Salut à tous,
Ça risque d'être un peu long, je m'en excuse. J'suis juste en détresse totale et fallait que je lâche un peu tout ça, et savoir si
quelqu'un aurait une réponse à ma question:
est-ce qu'on peut vraiment sortir des drogues? J'parle plus de
crack que d'autre chose, mais pour mon compte, j'ai été dans une espèce de
descente aux enfers.
Ça fait longtemps que j'suis les forums, sans jamais vraiment oser dire quoi que ce soit. Honte je pense. Mais si ça peut aider des gens à ne pas faire les mêmes conneries que moi, alors, au moins, ç'aura été utile.
Remise en contexte, partie longue, pardon. J'ai commencé tôt. Premiers
joints peu après mes 13 ans, puis peu après, tout part en vrille.
J'étais une gamine un peu perdue, j'me sentais pas à ma place au bahut et j'avais besoin de me sentir acceptée quelque part. Je trainais pas mal dans les catas à cette période, en m'enfuyant par ma fenêtre quasiment tous les soirs (habitant au premier, je me cassais souvent la gueule, mais jamais j'me suis faite spotted, thank the Lord). J'm'étais faite un p'tit groupe de potes là-bas, tous aussi duper les uns que les autres, plutôt adorables à leur manière. Mauvaises fréquentations qui font du bien.
Ai été alors initiée à quelques trucs sympathiques comme le
LSD, la kéta, le vrai bon
speed, et à peu près tout ce qu'on aime bien en teuf. Sans vraiment réfléchir au fait que j'étais
peut-être un peu jeune. Qu'est-ce qu'on s'en fout quand on se sent mal de savoir si ce qu'on fait est bien ou non.
Spoiler J'vous passe les détails, mais après un épisode sympathique où un de mes meilleurs amis de l'époque, T., avait tenté (ou réussi, j'en garde pas trop de souvenir, bonsoir l'alcool et canna, mais c'est pas plus mal dans le fond) de me violer bien pepouze, j'ai cru que j'avais atteint le fond. Merci d'ailleurs à la policière qui te sort ''si vous étiez sous influence de psychotropes, rien ne nous dit que vous ne regrettez juste pas votre acte. On ne peut pas juste porter plainte parce qu'on regrette une relation sexuelle, vous le savez? '' Et puis j'ai rencontré C., qui était adorable, jolie comme un cœur et complètement toxico. On se rapproche, et on finit par sortir ensemble. Différence d'âge de 5 ans, osef, c'était la seule qui avait réussi à me redonner un peu d'espoir. AHAHA que c'est mignon...
C. avait cette particularité de vouloir faire de moi un mini elle. Elle m'initie à la
coke, et petit à petit, chaque rendez-vous se transforme en séance de défonce. J'teste pas mal de trucs, me tape un nombre de bad pas possible avec le L, mon amour pour la kéta grandit.
Puis j'ai 14 ans. Elle m'explique qu'il faut que je teste un truc, parce que la
coke c'est sympa, mais qu'il y a mieux. Toujours.
C'est à peu près deux semaines après mon anniv que j'ai eu le bonheur de tester le kek pour la première fois.
Je ne sais pas trop comment est-ce que je peux résumer ça. Euphorie et bien-être je présume? On passait du temps à fumer, sur des nuits entières parfois, à se taper des grandes barres, à se dire qu'on allait BIEN. Et qu'on pouvait arrêter quand on voulait. Comme je le disais : qu'est-ce qu'on est mignon quand on est naïf.
14 balles. C'est pas cher la défonce. J'avais pas de thunes, mes parents sont l'exact opposé des gens blindax. J'me suis mise à voler dans les sacs des gens de mon bahut, puis à bicrave à droite à gauche, histoire de pouvoir payer notre dope.
On continuait à priser de la C et de la kéta, mais de moins en moins. On allait acheter des pipes déjà utilisées, toujours plus de kek, toujours toujours toujours.
Et puis après c'est parti en couilles.
J'ai fait de la merde, un peu manipulée sans doute par ma copine. Beaucoup même. On avait toujours besoin de thunes. Rembourser un dealos. Acheter notre dope. On s'est engueulées. Réconciliées.
Et C. s'est jetée sous un RER, une semaine après le Bataclan. 0 explication. Un message de la Loutre, une amie en commun : "C. est morte. Dsl .__. si t'as besoin de quelque chose, tu me dis"
Suis partie en vrille. Je voulais plus prendre de kekra, j'avais plus envie de faire comme avant.
J'teste tout. Tout ce que je pouvais trouver. Benzos,
tramadol,
subutex,
méthadone, meuh (ça aussi c'est terrible. Tu beuges tes tripes au début, mais putain. Qu'est-ce que c'est bon.) Et pis je rechute. Avec la meuh en
sniff en plus. Mais mon frère capte que ca va pas, suis envoyée en desintox, en disant aux parents qu'il me prend pour les vacances. Il me couvre, il est passé par là aussi. (Coucou à ceux qui ont eu la chance de fréquenter les CSST. )
Je sors, en dépression, mais je me dis qu'au moins ça va mieux. A-ha. Grosse erreur.
À peine un mois plus tard, je retrouve ma pipe, bien planquée dans un carton de Playmobils. Et bim, j'retombe.
On va dire que c'est la fin de l'inutile témoignage ci-dessusJe sais pas si vous voyez ce que je voudrais dire si je disais que c'est quelque chose d'incroyablement plaisant que le
crack. La sensation que ça procure. Bien-être et tout. Mais trop trop court, toujours. Et le putain de manque qui arrive aussi rapidement.
Ça va faire bientôt 9 mois que j'ai pas retouché au
crack. Mais pas un matin sans que j'y pense.
J'prod en vrac, toujours. Je peux plus sans. Plus de C en revanche, plus d'
opiacés non plus.
Et j'ai cette putain de peur au bide de me dire que je risque de retomber. C'est tellement tentant. Suffit de prendre le métro pour en trouver, de trouver le mec qui en vend dans ton tieks, à côté du
CAARUD.
Tout me donne envie. L'odeur dans les couloirs des gares, les potes qui en prennent devant toi, parce que t'oses pas leur dire, le souvenir d'extase absolue quand t'en prenais.
Est-ce qu'on peut vraiment s'en sortir ? Est-ce qu'on peut vraiment abandonner les prods en général?
Pardon. C'était long. Si quelqu'un a lu jusqu'ici, merci beaucoup.
J'avais besoin de dire ça, à des gens qui me connaissent pas. Ou juste pour moi. Peut-être que ca ira mieux une fois que c'est sorti.
Et merci aux gens des Narcotiques Anonymes, c'est eux qui aident le plus, finalement.
Dernière modification par Spotted (09 juin 2018 à 02:32)