Article de Courrier International

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mariemeuh femme
Psycho junior
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209 messages
Bonjour

Dans "Courrier International" (très bien fait sur le sujet brûlant depuis 15 jours) un article (que j'ai recopié) sur l'épidémie d'héroïne aux USA....

Rien de bien neuf sous le soleil, mais quand ce sont des Blancs qui sont addicts, les candidats à  la présidentielle réagissent..... Je ne sais s'il faut dire "enfin? " . Le débat est il en train d'avancer? Les UD d'héroïne sont ils des malades?

On y parle aussi de la naxolone (loi du bon samaritain)...

Les positions avancent petit à  petit, il y a des maladresses.....

Bonne lecture en tout cas, et si vous pouvez acheter Courrier International, de très beaux dessins de presse qui se passent de tout commentaire.


Courrier International n° 1308 du 25 novembre au 2 décembre

Etats-Unis. L'héroïne nouveau front de la lutte antidrogue.

Confrontées à  une forte recrudescence de la toxicomanie, en particulier chez les blancs des Etats du Nord-Est, les autorités américaines commencent à  revoir leur approche répressive en matière de stupéfiants.

Extraits du New York Times

De New Hampton (New Hampshire)

Quand Courtney Griffin prenait de l'héroïne, elle mentait, disparaissait de chez elle et volait de l'argent à  ses parents pour satisfaire une addiction qui lui coûtait 400 dollars (environ 375€) par jour. Sa famille payait ses dette, elle n'a jamais porté plainte et a gardé le secret sur sa toxicomanie jusqu'à  ce que la jeune fille succombe à  une overdose l'année dernière. Lors de ses funérailles, ses parents ont décidé de rendre publique la réalité  : leur fille, belle et brillante, qui avait tout juste 20 ans, qui jouait du cor au lycée et rêvait de vivre à  Hawaï, avait été renvoyé du corps des Marines pour usage de drogues. Elle avait fait une overdose au domicile de la grand-mère de son petit ami, où elle était morte seule.
« Quand j'étais gosse, les junkies étaient un cauchemar, raconte le père de Courtney, Doug, 63 ans, dans son confortable domicile du New Hampshire. J'avais un bureau à  New York. Je les voyais tous les jours  ». Il souligne qu'il n'emploiera plus jamais le mot « junky  » en expliquant  :  « Aujourd'hui, ils travaillent à  vos côtés et vous n'en avez même pas conscience. Ils sont dans la chambre de ma fille... Ils sont ma fille.  »

    Aux Etats-Unis tant que la guerre contre la drogue visait surtout l'épidémie de crack et se déroulait principalement dans les zones uraines nires, la réaction des autorités se traduisait par une tolérance zéro et de lourdes peines de prison. Mais l'actuelle épidémie d'héroïne est différente. Si la consommation de ce stupéfiant a augmenté dans tous les groupes démographiques, elle a littéralement explosé chez les blancs. Près de 90% de ceux qui ont essayé l'héroïne pour la première fois au cours de la décennie écoulée étaient blancs. Et la cohorte grandissante des familles dont l'un des membres a sombré dans l'héroïne  (aui pour beaucoup vient en banlieue ou dans de toutes petites villes) utilisent aujourd'hui leur influence, leur colère et leur chagrin pour tenter d'adoucir l'approche du gouvernement. Ils tentent de faire changer le discours sur l'addiction et demandent aux autorités de la traiter non comme un crime mais comme une maladie.

Intense lobbying  « Du fait que les personnes touchées aujourd'hui sont blanches et issues de la classe moyenne, leurs parents ont une meilleure capacité d'action  », observe Michael Botticelli, surnommé « le tsar de la drogue  ». « Ils savent comment contacter un législateur, comment faire pression sur les assureurs, comment se défendre. Ils ont joué un rôle majeur dans la réorientation du débat.  ». Lui-même ancien alcoolique, sobre depuis 26 ans, Michael Botticelli s'entretient régulièrement avec certaines de ces familles. Ces dernières n'hésitent pas non plus à  s'adresser directement aux parlements locaux, à  organiser des meetings et à  créer des associations, contribuant ainsi à  grossir les rangs de ceux qui se dressent contre la brutalité de la répression antidrogue. Désormais, l'approche punitive perd du terrain au profit de la compassion.

    Les candidats des 2 partis à  la présidentielle de 2016 évoquent ouvertement l'épidémie de drogue. La démocrate Hillary Clinton a organisé des forums sur cette question, et les cndidats républicains tels que Jeb Bush et Carly Florina ont plubliquement raconté leurs drames familiaux en appelant à  plus d''empathie. Le président Obama lui-même s'est récemment rendu en Virginie Occidentales, Etat à  majorité blanche qui a enregistré un nombre élevé d'overdoses, afin d'y dévoiler une proposition qui permettrait d'allouer 133 millions de dollars à  l'amélioration de l'accès au traitement pour les toxicomanes et à  la mise en place de programmes de prévention. Le ministère de la Justice a, pour sa part, libéré au tout début du mois de novembre environ 6 000 détenus des prisons fédérales dans le cadre d'une réforme visant à  revenir sur les peines sévères infligées au cours des dernières décennies pour les petits délits liés au trafic de stupéfiants. Et certains services de police locaux ont même cessé de poursuivre les héroïnomanes. Ainsi, à  Gloucester dans le Massachusetts, les personnes qui se rendent spontanément au poste de police pour demander de l'aide ne sont plus arrêtées, même si elles portent sur elles de la drogue ou des seringues, mais elles ont orientées vers des centres de traitement.  Cette approche a été adoptée par plus d'une trentaine d'autres services de police à  travers le pays. « La manière dont ces politiques évoluent et leur rapport avec la couleur de peua sont assez frappants  », observe Marc Mauer, directeur exécutif du Sentencing Project, ONG basée à  Washington et spécialisée dans les questions raciales au sein du système judiciaire.

Overdoses Pourtant, comme d'autres experts, il souligne qu'un large consensus est en train d'émerger  : le problème de la drogue ne sera pas réglé par les seules arrestations, mais par le traitement des toxicomanes. Des parents comme ceux de Courtney soulignent que les politiciens et responsables policiers réagissent également ainsi parce qu  »ils ont réalisé que la politique adoptée jusqu'à  présent ne fonctionnait pas  ».

    La propagation de l'héroïne dans les banlieues et les petites villes n'est en réalité que le prolongement d'une vague d'addiction aux médicaments antidouleur opiacés qui sévit depuis longtemps. Ces 2 phénomènes sont en train de ravager le pays. Le nombre de morts directement liées à  l'héroïne a atteint 8 260 en 2013, soit 4 fois plus qu'en 2 00, et est venu aggraver ce que certains qualifiaient déjà  de pire épidémie d''overdoses de toute l'histoire des Etats-Unis.

    Les overdoses sont aujourd'hui responsables de plus de décès que les accidents de la route, des médicaments tels que le puissant opiacé Oxycontin et d'autres antalgiques tuant 44 personnes par jour.
    Ici en Nouvelle Angleterre, les autorités commencent à  prendre la mesure de l'épidémie. Vielles villes industrielles, paisibles bourgades et hameaux perdus sont le théâtre presque tous les jours de réunions sur la drogue, de task forces, de veillées citoyennes, de déclarations officielles et de reportages sur la crise de l'héroïne.
    Le Nex hampshire est représentatif des Etats les plus durement touchés. L'année dernière, 325 personnes y sont mortes, d'overdose d'opiacés, soit une augmentation de 68% par rapport à  2013. Des centaines d'autres morts potentielles ont pu être évitées grâce aux interventions des personnels médicaux d'urgence, qui, à  plus de 1 900 reprises l'année dernière, ont administré de la naloxone, une substance qui annule les effets des overdoses.

    Plan d'action L'Etat du New Hampshire se classe également à  la 2ème place derrière le Texas pour ce qui est des prises en charge dans les programmes de traitement. Les autorités locales indiquent qu'environ 100 000 résidents du New Hampshire auraient besoin d'un traitement, mais que le système public ne peut répondre qu'à  4% de ces cas.   
    Comme c'est dans cet Etat que se déroule traditionnellement la première primaire de la course à  l'investiture de l'élection présidentielles, les habitants interpellent régulièrement les candidats sur la question. A sa grande surprise, Hillary Clinton a constaté que la toute première question qui lui a été posée en avril dernier, lors de sa première réunion de campagne(....) ne prtait ni sur l'économie ni sur le système de santé, mais sur l'héroïne. Le mois dernier, elle a présenté un plan de 10 milliards de dollars pour combattre et traiter l'addiction aux drogues au cours de la prochaine décennie. (…..)

« J'ai une expérience personnelle de ce problème en tant que père, et c'est l'épreuve la plus dévastatrice qu'un parent ait à  subir  » a ainsi déclaré l'ancien gouverneur Jeb Bush (….) . Sa fille Noelle a été emprisonnée à  2 reprises pour s'être procurée des antalgiques et avoir consmmé du crack alors qu'elle suivait une cure de désintoxication. (….)

    Certains intellectuels noirs se félicitent de ce changement d'approche tout en regrettant que les appels allant dans le même sens, mais lancés par des Africains-Américains, aient été largement ignorés jusqu'ici (….). « C'est difficile de ne pas remarquer que si cette compassion s'était manifestée à  l'égard ds Africains-Américains piégés par l'addiction et les comportements délictueux qu'elle génère, l'impact dévastateur de l'incarcération de masse sur des communautés entières ne se serait jamais produit  ».

Bon Samaritain. Aujourd'hui l'agitation politique que suscite l'épidémie d'addiction à  l'héroïne a contribué à  créer ce que t. Tourke, président de la commission sur l'abus de drogue et d'alcool (…) qualifie de « dynamique vers le changement  ». Parmi les lois récemment votées par les instances légales du New Hampshire figue un texte qui permet aux amis et parents d'une pesonne héroïnome d'avoir accès à  la naxolone. Quelques mois après la mort de sa fille, M. Griffin s'est joint aux personnes qui ont témoigné en faveur de ce texte de loi. A force de lobbying, d'autres parents dans la même situation que lui ont réussi à  faire adopter des mesures analogues dans d'autres régions. Presque tous les Etats ont adopté des lois u mis en place des programmes pilotes facilitant l'accès à  la naxolone pur les intervenants médicaux ou les proches de drogués. Et 32 Etats ont voté des lois dites « du Bon Samaritain  », qui protègent de toute poursuite, pour les cas d'infractions mineures, les personnes appelant le numéro d'urgence de la police pour signaler une overdose.

Problème blanc. Il y a une génération, lorsque les militants dénonçaient comme raciste la tendance à  punir beaucoup plus sévèrement les délits liés au trafic ou la consommation de crack, qui étaient dans la grande majorité des cas le fait de Noirs, que ceux concernant la cocaïne, une drogue surtout consommées par les Blancs, les politiciens des 2 partis défendaient cette politique en affirmant qu'elle était nécessaire pour lutter contre la criminalité. Mais aujourd'hui alors que l'héroïne fait principalement des ravages dans les communautés blanches du Nord est des Etats Unis et du Midwest, et alors que la criminalité est en forte baisse, l'heure est à  l'indulgence. « L'image comme la réalité montrent qu'il s'agit d'un problème blanc, et qu'il touche souvent la classe moyenne  » rappelle Marc Mauer. Il est donc logique que nous ayon un débat beaucoup plus large sur la prévention et le traitement, et que nous tentions d'être constructifs dans notre réponse à  ce problème. C'est une bonne chose. Je ne pense pas qu'il faille envoyer ces gamins blancs en prison pour montrer que nous traitons tout le monde de la même façon  ».

    Aussi des policiers (…) sont encouragés à  inventer de nouvelles réponses. Adams est désormais employé à  plein temps par le département de la police  pour s'occuper des personnes ayant fait une overdose et les aider à  obtenir un traitement. « Ma façon de considérer l'addiction a changé du tout au tout, explique-t-il. Je ne saurais pas vous dire ce qui a changé en moi, mais ces gens sont des personnes,et en tant que policiers nous ne pouvons pas les regarder autrement. Ils commettent des délits pour satisfaire leur addiction et uniquement pour ça. Ils ont besoin d'aide  ».

                        Katharine Q. Seelya Publié le 30 octobre.

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