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Conséquences
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La production d'alcool, tombant aux mains de bandes criminelles ou de fabricants clandestins, échappait alors à tout contrôle et la qualité finale du produit pouvait ainsi varier. Dès lors, de nombreux cas de buveurs atteints de cécité ou de graves et multiples lésions cérébrales, furent répertoriés suivant l'ingestion d'un bathtub gin, concocté à partir d'alcools industriels et autres poisons chimiques. Un incident est lié au brevet médical patent medicine du gingembre de Jamaïque (Jamaica ginger), plus connu sous le nom de « Jake » par ses consommateurs. Ce « médicament » possédait un taux d'alcool particulièrement élevé, permettant à ceux qui le consommaient de contourner la loi interdisant la consommation d'alcool. Alerté, le département du Trésor des États-Unis exigea la modification de la formule de manière à le rendre tout à fait imbuvable. Certains revendeurs, peu scrupuleux, altéraient leur produit en y ajoutant un peu de plastifiant industriel afin de tromper et contourner les résultats des tests gouvernementaux. En conséquence, des dizaines de milliers de victimes furent atteintes de paralysie des mains et des pieds, souvent de manière permanente. La production et distillation amateur de telles liqueurs était également dangereuse pour le producteur lui-même : le matériel utilisé, souvent primitif, pouvait exploser et provoquer des incendies.
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La distillation sauvage d'écorce de bois était utilisée, entraînant la synthèse du méthanol, qui provoque l'ivresse comme l'éthanol, mais détruit progressivement le nerf optique puis tout le système nerveux. Ces incidents furent provoqués par l'ignorance des propriétés de ce composé, mais certains[Qui ?] affirment que le gouvernement américain serait impliqué dans l'empoisonnement d'alcools industriels, empoisonnant souvent les buveurs volant les produits frelatés de la contrebande. Avec le recul des années, on estime le bilan de la consommation de méthanol à plus d'un millier de morts.
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La Prohibition fournit maintes opportunités pour les ténors du crime organisé qui mirent alors sur pied des filières d'importation, des fabriques ou encore un réseau élaboré de distribution illégale de boissons alcoolisées aux États-Unis, notamment par le biais des speakeasies. À Chicago, les Genna (en), famille d'origine sicilienne, et Al Capone prirent la tête de ces trafics d'alcool et renforcèrent grandement leur empire criminel grâce aux immenses profits générés par les ventes illégales d'alcool. Eliot Ness s'opposa alors à Al Capone dans un combat épique devenu légendaire, sans réussir cependant à faire tomber le criminel pour méfaits graves (vente d'alcool ou meurtre), mais il invoqua les « privilèges indissociables au droit de la personne » pour finalement l'inculper sous le coup d'une loi fédérale, contournant les juridictions législatives (les juges corrompus protégeant Capone au niveau local). Celui-ci fut condamné à la peine maximale prévue pour fraude fiscale (onze ans).
Au total et en définitive, les lois sur la prohibition furent peu appliquées ou inefficaces. Bien qu'il y eût plusieurs arrestations, peu de condamnations s'ensuivirent. Plusieurs facteurs expliquent une telle incurie : les policiers et les juges étaient, pour la plupart, soudoyés et corrompus et l'État fédéral manquait de moyens pour contrôler et appliquer les lois sur la prohibition, les frontières des États-Unis étant trop immenses.
Beaucoup de problèmes sociaux furent engendrés par l'ère de la prohibition. Un marché noir extrêmement rentable et souvent violent de l'alcool se développa. Le trafic illicite d'alcool s'étendit lorsque de puissants gangs réussirent à infiltrer et corrompre les agences dont la mission était justement de veiller à l'application de la prohibition. Les boissons les plus fortement alcoolisées gagnèrent en popularité car leur pouvoir enivrant élevé rendait leur contrebande plus rentable. Enfin, faire respecter la prohibition eut un coût élevé qui, ajouté à l'absence de revenu provenant des taxes légales sur l'alcool (soit environ 500 millions de dollars américains annuellement pour l'ensemble du pays), greva durement les réserves financières des États-Unis.
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Fin de la prohibition
Les opposants à la prohibition, comme l'Association Against the Prohibition Amendment (en) (AAPA) (Association contre l'amendement de la prohibition), avancèrent plusieurs arguments justifiant leur requête : la limitation des libertés individuelles, l'inefficacité de la loi, le manque à gagner sur les taxes et l'augmentation du chômage débouchant sur la crise économique des années 1930.
En avril 1933, le président Franklin Delano Roosevelt abrogea finalement le Volstead Act qui jusqu'alors justifiait et définissait la prohibition. Cela permit du coup à l’État de lever de nouvelles taxes.
Malgré tout, pendant les dix années que dura la prohibition, la plupart des gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays s'y sont montrés favorables. Ainsi, en 1929, soit environ dix ans après l'adoption du dix-huitième amendement, le Congrès américain vota et adopta le Jones-Stalker Act ou loi d'alourdissement des peines (en) qui durcissait les sanctions à l'encontre des contrevenants à la loi.
Trois causes de l'échec de la prohibition
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Au moment où la prohibition a été adoptée, l'alcool était pratiquement le seul psychotrope consommé aux États-Unis et il l'était dans des proportions bien plus importantes qu'aujourd'hui[réf. nécessaire]. Mais le législateur ne savait pas à l'époque avec certitude que jamais aucune mesure coercitive, dans aucun pays, n'était parvenue à mettre un terme à la sur-consommation de substances psychotropes quelles qu'elles soient. Il ne mesurait pas vraiment l'ampleur insurmontable de la tâche. Selon l'OMS et l'association mondiale des psychiatres, l'alcoolisme est une maladie mentale majeure (une « psychose ») et son traitement repose sur la volonté intrinsèque de l'individu à en guérir pour limiter au maximum les risques de rechute13. En somme, une loi ne semble pas être suffisante pour traiter un sujet sanitaire aussi complexe.
L'absurdité, l'inefficacité et les multiples conséquences néfastes d'une telle loi entraîne inévitablement un jour, son abrogation. Concernant plus précisément celle qui a été adoptée aux États-Unis, il est possible d'identifier des facteurs ampliatifs qui ont conduit à son fiasco spectaculaire et à son abandon rapide :
la première raison est la difficile tâche de coordonner les autorités de chaque État (police, gouvernement…) avec celles du gouvernement fédéral. Ce manque évident de coordination avait rendu plus ardue l'application de la loi ;
la deuxième raison est l'argent perdu par l'État au profit de gangsters tels qu'Al Capone durant les années de la prohibition, car ce trafic se montait à plusieurs dizaines de millions de dollars. Des enquêtes furent menées et des révisions suggérées pour le dix-huitième amendement mais rien ne bougea avant 1933, l'année de la mise en place du vingt-et-unième amendement ;
la troisième et principale raison fut la crise économique qui frappa les États-Unis en 1929. Cette crise força le gouvernement fédéral à imposer des taxes là où il le pouvait, c'est-à-dire sur le commerce de l'alcool, qui constituait une grande source de revenu pour l'État. De plus, après l'entrée en vigueur du dix-huitième amendement, le taux de chômage étant en hausse constante, l'État ainsi que la population avaient perdu des sommes considérables lors de la fermeture de distilleries.
Lorsque cessa la prohibition, les organisations criminelles perdirent une part importante de leurs revenus liés au marché noir de l'alcool, conséquence directe de la concurrence des boissons alcoolisées en vente libre et à prix modéré. Elles se recyclèrent alors dans la vente d'autres drogues illicites, les jeux de hasard, le racket de protection et la prostitution.
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Résumé
Dans les derniers 25 ANS, les États-Unis ont mené une politique en matière de drogues fondée sur l'interdiction et l'application vigoureuse de sanctions pénales pour l'usage et la vente de drogues illicites. La relation entre une politique de la toxicomanie fondée sur l'interdiction et les caractéristiques de la prévalence et les conséquences de l'usage de drogues sur la santé n'a jamais été pleinement évaluée. Pour explorer cette relation, l'auteur examine les données nationales sur l'application de sanctions pénales pour les drogues illicites et les tendances associées à leur utilisation et leurs effets néfastes sur la santé pour la période 1972-1997.
Au cours de cette période de 25 ans, le taux d'imposition de sanctions pénales pour les infractions liées à la drogue n'a cessé d'augmenter, atteignant 1,5 million d'arrestations pour infraction à la drogue en 1996, avec une augmentation de l'emprisonnement pour les infractions liées à la drogue depuis 1979. Aujourd'hui, les activités de lutte contre la drogue représentent 67 % du budget fédéral de 16 milliards de dollars de la drogue et plus de 20 milliards de dollars par an dans les dépenses d'application de la législation des États et des collectivités locales, contre 7,6 milliards de dollars pour le traitement, la prévention et la recherche.
Malgré une baisse générale de la prévalence de l'usage de drogues depuis 1979, nous avons assisté à une augmentation spectaculaire des visites des services d'urgence et des décès liés à la drogue qui ont été enregistrés en même temps que cette période de plus grande répression.
En outre, alors que les Américains noirs, hispaniques et blancs consomment des drogues illégales à des taux comparables, il existe des différences spectaculaires dans l'application des sanctions pénales pour les infractions liées à la drogue. Les Afro-Américains sont plus de 20 fois plus susceptibles d'être incarcérés pour les infractions liées aux drogues, et les visites des services d'urgence liés à la drogue, les décès par surdose et les nouvelles infections par le VIH liées aux drogues injectables sont beaucoup plus élevés pour les Noirs que pour les Blancs.
Ces résultats peuvent être interprétés comme des conséquences sur la santé publique des politiques qui criminalisent et marginalisent les consommateurs de drogues et accroissent les risques liés à la drogue pour la vie et la santé.
Et, malheureusement en 2022 nous en sommes au même point.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC9302017/
Résumé
Dans les domaines de la santé publique et de la médecine, on reconnaît de plus en plus que les déterminants sociaux de la santé (DSOH) jouent un rôle clé dans la conduite des inégalités et des disparités en matière de santé entre les différents groupes, de sorte que l'accent mis sur les interventions médicales au niveau individuel aura des effets limités sans que la prise en compte des facteurs macroéconomiques qui dictent la manière efficace dont les individus peuvent gérer leur santé. Bien que les effets de l'incarcération de masse aient été étudiés sur la santé, une moindre attention a été accordée à la manière dont la « guerre contre la drogue » aux États-Unis exacerbe bon nombre des facteurs qui ont un impact négatif sur la santé et le bien-être, qui ont un impact disproportionné sur les communautés à faible revenu et les personnes de couleur qui connaissent déjà des défis structurels, notamment la discrimination, le désinvestissement et le racisme. La guerre des États-Unis contre la drogue a soumis des millions à des criminalisation, à des incarcérations et à des casiers judiciaires à vie, perturbant ou éliminant totalement leur accès à des ressources et des soutiens adéquats pour mener une vie saine. Le présent document examine la manière dont la « logique de la guerre de la drogue » s'est intégrée dans les principaux systèmes et systèmes de la santé, tels que l'emploi, l'éducation, le logement, les avantages publics, la réglementation familiale (communément appelée le système de protection de l'enfance), le système de traitement des drogues et le système de soins de santé. Plutôt que de soutenir la santé et le bien-être des individus, des familles et des communautés, la guerre de la drogue aux États-Unis a exacerbé les dommages dans ces systèmes par le biais de pratiques telles que le dépistage des drogues, le signalement obligatoire, les politiques de tolérance zéro et le traitement forcé. Nous soutenons que, parce que la guerre contre la drogue est devenue ancrée dans ces systèmes, les médecins peuvent jouer un rôle important dans la promotion de la santé individuelle et communautaire en réduisant l'impact de la criminalisation sur la fourniture de services de soins de santé et en s'engageant dans des efforts de réforme politique.
MESSAGES CLÉS
** Une logique de guerre contre la drogue qui donne la priorité à l'interdiction, à la criminalisation et à la punition de la drogue a alimenté l'expansion des mécanismes de surveillance et de contrôle des drogues dans de nombreux aspects de la vie quotidienne aux États-Unis, ce qui a un impact négatif sur les principaux déterminants sociaux de la santé, y compris le logement, l'éducation, le revenu et l'emploi.
** Les responsables de la guerre de la drogue des États-Unis ne sont plus seulement la police, mais comprennent maintenant des médecins, des infirmières, des enseignants, des voisins, des travailleurs sociaux, des employeurs, des propriétaires et d'autres.
** Les médecins et les prestataires de soins de santé peuvent jouer un rôle important dans la promotion de la santé individuelle et communautaire en réduisant l'impact de la criminalisation sur la prestation des services de santé et en s'engageant pour une réforme des politiques.
Cela montre, AMHA, que de la part de nos sociétés (aux USA comme ailleurs) c'est plus que de l'indifférence c'est de la complicité. Le combat de Mme Desforges est donc non seulement "professionnel" mais surtout profondément éthique.
Amicalement
Dernière modification par prescripteur (08 mars 2023 à 17:12)
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