Angoisse : comment j’ai buggé (avis divergents sur Psychoactif)

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Heguel homme
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Bonjour a tous, je reviens sur le site pour exprimer mon malaise interne, peut-être que ca pourra m'aider. C’est très long, certains connaissent déja ma situation, mais j'ai tout couché par écrit, ca me fait du bien. Je devrais sans doute ouvrir un blog que d'envahir le forum, excusez-moi.

Voilà , j'ai demandé un conseil fin juin à  propos de ma consommation d'héro, il y avait eu trois prises occasionnelles étalées sur 6 ans. Evidemment, comme je me posais soudain des questions, j'hésitais à  finir, peut-etre juste prendre une dernière prise dans le paquet qu'il me restait. J'ai demandé conseil, malheureusement il y a eu des réponses très divergentes, qui reflètent bien la difficulté que pose le sujet. Beaucoup de réponses assez zen d'abord, qui visaient aussi sans doute à  me déculpabiliser, donc à  faire que tout se passe pour le mieux... Puis soudain, j'ai été glacé par la réponse suggérant une abstinence immédiate et sans tarder, mettant l'accent sur le danger et sur le fait que tout le monde y tombe (c'était d'ailleurs à  l'origine un commentaire en anglais du même type, sur un site américain, qui avait éveillé mes craintes,  alors même que j'étais encore serein le lendemain de la prise, fumant du cannabis et pensant à  d'autres trucs. Quel contraste avec aujourd'hui quand j'y pense.) Même si cette position était alors très minoritaire dans les réponses reçues, et sans doute ne tenait pas vraiment compte de mes propres stratégies pour avoir organisé une conso aussi modérée, à  l'opposé d'un type qui en prend au petit bonheur la chance.

J'ai jeté ce qui restait dans la foulée, ce qui n'était pas vraiment un geste facile et anodin, plus tard j'ai écrit sur une feuille de papier : n'y retoucher jamais. Et alors il y a eu ensuite des commentaires du directeur et d'un modérateur du site s'opposant clairement à  la lecture de l'intervenant sur ma situation. C'est là  que j'ai buggé, j'ai commencé à  me dire, "c'est vrai, tu as surréagi", à  envoyer des messages en privé aux concernés disant en gros "tu crois que ma conso ne pose pas de problème?" A penser à  en racheter, et à  me mettre à  avoir peur de cette envie d'en racheter… A regretter d'en avoir pas repris après les premières réponses cool, d'avoir jeté tout de suite, à  pas avoir simplement fini le pochon comme les autres fois, ou tout avait été cool, ca y est, c'était fini. A me dire : "contrôle-toi", sans qu'il y ait vraiment quelque chose à  contrôler d'autre que mon stress… En plus, pour couronner le tout, un pote à  qui j'en avais laissé quand j'avais le paquet, qui vit à  300 bornes de là , n'a pas aimé, n'a pas fini, a laissé une petite trace me disant : "tu peux passer la finir, si tu veux". Et moi de penser : ca tombe à  pic, ca évitera même d'en racheter. Non c'est dangereux, résiste à  cette tentation. Allons, calme-toi, c'est pas grand chose. Pourquoi tu y penses? Ca craint…

J'ai commencé alors à  lire tout ce qui rapportait sur l'héroïne, la mesure du risque, sur internet, y passant des heures entières, d'autant que j'étais dans une phase de pause professionnelle. J'ai commencé à  mal dormir, me levant la nuit pour fumer des clopes, augmentant ma consommation tabagique à  fond. J'ai rédigé un pensum sur l'héroïne occasionnelle, avec une conclusion ouverte, disant qu'il n'y avait pas de risque absolu, mais pas de risque zéro non plus. J'ai perdu plus de dix kilos en trois mois, moi qui avais du mal avant à  en dégager deux. J'étais souvent en sueur, anxieux, parfois l'impression d'une barre parfois au milieu de la poitrine. Tout ca, à  propos d'une mini-trace que certains prendraient pour gouter leur paquet. Certaines connaissances à  qui j'ai exposé un peu le contexte doivent penser eux que j'ai carrément plongé dedans, à  me voir.

Entre temps, mon projet professionnel ne s'est pas fait (ca n'est pas forcément lié là , quand même), m'obligeant à  organiser mon retour en France, après onze ans passés sur place, laissant amis, relations, derrière moi. Et pour ma part, j'y ai vu secrètement un atout, qui allait m'obliger à  trancher quand ca arriverait (alors que ca a quand même d'autres implications, c'est dire comment tout est passé au second plan en regard de ca). Ca m'a d'ailleurs permis d'évacuer la pression, et de reprendre simplicité et de joie de vivre à  cette perspective. Mais l'angoisse est remontée au fur et à  mesure que la date se rapprochait, cette fin de mois-ci. J'ai été voir le médecin, j'ai repris contact avec mon psychiatre, que j'avais vu trois ans avant pour des problèmes d'anxiété assez mineurs, en comparaison, on avait fait une courte psychothérapie, l'ambiance était vraiment légère à  l'époque, sans médication d'aucune sorte. Il a essayé de dédramatiser, me disant en substance que je prenne ca ou pas n'était pas si grave, que c'était avant tout une projection de mes angoisses personnelles. Il m'a dit d'agir, en un sens ou l’autre, avant tout.

J'ai fait des cauchemars, impliquant ma famille. Une fille dont je suis amoureux et qui est maquée avec un autre, relation platonique teintée d'ambigüité (enfin, de mon coté, en tout cas) m'a tenu des propos assez sévères, disant que j'avais l'air glauque. Après ca, qui a rajouté à  la déprime, j'ai commencé à  faire un trouble anxieux qui m'a empêché carrément de m'assoupir. J'ai eu des pensées un peu délirantes, me disant que ca allait correspondre à  une quatrième prise, qui est le chiffre de la mort en Asie, qu'il fallait en rester à  trois ou prendre cinq prises... Je me suis retrouvé sous Imovane et sous Xanax, une première pour moi. J'ai arrêté déjà  le premier, mais le traitement du second doit s'achever ce soir, et ca m'angoisse un peu. Ca m'a quand meme fait du bien un temps, je gamberge moins, meme si je suis un peu crevé et que je ne peux plus sortir boire d'alcool avec les potes. 

Il faut que j'organise mon déménagement, c'est stressant, trier, jeter, garder ses affaires, vendre ses meubles. Je dois partir maintenant dans dix jours. Les avis des gens à  qui j'ai exposé toute l'affaire divergent, évidemment, sur l'opportunité de finir ce truc. Certains soulignent combien j'ai toujours peu consommé, qu'il s'agit de quantités absolument modestes, d'une anecdote, qu'il vaut mieux en finir. D'autres disent que ce n'est pas bon dans mon état.

Parfois, je me sens en position de relativiser à  fond : j'ai même envisagé d'en racheter pour prendre quelques rails avec des potes, dans une ambiance de marrade, histoire de casser la fascination pour la fin du machin chez mon pote, avant de me retrouver en France dans un environnement totalement différent, l'occasion de marquer de toute façon une rupture. D'autres fois, je me sens mal et j'ai l'impression que la seule alternative qui m'attend, c'est ou bien la dépression ou la toxicomanie, qu'il s'agit de la question la plus importante de toute ma vie. J'ai jeté entre temps ma feuille n'y retoucher jamais, pour la remplacer par un truc : "Quoiqu'il se passe, jamais en France".

Hier, une copine à  qui je racontais me disait qu'elle était triste pour moi, que je gâchais la fin de cette longue période dans ce pays que j'ai aimé. Elle m'a conseillé d'écrire ce que je ressentais.

Tout à  l'heure, une dame asiatique que je connais à  peine, me regardait, elle m'a touché l'épaule et m'a dit en langue locale : "Ne pense pas trop." Ca m'a remué que quelqu'un d'aussi extérieur s'aperçoive de mes ruminations. Ca m'a réveillé un peu, et j'ai ressenti de la colère contre un peu tout le monde mais avant tout contre moi-même, contre le fait de m'être maintenu aussi longtemps dans une sorte de virtualité. Ce n'est peut-être pas l'émotion la plus saine, mais c'était mieux que de me maintenir dans une sorte de long monologue contradictoire.

Je comprends ce qui se passe sur un forum, les gens expriment des conseils et des avis divergents, c'est le jeu, ils ne vont pas se coordonner en amont. Beaucoup mettent en avant le fait que l'addiction est un processus long et complexe de prises de plus en plus fréquentes et répétées, parfois étalé sur des dizaines de prises, voire plus, cassant les aspects parfois un peu "mythiques" de la chose. D'autres évoquent au contraire une espèce de révélation, qui marque au fer rouge. Sans doute ces débats s'adressent plutôt d'ordinaire des gens qui soit sont tentés par une première fois, en guise d'avertissement, soit commencent à  avoir du mal à  gérer leur conso, du type "ca fait six mois que je tape chaque semaine, et là  depuis trois, j'en prends tous les jours". Mais c'est frappant de voir parfois les différences de perception sur la chose.

J'ai recueilli ainsi des sons de cloche pour le moins très différents, parfois les conseils s'harmonisent mieux entre eux sur un fil donné, se dégagent une certaine cohérence qui aide davantage les gens à  prendre leur décision. Mais sans doute est-ce que parce que certains profils sont plus évidents à  décrypter, le mien est marqué de davantage d'ambiguïté, autorisant les projections de chacun sur la "gestion". Chacun va penser ce qu'il voudra, suivant ses convictions, son expérience : reste que je me suis mis à  gamberger comme un tordu, ce qui n'est jamais bon. Les conseils ne sont que des conseils, après il faut aussi s'écouter soi.

Je ne dis pas ca pour proscrire les commentaires éventuels, bien au contraire, ils sont les bienvenus, mais surtout parce que j'ai besoin d'extérioriser, de mettre à  plat ce qui m'arrive.

(j'ai rédigé ce message chez moi hier matin, je me rends ensuite pour poster dans un café internet mais du coup je balance le suivant écrit plus tard)

Hier soir et ce matin, je me suis bien calmé, tout seul, le fait d'écrire m'a permis d'extérioriser mes angoisses, de me sentir d'un coup mieux dans ma peau. Je me suis rendu compte d'abord d'une chose importante : je ne suis pas addict. Un addict, c'est par définition un type qui a un rapport compulsif au produit. Moi, je fais mes journées depuis quatre mois sans avoir pris d'héroïne, après en avoir pris trois ans avant, donc ce n'est pas ca être héroïnomane. Si quelqu'un ne prend pas d'alcool pendant hyper-longtemps, en se disant "j'ai peur d'etre alcoolique", on ne va pas dire de lui qu'il est alcoolique, on trouvera peut-être même qu'il s'inflige décidément une grande pression psychologique. C'est mon cas, et je comprends mieux ce que voulait dire mon psy en parlant de projection anxieuse. Je me sens du coup beaucoup plus relaxé, bien mieux dans ma tête et dans ma peau.

Cela pourrait être le cas s'il s'agissait d'un ancien addict : mais ce n'est pas mon cas non plus, je n'ai encore jamais eu un rapport compulsif à  l'héroïne, loin s'en faut. Ce sont deux points importants, qui m'ont permis hier soir d'etre zen, de bien dormir après avoir lu un bon bouquin.

Ensuite, l'idée de n'en reprendre qu'au moment d'un grand départ et d'un changement de vie n'est pas si sotte. Elle permet de bien mettre en place une limite claire, et de lutter contre le désir futur. C'est ce qu'un pote qui a réussi à  en prendre dix ans sans tomber dedans, même s'il ne m'a pas caché que ce n'était pas facile, loin s'en faut, appelle "l'opportunité magique". En l'occurrence, avoir eu une consommation très modérée d'opiacés en Asie, là  où ils sont les meilleurs au monde, et prendre ses distances avec en rentrant en France est un comportement jouable et rationnel, ce sont des circonstances plus fortes et radicales en tout cas que se dire : "allez, samedi prochain, j'arrête". Alors qu'en fait le samedi suivant va ressembler à  tous les autres, et les raisons pour en reprendre vont être banalisées.

Souvent, l'addiction vient du fait que les envies de reprendre se multiplient dans le temps, on y cède, jusqu'à  finir par des prises très rapprochées entre elles. Les gens pensent alors se tenir à  une fois tous les quinze jours, ce qui serait en apparence tout à  fait gérable avec d'autres produits, mais finit par introduire avec l'héroïne une tension psychologique qui fait qu'on ne tient plus jusqu'à  la date prévue. Vu sous cet angle, j'ai l'impression de ne pas risquer tant que ca, tant la conscience de savoir à  quel point ce serait glissant en France s'impose comme garde-fou. 

En même temps, je me dis que c'est peut-être trop facile comme analyse. J'essaie de réfléchir au fait de rentrer en France sans en prendre : qu'est-ce que je ressens? Un peu de frustration, de regrets, de devoir maintenant faire face à  la vie là -bas sans en avoir pris une dernière fois ici. Si j'en prends avant, j'ai l'impression peut-etre trompeuse que j'aurai moins de regrets, une impression, en quelque sorte de satiété, mais si risque il y a, de quelle nature pourrait-il être? Qu'au lendemain, je ressente une sensation forte de culpabilité, de sensation que "c'était si bon" que je n'aurais pas du le prendre, que ca va me manquer encore plus que si je ne l'avais pas pris?

Jusqu'ici, je n'ai jamais ressenti ca, pas au cours de mes seules trois prises, au contraire, à  chaque fois, j'ai ressenti le fait que ce n'est pas aussi terrible que ce qu'on dit, mais est-ce possible de le ressentir différemment du fait même de mes attentes un peu plus fortes cette fois-ci en terme de soulagement, de la tension psychologique que j'ai introduite ces derniers mois avec le produit? Je sais que le lendemain provoque souvent des idées noires et j'essaie d'anticiper la nature que celles-ci pourraient prendre, pour justement qu'elles ne me prennent pas trop au dépourvu, ces petites biatches.
Peut-être ce ne serait rien d'insurmontable, à  ce stade, dans mon cas : mais il faut quand même se méfier de la relation complexe entre envie et appréhension, tout en ne donnant pas prise justement à  ses peurs. Je me demandais si chaque étape est dangereuse en ceci qu'elle rapproche de la prochaine (pas de huitième sans septième, pas de neuvième sans huitième…), ou si chacune d'elle représentait aussi un danger spécifique?

Mon pote me dit lui que ce n'est pas une fois de plus, une fois de moins qui change vraiment la sensation, c'est plutôt de réussir à  vraiment se poser les limites et s'y tenir pour de bon. Il ne faut ni se sentir préservé absolument (excès de confiance), ni en danger imminent (excès de crainte). Ca peut avoir l'air d'un pari fou, ca l'est sans doute, mais en réussissant à  canaliser ca uniquement à  travers un évènement-clé de sa vie (mon passage en Asie), ca peut marcher.

En tout cas, une chose est sure : il faut être conscient de l'attachement, ca ne sert à  rien de le nier et de se faire plein de mouron, mais que plus on se tient éloigné de lui ensuite dans le temps, plus il décroit. Il faut essayer d'envisager ca de la manière la moins émotionnelle possible, justement.

Et aussi, il faut que je réalise : en me prenant trop la tête, je me gâche la vie, je me crée une inutile tension interne.

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prescripteur homme
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Bonjour,
Le probleme que tu soulèves montre que chacun réagit à  sa manière et qu'il n'y a pas de réponse absolue.
Penses à  ta question en remplaçant heroine par alcool. Ce qui change c'est les probabilités de devenir accro (alcoolique) mais certains le deviendront et d'autres pas du tout.
Sur le site il n'y a en principe que des usagers (à  part moi pour les drogues illicites) et souvent "expérimentés" , ce qui fait qu'il y a probablement plus d'usagers "bon contrôleurs" que dans le milieu général des usagers. Comme tu auras plus d'alcoolique en rémission sur un forum éventuel  d'AA. Donc il faut relativiser.
Pour ce qui te concerne, je crois comme ta relation asiatique "que tu penses trop", ce qui te rend plus fragile et risque de multiplier les conséquences psychiques d'une expérience même unique, donc prudence.
Tu connais peut être l'histoire classique des deux moins bouddhistes, un jeune et un vieux sage, qui cheminent dans la campagne. Dans la matinée, ils rencontrent un ruisseau et il y a là  une jeune femme qui ne peut pas traverser. Le vieux sage la prend dans ses bras et la dépose sur la rive de l'autre côté.
Toute la journée qui suit le jeune rumine puis explose le soir  "Vous savez bien qu'un moine ne peut pas prendre une femme dans ses bras. Comment un vieux sage comme vous peut il se comporter ainsi ?".
Le vieux sage répond "Je l'ai porté une minute et immédiatement oublié mais toi tu la portes dans ton esprit depuis ce matin".
Amicalement

S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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BedBug
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Oui effectivement tu semble avoir beaucoup creusé la question, et continuer à  creuser. Ta réflexion sur le sujet, les questions que tu te pose ne sont pas dénués d'intérêt et de bon sens mais je rejoins prescripteur et cette (super) dame

La Dame a écrit

Ne pense pas trop

Non pas qu'il faille arrêter de penser, non pas qu'il faille forcement foncer sans réfléchir mais parce que cette masse de réflexion augmente tes angoisses, donc tu réfléchi d'autant plus et ça t'angoisse encore plus et ainsi de suite. Tu semble être dans un moment un peu compliqué, un moment charnière, de ta vie cela arrive à  tout le monde et il ne faut surtout pas fixer sur le mal (sans pour autant l'ignorer).

Pour ce qui est de l'héroïne, oui c'est un produit potentiellement dangereux mais d'une part beaucoup de produits peuvent devenir problématique en cas de lâché prise. Certes l'héroïne peut t'emmener loin et surtout bien bas si tu fais n'importe quoi, si tu as une fragilité, etc mais n'oublie pas qu'en ce qui te concerne jusqu'à  maintenant tu a toujours eu une consommation raisonnée/contrôlée. Alors ne rien prendre c'est toujours mieux c'est sûr mais si tu as envie de faire un écart et que tu garde à  l'esprit le fait qu'il faut être raisonnable il n'y a pas forcement de raisons pour que cela dégénère. Par contre si tu ressent l'envie, le besoin de consommer pour panser une plaie qui s'ouvre de plus en plus là  effectivement on est d'accord il faut garder autant que possible le pied levé pour éviter/limiter le piège de l'escalade.

Tu es cohérent dans tes cogitations et tu semble être quelqu'un de conscient et de réfléchis donc ne t'inquiète pas plus vite que la musique. Après si tu veux couper définitivement les ponts avec cette consommation personne ici ne te dira que c'est une connerie mais si tu décide de garder une consommation occasionnelle, comme beaucoup ici, personne (bon à  part 2 ou 3 grincheux) ne trouvera quelque chose à  redire. L'important ce n'est pas le fait de consommer c'est comment cette consommation s'exprime. Entre quelqu'un qui boit un peu de bon vin pendant un repas de temps en temps et quelqu'un qui commence sa journée au whisky sec il y a de la marge.  :)

Heguel a écrit

Mon pote me dit lui que ce n'est pas une fois de plus, une fois de moins qui change vraiment la sensation, c'est plutôt de réussir à  vraiment se poser les limites et s'y tenir pour de bon. Il ne faut ni se sentir préservé absolument (excès de confiance), ni en danger imminent (excès de crainte).

Je suis tout à  fait d'accord avec ça. Il ne faut pas être insouciant mais un excès de pessimisme peut être un réel frein à  ton épanouissement. Ce moment charnière de ta vie plus tous ces questionnements cause certaines de tes craintes/angoisses mais ce moment n'est que passager. Par contre il peut être intéressant de creuser un peu pour trouver ce qui te cause ses angoisses, cette sorte de sentiment d'insécurité qui te pousse à  tout réfléchir en 3 exemplaire (enfin je fais un gros raccourcis je ne te connais pas ça serait bien présomptueux de prétendre à  avoir complètement cerné ce qui te pèse/tracasse).

Pour finir, histoire de ne pas faire trop long (trop tard je sais), j'aurais tendance à  penser qu'il faut que tu essaye autant que possible de ne pas subir cette période que tu traverse. Au contraire essaye de surfer sur la vague (je sais c'est plus facile à  dire qu'a faire). Essaye d'en profiter pour faire des projets, occuper le plus possible le vide que peut laisser ce changement et qui augmente ton envie de compenser avec un écart crapuleux qui finalement ne sera pas forcement si crapuleux que ça (tant que ça reste un écart). wink

Prend soins de toi.

Dernière modification par BedBug (22 septembre 2015 à  14:00)


* Il est admis que les comprimés ne sont pas systématiquement des imbéciles diplômés. Pierre Dac.
* Le savoir est la seule matière qui s'accroît quand on la partage. Socrate.
* Ah merde, désolé, je suis bourré; laissez moi le temps de me redire. BedBug.

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BedBug
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prescripteur a écrit

Sur le site il n'y a en principe que des usagers (à  part moi pour les drogues illicites) et souvent "expérimentés" , ce qui fait qu'il y a probablement plus d'usagers "bon contrôleurs" que dans le milieu général des usagers. Comme tu auras plus d'alcoolique en rémission sur un forum éventuel  d'AA.

Oui tout à  fait et puis, sans vouloir faire la mauvaise langue, cela reste internet et un forum. Peu de personnes ici se connaissent vraiment, on est derrière un écran, on a le temps pour répondre et on peut éditer nos messages après les avoir postés donc on peut toujours arrondir les angles sur un retour d'expérience (minimiser sa propre conso, enjoliver une histoire, etc) sans pour autant que cela se voit, ou plutôt se lise. yikes hmm

Dernière modification par BedBug (22 septembre 2015 à  13:46)


* Il est admis que les comprimés ne sont pas systématiquement des imbéciles diplômés. Pierre Dac.
* Le savoir est la seule matière qui s'accroît quand on la partage. Socrate.
* Ah merde, désolé, je suis bourré; laissez moi le temps de me redire. BedBug.

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Heguel homme
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(Je réponds un peu tard mais j'ai pas internet chez moi, c'est un peu compliqué). Très joli ce conte philosophique, Prescripteur. Oui, je suis d'accord avec toi sur mon profil de "cogitateur" intense, donc il faut que je sois prudent, car les idées obsessionnelles traduisent de l'anxiété, alors il faut faire attention à  ne pas justement fournir trop de motifs a les alimenter.

C'est assez étrange, car à  l'époque j'avais laissé un message sur un autre forum, Doctissimo, en disant : tiens, je viens de choper un peu d'héro, j'ai envie d'essayer, une première, et TOUS les intervenants avaient tenté de me décourager en prédisant le pire à  coup sur... Et pourtant j'y étais allé quand même, dans le fond je respectais, je comprenais ce qu'ils me disaient, mais je n'y croyais pas pour moi. Une sorte de confiance en moi absolue. Et là , j'ai un doute, beaucoup d'autres usagers tentent de me rassurer, mais ça ne le lève pas, alors que je devrais normalement être beaucoup plus confiant. Il y a peut-être du sens à  trouver là -dedans.

Bedbug, tu as tout à  fait raison, le contexte n'aide pas. Je suis effectivement à  un tournant important et je manque de sérénité, j'ai l'impression que je ne vais plus arriver à  rien faire, je doute de moi, de ma capacité à  encaisser meme une prise, j'en parle ici en l'occurence, mais aussi à  retrouver une partenaire, à  assurer une motivation professionnelle. La seule chose qui me motive, en ce moment, c'est de pouvoir serrer mes parents dans mes bras au retour, dans ces moments durs on devient un peu régressif et l'enfant qui sommeille en nous se réveille et s'exprime. En ce moment, on échange pas mal au téléphone, ils font ce qu'ils peuvent pour me remonter le moral, pour m'aider à  ré atterrir en France en proposant de m'héberger un temps, ils font ce qu'ils peuvent alors qu'ils vieillissent et ont des difficultés d'argent, ma soeur, beaucoup plus jeune, a des problèmes d'insertion professionnelle et ils comptent sur moi pour la motiver...

Franchement, je les adore, je me dis que je suis chanceux d'avoir une famille aimante, alors que plus jeune je les fuyais pour aller parcourir le vaste monde. Je culpabilise de ce désir de consommer car je me dis que si je m'ajoutais des problèmes psycho-médico alors ca leur ferait du mal, et je m'en voudrais atrocement. Si ils n'étaient pas là , je me prendrais sans doute moins la tete à  ce sujet (bon sachant qu'il n'y a pas eu non plus trop matière à  se prendre la tete jusqu'ici, j'entends aussi ce que tu dis à  ce sujet). Comme j'écrivais plus haut, j'en ai fait des mauvais rêves. 

Tu as raison qu'il faudrait pouvoir surfer comme sur une vague et se propulser en avant, d'ailleurs dans le passé j'avais ce type d'attitude. Mais en ce moment j'ai du mal à  l'adopter, j'ai perdu la recette, le "mojo", d'ou sans doute l'espèce d'importance tout à  fait excessive que j'accorde à  cette histoire de consommation, comme si en me décidant là -dessus ca allait pouvoir caler tout le reste de façon presque magique. Il faut remettre chaque chose à  sa place.

Merci en tout cas pour vos commentaires à  tous deux. Bedbug, toi, fais-tu partie des gens qui réussissent à  bien gérer leur conso? (Bon tu n'es pas obligé de me répondre ceci=dit). En tout cas tu m'as l'air toi aussi d’être très structurée comme personne. Il y a décidément des gens intéressants par ici.

Dernière modification par Heguel (23 septembre 2015 à  12:46)

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BedBug
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Heguel a écrit

j'avais laissé un message sur un autre forum, Doctissimo, en disant : tiens, je viens de choper un peu d'héro, j'ai envie d'essayer, une première, et TOUS les intervenants avaient tenté de me décourager en prédisant le pire à  coup sur...

Oui enfin Doctissimo c'est déjà  limite quand tu veux soigner un bouton d'acné alors pour y parler consommation d'héroïne. Il faudrait également voir combien de tes interlocuteurs avaient déjà  pris au moins une fois de l'héroïne et plus globalement une drogue autre que l'alcool, la fume et accessoirement les benzo. wink


Heguel a écrit

Bedbug, toi, fais-tu partie des gens qui réussissent à  bien gérer leur conso?

La question qui tue. J'ai envie de te dire "ça dépend" c'est très relatif, certains diront que je gère pas trop mal, d'autres que je consomme trop et d'autres encore diront que compte tenu de mon profil médical un peu c'est déjà  trop. Déjà  un point important qui nous différencie c'est qu'en dehors de quelques très rares exceptions je prend jamais d'opiacé; mon truc à  moi c'est surtout les stimulants. Ca change pas mal de chose dans la manière de consommer, le contexte de consommation, etc et puis en dehors de quelques produits comme la cocaïne c'est plus compliqué d'en prendre un peu comme ça un soir en semaine si tu as des trucs à  faire le lendemain (et puis j'ai plus 20 ans).

Personnellement en tant que consommateur régulier je considère que je gère globalement pas trop mal ma consommation, je peux faire des gros écarts et ne rien prendre pendant 2 ou 3 mois (enfin plus 2 que 3 généralement). Mais dire que je gère totalement serait trop simpliste et faux ne serait ce que parce qu'il y a des gros écarts. Après oui je ne me met pas la tête h24, je fais autant que possible des pauses entre les périodes d'abus, etc mais bon l'ardoise n'est jamais vide à  la fin de l'année.

Un truc qui m'aide beaucoup c'est qu'avec le temps je n'ai quasiment plus aucun plan de proximité ou alors pour des qualités qui ne m'intéressent pas. Il faut que je me déplace "loin" ou alors c'est des contacts à  l'étranger et sinon le deep web. C'est naturellement limitant et ça me force à  fonctionner par vague. Je budgétise mon écart, j'achète, on tape tout, j'arrête car j'ai plus rien.

Et puis j'ai une femme un peu plus raisonnable que moi qui me botte le cul si je déconne trop ça aide aussi pas mal.

Dernière modification par BedBug (24 septembre 2015 à  17:52)


* Il est admis que les comprimés ne sont pas systématiquement des imbéciles diplômés. Pierre Dac.
* Le savoir est la seule matière qui s'accroît quand on la partage. Socrate.
* Ah merde, désolé, je suis bourré; laissez moi le temps de me redire. BedBug.

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Heguel homme
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Non, pour Doctissimo, ils avaient des sous-forums, consacrés a toutes sortes de questions de santé, un peu comme ici avec les drogues, et dans celui sur la toxicomanie, ceux qui avaient répondu, c'etaient tous des usagers ou ex-usagers, il y en avait un Jeff, qui m'avait fait tout un topo sur la mécanique de l'addiction, plutot pas mal, il me racontait comment tu en arrives a consommer chaque week-end déculpabilisé, car tu penses gérer, et en fait tu te rends compte a ce moment que tu es bien pris dans les griffes du truc.

Oui, les stimulants je pense que ca se gere plus, enfin, je n'ai pas testé tant que ca, a part un peu de C de temps en temps. Ici j'ai des potes qui ont touché du yaba, mais ca les a mis dans un état de barge, ca m'a dissuadé d'essayer.

Tu me parlais de "exces de pessimisme qui freine l'épanouissement", je suis tout a fait d'accord avec ca, d'autant que l'idée de m'appuyer sur le changement de vie ensuite avec le départ de l'Asie (et donc un changement radical d'environnement), je ne trouve vraiment pas ca si bete, et j'essaie de déculpabiliser d'en prendre un peu avant de partir.

En fait, l'héro tu as deux facons de voir : tu as ceux qui disent comme toi, "c'est un prod comme un autre", juste un poil plus roublard et vicieux. Tu as des commentaires de mecs qu'en prennent en descente en soirée, de temps en temps, les mecs qui chassent le dragon une fois par mois, puis tu as tout un discours un peu empreint de mystique. d'un truc d'une emprise sans limite. Bon exemple ici :
https://moijuliettef.wordpress.com/2015 … en-soiree/
"La petite voix étrangere qui l'interpelle..." Sans déconner, il y a qu'avec l'heroine qu'on fait ca, on dit pas avec la meth : "Deux mois plus tard, la voix de la meth l'interpelle..." On pourrait retourner le truc en disant, "ca lui a plu, elle a le désir d'en reprendre un peu plus rapidement qu'il ne faudrait..."mais en transformant la personne comme sujet passif pris dans un piege, c'est vachement impressionnant comme effet, moi je lis ca j'ai l'impression que la voix m'appelle aussi, ca me fout les chocottes, je suis une flipette en fait je me rends compte. :)
Je peux pas donner entierement tort au toubib, le "prescripteur" de me dire que je risque des "complications psychiques" a en reprendre, et pourtant si je tape pas ici avant de partir, je taperai ou? Pas a Paname, ca c'est sur il faut pas. Je suis peut-etre trop severe et parano avec moi-meme, ou pas assez, je ne sais plus.

(Bon sinon hier j'ai fait du foot et ca m'a quand meme decontracté, j'etais moins en etat Calimero)

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