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« Seul face au vide de l’existence, je tourne le dos à l’univers. Mon cœur regarde un trou noir de solitude. Mon cerveau fixe nerveusement une singularité tragique. Je souhaitais écrire sur le cosmos. Je me rends compte que l’essentiel est ailleurs… »
Ces mots sont ceux de Filigrane, un jeune scientifique désespérément en quête de la clé pour résoudre la théorie du tout et ainsi franchir le nouveau paradigme, c'est-à-dire domestiquer les singularités. Par chance, il découvre une molécule magique, le dextrométhorphane. Cette molécule est capable d’offrir une vision unifiée de l’univers et octroyer un sentiment de puissance infinie à celui qui le consomme. Cependant, Filigrane est hypersensible et un des effets secondaires est l’amnésie.
Son collègue Glenarïf est présent lors de la première prise. Il prend des notes. Il est fasciné par son discours. Il le surnomme même Hoffstein, contraction de Hoffman et Einstein : « Excepté le néant, qui s’évapore à l’idée de le penser, il n’existe aucun objet purement indépendant dans notre univers. Autrement dit, chaque objet est lié à un ou plusieurs autres. En mathématiques, on parle de graphe connexe. Plus simplement, on peut dire que selon un certain degré, tout est lié. D'un coup, toute la toile cosmique se dévoile sous mes yeux. » Glenarïf croit qu’à travers ses notes, il détient la clé au problème tentant d’unifier microcosme et macrocosme, mécanique quantique et relativité générale. « C'est ainsi que je repense au concept du tout, organisé sous forme de réseau. Il faudrait jouer au jeu des 7 différences avec le réseau neuronal et la répartition de la matière noire. Il existe un lien abstrait entre microcosme et macrocosme, la nature répète toujours les mêmes schémas. Il n'y a qu'à observer l'omniprésence de Pi dans le cosmos, de Phi dans la nature, des nombres premiers, des fractales, etc. L'exemple le plus parlant est l'arbre, ses racines et ses branches : en suivant un objet mathématique qu’est la figure fractale pour se développer. On a l’impression que la nature s’inscrit dans un dessin intelligent. Sous cet angle, il devient tentant de franchir le pas, de penser que la ramification, c’est le geste de création qui se propage et qui démontre son immanence. Je pourrais également m'appesantir sur la géométrie des ruches d'abeilles ou sur celle des astres. La matrice du monde, l'interface bas-niveau homme monde est codée en langage mathématique. »
Glenarïf profite de l’amnésie de Filigrane pour lui voler la solution. Cependant, seul celui qui a consommé le produit est en mesure de propager la révolution dans le monde réel. Glenarïf demeure donc coincé dans l’ancien paradigme de peur de finir dans la confusion comme Filigrane. Ce dernier est bien dans le nouveau paradigme, mais seulement dans sa tête puisqu’il ne se souvient plus de son épisode de découverte et ne peut donc pas expliquer la singularité mentale dont il est témoin. Glenarïf se garde bien de lui rappeler ses souvenirs, peut-être aussi pour protéger l’humanité des boucles temporelles et de la folie. En effet, ces derniers pourraient être la conséquence d’une domestication des singularités.
Glenarïf est en fait un palindrome, la deuxième personnalité de Filigrane. Tous les deux ans, il réitère l'expérience et à chaque fois, il oublie avoir utilisé le dextrométhorphane et finit à l'hôpital psychiatrique pour schizophrénie. À l’intérieur, il sait que Glenarïf et Filigrane existent simultanément. Car dans le nouveau paradigme, les univers divergents, causés par le paradoxe de Schrodinger, cohabitent dans le même espace-temps mental. Pour le monde réel, il n’existe qu’une seule personne. Pour ainsi dire, depuis la prise, Filigrane s’est démultiplié en deux mais comme il est amnésique, il oublie la solution pour la propager et il n’en résulte pour le monde extérieur qu’un schizophrène.
En sortant de l'hôpital, il finit par effacer de sa mémoire son passage psychotique. Il est pris d’un sentiment d’apathie et de déréalisation : « Seul face au vide de l’existence, je tourne le dos à l’univers. Mon cœur regarde un trou noir de solitude. Mon cerveau fixe nerveusement une singularité tragique. Je souhaitais écrire sur le cosmos. Je me rends compte que l’essentiel est ailleurs... »
Dernière modification par Conscience (26 août 2019 à 23:03)
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