Bonsoir,
Je suis contente d'être tombée sur ce site qui regorge de personnes qui pourraient m'éclairer.
J'ai 30 ans, je travaille comme éducatrice dans un centre d'hébergement d'urgence pour homme. Je suis vraiment dans le non-jugement et je vais vous présenter une situation de façon totalement anonyme car j'ai besoin de comprendre pour accompagner cette personne.
J'accompagne socialement et ce depuis 10 mois maintenant un Monsieur étranger (barrière de la langue, nous échangeons un peu en anglais) et qui est âgé de 38 ans. Cela fait 4 ans qu'il a quitté son pays (ancienne république soviétique). Il est "seul" en France (pas vraiment de réseau).
C'est un ancien consommateur d'
héro et de
coke (2 ans de conso me semble-t-il, dans un pays limitrophe à la France). Il avait arrêté depuis juillet 2017 (il avait un
TSO qu'il a arrêté progressivement). En septembre, il a fait comme une crise maniaque et depuis il avait un traitement psy (depakote,
temesta, clopixol). Je ne saurais vous donner la posologie de tête.
Vendredi matin, alors que je m'inquiétais de ne toujours pas voir ce monsieur qui vient toujours me dire bonjour dès que j'arrive, je suis allée faire un tour dans sa chambre vers 10h. (J'ai appris plus tard qu'une infirmière était passée vers 7h dans sa chambre et ne lui avait pas donné ses médicaments prétextant que Monsieur était "bourré" (c'est ses termes, pour vous montrer à quel point les partenariats sont compliqués lorsqu'il s'agit de personnes en prise avec certaines addictions), un collègue avait fait le tour des chambres vers 9h me disant qu'il "dormait". Mais une intuition peut-être, j'ai voulu aller le voir.
J'ai retrouvé ce monsieur plié en deux, avec de la bave séchée et des traces de salive colorée sur son pull, ses yeux plus ou moins révulsés et une respiration très pénible (comme si on entendait les sécrétions, c'était très lourd, on sentait qu'il peinait à respirer). Ni une ni deux, j'ai appelé le 15.
Il était à 80% d'oxygène, 10 de tension et fièvre.
Plus tard à l'hôpital, j'ai su que c'était pas prise de SPA :
héro en injection +
coke sniffée. Je ne connais pas les quantités. Après quelques investigations, il aurait fait ce shoot la veille, dans la soirée. Il ne sait même pas comment il est rentré au foyer (un "ami"?).
L'appel au 15 l'a sauvé car ses reins ne fonctionnaient plus, il avalait ses sécrétions, son foie avait dit stop et son coeur était en détresse. Pardon, ce ne sont pas des termes médicaux. Mais pour vous dire qu'il était très mal en point.
Depuis son shoot, Monsieur n'arrive plus à soulever ses jambes. Il arrive à bouger les pieds allongé sur son lit d'hôpital mais pas plus. Les médecins ont pris conscience de cela lorsque je leur ai signifié le lendemain, quand je suis allée lui rendre visite (un weekend, hors temps salarié). Pour vous dire comme les prises en charge de personnes ayant overdosé sont assez légères. Il a été transféré en cardio pr surveiller le coeur. Mais on n'en sait pas plus pour les jambes.
1ère question : l'overdose est-elle "instantanée"? Je m'explique : a-t-il pu faire son OD dans la nuit plusieurs heures après injection +
sniff? Ce qui expliquerait qu'il était encore en "vie" vers 10h du matin? Ou n'est ce pas possible du tout?
2ème question : Avez-vous déjà vécu cette paralysie des jambes (biceps cuisses)? Monsieur sent quand on lui touche la cuisse mais il est dans l'incapacité de soulever ses jambes ou de se mettre debout. J'espère que c'est une paralysie temporaire? L'infirmière de l'hôpital n'avait jamais vu ça.
Je vous remercie par avance pour votre aide.
J'ai envie d'être là pour ce monsieur, je lui apporte ma présence, mon écoute, mes visites et surtout mon non jugement. Il a pris conscience qu'il a frôlé la mort. Je pense qu'il ne le vit pas très bien...
Que puis-je faire de plus?
Merci à tous.