break amoureux, prise de conscience et sevrage

Bonjour à tous amis tourmentés. C'est la première fois que je fais cette démarche tant symbolique que coûteuse de parler de moi d'une manière réellement sincère, au sens où je vais tenter d'expliquer ma situation comme s'il s'agissait d'un tiers, pour transmettre l'information la plus limpide possible.

Je suis devenu progressivement polytoxicomane, depuis ma découverte des produits lorsque je terminais mon adolescence, i.e lorsque je devais avoir 16 ans. Génétiquement je sais clairement que j'ai un terrain penché vers l'addiction, étant introverti de nature, avec un passif familial enclin à la consommation.
J'ai commencé par une taff sur un joint, pour finir la semaine dernière à m'injecter de la cocaine. Quand, rétrospectivement, je mentalise cette évolution, je suis débecté, écœuré, mais pas surpris. Schéma classique d'évolution de la toxicomanie, malgré de multiples tentatives, parfois fructueuses de sevrage/soins.
Le décor est posé, je ne suis pas venu déblatérer sur les sources de ce mal qui me ronge, mais ce préambule me paraissait nécessaire.

Il s'avère que j'ai rencontré une femme il y a maintenant plus d'un an qui, en sachant tout cela, ne s'est pas débinée au moment de s'engager dans une relation avec moi. Elle m'a été d'un grand support, toujours présente pour moi, compréhensive, et profondément sincère dans l'amour qu''elle me porte. Malheureusement, au lieu de faire de cette relation un moyen de me sevrer définitivement, je l'ai plutôt calqué sur mon mode de vie de consommateur, ce dont je ne me rends compte que maintenant.
Bien évidemment, ce cadre ne pouvait avoir comme finalité que l'implosion.
Moment qui a eu lieu il y a environ deux semaines, résultant de mes messages implicites distillés ça et là, d'incompatibilité entre mon mode de vie destructeur d'une part et  une évolution saine de cette relation amoureuse. Mais résultant également du trop-plein émotionnel infligée malgré moi à cette personne. Cela fait donc deux semaines que nous avons pris nos distances, sans formellement exprimer nos attentes sur la potentielle continuation de cette relation. Cette rupture fut pour moi le catalyseur d'un retour nécessaire à la réalité, pulsion de vie freudienne haha ? Depuis, je me suis, de manière  automatique, presque procédurale abstenu de toute consommation de produits (à savoir que j'étais, avant cet arrêt brutal, sur une consommation quotidienne et généralisée de 2g de c, cannabis, alcool, pour monter, et d'environ 160mg d'oxy et 4mg de xan pour redescendre, donc du sérieux). Néanmoins j'ai tout stoppé unilatéralement et sans concessions dès ce moment.

Par conséquent, je traverse actuellement un retour à la réalité profondément brutal, douloureux, mais également représentatif d'une envie d'en finir avec ce côté sombre de moi-même. Je me prends donc en pleine face la culpabilité résultant du constat que j'ai profondément, par le biais de ma consommation, blessé cette personne, ce qui est très difficile à accepter étant donné l'authenticité de l'amour que je porte à cette personne. D'un autre côté, je réalise que si je veux, préserver ce lien de façon pérenne, le sevrage est une, si ce n'est l'unique étape dans la réalisation de ce souhait. Je prends donc sur moi depuis ces deux semaines, je dois vous avouer que c'est difficile à vivre, très douloureux. Je suis en train de me rétablir, et cette volonté de préserver cette relation est pour l'instant source de motivation dans ce maintien de ma sobriété.

Je sais néanmoins, que sur le long terme, seul une volonté foncièrement égoïste d'être en bonne santé ne marchera. Je suis donc perdu, pour l'instant le dégoût de la consommation l'emporte sur les cravings, mais qu'en sera-t-il dans deux mois, dans deux ans ? La culpabilité que je ressens quant aux agissements qui ont été les miens me plongent dans une profonde tristesse, une certaine compassion envers l'être aimé et une grande incertitude sur l'avenir.

Je poste tout cela sans interrogation précise, davantage dans une démarche explicative factuelle, tout en étant très à l'affût sur une réflexion de votre part sur mon cas.

Je vous souhaite une excellente semaine, amis tourmentés. Restez forts, comme je le suis actuellement. Toujours avoir conscience qu'affronter la réalité telle qu'elle est, sera toujours la seule garantie de vivre pleinement.


Bien à vous