Bonsoir,
Le sujet a de multiples fois été évoqué, témoignages des 2 côtes, conseils bienveillants pour essayer d'éclairer, aider, faire entrevoir que tout n'est pas (toujours) perdu...
Et pourtant, une énième nuit sans sommeil me pousse à écrire afin d'évacuer peut être ce qui est bloqué dans ma tête, mon cœur, mon corps, mon esprit, en moi....
En couple depuis 3 ans avec un homme polytoxicomane depuis plus de la moitié de sa vie, dans une situation sociale déplorable...
Nous nous sommes très mis vite en ménage.
Je connaissais sa situation dès le départ.
Moi même ayant connu la dépendance, je n'étais absolument pas dans le jugement mais dans l'acceptation et le respect.
Le début de la relation était basée sur la communication +++, le dialogue, la confiance.
Il a réduit de lui même sa consommation quotidienne très rapidement. Maintenant sous
substitution et consommation régulière mais non quotidienne. 1x par mois, 1x par semaine ou 2x par semaine... Ça dépend...
Petit à petit, malgré cette confiance, ont commencé les petits vols et les mensonges..
Non pas sur sa consommation mais sur ses fuites de la maison...
Il a toujours ce besoin de se retrouver dans son milieu d'avant, ses fréquentations d'avant... La rue.
Il revient toujours à la maison. Pas une nuit dehors. Il consomme aussi parfois à la maison. Mais cette envie de partir revient toujours... Douleur, mal être, solitude.... Toujours ou souvent quand je ne suis pas à la maison, il part... Jamais une autre occupation, loisir, distraction mais cette fuite vers le passé... Pas de travail, trop de temps.. il a pourtant un loisir dans lequel il s'investit à 10000%.
Mais l'appel du dehors dépasse tout.
Je pensais accepter, comprendre. Je pensais soutenir, écouter, aider...
Mais les choses se sont inversées...
J'ai commencé tout doucement à réagir comme allergiquement à son comportement.
J'en ressens même des signes physiques comme le ventre qui se contracte, le cœur qui s'accélère... Et la tête qui commence à cogiter x10000...
Je suis loin d'être bien placée pour faire des discours sur la consommation moi même sous
substitution...
Je suis clean depuis de nombreuses années avec une légère rechute durant qq mois l'année passée. Mais vite remise sur le pseudo droit chemin... Pseudo dis-je car sommes nous sur le bon chemin un jour ???!!!
L'abstinence est tellement fragile... Le combat est quotidien..
Je suis arrivée à en penser que, malgré dire être dans l'acceptation, j'ai une sorte de jalousie envers lui et sa consommation..
Alors de la, suis-je vraiment dans l'acceptation de sa consommation, moi qui deviens complètement dingue quand il n'est pas à la maison ???
Je suis perdue avec moi même....
Je ne sais plus ce que je ressens je ne sais plus identifier ce que je ressens.. enfin si ! Je ressens de la colère dans ces moments... Je deviens agressive, et je n'arrive plus à lui parler... Parfois pendant des jours après ses départs...
Et viennent les stupides et puériles repoches.. il le fais exprès, il me prend pour une conne, il abuse de moi, il s'en fout de tout tant qu'il a ce qu'il veut...
On parle.. oui on parle. Parfois pendant la crise. Parfois pendant un temps calme..
Mais ça recommence toujours.
Il a tjs été clair avec moi. Il veut se sentir libre et non pas enchaîné.
Il veut pouvoir faire ce qu'il veut.
Oui... Oui... J'ai bien entendu tout cela.
J'ai aussi exposé mes doutes mes peurs mes limites.. mais en vain. J'ai l'impression de ne pas être entendue.
Il a la même impression... Il me dit de ne pas essayer de comprendre mais juste d'accepter...
Accepter.
Ou commence et ou finit l'acceptation.
Et mes limites dans tous ça ?? N'ai je pas le droit de dire ce que je suis en mesure d'accepter, d'arriver à gérer et ce que je n'arrive pas ?
Je ne veux pas d'un procès de qui a tort qui a raison. Il y a prendre et à laisser des 2 côtés...
J'en suis juste arrivée à un stade où je ne sais plus gérer...
Et le plus dangereux pour moi est d'être toujours renvoyé à mon propre soucis de dépendance. La pensée des produits encore et encore... Qui devient si présente...
Je ne sais pas d'où je tire encore cette force de ne pas avoir encore craquer...
Peut être de savoir que ce serait le début de la fin...
Mais en même temps, mon état ne présage rien de bon non plus... Mes pensées quand il n'est pas la, de savoir où il est, ce qu'il fait, comment il fait, avec qui il le fait....
Je suis perdue dans moi même....
Voilà mes nuits....
Je l'aime, nous allons avoir un enfant ensemble.
Je sais aussi que la venue d'un enfant ne change pas tout.
Et comme je lui ai dit, autant je peux gérer le fait qu'il consomme, autant je n'arrive plus avec le fait qu'il parte.
Je me demande comment vont se passer les moments durs dans le futur ??
Quand j'ai évoqué avec lui qu'il continue ce même schéma une fois l'enfant au monde, il me répond que j'étais "folle" de croire qu'il allait trainer dehors après la naissance !
Oui ok...
Mais comment va t'il gérer ses moments difficiles ? Son mal-etre et ses moments de solitude ? Pas de réponse....
Un enfant ne guérit pas cela.
Parfois cela peut être un déclic !
Mais si ça ne l'est pas, comment accepter de se retrouver parfois seule quand l'autre craque ? Son passé ne va pas disparaitre avec un enfant...
Je pense trop... J'anticipe sur ce qui ne peut l'être .. la peur, l'angoisse....
Voilà mes nuits après un de ses départs...
Malgré qu'il soit revenu...
Je suis un sac de nœuds et je ne sais plus comment démêler...
Comment faire quand on sait ce qu'il faut faire mais qu'on ne sait pas le faire...
Comment faire pour être juste là, écouter, accompagner, rassurer, attendre qu'il veuille bien ou aussi qu'il ne veuille pas changer quelque chose... Ou pas maintenant.
Comment mais comment faire pour ne plus ressentir ce que je ressens après avoir essayer de ne rien dire, de dire, d'attendre, de montrer que je ne réagis pas, ou que je reagis.. comment accepter sans ressentir...
Cette attitude d'acceptation sans juger et sans espérer l'impossible dans le moment présent est la plus judicieuse à adopter.
Je l'ai lu dans vos témoignanges, commentaires, conseil le plus pertinent et le moins dommageable..
Mais quand on ressent que son corps reagit de manière totalement inverse....
Merci d'avoir pris le temps de me lire jusqu'au bout et pardonnez moi les passages parfois décousus... Il se fait tard et ma tête turbine trop à fond...
douce nuit à vous.