Le manque de campagne de prévention contre le cannabis «scandalise» une psychiatreSans une stratégie de prévention, l’augmentation de l’âge légal pour consommer du
cannabis à 21 ans est vaine, a averti une psychiatre hier à Québec.
Gabriella Gobbi, professeure de psychiatrie à l’Université McGill, témoignait en commission parlementaire à propos du projet de loi visant à resserrer l’encadrement du
cannabis.
Reconnaissant l’importance de retarder l’âge de la première consommation de la substance, la psychiatre s’est dite «scandalisée» de l’absence de campagne visant les jeunes, depuis la
légalisation.
«Je trouve scandaleux, depuis la
légalisation en octobre, j’ai pas vu un tweet, j’ai pas vu un facebook post qui dit aux jeunes : consommer c’est mal. On est déjà en retard dans ce pays, on doit commencer le plus tôt possible une campagne de prévention», a-t-elle dit avec fermeté.
«[Les jeunes] ne connaissent rien sur les effets du
cannabis, c’est pas possible en 2019, un des pays les plus développés du monde, on a fait la
légalisation sans faire de prévention aux jeunes, c’est scandaleux», a-t-elle ajouté.
Sommes non dépensées
La veille en commission parlementaire, le député libéral André Fortin avait dénoncé le fait qu’aucune somme du Fonds de prévention et de recherche en matière de
cannabis n’ait encore pas été distribuée aux organismes de prévention, quatre mois après la
légalisation du
cannabis et l’arrivée en poste du ministre délégué à la Santé Lionel Carmant.
Le ministère de la Santé a également confirmé au Journal cette semaine qu’aucune du Fonds n’a encore été versée.
La loi prévoit un montant de 25 millions qui doit être versé annuellement pour les cinq prochaines années à même les profits de la SQDC au Fonds de prévention.
La veille, l’UMQ a par ailleurs rappelé que les villes attendaient toujours une enveloppe de 20 millions qui devait les aider à encadrer le
cannabis.
Ventes en ligne menacée?
Par ailleurs, témoignant aussi hier à la commission, le pdg de la Société québécoise du
cannabis Jean-François Bergeron a expliqué qu’il faudra plusieurs mois à la SQDC et Postes Canada pour s'adapter à la hausse de l'âge légal de consommation du
cannabis, ce qui pourrait entrainer un arrêt temporaire de la vente en ligne, si la loi entrait en vigueur trop rapidement.
La vérification de l’âge se fait notamment au moment de la livraison par des employés de Poste Canada. La Société de la Couronne devra alors adapter son système informatique qui est conçu pour valider l’âge de 18 ans à 19 ans. Cela qui pourrait entrainer des délais «d’une couple de mois», soit juqu’en juillet, précise M. Bergeron.
«On demande que délais soient pris en compte pour fixer l’entrée en vigueur de la loi pour éviter qu’on ne ferme le canal de distribution qui permet de rejoindre l’ensemble des Québécois», a-t-il expliqué.
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