150 , 170 , 200mg , en trois heures. Aiguilles grises pour petites veines afin d'éviter les marques. Je fond la
kétamine dans de l'eau ppi, je la passe au filtre.
150 mg :
Je suis dans le khole depuis quelques minutes, je perce le voile noir , je ne sais pas trop pourquoi. Du coup je reviens immédiatement. J'entends des grillons, les couleurs sont sombres, je me refais un shoot défoncé.
170mg :
Trip sans intérêt, je reviens boosté et remotiver à fond. Je décide de me faire un dernier shot. J'ai demandé à mon esprit pourquoi certains d'entre nous tombons addict à des drogues, il me répond que c'était pour devenir tolérant aux poisons, dans un objectif communautaire. Je trouve cela complètement con.
200mg :
khole long , j'en profite pour me balader dans les plaines obscures tel le psychonaute curieux que je suis
Je suis dans un état dissocié profond, je vois des multitudes de réalités. Comme si chaque univers parallèle avait une porte, prête à être ouverte. J'en prend l'une d'entre elle. L'univers psychédélique est très profond , sous
kétamine du moins. Le monde réel semble être une extrémité, une possibilité parmi d'autre, sans importance. Après tout, une fois que c'est terminé, la machine se relance et on fait une autre tentative.
L'univers commence à former une boucle, un motif classique. Je sais que c'est faux, car chacune des voies comporte des différences , en soi ce serait plutôt un oursin. Avec des pointes effilées qui donne vers le néant. Assez joué avec l'univers, je rentre dans l'esprit de différentes personnes. Puis des visions s'enchaînent, le concept est relativement simple. On est tous construit avec le même code, c'est pour cela que l'on se comprend et c'est aussi ce qui nous effraie. Je décide de m'enfoncer encore plus profond, ça faisait un moment et je retrouve "la boîte noir". Certains pourraient appeler ça l'âme, vierge, celle qui précède notre personnalité, notre identité. Puis ça part sur des simulations psychique, le monde réel serait une matérialisation d'un esprit puissant, dans lequel nous évoluons simultanément , chacun de notre coté. Mais au fond , derrière ces choses physiques, il n'y a qu'un esprit, qui génère la matière et les sentiments. Peut être joue t il à ce jeu , pour ne plus ressentir la solitude? bloqué dans un espace temps, seul. Tromper sa solitude avec son imagination? c'est élégant. Quel esprit malade inventerait d'autres esprits malades, pourquoi ne pas tous vivre dans une euphorie ? étrange visions, comme toujours. Finalement je m'aperçois que mes trips ne tournent plus autour de cybersurfing, à traverser la galaxie ou matérialiser des mondes. J'ai l'impression d'avoir fait le tour, contrairement à mon intérêt pour mes pairs, qui sont toujours autant fascinant à ce jour.
Quand je reviens dans le monde réel , je m'aperçois que les choses n'ont pas vraiment beaucoup plus de sens. D'un point de vue spirituel, il est particulièrement pauvre. La plupart des gens autour de moi n'ont jamais parcourus les plaines obscures, le voyage intérieur. L'eau est peut être trop froide et trop mortelle , sous l'iceberg?
Plus grand que tout ce qui est concevable, des millions de kilomètres, des millions de vies, de réalités alternatives. Parfois je me dis que c'est plus exotique qu'un voyage à manille.
En même temps, même si mes visions tentaient de me convaincre que l'univers n'existait qu'à travers mes yeux, je pense que c'est une fable. Il existe des mondes différents, l'un réel, physique, celui dans lequel nous évoluons. Et d'autres, dans nos imaginations. Et ce n'est pas parce que , ce monde là, est particulièrement complexe, grand, étendue, ordonné, qu'il est "réel". Même si, le fait de pouvoir y retourner à loisir (à question de ne pas abuser sur la fréquence des
IV / tolérance) le rend, finalement, aussi réel que ma bibliothèque de quartier. Un lieu où je peux rentrer sur demande, ouvrir un livre et pénétrer dans le monde de don quichotte, les watchmen, tolstoï ou BHL.
Dernière modification par Rick (26 septembre 2019 à 11:53)