Bonsoir !
Bon ça fait un peu plus d’une année maintenant que j’ai réussi à arrêter la
codéine (même 2 bientôt!) mais je n’avais encore jamais pris le temps de poster mon témoignage à ce sujet. Mais en retombant tout à l’heure sur la vidéo d’une maman qui disait avoir perdu sa fille suite à une overdose de
codéine je me suis souvenue à quel point ça avait été dur pour moi et même si, il y a quelques témoignages de personnes ayant arrêté sur internet, à l’époque j’aurais aimé en trouver + quand j’étais au plus bas pour me redonner un peu de courage alors j’ai décidé de prendre le temps de le faire.
J’ai commencé à prendre des médicaments codéinés suite à de grosses migraines, comme pour beaucoup de monde j’ai commencé tout doucement, j’en ai d’abord pris pendant un an sans « accoutumance », uniquement quand j’avais mal à la tête, j’adorais les effets mais je ne pensais pas à en reprendre par la suite.
Puis j’ai commencé à travailler de nuit ce qui m’a isolé et je me suis engagé dans une relation avec un homme sans me sentir bien avec moi même donc j’étais énormément stressée alors tout doucement sans trop me rendre compte, j’en prenais un peu plus, par ci par là, avant d’arriver au travail pour me sentir joyeuse, quand je voyais mon copain pour telle occasion, puis à force toutes les raisons étaient bonnes pour que j’en prenne. Les seuls médicaments que je prenais étaient des Klip 50 de
codéine et 600 de
paracetamol. Ce médicament était en vente libre mais uniquement le dosage en dessous c’est à dire la moitié donc j’en prenais 2 au lieu d’un seul. Mon addiction à durée 3 ans en tout et au bout d’un peu plus d’une année les médicaments codeinés n’étaient plus autorisés en vente libre en pharmacie. Pendant 1 an et demi j’ai du consulté au moins 20/30 médecins pour toujours réussir à avoir mes cachets, j’étais prête à me taper des heures de transports pour aller voir des médecins différents, au début je mentais toujours et disait que c’était pour des douleurs au dos ou des migraines insupportables et à la longue j’ai commencé à me la jouer honnête. Je disais clairement que j’étais accro, en manque, au bout du rouleau et prête à tout pour avoir mon ordonnance. Parfois les médecins me prescrivaient qu’une boîte, parfois plusieurs mais en baissant progressivement les doses, ce que je ne suis jamais arrivé à faire, parfois (quasi toujours) des prescriptions pour des consultations avec des addictologues, etc... Parfois je me motivais pour réduire mais ça ne durait pas, parfois j’allais aux rdv chez les addicto mais je ne m’y tenais pas sur la durée. Je le vivais mal mais j’avais l’impression que je n’arriverais jamais à m’en passer, je me demandais comment les gens autour de moi arrivaient à être heureux sans
codéine, au fil des mois et à force d’augmenter les doses mon cerveau était persuadé que j’avais besoin de ça et mon corps était lui aussi devenu dépendant au point de souffrir un maximum les fois où je me retrouvais sans rien, migraines, ventre retourné, impatiences dans les bras et jambes, mal de dos, idées noires, pleurs, bref... une horreur. J’en ai très peu parlé au final, au début quelques personnes savaient que j’en prenais mais je suis bonne actrice, donc j’en parlais sur le ton de l’humour « ouais, la
codéine c’est mon truc ? » alors évidement vu que ce n’est pas quelque chose qu’on connaît, vu que personne n’en parle, ou très très peu, que c’est vendu en pharmacie, prescrit par des médecins, quand on a pas été accro ou connu une personne accro, on ne peut pas réaliser la gravité de la chose donc on ne peut pas aider une personne qui commence doucement à tomber dans la
codéine. Quand ça a commencé à vraiment devenir sérieux, je n’en parlais plus du tout, un tout petit peu à mon copain mais qui ne comprenait absolument pas ce que je vivais, alors j’ai fini par lui dire que j’avais arrêté définitivement tout en continuant sans qu’il ne s’en rende compte, on ne vivait pas ensembles donc je jetais toutes les boites, j’en arrivais même à sortir tous les comprîmes des plaquettes à l’avance pour qu’il n’entende pas le bruit du cachet qu’on sort du plastique, il n’y voyait que du feu. On a fini par se séparer 3 mois avant mon arrêt définitif mais la rupture n’avait rien à voir avec les médicaments. Au bout de 2 ans et demi d’addiction j’en était parfois à 12 comprîmés par jour, soit 7200 de
paracetamol et 600 de
codéine, et je sentais que j’étais en train de me tuer à petit feu, mon foie était en train de s’abîmer +++ et parfois je me sentais partir lors de mes montées comme des débuts de malaises d’autant plus que je passais ma vie à vomir.
Pendant les 5/6 derniers mois j’étais suivies par qu’un seul médecin (régulièrement) qui me faisait des ordonnances plus légères petit à petit, mais il a grillé à force que j’allais chez d’autres médecins pour avoir + et ne pas diminuer donc un jour après avoir terminé en psychiatrie à cause de fortes idées noires suite à la rupture et à l’augmentation des doses et au travail de nuit qui m’épuisait sachant que je ne voyais presque plus mes amis, il m’a dit « écoutez maintenant c’est terminé ». Je m’en souviendrais toute ma vie, j’ai fondu en larmes, il m’a prescrit du
paracetamol, des ibuprofene et des vitamines et des spasfons et m’a dit, « la
paracetamol parce que votre corps s’y est habitué, vous le réduirez progressivement, l’ibuprofene pour les douleurs, la spasfon pour le ventre, les vitamines pour la forme et tout ces comprimés pour le geste qui va aussi vous manquer ». Il a vu à quel point j’étais désespérée mais il a pas perdu la face et m’a sauvé la vie ce jour là, il a été très catégorique et m’a ouvert un dossier médical partagé visible par n’importe quel médecin avec ma carte vitale pour que je ne puisse plus avoir d’autres ordonnances et berner d’autres médecins. Je suis allée à la pharmacie dans laquelle j’ai l’habitude d’aller récupérer cette ordonnance, je pleurais la tête entre mes mains, j’arrivais pas à m’arrêter, j’avais l’impression de tout perdre. Les pharmaciennes (merci à elles) ont vraiment étaient les plus cool du monde avec moi et ont tout fait pour me réconforter même si sur le coup rien n’y faisait. Alors je suis rentrée chez moi et c’était fini. J’ai passé 15 jours vraiment atroce, des douleurs partout comme j’ai pu le décrire plus haut, j’ai jamais était aussi triste, mais je tenais bon et je me répétais que j’allais bien finir par ne plus subir autant, je rêvais toutes les nuits de mes médocs je rêvais que j’en retrouvais dans mes affaires, c’était horrible. Après ces 15 jours j’ai ressenti un gros vide émotionnel, pendant une vingtaine de jour, j’étais pas au top mais moins dépitée, je me souviens que je pleurais plus, mais je souriais pas non plus. Au bout de 2, 3 mois je dirais, les choses ont doucement commencé à revenir à là normale j’ai cru que je rêvais j’arrivais pas à réaliser moi qui était tellement persuadée que c’était impossible. Je me surprenais le matin au réveil à penser à autre chose que ça alors que c’était vraiment devenu un rituel : debout : médicaments, avant tout. J’ai décidé de chercher pourquoi est ce que j’en était arrivée la pour ne plus jamais recommencé, j’en suis arrivée à la conclusion que je manquais de confiance et d’estime de moi et j’ai décidé du jour au lendemain de partir en saison dans un boulot assez dur pour me lancer un défit et de m’y tenir même si c’était dur, ce que j’ai fait, sans réfléchir tout s’est enchaîné, j’ai bossé comme jamais j’y ai mis toutes mes forces et en sortant de la je savais qu’entre le fait d’avoir réussi à arrêter la
codéine, le travail de nuit, le fait de m’être remise de ma rupture et une saison particulièrement dure, c’est que j’étais plutôt forte et bien + capable (de tout) que ce que je l’imaginais et aujourd’hui, je sais que jamais plus je ne retomberais dans une addiction aussi sévère tellement cette expérience a était la plus grosse gifle que je n’avais jamais reçue. Aujourd’hui parfois j’ai l’impression que c’est arrivé à une autre personne tellement je n’y pense plus. Je souhaite à toute personne étant dans mon ancienne situation de réussir à se sortir de cette addiction bien plus violente qu’elle n’y parait et bien trop peu prise au sérieux. Avant je ressentais du plaisir à discuter uniquement en étant défoncée d’une manière puissante, aujourd’hui le plaisir est moins puissant mais plus du tout artificiel et surtout il est sur la durée, de façon normale. Je n’ai quasiment plus de migraines, tout est terminé. Courage à tous et à toutes. ??