Fin février 2016:
1 seul champignon
Golden Teacher (bien bien bleuté (Oxydé ? Perimé ? Chargé ?).
Set&sitting: au même endroit que très souvent pendant mes expériences aux
champis, des personnes avec lesquelles j'ai déjà souvent consommé, ou je me sens bien (le meilleur endroit ou j'ai pu trippé. Autant vous dire que pour le coup, aucune raison environnementale de taper un bad: ni le lieu, ni les personnes.)
On prend tous à 20h.
A un moment, je me lève, je dis aux autres, en parlant à voix haute: "Est-ce que je suis défoncée ? Oh putain oui je suis arrachée, c'est pas possible, je viens juste de finir ma tasse !".
Je commence à rire, "tout est ridicule", je ris, je ris, je me laisse glisser contre le mur et m'asseois en rigolant en regardant les autres.
Je m'allonge sur le canapé car je ressens une sensation tellement forte que je veux en profiter en étant posée. Je ne veux pas que les gars croient que j'ai pas envie d'être avec eux, je veux juste etre posée sans parler.
Je ne suis plus que sensations ! Tout mon corps entier est fait de sensations, je ne le sens plus comme il est, je coule, j'ai l'impression d'etre mouillée, je veux me rouler en boule et me laisser absorber dans moi-même. Les sensations coulent en moi, sur moi, JE SUIS DES SENSATIONS ET PLUS DE LA CHAIR. Ces sensations sont agréables mais vraiment très fortes. Rien de similaire à ce que j'ai pu connaitre avant avec les
champis.
En y repensant, j'ai perdu tout ce que j'étais.
Je voulais tout et son contraire. La droite et la gauche, le haut et le bas, ne voulaient plus rien dire (c'est à dire que la gauche était la droite et inversement; le haut était aussi le bas: en regardant du haut de l'escalier vers le bas, c'est comme si je regardais en fait au dessus de moi; totale distorsion de l'espace).
Je pouvais voir deux choses à la fois:
-Soit en même temps: deux couleurs (étrange perception que j'avais déjà ressenti, intéressant), deux cotés (une poignée à gauche sur une porte ne me semblait pas à gauche même si je savais qu'elle l'était, comme si un miroir s'était formé au milieu de moi, et tout ce qui se passait d'un coté était aussi perçu de l'autre. Tres difficile à expliquer, totale désorientation).
-Soit j'avais l'impression de voir des choses différentes avec chaque oeil. Vraiment la nette impression que chacun voyaient des choses indépendement de l'autre. Au final tout se passe dans le cerveau, mais c'est vraiment bizarre (mais très sympa).
Je ne sais plus pourquoi je me suis mise à bader.
Là , cette horrible sensation a commencé à me posséder.
Je n'étais que sensations, et ces sensations sont les pires que j'ai pu ressentir, je n'aurais pas pu imaginer que de telles choses puissent exister.
J'ai essayé de positiver mais je n'y arrivais pas et j'ai fini par accepter de dire aux autres que je me sentais vraiment mal (je voulais au début ne pas trop en parler pour ne pas les inquiéter et/ou les faire partir en bad !).
Mais je savais pertinement ce qu'il se passait. J'étais lucide, mes pensées étaient claires dans un bout de ma tête, et par dessus et par dessous cette lucidité, comme un filtre non-opaque sur elle, il y'avait cette sensation HORRIBLE qui COULAIT en moi, avec moi, je coulais avec elle de partout.
Je me sentais d'ailleurs comme si j'étais dans l'eau, avec l'impression d'être trempée entièrement. Comme la sensation d'avoir les mains moites, mais sur la totalité du corps.
Je me suis alors dis: "Qu'est-ce qui t'arrives ? Tu sais bien ce qu'il se passe, tu as pris des champignons, ça va passer, tu ne resteras pas bloquée. Qu'est-ce que tu ressens ? Pas de la tristesse, pas de la colère, pas de la peur. Cette sensation n'a aucun mot pour la décrire. Tu sais que tu ne vas pas mourir. Pourquoi es-tu incapable de profiter de ces effets que tu recherches en mangeant des champignons ?".
Je ne comprennais pas pourquoi. Aucune raison à déprimer, je ne pensais à rien de déprimant hormis le fait que j'ai realisé ce qu'il m'arrivait:
"-Les gars, ça va pas trop là .
-Qu'est-ce qu'il t'arrive ?
-Je crois que je suis en train de faire un
bad trip."
Je ne comprennais vraiment plus rien. Mon raisonnement était logique mais pourtant je ne comprennais plus rien. Tout et son contraire. La SEULE CERTITUDE que j'avais, je dis bien la seule envie, et je l'ai dis aux autres:
"Tout ce que je sais c'est que j'ai envie que ça s'arrête".
Je le répète, je restais TOTALEMENT logique dans mon raisonnement. Je savais en théorie quoi faire et quoi ne pas faire.
J'ai bu du lait, du jus d'orange, j'ai voulu prendre un Atarax avant de remarquer qu'on avait pris les champi à peine une heure avant, et de me dire que ça n'aurait rien changé (et après recherche j'ai cru comprendre que l'atarax n'aurait rien amelioré, contrairement à d'autres anxiolytiques avec d'autres molécules).
J'ai eu envie de dormir pour que ça s'arrete, impossible. Pensé à appeler les secours: j'ai rapidement réalisé que ça n'aurait servi à rien sauf me faire flipper d'avantage. Me faire vomir: ça n'aurait servi à rien non plus.
Je ne trouvais rien de positif auquel penser ou faire pour inverser mon état. Et la musique que j'aime tant d'habitude m'agressait, s'infiltrait en moi et plongeait dans cette sensation qui coulait en moi.
Ca a duré 1h30 encore, un truc comme ça. Je pense que je peux dire que je suis restée calme en apparence (aux dires des autres présents: j'avais l'air normale). Intérieurement, j'aurai pu croire que je mourais. Je crois même que tout mon corps me criait "ALERTE".
J'étais bloquée, et à un moment, pendant à peine quelques minutes, oui, là j'ai eu PEUR: la terreur la plus absolue de ne pas savoir ce qu'il m'arrivait, une sensation brute et non filtrée, je la sentais dans mon coeur, ma peau, je la transpirais de partout, à l'intérieur de moi qui n'existais plus.
J'arrivais tant bien que mal à controler, à brider cette peur avec des raisonnements logiques (gros effort sur moi-même !).
Mais la sensation horrible (qui n'est ni peur, ni tristesse, ni colère) restait la.
Je me suis perdue. Je me suis vraiment perdue quelque part ce soir là , mais je ne comprend pas ou.
Après que ce soit passé petit à petit, j'étais tellement heureuse de retrouver la réalité. TELLEMENT HEUREUSE !
Après avoir ressenti quelque chose comme ça, je me suis posé milles questions oui, mais surtout: je suis persuadée que tout ce que je vais pouvoir vivre à présent ne pourra être que positif. Vraiment ! Je ne sais pas s'il me serait possible de me perdre autant à nouveau.
En y repensant je crois que je n'étais plus moi même, je n'étais même plus rien et plus rien n'avait d'importance à part l'envie que ça s'arrête.
[J'ai écris ce texte quelques jours après les faits, ça doit maintenant faire presque 5 mois que c'est arrivé. Cette expérience m'a fait un peu réflèchir mais "étrangement", ne m'a pas traumatisé de cette substance; j'ai depuis repris une fois des champignons, ça s'est très bien passé (mise à part un bon flip devant le miroir, mais ça, c'est une autre histoire ! Haha ^^).
Remarque: Un pote a prit, quelques jours après, les mêmes champignons que moi ce soir-là . Il a tapé un gros bad. Je me demande bien pourquoi: est-ce que ça pourrait être dû, en partie, à CES champignons ? A cette soirée là , je n'en ai avalé QU'UN SEUL. Hardcore...
]
Dernière modification par Têta (22 juillet 2016 à 19:21)