Hello!
Alors écoutes, premièrement, je ne sais pas comment tu as tenu en trois semaines, pour passer de 400mg, à 0.
En étant dépendant quotidiennement.
Je t'explique très brièvement mon cas: J'ai, en tout, été dépendante au
Tramadol durant 16 ans.
Enfin, au départ, je ne consommais qu'occasionellement, mais ce produit ayant des effets extrêmement positifs sur moi, m'avait comme "ouvert les portes du Paradis" (je le volais à l'hôpital où j'étais infirmière, il n'y avait strictement aucun contrôle, je pouvais me servir, et plus que largement...)
Plus d'angoisses, gros effet
empathogène (alors que je suis quelqu'un qui était extrêmement angoissée, je me suis toujours sentie en décalage, que ce soit au collège, lycée, puis dans mon travail.)
Là, avec le
Tramadol j'arrivais à gérer à peu près n'importe quelle situation, j'étais très extravertie, je m'intéressais énormément aux autres, je bossais sans aucune fatigue, et plus, mieux.
Le rêve que j'attendais à l'époque est devenu réel. Qui est devenu ensuite le pire des esclavages.
Une fois que je me suis rendue compte que j'étais totalement dependante (en essayant justement d'arrêter brutalement), j'ai pris peur.
Mais j'étais ferrée.
Sans rentrer dans le détail, je suis restée agrippée à ce produit durant de longues années encore.
J'ai tenté plusieurs fois de diminuer progressivement, et même avec tout mon courage, ce fut le pire des enfers que j'ai jamais connu. Je dis bien, même en y allant progressivement.
Tu dois être très fort/résistant, pour avoir tenu le choc déjà avec un
sevrage sur 3 semaines seulement, et de surcroît avec ce qui continue de te tourmenter aujourd'hui.
Pour moi, c'est très simple, tu es entré dans ce qu'on appelle le
sevrage de longue durée aux
opiacés, ou
PAWS.
Tu peux lire le détail de ce qu'est le
PAWS justement ici, sur PsychoActif, normalement le mot doit apparaître en surveillance dans mon texte.
Malheureusement, une fois le plus dur passé, il y a ce syndrome, qui s'installe bien souvent lorsqu'on a été dépendant à un produit opiacé, durant une longue période, qui est exactement ce que tu décris, et qui s'accompagne en général, même si elle peut survenir encore un peu plus tard, d'une dépression...
Et je ne souhaite absolument pas te faire peur, mais les symptômes que tu décris, et une éventuelle dépression, peuvent durer longtemps. Très longtemps...
Je te laisse lire la description exacte du
PAWS sur PsychoActif, qui sera plus précise et plus exhaustive.
Quelle solution alors? C'est ce que tu dois te demander en me lisant.
Je vais te répondre que pour ma part, je dis bien pour ma part, car cette décision est extrêmement personnelle, il n'y en a pas une meilleure que les autres, chacun est différent, a un mental différent, donc je ne donnerai jamais le conseil de "faire ceci ou cela". Non.
Je décris simplement ce qui m'a convenu à moi, ce qui a fonctionné, sans fausse note, sur ma personne. C'est tout.
Il se trouve que j'étais réellement terrorisée par un
sevrage dégressif, même sur une très longue période, ayant déjà testé en y allant le plus lentement possible (j'avais prévu un arrêt sur un an et demi!) Et non, ça s'est toujours très mal passé, impossible de descendre ne serait-ce que de 100mg. J'arrivais à me débarrasser de 50mg, et en étant déjà très mal, avec énormément de
craving (envie permanente de consommer.)
J'ai donc fini par avoir la chance de changer de psychiatre (je ne rentrerai pas non plus dans le détail concernant le précédent, qui me maintenait dans ma dépendance, aussi fou que cela puisse paraître.)
Donc, mon nouveau psychiatre m'a tout de suite orientée vers le
CSAPA le plus proche de chez moi.
J'ai eu la chance de tomber sur une équipe au top, vraiment, exceptionnelle, que ce soient les addictologues, les infirmiers, jusqu'à la secrétaire, adorables et compétents, 9tous!
J'ai opté pour la
substitution, et depuis presque un an, je suis sous
Méthadone.
Ma consommation est gérée comme un coucou Suisse, tout m'est prescrit, et comme on a fini par trouver le dosage idéal pour moi (140mg, que je prends en deux fois dans la journée), non seulement l'enfer du
Tramadol, que je consommais en bougeant sans arrêt les dosages, selon si j'en avais beaucoup, ou presque plus rien, cela me menait la vie infernale, j'étais mal la moitié du mois, mais vraiment mal, tout cet enfer s'est stoppé net.
Je n'ai JAMAIS envie de redroper (prendre un peu plus que ma dose journalière) étant donné qu'elle est amplement suffisante.
Et, de concours avec le traitement que j'avais déjà (un antidépresseur, et un anxiolytique ainsi que de la
Ritaline, étant
TDAH+++), le cocktail de ces différentes molécules, qui doivenr se potentialiser l'une l'autre, cela m'a fait entrer dans une période de ma vie, la meilleure que j'ai pu vivre jusque là.
Je ne dis pas que j'ai été malheureuse 100% du temps auparavant, j'ai eu beaucoup de moments très heureux, mais j'étais très parasitée par des angoisses, des "blocages", surtout lorsque j'étais confrontée à des évènements sociaux, je ne pouvais réellement pas faire ce que je désirais faire, j'étais bourrée de blocages, qui me rendaient dingue, me faisaient culpabiliser à mort, me frustraient, me faisaient passer à côté d'un tas de choses que je désirais pourtant faire de tout mon cœur!
Eh bien progressivement, depuis un an donc, une page s'est nettement tournée.
Ma qualité de vie n'a cessé d'augmenter, mes capacités également, pour arriver à, depuis quelques mois, une sérénité jamais atteinte auparavant, une qualité de vie proche de 100% de mon point de vue, j'ai pu enfin réaliser mes objectifs, et j'en suis follement heureuse, chaque jour.
D'ailleurs, je me répète chaque jour que c'était inespéré.
Je ne suis même plus en lune de miel avec le produit, je n'ai plus de "montée" que j'avais au départ lorsque je prends mes fioles de sirop, je suis simplement bien, heureuse, sereine, sans être faussement euphorique comme avec le
Tramadol, qui se révélait être un leurre, et ma tolérance ne cessait jamais d'augmenter, quasi tous les deux mois, il me fallait augmenter le dosage pour retrouver les mêmes effets.
Là, avec la
Méthadone, j'ai été stabilisée une première fois à 95mg, ce qui m'allait parfaitement, mais étant donné que je métabolisme un peu plus rapidement le produit que la moyenne, même en fractionnant en deux prises, j'étais toujours en début de manque le matin.
Donc mon addictologue a progressivement adapté la dose, et avec 140mg, plus l'ombre d'un problème, d'un début de manque le matin, et mon moral reste au beau fixe, il va même en s'améliorant, même si je n'ai plus d'effet de "montée" comme au début, avec la forme sirop.
Cela me va très bien, je n'ai plus ce besoin de montées, je vais bien, je vis beaucoup plus pleinement.
Je pense aussi que tout le travail que j'ai fait depuis les 11 ans que je me fais suivre par un psychiatre, même si j'en ai changé comme je le mentionnais plus haut, et tout mon travail sur moi-même ont aussi fini par payer, je commençais réellement à me sentir déjà mieux avant l'arrivée de la
Méthadone dans ma vie, et malgré le jonglage que je faisais avec le
Tramadol, je sentais déjà un net mieux dans ma vie.
Bref, je suis navrée, concernant le sujet, je n'arrive pas à être brève, concise, je ponds toujours des romans lol!
J'espère que tu te sentiras le courage de me lire jusqu'au bout et surtout, fais tes propres choix, selon ton ressenti, tu peux toujours aller à un premier rdv dans un
CSAPA proche de chez toi, cela ne t'engage à rien, si les solutions qu'ils te proposent ne te conviennent pas.
Mais je ne pouvais pas ne pas te conseiller autre chose qu'aller voir ce que ça raconte dans un
CSAPA, au vu du mal dans lequel tu te trouves, et qui risque malheureusement de durer longtemps, voire très longtemps comme l'a dit Pierre avant moi...
Je te souhaite de te sortir au plus vite de cette galère, de rapidement trouver la solution qui te conviendra le mieux!
Je t'envoie plein de courage!
Myna