Tombé "par hasard" sur ce sujet, je vais y aller de ma petite expérience. Décembre 2004, départ en vacance avec un pote amoureux des pays de l'est (et de leurs habitantes) pour Bratislava, Slovaquie. Budget:0€, au rmi/rsa à l'époque, tous frais avancés par mon ami. Pris avec moi ma
méthadone pour deux semaines (dans les 40 à 50 mg à l'époque) car oui, moi aussi, gros passif polytox, "j'ai tout essayé", etc. L'objectif de ce voyage: scène techno locale, produits locaux (on pensait plutôt
MDMA,
lsd) et nanas. Dès notre arrivée, nos premières sorties et nos premières rencontres un mot est entendu en boucle: pico. Poudre cristalline, très fine et jaune saumâtre. pas d'odeur connue (tel que le
speed) et un
gout indéfinissable mais marqué en moi. Tout le monde, bien que nous en proposant, nous met en garde sur la dangerosité du produit. D'ailleurs, on constatera sur ces dix jours qu'à peu près toutes les personnes rencontrées en prennent, certains (beaucoup) plus que d'autres. Le prix? compliqué, c'était en couronne slovaque à une époque où je faisais encore la conversion des euros en francs. Ce qui est sûr, c'est que même avec le prix "touriste", c'était très bon marché, peut être dans les 15/20€ le gramme. Tout le monde le sniffait, vu aucune autre forme de conso (pas de shoot ou de
para). Les effets: première prise, une mini trace: 12h d'effets, ultra bien,
speed, pas de fatigue, besoin d'être en mouvement (Bratislava n'est pas une grande ville mais on l'a arpenté en long en large et en travers de jour comme de nuit), pas faim, pas soif (mais grosse résistance à l'
alcool), libido active (mais ça ne m'a servi à rien...), de grosses barres de rire incontrôlable,
empathogène +++ (me rappelait mes premiers
taz fin 80), la sensation d'être intellectuellement très vif... Le premier gramme dure longtemps, même en faisant tourner nos "amis" slovaques qui ne carburent qu'à ça et qu'au
douilles de (très) mauvaise herbe (méthode bouteille à fond coupé avec bassine ou évier... même comme ça, peu d'effet). Très vite la tolérance au produit change: rapprochement et augmentation des prises. L'approvisionnement? dans ces "blocs" d’Europe de l'est en banlieue de Bratislava, immeubles décatis au milieu de terrains vagues. Le bizness est tenu par les "Hongrois", pas vraiment aimés des Slovaques qui, soit dit au passage, n'aimait pas grand monde. Là , on voit énormément de jeunes totalement cramé et beaucoup d'hémiplégiques très jeunes et totalement accro nous proposant tout et n’importe quoi pour du pico (leurs soeurs, leu mère, eux même...). Bientôt on quitte notre bel hôtel d'architecte (sans le payer) pour aller vivre dans une charmante famille de dingues (maman a été travailleuse du sexe en Belgique et en Angleterre, le fiston détrousse les (rares) touristes, le petit ami de maman est un russe de 2 mètres tatoué de partout, ancien de Tchétchénie et buvant la vodka ou le vin ukrainien comme moi le café). De toute évidence, on avait commencé à perdre un peu pied, l'entente entre mon ami et moi s'en ressentait. Nos journées se passaient entre un bar sous un chemin de fer (un ancien abri) ouvert 24h/24h et où tout le monde consomme ouvertement et à donf (beaucoup de femmes avaient l'ongle de peti doigt très long pour sniffer avec) et une boite sous le château de Bratislava sur le bord du Danube, là un authentique abri anti atomique de la guerre froide (100m de galerie sous terre, re 100m dans l'autre sens et ça deux fois de suite -pour éviter les souffles d'une explosion atomique- avant d'arriver dans la salle avec hard tek et hard core). Au bout d'une semaine on nous connait, les flics ont nos permis et saboter notre voiture (certains enfants de poulets slovaques ont eu un beau noà«l après notre passage), à donf dans le pico et on aime ça, dès qu'une esquisse de
descente (qu'on sent très mauvaise) se pointe, on en reprend et on se dit qu'y faut en ramener en France. Au bout d'une dizaine de jours, c'est plan glauque sur plan glauque, un anglais se serait fait assassiner à l'étage de chez notre hôte et découper en rondelle. Le copain russe nous interdit de quitter l'appart, ce qu'on arrive à faire en feintant et courant, après une brève escale à Vienne, on ne reprendra vraiment notre souffle qu'à Strasbourg non sans s'être sérieusement engueulé (et mutuellement menti et arnaqué) quant au pico qui nous restait à partager. Peu de souvenir des semaines suivantes mais GROSSE gueule de bois, re-abus d'
opiacés et pas mal de benzos pour faire passer la pilule. Après 7 à 10 jours à ce rythme, aucune certitude quant au meurtre qui aurait eu lieu, peut être un grosse décompensation et une bonne halu, j'ai eu mon pote au téléphone il y a un an (on s'est perdu de vue après ces vacances), on n'est vraiment sûr de rien à part qu'on a jamais pris quelque chose d'aussi fort et et d'aussi addictogène (à part le cailloux ou le
caillou ou la
cc en taquet pour moi). Voilà , c'est un peu brouillon comme récit mais en vrai, ben ça l'était aussi....