TR : Blast

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psyr homme
Nouveau Psycho
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Inscrit le 19 Nov 2022
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Bonsoir,

J'ai vécu l'expérience la plus intense de ma vie hier matin et j'éprouve le besoin d'en parler. Elle soulève quelques questions auxquelles je ne trouve pas de réponse.


Contexte :


Un gars de 37 balais, sédentarisé depuis 2 ans et demi après une grosse quinzaine d'années de voyages et de saisons. J'habite un petit paradis qui commence à me peser, quelque part en montagne. Utilisateur de drogues depuis plus de 20 ans, pas forcément toujours très heureux. Cela fait 6 mois que je me laisse aller suite à l'arrêt des opis, augmentant les prises quasi-quotidiennes de kétamine, de cocaïne et d'alcool. Ça ne me plaît plus mais ne vois pas vraiment d'issue. Je me regarde lentement couler.
Sur un coup de tête, je décide de profiter de ces 5 jours de congés pour prendre l'air (comme des millions de français apparemment). Au programme, une rando de 3 jours et aller faire coucou à une bande d'amis avec qui j'ai saisonné pendant des années, dans une exploitation agricole qui fournit un terrain vraiment sympa, avec une ruine perchée sur un plateau et pas de voisins. J'ai vécu des moments superbes avec cette raïa. Ensemble, on a la connerie facile et on rigole tout le temps.

La rando se passe bien, à peine une bière par jour, c'est beau, ça me requinque. J'arrive chez les copains avec du peps, un bon petit déjeuner (seul repas pour les prochaines 24h) et l'envie d'en profiter à fond. J'ai 2g5 de et je sais qu'on ne s'ennuiera pas.


Déroulé :


Les retrouvailles sont chaleureuses, on est vraiment contents de se retrouver. Ils sont en pleine installation sur le terrain, calage des carlos et des camions, connexion au 220, construction de mobilier.. On prend l'apéro en même temps, j'attaque doucement à la (en sniff uniquement). L'après midi coule comme la bière, on se marre, on est heureux. Un pote me propose une kétamine qu'il juge vraiment particulière, "à l'ancienne", qui ne fait pas bourdonner le cerveau, qui donne aux mains une texture de corn-flakes. Et effectivement, l'apaisement est total, loin des angoisses et des idées noires que je fuis depuis quelques temps. On passe notre temps à blaguer et à rire comme des grands enfants, en écoutant de la techno toute douce, c'est génial.
Et le crépuscule approche, un pote propose des tazs. J'hésite. Ça fait longtemps et la MD ne m'intéresse plus vraiment. J'accepte quand même, j'ai envie de rester sur le même bateau que la bande. On se prend des moitiés, préparées à l'arrache. La montée est rapide et costaude. Ça dure longtemps et ça me rappelle à quel point c'est un produit 'frustrant', mais peu importe, on est ensemble. Je fais tout de même une pause sur la , pour déguster les poussées de sérotonine. On redrop une première fois. La bonne humeur est au beau fixe, on part dans des délires barrés qui nous font pisser de rire. Ça passe vite, trop à mon goût, je me sens pleinement conscient, j'aimerai que ça ne s'arrête jamais. On est quelques uns à redroper une seconde fois fois et je pars allumer un feu où tout le monde se regroupe.
On est tous bien perchés, mais la fatigue arrive, l'équipe s'étiole, nous ne somme plus que 3. On s'est remis un peu à la kétamine, la mienne cette fois. L'aube n'est plus très loin, on se balance encore des blagues et puis ..


L'explosion :


Et puis encore un fou rire. J'étais allongé mais j'ai besoin de m'asseoir. Je ne contrôle plus mon rire, ça devient fort, trop fort, tout mon corps exulte. Les cris que je pousse sont décousus, furieux, chaotiques. J'exhale et j'expulse, je me vide par la voix de tensions profondément enfouies. Ma joie, ma tristesse et ma colère s'entremêlent dans un feu d'artifice sonore. Je lève la tête vers le ciel, tombe à la renverse et plonge mes yeux dans les profondeurs de l'espace, d'un bleu hypnotique. Je lâche ma cannette pour m'abandonner complètement à cette puissance et plante mes doigts dans la terre pour m'y cramponner. J'hurle "putain, qu'est-ce que c'est bon !". Je continue à rire comme un dément. Je vois à des années lumières : des aéronefs tractés par des créatures des abysses de l'univers vont et viennent paisiblement. Par derrière une raie manta immense recouvre le tout avec amour, j'imagine que c'est dieu. L'intensité est incommensurable, tout est harmonie cosmique, les portes de la perception s'ouvrent en grand, on me doigte la glande pinéale, mon cerveau jouit sans fin, je crois que j'ai une érection mais n'en suis pas sur. Tout me paraît évident, d'une simplicité implacable. Les deux potes autour de moi s'inquiètent mais je les rassure, mon élocution est claire, convaincante. Je me rassois, le feu est magnifique, les couleurs d'une douceur délicieuse. J'explique que je suis en train de vivre le meilleur moment de ma vie, qu'il ne m'arrivera sûrement qu'une fois. J'aimerais pleurer mais n'y parviens pas. Mes yeux sont écarquillés, ouverts comme jamais. L'énergie coule le long de mon corps, je suis transpercé, transcendé, j'ai la sensation d'avoir touché le graal de tous les psychonautes.
Le jour arrive, la sensation persiste, je vis dans une réalité augmentée, les détails, les couleurs, la logique de l'imbrication des brins d'herbes. J'aimerais partager plus en avant ce que j'ai vécu avec ceux qui restent mais c'est impossible pour le moment, ils sont vraiment déglingués.

Je reprendrais finalement un peu de kétamine au cours de la matinée et pars déambuler avec béatitude dans les champs alentours avant de finir par une sieste aux alentours de midi.
Au réveil je me sens toujours 'ouvert'. Confiant, je prends la voiture pour faire les 3h30 qui me sépare de chez moi, pour être sûr d'être à l'heure au taf le lendemain matin. Tout se déroule parfaitement, je me sens purifié, avec une vague appréhension tout de même, d'un retour à ma vie d'avant. Le passé me semble moins accablant, le futur plus détendu, je suis tourné vers l'instant présent.
Je dors 12h, réveil un peu collé mais mon regard a changé, mon attitude a changé. J'ai repris confiance en moi et je l'irradie. Je le sens à la réaction des gens que je verrais dans la journée



J'ai volontairement détaillé la journée pour décrire l'apaisement progressif qui s'est installé en moi avant cet événement, en me demandant si il n'y a pas là un début d'explication. A l'heure où j'écris ces lignes je me sens fatigué mais toujours sous l'emprise de cet émerveillement, bien qu'un peu amoindri. Je sais que cette 'félicité' ne durera pas très longtemps mais j'aimerai comprendre comment j'ai pu atteindre cet état. Le blast que j'ai vécu ne me paraît pas accessible avec un combo de , de MD et d'alcool. Et pourtant, je suis sur d'avoir touché quelque chose d'hors norme, un état de bouddha tel qu'il est décrit dans la philosophie vipassana.

Bien qu'ayant une petite expérience de quête spirituelle, je me considère comme athée et ne parle de dieu que parce que je ne trouve pas d'autre mot pouvant répondre à cette image/sensation de raie géante.
Il me paraît important de rajouter que ce que j'ai ressenti ne ressemblait en rien à toutes les perches que j'ai pu prendre dans ma vie. C'était au delà d'une explosion de sérotoninergique ou d'un gros voyage à la kétamine.
Et je précise que par "Blast", je fais référence à Manu Larcenet et sa magnifique bande-dessinée, même si ce que j'ai vécu ne me paraît qu'amour, contrairement à ce que vit Polza Mancini dans l'ouvrage.

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Dernière modification par psyr (14 mai 2024 à  19:35)

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Incroyable ce trip report. Sreconnor
 
Texte mis dans les morceaux choisis de Psychoactif. (meumeuh)

Je m'en tire bien, pas vrai ?

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