers dehors car je ne veux pas déranger ma proprio. 5 min plus tard les voilà qui arrivent, un des pompiers, étonné me demande pourquoi je suis en t-shirt alors qu'il fait presque -15 dehors (j'étais en Auvergne) je lui répond que je crève de chaud et que la, ça va vraiment pas du tout, voyant mon état, ils décide de m'amener à la clinique la plus proche,(dans une petite ville a 20 km de la) je pars en oubliant mon téléphone portable... Dans le camion, le pompier qui me prend en charge fait un super boulot, il est très humain et empathique avec moi et tente de me rassurer (Autant vous dire que ça n'a pas beaucoup fonctionner...)

30 min plus tard, nous voilà a l'hôpital, les pompiers me laisse entre les mains de l'équipe soignante et parte, je les remercie en passant. En arrivant au urgence, ils me demande en premier lieu d'aller pisser dans un bocal, je m'exécute difficilement, avec la défonce impossible de faire pleurer le colosse ! Pourtant ma vessie était pleine... Puis, me place dans une chambre en me demandant d'attendre le médecin de garde (il était 5 h du mat)  quelques instants plus tard il débarque et me demande mes symptômes, ce que j'ai pris ect ... Ils me font simplement un ECG, me garde 30 min en observation et me prie de dégager sans même m'expliquer mon état ou me rassurer, ils me file même pas un calmant alors que je suis dans un état d'agitation extrême ( pas physiquement du moins, dans ma tête j'étais sur le point d'exploser), en partant, l'infirmière en chef me dit que les pompiers on pas que ça a faire, et que j'ai monopoliser un camion qui aurait pu sauver une vie. J'étais tellement au bord de la rupture que j'ai sorti un misérable "désolé" puis je suis sortie.

S'en suis plusieurs heures d'errance dans la ville, je suis totalement paumé (j'étais encore ultra high, je sais pas pourquoi mais l'effet a duré une dizaine d'heures, sans doute renforcer par l'angoisse) et en plus j'avais pas de tel, j'avais aucune idée de comment j'allais rentré et j'avais encore cette horrible sensation que mon corps était entrain de claquer (avec les brûlures et tout le tintouin) vers midi je suis tellement angoissé que j'interpelle un médecin qui sort de son cabinet pour aller manger (J'avais repéré le cabinet vu que j'arrêtais pas de marché) J'insiste pour qu'il me prenne rapidement, il accepte, je vois qu'il me juge très durement, mais c'est pas grave moi sur le coup j'avais juste pas envie de mourir... Lui pense clairement que c'est dans ma tête et me dit d'aller me reposer, et amen, il me prescrit des benzo puissant. Je pars dans la première pharmacie en vu et j'achète les médicaments, j'en prends 3 d'un coup mais il faut se rendre à l'évidence, j'étais tellement speed que ça me fait pas grand chose...

Après quelques heures a encore marché sans but, je décide de rentrer à pied ne voyant aucun autre moyen. C'est la fin de l'après midi quand je pars, j'arrive tout de même a marché 10 borne dans un état de fatigue extrême (j'avais ni manger, ni bu, ni dormi depuis un moment) mais c'est une mauvaise idée et ça commence à augmenter les sensations de brûlure notamment sur mon poignet, qui ce m'est d'ailleurs a craqué a chaque mouvement. J'arrive totalement épuisé dans un petit village, qui par chance a un hôtel d'ouvert. Je prends une chambre et je m'écroule en quelques minutes.

Cette histoire ne se termine pas bien, le lendemain matin, je me lève et prend un petit déjeuner, puis je reprends la route, ça va mieux mais j'ai l'impression d'avoir des séquelles physiques ( et un stress post trauma je pense aussi) Après quelques kilomètres sur la route, je croise un de mes collègues de boulot sur la route, il s'arrête et me demande se que je fout la (normalement je travaillais se jour là) il me dit que tout le monde me cherche et repars en voiture, quelques minutes plus tard, une voiture de gendarme s'arrête a mon niveau et m'interpelle. Il les avait appelé ! Ils m'embarque et m'explique que mes parents les ont appelé car on avait aucune nouvelle de moi (ma proprio qui a vu les gyrophares des pompiers a su qu'il y avait un problème, et n'arrivant pas à me joindre à appelé mes parents, qui on eu même tenté de me joindre sans succès...) Je me retrouve au commissariat, fiché comme un vulgaire criminel, a devoir m'expliquer sur mes actes et sur la provenance des produits... Putain s'était le summum les gars me force à décrire des évènements qui m'ont clairement traumatisé. La déposition fini je suis enfin libre.  Je décide de partir rapidement du village, je rend mon studio dans la semaine et je repars chez ma mère... C'était un petit village et tout la monde la su.... Au travail, ma proprio, les gendarmes, les pompiers, même ma boîte d'intérim bordel ! C'était trop de pression pour moi, j'avais tellement honte ! Donc je suis parti.

Voilà j'ai terminé mon histoire, désolé pour la longueur mais j'avais besoin de me livrer, ça fait trop longtemps que je gardé ça en moi et ça m'a beaucoup marqué !:) Je ne peux plus consommé un stimulant quel qui soi sans ressentir ses symptômes...

Dernière modification par Locutus (23 février 2023 à  20:57)

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Quel enfer!
 
Merci pour ton témoignage !

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Plotchiplocth homme
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J'ai eu aussi des expériences de ce genre. Une a failli me coûter cher.
Je rentre d'Inde après plus de 6 mois passés là bas. J'y ai consommé plus que très régulièrement du charas, du LSD et de l'opium. Sur place, j'ai été malade. En milieu de séjour, après une semaine à errer a Delhi avec une fièvre balaise (presque 42), je tente l'hôpital public. Je dis que je pense avoir le paludisme. On me répond que tout le monde l'a, qu'il ne font pas de test sanguin, et que je n'ai qu'à prendre un traitement curatif et si ça ne s'arrange pas en 48h c'est que c'est pas ça. Après 48h sous traitement pas d'amélioration. J'appelle mon assurance et direction une clinique privée sous contrat. sur place, j'explique mes symptômes, détaille mes consos, on me prend en charge pour une infection rénale, j'en ressors deux semaines après requinqué. Je passe encore trois mois sur place puis retour en France.

De retour en France donc, trois jours après l'arrivée j'ai à nouveau une fièvre assez balaise. Je me rends aux urgences d'une grande ville, qui m'envoie vers le service maladie tropicale étant donné le voyage récent. Je suis reçu par un interne, m'installe en box d'examen. Je suis très amaigri par le voyage, je frissonne bcp, il fait 38° ... dehors! Examen, questions, je sens comme une réticence et j'ai l'impression que mes réponses l'intéressent peu. Fin d'entretien, il me dit qu'il va demander l'avis d'un médecin senior. Il se dirige vers la porte, met la main sur la poignée et s'apprête à sortir ... Et se ravise. Il se retourne vers moi, nos regards se croisent. Il se dirige vers la petite armoire présente dans le box, l'ouvre, et récupère toutes les ampoules (de ?) présentes et les mets dans les poches de sa blouse, avant de sortir d'un pas pressé. J'attends 15 mn. Il reviens, suivant celui que je devine être le 'senior'. Qui m'annonce sans même m'osculter que on peut rien pour moi ici et que je dois y aller.
Je proteste, demande ce qui se passe, il coupe court. Et me raccompagne vers la sortie malgré mes plaintes et mes difficultés à marcher. Je me retrouve dehors...

48h plus tard, dans un état encore pire et donc préoccupant, un ami m'emmène en voiture dans une ville a proximité. Je suis reçu aux urgences. Examens.... Bilan : infection rénale, à la limite de la septicémie. Ils me gardent une semaine, insistant sur le fait que j'aurai dû aller aux urgences plus tôt...
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Dernière modification par Plotchiplocth (01 mars 2023 à  20:57)

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Texte mis dans les morceaux choisis de Psychoactif. (pierre)
 
C'est vraiment de la non assistance à personne en danger

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Hemoropioid homme
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1/2
J'ai depuis mon adolescence des douleurs vraiment atroces aux genoux et j'ai été placé sous codoliprane a mes 15 ans et a cette epoque honnêtement je cherchais pas la "défonce"

Du coup j'allais voir régulièrement différent spécialiste pour avoir différents avis etc etc et un spécialiste préfère me placer sous tramadol au lieu de la codéine car cette dernière "est trop detournable et il y a trop de cas de toxicomanie", C'était qlqs semaines avant mes 16 ans.(je tiens a préciser qu'il était vraiment pas agréable et commode)

Et encore une fois au début je cherchais pas du tout a le détourner et toute façon j'en avais déduis que c'était pas possible puisque ca devait remplacer la codéine, sauf que pas du tout et il a suffit qu'un soir de très très grosse douleurs je prenne 2 comprimés et je me rend compte des effets incroyable que j'ai adoré.

Et 1 an plus tard, toujours avec les même problème, je commençais a consommer du tramadol pour être bien en+ des douleurs, mais ce n'était pas encore quotidien c'etait contrôlé.
A ce même moment je revois le même specialiste qui m'avait mit sous tramadol et je voulais lui parler des douleurs qui persistait etc etc.

Et viens la question du traitement de la douleur et je lui dis que je suis toujours sur tramadol que je suis juste passé au LP car + pratique, et il me sort "ah non mais c'est beaucoup trop fort non vous allez juste finir drogué c'est n'importe quoi comptez pas sur moi pour vous en prescrire"

Et la j'ai bug, c'est lui même m'a mis sous trama et qui avait dit qu'on pouvait rien faire d'autre a part ca ?
Du coup il m'a envoyé baladé parce que j'avais demandé si il pouvait prendre le relais de la prescription a la place du toubib, 90euros pour au final rien du tout.

2/2

Celle la est un peu moins longue et marquante mais elle prouve juste l'incompétence des médecins par rapports aux opioïdes dans le ttt de la douleur.
Mon doc etant absent j'ai du allé chez une collègue de son cabinet comme ca elle me connait au moins un peu.
Et elle me sort "non mais du tramadol c'est vraiment trop fort hein vous savez que juste au dessus on passe au Durogesic, temgesic et ce genre de chose" Alors qu'il y a des opioïdes plus fort que le tramadol sans arriver au opioïdes se dosant au microgramme, comme la dihydrocodeine ou même la morphine ? Enfin bref elle voulait probablement juste me faire peur je sais pas

J'ai préféré me taire et ne pas en rajouter ni la corriger ca n'aurait pas arranger la situation
Ca m'enerve que régulièrement ils oublient qu'a la base je souffre, d'ailleurs cette douleur m'a mené a une addiction au tramadol et je suis en sevrage actuellement suivi par un CSAPA qui sont vraiment géniaux
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Merci pour ton témoignage

non, les opioïdes ne guérissent malheureusement pas les hémorroïdes...

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prescripteur homme
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Bonjour, oui les médecins ont tendance à bien supporter la douleur, surtout celle des autres. Un outil utile est un agenda des douleurs , qui permet de la documenter. Dans certains hôpitaux elle est mesurée matin et soir comme la fièvre et la TA.

https://www.has-sante.fr/upload/docs/ap … s_2022.pdf

Comme dit le proverbe les paroles s'envolent mais les écrits restent. J'incite donc les douloureux à mettre leur parole par écrit.
Amicalement

Dernière modification par prescripteur (11 mars 2023 à  09:38)

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merci Hyrda

S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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Lorkhan homme
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Toute petite contribution parce que je crois que beaucoup a déjà été dis, et que l'essentiel c'est vraiment de pouvoir s'exprimer. J'ai lu tous les témoignages.
Déjà je compatis, pour ce que ça vaut.
Ensuite toute personne qui laisse autrui dans un état de souffrance n'est pas un soignant. Il a peut être eu son diplôme mais ça ne vaut pas grand chose si il peut regarder son prochain droit dans les yeux en lui disant qu'il ne le soulagera pas.

Evidemment on ne peut rapporter la faute aux seuls individus : la société nourrit chez chacun de nous des préjugés, en l'occurrence anti-drogue et psychophobe, et érige parfois carrément la douleur comme une valeur positive.

Ensuite un médecin qui n'assume pas la responsabilité de ses prescriptions mais qui surtout, même si il n'avait pas été le prescripteur initial, laisse une personne en état de détresse (voir pire la place en position de fautif), n'assume pas son rôle.

Ne vous considérez pas comme ayant commis une erreur à cause de la réaction du personnel soignant. On peut être défoncé et plus digne que ceux qui ne le sont pas.

Petit rappel de la maxime hypocratique :"Guérir parfois, soulager souvent, consoler toujours".
Les autres ont 2500 ans de retard au moins.

Amitiés,
Lorkhan
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merci de souligner la légitimité des récits et l'injustice des discriminations

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Agartha homme
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J'aurais mis du temps à publier ici, un peu parce que flemme de retourner mes souvenirs douloureux et parce que j'avais l'impression que ça collait pas tout à fait au sujet, mais je vais me lancer.



J'ai développé des acouphènes permanents en fin d'année 2018, j'avais 19 ans. Ça a été horrible, vraiment les acouphènes ont été la chose la plus difficile à gérer dans ma vie, ça m'a fait passer de très sales moments, et ça a été une vraie spirale infernale où mes acouphènes me causaient du stress et m'empêchaient de bien dormir, donc en retour + de fatigue et + de stress. Jusqu'au point où j'ai stoppé mes études car j'y arrivais juste plus.  Pourtant j'ai jamais eu de soucis avec les études et j'aimais plutôt bien, bien qu'en toute école de commerce que c'était, les cours c'était plus de la branlette qu'autre chose. Mais bon c'était une école top 5 donc je pensais finir mon Master et me planquer dans un job coolos' dans le conseil. Enfin bref, voilà pour la mise en contexte.



J'ai donc eu des acouphènes et suis très rapidement rentré dans une période de stress intense, dans une période d'impuissance face à ce qu'il m'arrivait, une période allongée de profond mal-être, voire clairement de torture. Ça m'a épuisé psychologiquement. Je les ai encore et ça a encore tendance à me tourmenter, mais de façon bien moins hardcore. Je m'y suis habitué, autant que faire se peut quand on a un "iiiiii" permanent dans les deux oreilles, assez fort qu'on peut l'entendre dans le train quoi.



Bref, j'ai consulté en tout 6 où 7 ORL dans toute la France, me rappelle plus combien exactement. Les 2 derniers m'ont pas infantilisé et m'ont clairement dit "à ce jour on peut pas t'aider. Peut-être dans 50 ans quand la médecine aura plus évolué" en gros.



Par contre 2 des premiers que j'ai vu, ont contribué en partie au fait que je vive si mal mes acouphènes.

Le premier, dont j'avais parlé sur un topic à l'époque (voir :

https://www.psychoactif.org/forum/t3942 … henes.html ) m'avait dit "c'est à cause la clope, arrêtez la clope et ça ira mieux". Je lui avais pas dit que je fumais de la beuh tous les jours à ce mec-là. Donc déjà avec lui (premier médecin que je voyais pour ça), ça partait mal.



J'en ai ensuite vu d'autres, dont 1 à Nice, un quarantenaire qui se croit super frais mais qui a une vieille tête de pouce calvitiée, enrobée de tâches d'acné résiduelle qui ressemblait fort à une poussée acnéique dû à un burn-out. J'en sais rien, en vrai. Mais c'était une vraie tête de con quoi.



Je lui pose le contexte, lui dit que j'ai fait le tour des ORL et que pour l'instant personne m'a rien dit de pertinent, que je comprends pas parce que soit on me dit "on peut rien pour toi", soit on a quelque chose à faire pour m'aider, mais que d'être dans cet entre-deux chelou où, personne ne sait me donner le début d'une réponse, ni n'ose me dire vérité : mes acouphènes, je les garderai à vie car la médecine actuelle comprend très mal le phénomène tant il est mal étudié. Que y'a beaucoup de causes pour les acouphènes et que c'est le symptôme d'une pathologie plutôt qu'une pathologie en soi.



Mais du coup, je continue de voir tous les spécialistes que je peux tant que j'ai pas ni l'un, ni l'autre.

Il me demande alors s'il y a des choses qui peuvent me paraître pertinente (par rapport au contexte du déclenchement des acouphènes) que j'aurais omis de préciser précédemment. Je lui reraconte donc l'histoire, en lui précisant qu'avant de partir j'avais fumé un bon gros joint avec ma colloque de l'époque. Qu'elle avait chargé le joint et que j'étais très def. Je lui ai pas dit comme ça évidement, mais l'idée était là quoi.



Ni une, ni deux, il se saisit de ça pour me dire que c'est normal, c'est à cause de la beuh. Que lui, dans son éminente carrière d'ORL, il a déjà rencontré des gens avec des acouphènes et que "bizarrement", ils fumaient presque tous.

OK, why not. Et c'est vrai que sur reddit je voyais des gens dirent que leurs acouphènes venaient de ça (avec le recul et toutes les recherches que j'ai continuées à faire, RIEN ne laisse penser cela, ça ressemble plutôt au fait que pleins de gens se disent "qqch ne va pas avec mon corps = qu'est-ce que je fais qui n'est pas "normal" = oh tiens je prends une drogue illegale le pb doit sûrement venir de là! Eurêka!").



Bref du coup je lui demande alors, si j'arrête de fumer, ça veut dire que ça s'arrêtera? Chose à laquelle il me dira évidemment non, ça y est je suis niqué, j'avais qu'à faire attention et puis c'est tout. Il me demande comment ça se fait que j'y ai pas pensé, vu que selon lui c'est LA cause, c'est LA réponse logique. Ben je sais pas vieille brique retardée, j'y ai jamais pensé parce que j'ai remarqué aucune corrélation entre les deux peut-être? Bref.



A l'époque du topic cité plus haut d'ailleurs, j'avais déjà écrit que j'avais l'impression que la beuh ne faisait rien à mes acouphènes.

Mais bon, quand un ORL, un mec qui a passé de longues années d'étude spécifiques te dit avec autant d'assurance que le pb vient de "x", ben tu en crois son expertise, et, tout jeune de 19 ans que t'es, tu t'en convaincs, et biais de confirmation après biais de confirmation (entendre : témoignages trouvés ci et là sur internet, vidéos d'ORL pourris qui essayent de te vendre un remède, article buzzfeed éclatés non-sourcés qui viennent te gerber une pseudo-science à la gueule etc...), j'en suis venu à croire que si, en fait quand je fume, ça influe le ressentit que j'ai de mes acouphènes.

Et, à nouveau, tout cerveau modulable de moins de vingt ans que j'avais, s'est mis à le ressentir en tant que tel.



J'ai continué de fumer tout ce temps. Parce que j'avais pas envie d'arrêter, en fait. J'en parle aussi dans le premier topic linké au-dessus, de ça. J'avais pas envie d'arrêter parce que ça me procurait aucun effet négatif en soi, si ce n'est les gros dommages liés à la combustion et le trou dans le porte-monnaie. J'avais redoublé ma deuxième année parce que j'avais trop d'absences, pas même à cause des partiels, que j'ai Ace un par un d'ailleurs, la weed influençait pas sur mes études.

Peut-être sur ma capacité de mémorisation instantanée, ce qui rendait un peu plus long mes séances de révision? Mais bref, j'avais pas envie d'arrêter "de moi-même".



Faut aussi saisir que quand on a une pathologie où toutes les réponses sont pas documentées (à l'inverse d'une gastro ou d'un rhume par exemple) et où le traitement n'est pas fonctionnel pour tout le monde voire carrément inexistant, ben on a aussi cette peur de l'inconnu. Cette peur que, demain, si ça s'empire, ben juste t'auras une vie moins bien. Ta vie, qui est déjà marquée par une pathologie reloue, sera encore plus teintée de noirceur parce que cette même pathologie aura empiré.

Je sais pas si j'arrive à bien communiquer cette sensation. Mais en gros se dire que demain peut être pire sans avoir la moindre marge de manœuvre, c'est vraiment flippant. Imaginez-vous, quand vous êtes rêveur sous une douche chaude, pendant que vous faites votre balade, vous réfléchissez sur le futur, sur la vie...

Et il est toujours agréable d'avoir des pensées qui dévient naturellement vers l'éventualité la plus positive, la plus rassurante.



Mais même quand toutes tes pensées drift invariablement vers :"putain en fait ça peut être encore pire ma vie, y'a rien que je puisse faire pour lutter contre ça" ben moi, à l'instar du cliché, ça me donne pas envie de vivre en mode "yolo", de profiter des beaux instants machin truc.

Non, moi ça me donnait cette sensation que mon corps fonde et s'effondre sur lui-même, ça me donnait l'impression qu'on m'ôtait une partie de mon bonheur potentiel. Donc à quoi bon essayer d'être heureux si ce bonheur serait de toute façon tâché?





Donc voilà, j'en viens à me dire qu'il faudrait que j'arrête, parce que déjà c'est le truc qui m'a causé les acouphènes, la beuh. Alors rien que par rancune j'ai envie d'arrêter limite. Et aussi parce que peur de me dire que fumer = empirer mes acouphènes sur le temps, donc je me disais qu'il fallait arrêter.



Sauf qu'en fait j'avais rien mis en place pour ce faire, genre j'me suis dit grossièrement, "allez faut que j'arrête, c'est pour ma santé et mon instinct de survie va prendre le dessus et puis je vais arrêter naturellement, ballek", pareil j'arrive pas trop à mettre des mots sur le sentiment.

Mais je me suis mis dans un état d'esprit que, vu que c'est la cause de mes acouphènes, et que mes acouphènes m'offrent à bras ouverts une vie de merde, alors mon cerveau réagirait de lui-même en mode résigné à arrêter, parce que litérallement c'est mon remède contre ce mal-être!



Sauf que ouais, j'ai rien mis en place pour arrêter, j'avais du stock chez moi, je sortais tous les soirs et je fumais donc tous les soirs, et invariablement je me disais "ben j'ai pas fumé de moi-même, c'est le contexte qui a fait que..." donc bon je me disais c'est normal que mon cerveau se soit pas de façon tout à fait extraordinaire mis en mode "instinct de survie" comme j'en parlais avant.



Sauf que du coup je faisais des méga fixettes sur mes acouphènes, qui faisait qu'au moment de m'endormir en étant  def je me disais toujours, en les écoutant avec attention :"est-ce qu'ils sont plus forts que d'hab, là? Est-ce qu'ils ont toujours eu cette même tonalité?" etc.… pleins de questions à la con, et je me suis auto-persuadé que ça amplifiait :

1) le volume des acouphènes en lui-même

2) le volume perçu, ressenti

3) la gêne générale occasionnée

4) le fait que des fois je faisais des mini-crises d'acouphènes "pulsatils" et des mini-crises d'hyperacousie (dans le sens je me suis auto-persuadé que ça augmentait leur fréquence, intensité et durée, alors que pas du tout, en fait).





J'en suis arrivé à des stades de culpabilisation de oufs, à tel point qu'à un moment je me disais vraiment : "mais à quoi ça rime, tout ça? Tu continues de fumer donc tu continues de cultiver un mal-être qui te pourri la vie, en ouvrant EN PLUS la possibilité à ce que ça s'empire? Faut vraiment être une grosse merde pour vivre comme ça"



Il aura fallu que j'arrête de fumer pendant 8 semaines (même pas par envie spécialement, mais juste pcq j'avais travaillé 2 mois à l'étranger) pour me rendre compte qu'en fait, rien n'avait changé en arrêtant de fumer.

Ni l'intensité, ni le volume perçu, ni la gêne que ça me causait, ni la sensation d'oreille "pleine" que j'avais des fois, ni les épisodes d'hyperacousie/acouphènes pulsatiles (qui s'étaient vastement calmés entre-temps), ni rien, en fait.



Rien n'a changé.



Mais le pire dans tout ça, c'est qu'en fait c'est même pas comme si ça avait cliqué dans ma tête, un soir de sevrage. Non, ça a été un processus long (début acouphènes : 1er novembre 2018 pour remettre dans le contexte) qu'en fait j'ai commencé vraiment à comprendre y'a quelques mois, date d'ailleurs à laquelle j'ai écrit un blog pour mes 6 ans sur psychoactif où je disais justement que je parlerai une dernière fois de mes acouphènes parce que j'avais justement cessé de culpabiliser, j'avais franchi un cap, mais c'était pas un cap abrupte, c'était un putain de marathon.



Et du coup, j'ai vraiment compris récemment, et j'ai réussi à verbaliser pour la première fois y'a peu, que ce putain de sentiment de liberté que je ressentais ces derniers mois était en partie dû au fait que je m'étais, lentement mais sûrement, sans trop vraiment m'en rendre compte, désenchaîné de cette culpabilité. Ça, et aussi le fait que le temps fasse son œuvre, que les sentiments de colère et de frustration s'était atténué. C'est devenu limite normal maintenant, et je suis "content" que ça me soit arrivé jeune, pendant que j'ai encore un cerveau en pleine neuro-plasticité. Y'a des prémisses d'étude qui parlent du fait que les gens qui développent des acouphènes tôt ont tendance à mieux l'appréhender. Même si moi j'ai été une exception vu que ça aura été un chemin de plus de 4 ans.



Mais du coup, je tire du positif de cette expérience, au final. Je suis tellement plus patient, compréhensif, tolérant qu'avant. j'ai souvent eu un problème, celui d'être très intolérant avec les gens que j'aimais pas ; sur des caractères qui me sont bien spécifiques d'ailleurs. J'ai souvent eu du mal avec l'autorité bête et méchante (qui n'a pas de mal avec ça, après tout?) mais c'était exacerbé, trop. J'ai l'impression que ça à beaucoup adoucis mes émotions et leur ressenti, chose avec laquelle j'ai eu beaucoup de mal.

Et je sais pas tout à fait pourquoi, mais j'ai le sentiment que je peux attribuer ça à toute la douleur, tout le chagrin et toute la désolation que j'ai vécu tout ce temps.





Mais du coup, je me suis tatoué la note du silence un peu pimpé sur le torse, parce que c'est moi qu'ai gagné et qui ai retrouvé une partie enfouie de mon bonheur, d'abord, na!

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Fuck you les acouphènes c'est moi qu'ai gagné, haha!  c'est moi que j'suis l'meilleur!

Dernière modification par Agartha (17 mars 2023 à  16:54)

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Très beau texte !

lost inside the black hole
dropping down the edge
fade away in shadow
is this where it ends?

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Stelli femme
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Il y a plus de 15ans, alors que j’étais au tout début de mon parcours de substitution (sous Subutex prescrit depuis peu en CSST, devenu CSAPA depuis) souffrant depuis longtemps d’une grave dépression et d’un trouble de stress post traumatique, je n’avais pas repris mon suivi par un psychiatre après avoir déménagé (j’étais toujours sous un traitement assez lourd, dont antidépresseur et benzodiazepine qui m’était prescrite depuis presque un an à des doses particulièrement élevées), j’ai entrepris de trouver un psychiatre afin de reprendre les soins laissés en suspens.
Je prends rendez-vous avec un psychiatre de ville, qui m’avait été indiqué car installé depuis peu, il acceptait de nouveaux patients.
La consultation se passe normalement jusqu’au moment où on aborde les traitements médicamenteux en cours. Je mentionne le Subutex, et là, son ton change radicalement. Il m’annonce que si je veux pouvoir continuer avec lui je dois être sevrée du Subutex la semaine suivante à notre prochain rendez-vous. Sous le choc, je n’ai pas su quoi répondre ni comment réagir…
J’ai pris l’ordonnance pour du Di Antalvic qu’il m’a tendue et qui était censée m’aider à me sevrer. Je suis sortie abasourdie.
Me sentant piégée car j’avais vraiment besoin d’un suivi psy, et que c’était l’unique psychiatre qui avait la possibilité de me recevoir avant plusieurs mois, j’ai tenté, avec une sensation d’urgence et avec une énorme appréhension, de me sevrer du Subutex, dès le lendemain, sans aucune préparation ni connaissance du sevrage de la bupré.
Vous vous en doutez, le Di Antalvic n’a servi à rien pour combler le manque de mes 8mg (ou 16, je ne sais plus) de Sub, et en gros j’ai vécu un sevrage à la dure du Sub. Au bout de plusieurs jours, ne tenant plus, j’ai repris mon Subutex.
Puis ayant échoué à remplir LA condition pour qu’il me suive, je ne suis jamais retournée voir ce psychiatre.

J’ai eu quelques temps d’errance médicale, puis j’ai fini, grâce à l’arrivée d’un nouveau médecin (aussi chef de service dans l’hôpital psy dont dépendait le CSST), par me faire suivre pour mes problématiques psy au CSST où j’étais déjà suivie pour mon addiction à l’héroïne en IV, et qui me prescrivait le Sub.

Je garde un sentiment de colère à l’égard de ce psychiatre, je n’ai reçu que du mépris et je ne comprends toujours pas l’intérêt de vouloir imposer l’arrêt d’un traitement de substitution, qui avait été prescrit dans les règles… pour avoir une chance d’être suivie correctement au niveau psy.

Autre anecdote qui me revient. À une période où j’avais du arrêter mes études car incapable de m’y consacrer à cause de la dépression, et où je n’étais pas non plus capable de garder un travail plus d’un mois, j’avais commencé à perdre tout rythme de vie et à la dépression s’ajoutait l’ennui. L’infirmier du CSST m’avait proposé des activités type hôpital de jour/ activités thérapeutiques dans une structure dédiée. Motivée je me rends au 1er rendez-vous accompagnée par l’infirmier. Et là, alors que j’avais espoir que ça m’aide, je suis tombée de haut… on m’a annoncé qu’on n’acceptait pas les toxicomanes (c’était le terme utilisé), même substitués et/ou stabilisés, car pour eux en gros ils prenaient le risque que j’influence les autres patients, que je les contamine quoi!
Comme il n’existait aucune autre structure du même type qui aurait accepté les personnes dans ma situation, je n’ai pas pu avoir accès aux soins dont j’avais besoin.
En sortant de l’entretien je raconte à l’infirmier ce qui venait de se passer, et il était aussi choqué que moi… malgré son intervention nous n’avons jamais pu obtenir gain de cause.

J’en garde encore de la rancoeur plus de 15ans après. Le pire c’est qu’à l’époque j’étais dans un état d’esprit où je voulais « m’en sortir » (je croyais que c’était ma seule option en fait), et malgré tout je n’étais pas digne d’être soignée.
Que diraient-ils sont je devais être confrontée à la même situation aujourd’hui, alors que je suis toujours sous traitement de substitution, presque 20 ans de traitement entre le Subutex (1 an 1/2), puis la méthadone, que je fume quotidiennement du cannabis, sniffe parfois de la 3mmc, et injecte occasionnellement de la cocaïne? J’imagine bien le regard plein de mépris auquel j’aurais droit!
Je me retrouve donc dans l’impossibilité de parler ouvertement de mon rapport aux prods avec l’ensemble du monde médical, encore plus depuis mon déménagement, qui a mis fin à mon suivi au CSAPA (ex CSST dont je parle plus haut), qui était le seul îlot du monde médical où je n’étais pas jugée pour mes consos et soignée correctement peu importe où j’en étais dans mon parcours.

Depuis, je n’évoque que le cannabis et la méthadone quand c’est important pour la prise en charge, et jamais le reste.
Je joue le jeu de l’ex addicte sous traitement d’entretien aux substituts opiacés, qu’on attend de moi, car c’est le seul moyen d’être un peu considérée, en tout cas autrement qu’avec mépris et avec le risque de me voir refuser la prise en charge nécessaire, comme ça a pu être le cas par le passé. Et je vis ma vie comme je l’entends par ailleurs.

Dernière modification par Stelli (07 novembre 2023 à  12:30)

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Désolée d'apprendre ça... C'est déjà des années et des années de sevrage avec le bon personnel médical, mais alors y a rien de pire qu'un personnel non qualifié et renseigné sur les addictions pour envoyer tout droit les patients au casse-pipe.

Le manque d'empathie et le jugement se font cruellement ressentir par certains. J'espère que tu finiras par trouver le bon toubib, pas facile quand on a la sensation d'avoir déjà fait le tour de ce qui se trouve à proximité de chez nous.

Et quand bien même on en trouve des nouveaux, c'est tellement saturé que ça peut prendre tout de même des mois pour commencer une nouvelle thérapie...

Bordel l'état a du sang sur les mains.

Je te souhaite vraiment d'y arriver, ne baisse pas les bras et ne donne pas l'opportunité à des gens qui n'y connaissent rien de minimiser les efforts que tu fournis.

Il faut un mental d'acier pour en arriver là où tu en es, tu dois t'en rappeler tous les jours que c'est pas donné à tout le monde de lancer les démarches de sevrage et d'essayer tant bien que mal, avec rechutes ou non, de s'y tenir.

On avec toi <3

Ca bédave toute la journée, et le soir c'est l'insomnie

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zuzu
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J'avais 28 ans, je venais de faire mon premier burn-out au boulot ce qui avait débouché sur mon licenciement. J'avais explosé en plein vol, pour X raisons, dont en partie parce que mes addictions + l'augmentation de ma charge de travail (suite à une promotion) avait drainer mes dernières forces.

Je me décide à aller voir mon médecin de famille, si si, le médecin qui me suit depuis que j'ai 8 ans et qui suit toutes ma famille.

Moi: "Docteur, j'en peux plus, je me drogue depuis X années, à cause de ça je viens de perdre mon travail, car j'étais devenu incapable de faire les deux, travailler et me droguer, je suis épuisez, mon corps m'a laché, burn-out. aidez moi!"

La Doc: "Non, mais Mr XY, vous dîtes vraiment n'importe quoi, la vérité c'est que vous êtes un ouf, allez donc voir mon collègue le psychiatre, il va s'occuper de vous".

Je sors de là et comprend rien à ce qui m'arrive. Ok, allons voir le psychiatre.

Moi: "Docteur, j'en peux plus, je me drogue depuis X années ... blababla ... burn-out. aidez moi!"

Le psychiatre: "Aucun doute, Mr XY, vous êtes pas au courant manifestement, mais vous êtes un cinglé, vous avez toqué à la bonne porte, je vais vous soigner".

Ok, je finit avec 30 cartons de médoc, un traitement à priori à vie, car je suis cinglé. Bref, je retroune à Paris, j'avais gardé l'appartement, retrouve un travail, mais bourré par leurs médocs, je comprends plus rien à ce qui m'arrive. Je suis plus la même personne... Je me décide donc à allez voir le médecin de l'immeuble, là où je vis.

Moi: "Je vous explique, blabla ... blabla... maintenant j'ai fini avec ce traitement. Le problème, c'est que je bande plus, j'ai chopé 15 kg, j'ai des seins qui pousse, quand je me regarde dans la glace j'ai l'impression de devenir une femme. Ils m'ont même filé de l'haldol, et ce médoc est horrible, j'ai des effets secondaires de maboule, j'ai l'impression de devenir fou...."

Le Doc: "Mr XY,  mes confères vous l'ont dit, vous êtes complétement taré, il vous faut refaire confiance à la médecine sans cela, pour vous les carottes sont cuites, SURTOUT quoiqu'il arrive n'arrêtez pas votre traitement!!!"

Moi: "Vous commencez sérieusement à me tapper sur le système, allez tous au diable!"

Je rentre chez moi, mets tout leur médoc à la poubelle. Résultat, au bout de 5 années, à me démmerder tout seul, j'ai plus de seins, je bande à nouveau... Et je finit par "temporairement" remplacer mes addictions par une partique sportive assidu.

C'est déjà ça de gagné, mais bon cela ne durera qu'un temps, car, c'est pas totalement faux, je suis dans le fond quand même un peu taré.... Mais cela je m'en rendrait compte beaucoup plus tard.

Dernière modification par zuzu (25 décembre 2023 à  09:58)


"Petit, Cucul la praline me piquait ma chocolatine à la récré"

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