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Le nombre de fumeurs en baisse, celui des vapoteurs en hausse

Le nombre de fumeurs en baisse, celui des vapoteurs en hausse

Dans son « Baromètre annuel », publié mardi, Santé publique France annonce 600 000 fumeurs de tabac de moins et 500 000 vapoteurs supplémentaires en 2018. Des chiffres à manier avec précaution.
Par François Béguin  Publié aujourd’hui à 00h15, mis à jour à 11h36

Le nombre de fumeurs poursuit sa décrue, tandis que le vapotage fait de plus en plus d’adeptes. Selon le « Baromètre annuel » publié par Santé publique France (SPF), mardi 28 mai, la France comptait 600 000 fumeurs de moins en 2018 qu’en 2017. Une forte diminution qui vient s’ajouter au million de fumeurs en moins déjà enregistré entre 2016 et 2017. « Il s’agit d’une baisse d’ampleur inédite, de l’ordre de 12 % en deux ans », se félicite dans son éditorial François Bourdillon, le directeur général de SPF. Sur un an, on compte parallèlement 500 000 vapoteurs quotidiens supplémentaires.


Les chiffres chocs du nombre de fumeurs en moins, déjà partiellement dévoilés par Matignon à l’occasion d’un comité interministériel consacré à la santé, en mars, sont toutefois à manier avec précaution. Ce ne sont en effet pas 1,6 million de personnes qui ont arrêté le tabac entre 2016 et 2018, comme l’avaient alors annoncé plusieurs médias. Pour marquer les esprits, le chiffre mis en avant par l’agence publique prend en compte à la fois ceux qui ont arrêté de fumer et la « réduction du nombre de jeunes qui entrent dans le tabagisme », sans qu’il ne soit possible de les différencier.
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Une diminution « significative »

Les résultats de l’enquête réalisée entre janvier et juillet 2018 auprès d’un échantillon représentatif de 9 074 personnes âgées de 18 ans à 75 ans résidant en France métropolitaine témoignent d’une réelle tendance de fond. En 2018, 25,4 % des Français de 18 à 75 ans fumaient quotidiennement (soit 11,5 millions de personnes), contre 26,9 % un an auparavant et 29,4 % deux ans plus tôt. Une diminution jugée « significative » par SPF.

En prenant en compte les fumeurs occasionnels, 14,5 millions de Français (soit 32 % des adultes de 18 à 75 ans) ont un usage ponctuel ou régulier de tabac (cigarette, pipe, chicha, etc.). Fumer reste fortement associé au niveau de diplôme ou à la situation professionnelle. En 2018, 29,5 % des personnes sans diplôme fumaient quotidiennement, contre 19,4 % des personnes ayant un diplôme de l’enseignement supérieur. Autre écart notable : en 2018, 39,9 % des chômeurs fumaient chaque jour, alors que ce n’était le cas que de 19,5 % des étudiants et de 28 % des actifs occupés.
Bonne nouvelle, cependant : chez ces personnes pas ou peu diplômées, ces pourcentages élevés sont en forte diminution, perdant jusqu’à dix points en deux ans. « L’ensemble de ces résultats semble confirmer une interruption de l’accroissement des inégalités sociales de santé liées au tabagisme observé entre 2000 et 2016 », relève ainsi Santé publique France.


Pour expliquer ces bons chiffres, les autorités sanitaires mettent principalement en avant la multiplication des mesures antitabac de ces dernières années : paquet neutre depuis le 1er janvier 2017, relèvement du prix du paquet à 10 euros en moyenne à l’horizon 2020, remboursement des substituts nicotiniques par l’Assurance-maladie, succès de l’opération du « mois sans tabac » en novembre…

Baisse des ventes chez les buralistes

Cette baisse de l’usage du tabac coïncide de fait avec une baisse de 9 % entre 2017 et 2018 des ventes de cigarettes chez les buralistes, selon les derniers chiffres de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), qui relève toutefois que les achats hors du réseau buraliste « sont devenus un moyen d’approvisionnement relativement fréquent : en 2016, un fumeur sur cinq déclarait acheter “toujours”, “presque toujours” ou “souvent” dans un commerce à l’étranger ».
Les données du « Baromètre annuel » publié mardi soulignent par ailleurs « pour la première fois l’accroissement de l’usage » de la cigarette électronique. En 2018, 3,8 % des Français âgés de 18 à 75 ans l’utilisaient quotidiennement (soit 1,7 million de personnes), contre 2,7 % en 2017, une hausse de 1,1 point correspondant aux 500 000 utilisateurs supplémentaires. En 2018, 34,7 % des Français ont par ailleurs déjà expérimenté l’e-cigarette (+ 1,9 point en un an) et 5,3 % l’utilisent de façon régulière ou ponctuelle (+ 1,5 point).


Des hausses là aussi très « significatives », assure François Bourdillon au Monde. Interrogé sur le lien entre baisse du nombre de fumeurs et hausse du nombre de vapoteurs, le patron de Santé publique France assure qu’« on peut faire le rapprochement, mais on ne peut pas faire le lien ». « C’est une vraie question », dit-il, jugeant que l’e-cigarette « permet à un certain nombre de personnes d’arrêter, c’est incontestable » mais qu’elle « transforme aussi des gens en vapofumeurs, qui restent des personnes à risque ». Une étude déterminant la part des ex-fumeurs chez les vapoteurs sera publiée d’ici la fin juin par SPF.

Source : https://www.lemonde.fr/societe/article/ … L-32280270