Bonjour,
Dans ton témoignage, il y a du positif car malgré ton jeune âge, tu te demandes pourquoi tu as envie ou besoin de
codéine. Tu as conscience que c'est un besoin de détournement et tu te dis qu'il y a une raison derrière, je trouve que c'est très mature de ta part.
Il n'y a pas toujours de raison derrière un détournement d'
opiacés car il s'avère qu'une frange de la population est très réceptive à ce type de molécule qui va procurer du plaisir, un effet qui peut être anxiolytique ou antidépresseur et donc générer pour le cerveau une folle envie de se vautrer dedans puisque lui ce qu'il veut c'est un max de plaisir.
Il y a des gens qui vont donc faire un usage récréatif des
opiacés en tentant de garder le contrôle (espacement pour ne pas devenir dépendant). Pour d'autres également réceptifs, l'opiacé va être détourné car il a une fonction utilitaire comme calmer des angoisses ou des manifestations dépressives par son aspect cotonneux, apaisant.
Tu vois, pour moi, j'ai détourné la
codéine 10 ans pour tenir en laisse de très puissantes angoisses puis un jour, lorsque la balance entre l'apaisement et les effets négatifs de la
codéine (estomac en vrac, micro occlusions intestinales à répétition, confusion en journée pour travailler alors que je ne prenais la
codéine qu'en me couchant, fatigue chronique, perte de liberté, mensonges pour cacher mon addiction...) a commencé à pencher vers le moins, j'ai enfin été prête à réduire ma consommation.
J'ai commencé un
sevrage dégressif cachet par cachet, en prenant tout mon temps et quand la
codéine a cessé d'être en vente libre, j'ai consulté en
CSAPA (addictologie). J'ai fini mon
sevrage dégressif en décembre 2017. De 24 cachets de codoliprane pris d'un coup le soir en me couchant à zéro en un an et demi environ, c'est long mais j'ai fait le plus dur avec une addictologue super qui a diagnostiqué un trouble anxieux généralisé chez moi.
Finalement, elle m'a lancée sur le chemin de la guérison de cette anxiété qui était la raison de mon addiction et ça n'a pas de prix. Le
sevrage dégressif correspondait mieux à ma personne (et mon foie ayant eu la chance de ne pas être détruit par 10 ans de
paracétamol à outrance). Il m'a permis de me détacher peu à peu de cette longue addiction et la difficulté (vers la fin) ça a été pour moi un moyen supplémentaire de dissuasion si l'envie revenait (enfin j'espère).
Trouver des réponses, ça peut donc être très utile et je me dis que j'aurai pu faire cela bien avant mais je n'étais pas prête, c'est comme ça.
Même si actuellement tu ne parais pas dépendant, tes questions sur l'origine de ton envie de
codéine devraient peut être te pousser à en parler à ton psy si tu en as un pour ta dépression car c'est peut être pour cela que tu as ce besoin. On se sent si mal en dépression que quand on est réceptif, la
codéine apporte un bien être réel. Etre mieux couvert par ton traitement contre la dépression pourrait peut être faire partir cette envie de
codéine, qui sait ?
La raison est peut être autre et si ton psy ne peux pas t'aider tu pourrais tenter d'aller voir un addictologue en
CSAPA ou autre type de service. On a pas besoin d'être dépendant pour aller en voir un car ils peuvent aussi aider pour éviter de glisser doucement. Avec un bon interlocuteur, tu auras peut être de l'écoute et de l'aide.
Ici personne ne juge le détournement d'un médicament ou l'usage de stupéfiant mais c'est vrai que tu es si jeune que tant pis, je ne résiste pas à l'envie de te dire que si tu peux éviter l'addiction aux
opiacés, fait le. Si tu peux en prendre une fois de temps en temps pour le plaisir, tant mieux. Si au contraire tu as envie et besoin d'en prendre pour combler un malaise non identifié, tu pourrais plonger et la prochaine fois, 6 ou 7 cachets ne suffiront peut être pas.
Fais donc bien attention à toi d'autant que la
codéine n'est plus en vente libre et s'il faut en plus aller jouer un air de pipeau à divers médecins pour t'en procurer, ça risque de ne pas arranger ta dépression parce qu'en terme d'estime de soi, ça pourrait ne pas être top (je sais que pour certaines personnes il n'y a aucune gêne à faire cette tournée mais pour d'autres c'est un carnage mental. Personnellement, je n'ai obtenu de
codéine sur prescription médicale qu'en allant au
CSAPA début août 2017, avant je l'achetais en pharmacie en faisant une tournée dans tout Paris pour ne pas qu'on me reconnaisse. C'étais ridicule, mais pendant ma pause déjeuner ou le soir, je marchais des heures ou je prenais le métro pour faire mes courses pour plusieurs jours ou semaines quand je partais en vacances. Quel boulet moral. On ne s'en rend compte qu'une fois que c'est fini...).
Prends bien soin de toi, continue à réfléchir, va consulter et ensuite agit du mieux que tu le pourras.