[ Interaction & Mélange ]

Tramadol et Sertraline

Vomerox a écrit

Bonjour à tous,
Je prends du Tramadol environ 400mg en diffusion prolongé environ 2 jours par semaine depuis plus de 4 ans.
Cette prise me fait un bien fou pendant environ 2,5 jours à ces moments-là, je suis sur un nuage, tous semblent parfait, je suis agréable avec les gens, très sociable, je fais beaucoup de sport mais toujours avec un grand plaisir.
Mais le reste de la semaine, je suis plus bas que terre… Extrêmement fatigué aucune motivation pour rien. Mes séances de sports sont des véritables supplices et me rendent très anxieux, j’ai des idées noires avec parfois des pensés suicidaire.
Pour information j’ai été hospitalisé en janvier 2024 pour une addiction sévère aux sports et des TCA (je suis ancien athlète professionnel). J’étais rendu à faire environ 5 heures de sport très intenses par jour. Mon poids était alors de 45kg pour 1m75 avec un taux de masse grasse proche de 1%... Aujourd’hui physiquement je vais mieux mais pas mentalement.
Mon médecin m’a prescrit du Sertraline 50mg à prendre 1x par jour. Je suis persuadé que cette prise peut me sortir de mes idées noires. Mais après renseignement j’ai lu, qu’il ne fallait pas mélanger Tramadol et Sertraline et que la Sertraline mettait plusieurs semaines avant d’agir. Or aujourd’hui je ne me sens pas capable de couper le Tramadol pendant plus de 7 jours.
Je suis dans un véritable bourbier…
Avez-vous une solution ? Pourquoi la prise de Tramadol et Sertraline en simultanée est prohibée ?
Merci beaucoup pour votre aide !!

Bonjour!

Je vais tenter de te répondre en te parlant de ma propre expérience, étant donné que j'ai connu exactement la même phase que celle que tu traverses. Puis... Les phases d'après...
Étant à l'époque infirmière en réanimation, pour faire bref, j'avais un accès total et illimité, sans la moindre comptabilité provenant de mes supérieurs, au Tramadol, et à tous les anxiolytiques.

Ma dépendance s'est installée, comme c'est bien souvent le cas, de façon très insidieuse, peu bruyante.
En me donnant en plus la sensation de garder le contrôle...

Dans la phase dans laquelle tu te trouves actuellement, si je ne me trompe pas, tu t'autorises des extras 2 jours par semaine avec du Tramadol LP (moi aussi, je ne carburais qu'au LP.)
Le reste du temps est un enfer.

Le psychiatre qui te prescrit la Sertraline est t-il au courant de ta consommation parallèle de Tramadol? (Par manque de temps, et j'en suis navrée, je n'ai pas pu prendre le temps de lire les réponses précédentes.)

Le Tramadol, tu t'en es rendu compte toi-même, est un puissant antidépresseur, j'avais exactement les mêmes effets que toi.

Sauf que probablement par faiblesse, je n'ai même pas attendu d'être aussi mal que toi pour augmenter la fréquence de mes prises, je me suis d'ailleurs retrouvée très rapidement à en consommer quotidiennement.
Si tu veux le reste du topo en très bref (je tente, je suis toujours trop longue lorsque j'écris sur PsychoActif lol!^^)
En somme, la tolérance au Tramadol augmente très, très rapidement.
Il te faut rapidement des doses plus élevées pour retrouver l'effet paradisiaque où tu te sens enfin sûr de toi, et capable de tout résoudre, de faire des projets, l'effet empathogène qui te pousse vers les autres, le sentiment de pouvoir changer etc, bref tu connais cette sensation.
Preuve en est, je me suis retrouvée en quelques années à passer d'un seul comprimé de Topalgic 150mg LP (à l'époque à l'hôpital, il était sous ce nom, et dosé à 150mg), à... 8 comprimés, voir plus. J'en ai encore froid dans le dos en y repensant.
À la fin, j'étais passée au Tramadol 200mg LP, je pouvais aisément prendre 7 à 8 comprimés/jour, sachant que de surcroît, je suis un petit gabarit (1m69 pour 50kgs à tout casser...)

Je ne sais pas par quel miracle je n'ai jamais eu le moindre problème.
Pas de malaise, jamais de convulsions... Mon corps est très solide, il me l'a montré à de nombreuses reprises, dans d'autres domaines.

Tout cela pour te dire que j'ai eu beaucoup de chance.
Que je suis allée très loin dans ma dépendance au Tramadol.
Et que j'ai pour le coup, une chance inouïe de m'en être sortie.

Et j'ai, parallèlement, pris des antidépresseur. Tout du long.
Entre autres de la Sertraline.
J'hésite à te donner mon avis et à te livrer mon expérience avec cette molécule.
Je ne souhaite surtout pas t'influencer. Mais alors surtout pas.

Surtout que chaque organisme réagit différemment, voir très différemment à ces produits. À tout produit psychotrope.

Je pense, par contre, que ton problème, présentement, n'est pas de savoir si la Sertraline va rendre tes journées sans Tramadol "vivables", mais, dans un premier temps, tenter de te débarrasser du Tramadol.

Les étapes de l'addition au Tramadol, je les connais malheureusement par coeur.
Et à quel point ce produit régente ta vie. À quel point tu peux en devenir esclave.
J'ai vécu 16 ans d'addiction très forte au Tramadol, et tout tournait autour. Absolument tout.
Cela m'a fait passer à côté de dizaines, de centaines de choses.
Vers la fin, c'était devenu un véritable calvaire, je ne vais pas rentrer dans les détails, ce serait beaucoup trop long.

Mais depuis un an, depuis qu'on m'a enfin dirigée vers un CSAPA (te raconter pourquoi cela n'a pas été fait avant prendrait aussi énormément de temps, et je ne veux pas te bourrer le crâne avec toute mon histoire... Mais si tu veux en savoir plus, n'hésites pas à me MP!)
Le 14 Mars, date qui restera gravée a jamais dans ma mémoire,  acceuil dans le CSAPA de ma ville par une équipe absolument géniale, mais une angoisse monstrueuse ne me lâchait pas, je me sentais au tournant de ma vie, et que si par malheur ça se passait mal, je pouvait carrément basculer en enfer (étant donné que j'ai essayé de me server par sevrage dégressif, ce qui n'a jamais fonctionné, me rendait malade de tristesse, de mal-être, j'avais une peur monstrueuse qu'on m'impose cette option...)
Puis rdv avec l'addictologue, au top, comme le reste de l'équipe, qui écoute mon histoire du début à la fin, et me propose d'emblée une substitution par Méthadone.

Il a fallu quelques mois pour que je me stabilise au dosage auquel je suis aujourd'hui, grâce auquel j'ai une qualité de vie proche de 100%, et qui m'apporte même plus qu'une substitution, mais un mieux-être tellement incroyable, qui a permis de nombreux changements très positifs dans ma vie.

Je suis navrée d'avoir autant parlé de moi, mais je ne parviens jamais à répondre à ton type de question sans parler à la personne vers quoi le Tramadol m'a menée.

Je te conseille réellement de bien réfléchir à si tu souhaites garder cette molécule qui est loin d'être anodine (alors je pense que c'est un peu exagéré, mais je l'ai malgré tout entendu plusieurs fois: "La haute dépendance au Tramadol est la voie royale vers la consommation d'héroïne".)
Je j'y croyais pas du tout au départ, et je pense que la majorité des gens n'en arrivent pas là évidemment.

Mais j'ai énormément réfléchi depuis que je suis sous Méthadone.  Ma situation avec le Tramadol, avec les doses auxquelles j'étais arrivée, je me serais retrouvée rapidement au point de rupture.

Qu'aurais-je fait?
J'ai beau être restée clean tout ce temps excepté quelques essais (coke, kétamine, exctasy, de façon  anecdotique, 3 fois pour la coke, 3 fois aussi pour la kétamine, 2 fois pour la MDMA), j'avais si peur que mon moral bascule, de ne plus avoir de Tramadol (c'était devenu ma terreur absolue), ou qu'il n'agisse plus, même aux dosages de cheval que je m'enfilais que ça n'agissent plus,
le cauchemar...
Qui me dit que je ne me serais pas tournée vers l'héro? Je ne sais pas.
Même si les drogues dures ont toujours été ma ligne rouge, ma "deadline", je  rends compte que j'étais bien aussi accrochée que bien des héroïnomanes.

Je t'envoie tout mon courage, prends bien soin de toi surtout, et n'hésites pas à m'envoyer un MP.Myna

Dernière modification par Mynight (22 mars 2025 à  14:04)