Sevrage : je raconte ma vie

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Palestrina0605 homme
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Bonjour à toutes et tous ?

J’ai 33 ans, jeune médecin, en train de terminer une thèse de sciences en plus. J’ai la chance d’avoir beaucoup d’enthousiasme pour le cœur de mon travail ce qui fait que je m’y investis volontiers et que j’aime beaucoup transmettre aux plus jeunes. Avec un joli CV et de l’extérieur, rien qui ne laisserait présager de troubles liés à l’usage de substances.

Voilà maintenant plusieurs années qu’il m’arrive occasionnellement de parcourir ce forum à la recherche d’infos RDR/retour d’expérience. Inscrit aujourd’hui pour trouver du soutien direct ou indirect dans le combat que je mène contre la C depuis 11 horribles mois…

Usager plus ou moins régulier de cannabis depuis que j’ai 15-16 ans, j’ai toujours été assez fasciné par les psychotropes. Fascination nourrie à l’adolescence par les expériences de mes « stars » de l’époque (Kurt Cobain, Hendrix, Morrison…), dont je lisais biographies et autres où il était bien souvent questions de drogues. A l’adolescence on a tendance à être très perméable à un tas de bêtises : j’ai dès lors toujours associé la drogue à quelque chose de plutôt positif. Étant d’un naturel curieux et expérimentateur en plus, j’ai donc essayé un peu tout ce qui m’est passé devant, à quelques exceptions près.

Alcool festif dès 17-18 ans, avec quelques énormes épisodes de grosses cuites/black-outs... Découverte et expérimentations a degrés variables de mdma, exta, cocaine, lsd, 2cb, champi, 25-i, keta… entre 21 et 25 ans.

A noter quelques épisodes de surconsommation de md/ecsta un peu frénétiques, quelques épisodes de cannabis quotidien, mais globalement toujours dans un cadre festif et jamais seul à part pour le pétard.

J’ai pas mal bougé en France du fait de mon boulot et ai récemment entrepris un double cursus dans un endroit très exigeant. Alors qu’initialement ce n’était vraiment pas une drogue qui me plaisait particulièrement, je suis tombé insidieusement dans la C. Dans cette saloperie qui sournoisement s’est insinué dans ma vie et dont je n’arrive plus du tout à contrôler la consommation  aujourd’hui. Je précise que je ne consomme pas pendant que je travaille en cadre de soins. Jamais vu un patient ou mis les pieds à l’hosto sous psychotropes, ligne rouge absolue.

Par contre, alors même que je n’appréciais pas tant cette drogue, il y a 3 ans pendant une année en cursus recherche (donc en dehors de l’hôpital pendant un an), j’ai un jour mis la main sur un fond de c dans une poche de veste, alors que j’avais beaucoup beaucoup de travail de recherche à accomplir au labo sur un temps imparti assez restreint, de quelques mois. Pour donner du cœur à l’ouvrage je me suis dit que j’allais prendre une petite pointe. Doigt dans l’engrenage…

En travaillant comme un fou et en prenant pas mal de C pour me motiver à boucler ce boulot, j’y suis arrivé, et curieusement pas de soucis pour arrêter à l’issue des quelques mois de prise pluri hebdo (environ 1g/ 10j).

Se sont écoulé depuis deux années, avec toujours plus de travail et des opportunités pris dans une autre ville, où la C abonde, de bonne qualité et H24. Début de la descente aux enfers en avril dernier, où je rentre d’un week-end entre potes avec plus d’1g sur moi (erreur du dealos), et que pour assurer les après midi et les soirs à bosser en dehors de l’hôpital j’ai commencé à en prendre beaucoup. Jusqu’à presque 1g par jour, à ne plus en dormir que qq heures à peine par jour…

Évidemment j’ai complètement fissuré au bout d’un moment, avec deux tentatives de sevrage au cours des 6 derniers mois. La dernière a duré un mois pendant lequel je me sentais extraordinairement mieux de jour en jour, et où je reprenais goût à la vie et redécouvrais des sensations oubliées avec la coc (l’envie de plaire et la séduction, l’envie de faire la cuisine, l’envie de lire un livre…).

Puis j’ai rechuté il y a 1 mois. Presque 1g par jour presque tous les jours. Je vis l’enfer. Alors que je suis sociable et que j’aime sortir, je m’isole et ne fais même plus le ménage chez moi. J’ai la cloison nasale perforée depuis deux jours et probablement des complications autres des sinus qu’il va falloir que j’ose aller bilanter une fois que j’aurais accepté la honte d’aller voir un confrère pour ça… et ça m’a probablement aussi flingué le cœur en partie. Je ressemble à un cadavre. Je ne me nourris qu’épisodiquement et avec des cochonneries.
Tout le reste de mon argent y passe une fois que j’ai payé les factures. Je me mens à moi-même en ne prenant pas pendant le travail à l’hôpital alors même que j’en prends le reste du temps et que cela a sans doute un impact sur mes capacités. Je n’ai pas fait d’erreurs professionnelles Dieu merci, mais ça ne durera pas éternellement. A force de m’isoler, de ne penser plus qu’au travail et à cette saloperie de coc je me suis grillé le cerveau et me suis mis à avoir des raptus anxieux incontrôlables et des envies de suicide de moins en moins gerables.

J’ai osé en parler il y a 3 jours à un copain de fac psychiatre à qui je n’avais jamais confessé ça. Alors que je suis moi-même toubib je ne me rendais pas bien compte que ce genre de pensées ne sont pas normales, et encore moins à minimiser.
Je suis donc aujourd'hui en arrêt maladie pendant deux semaines et en route chez ma famille, loin de toute tentation. J’ai la chance d’avoir des supérieurs et collègues aidants et généreux, qui ont compris que je n’allais vraiment pas bien et m’assurent en mon absence.

Je vais également débuter à cette occasion un suivi psy et peut être addicto. J’ai la chance immense d’avoir du soutien de copains docs (dont un aussi qui a eu d’énormes problèmes de C), qui sont là pour moi, et d’avoir une famille aimante.

Je suis dévoré par la culpabilité et le remords. Et je suis bien conscient que certains pourront lever les yeux au ciel en lisant ce post (« pauvre petit CSP+ à qui tout sourit dans la vie avec ses problèmes de coke »…), l’addiction est une maladie. Une vraie, horrible, affreuse maladie. Il est très facile et complaisant de juger les addicts en n’imaginant que ce n’est qu’une question de volonté. Et pourtant je ne peux m’empêcher de me juger en me trouvant complètement stupide et surtout dangereusement irresponsable, d’avoir fait courir des risques à mes collègues, au fonctionnement du service, et de m’être finalement mutilé la santé physique et mentale à force de m’envoyer cette saloperie à plein régime. Tout en mentant à mes proches et ma famille.

Aujourd’hui, je m’en sortirai. Je resterai addict toute ma vie mais ne serais plus jamais un toxicomane.

Et à l’occasion de ce message, je veux dire à tous ceux qui se reconnaissent de près ou de loin dans ce post, ou à ceux qui se posent des questions où craignent d’en arriver là: je suis prêt à échanger avec vous et en discuter. Je suis prêt à vous soutenir comme je peux. L’isolement participe atrocement à s’enfoncer dans l’addiction, si échanger peut aider et apporter du soutien je serais content de le faire.

On peut y arriver. Il faut y arriver. La vie peut-être si belle sans que l’on ait à se détruire.

Merci de m’avoir lu, coeur sur tous ♥️

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pierre
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champi vert91champijaune0cxhampi rouge0
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Bonjour

Merci pour ce témoignage.

Si tu souhaite raconter ta vie c’est plus vers les blogs de PA qu’il faut te tourner. Le forum c’est fait pour poser des questions.

Considérer que l’addiction est une maladie c’est une branche de l’addictologie qui n’est pas là notre. nous (et pas que nous) considérons l’addiction comme un processus  bio-psychosocial, qui dépend donc du corps, de la psyché et du contexte.

Dans cette vision ce n’est pas le médecin qui va être le sauveur,… mais c’est toi qui va être l’acteur principal!  l’entourage, les professionnels ou les bénévoles  de l’addiction vont donner des clés  à la personne pour qu’elle trouve la capacité d’agir elle même sur son addiction.

Cette vision redonne du pouvoir d’agir au personnes dépendantes !  Avec la vision maladie elle n’ont qu’à s’en remettre au médecin qui va les sauver…. Hors il est prouvé que les personnes addicts ont la possibilité d’agir sur leur addiction, mais que cette capacité diminue si tu te considère comme malade….

Dans cette vision, on ne vise pas l’arrêt mais le rétablissement, c’est à dire rétablir l’équilibre de la personne avec ou sans conso, avec ou sans addiction.c’est bien sûr à la personne de dire qu’elle équilibre elle veut et pas à des tiers ni au pouvoir medical.

Enfin tu dis que tu as de la honte et de la culpabilité. Tout cela vient de la forte stigmatisation qu’il y a sur les personnes dépendantes et consommatrice de produits illicites.   Mais aussi sans m’avancer trop que normalement le médecin est celui qui « soigne » les addicts. Cette auto stigmatisation est un risque très fort et peut conduire à la dépression. Il est nécessaire de dire ici que plus tu acceptes ta consommation et ton addiction à la coke, plus tu pourras avoir du pouvoir d’agir dessus.

Bon courage
Pierre
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Réponse parfaite ! Nineta
 
Texte mis dans les morceaux choisis de Psychoactif. (meumeuh)
 
Joli coup de main ! Fil
 
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Je'VRiLLe homme
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France
champi vert0champijaune0cxhampi rouge0
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Je ressent beaucoup de chose simililaire , j'aurai envi de te dire que la sortie ne sera pas simple est  rapide ( après on é tous différent) mas croix mois écoute tes ami(e)s moi je m'en mort les doigts
Reputation de ce post
 
il faut s'écouter surtout si les ami.es n'y connaissent rien en prods

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helene98 femme
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champi vert0champijaune0cxhampi rouge0
Inscrit le 28 Mar 2023
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Bonjour Palestrina,
Je regarde parfois les forums ou les témoignages de personnes qui vivent de plus ou moins après la même chose que toi. Le tien m'a bouleversé tant il y a des similitudes avec ce que je vis, particulièrement concernant la culpabilité qui est encore plus importante du fait du métier que l'on exerce. Mais aussi sur nos jeunes années pendant lesquelles on était loin de se douter que notre fascination aux produits illicites et notre curiosité pour les consommer de façon "festive" nous reviendraient en pleine tête..Me concernant, c'est un lourd secret que je porte et ne partage avec aucune de mes collègues, amies, famille, enfants, tant la honte est là. Mais je suis comme toi, je suis entrain d'avancer...toute seule pour ma part..
J'aimerais beaucoup échanger avec toi, à bientôt

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Palestrina0605 homme
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helene98 a écrit

Bonjour Palestrina,
Je regarde parfois les forums ou les témoignages de personnes qui vivent de plus ou moins après la même chose que toi. Le tien m'a bouleversé tant il y a des similitudes avec ce que je vis, particulièrement concernant la culpabilité qui est encore plus importante du fait du métier que l'on exerce. Mais aussi sur nos jeunes années pendant lesquelles on était loin de se douter que notre fascination aux produits illicites et notre curiosité pour les consommer de façon "festive" nous reviendraient en pleine tête..Me concernant, c'est un lourd secret que je porte et ne partage avec aucune de mes collègues, amies, famille, enfants, tant la honte est là. Mais je suis comme toi, je suis entrain d'avancer...toute seule pour ma part..
J'aimerais beaucoup échanger avec toi, à bientôt

Bonsoir Hélène,
Je compatis pleinement à ta situation, et suis touché que mon témoignage t’ai fait écho.
Je suis à ta dispo pour échanger, discuter. Porter un fardeau pareil tout seul est difficile, et Dans des moments de crise peut devenir invivable…
Il est impossible de s’envoyer de MP avant d’avoir posté un certain nombre de fois, mais si tu veux qu’on échange sur ce fil ou qu’on en crée un autre n’hésite pas.
Prends soin de toi
Palestrina

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helene98 femme
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champi vert0champijaune0cxhampi rouge0
Inscrit le 28 Mar 2023
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Bonjour Palestrina,

Avec grand plaisir. Je ne savais pas qu'on ne pouvait pas envoyer de MP tout de suite.
Je peux raconter mon histoire, je suis plus âgée que toi, et ce ne sont pas les mêmes produits (quoique, j'ai un peu tout essayé..), mais c'est quand même la même galère et le même dégout. Je te souhaite de tout coeur de décrocher assez vite, et de ne pas te rendre compte à 50 ans que tu es accro depuis 30 ans, car les années passent vite, et on a tendance à tout le temps remettre le "décrochage" au lendemain.
Moi aussi j'ai commencé très tôt à aimer les sensations fortes, c'était pas bien méchant au début, les cuites du samedi soir, les pétards à la plage..et puis ça dépend qui tu rencontres ensuite, enfin plutôt par qui tu es attiré..moi j'aimais bien les gens un peu fun, décallés, rigolos, j'étais très fétarde, j'aimais bien aussi être un peu la star de la soirée..mais j'étais pas du tout dans un milieu de toxicomanie. Et puis pendant les études, j'ai choisi certains potes, et je les voyais faire des allers retours à la salle de bains quand on faisait la fête; et j'ai tout de suite dit oui quand on m'a proposé une trace d'héroïne, j'ai adoré la sensation et le bien être dans lequel on se trouve. Pendant des années, je me suis demandée comment j'ai pu dire oui aussi facilement, pourquoi je n'avais pas eu de "limites" ni d'hésitation à essayer ces produits, contrairement à ma famille ou à mes amis d'origine qui tomberaient de haut s'ils savaient. J'ai aussi pris de la coc, les ecsta, toutes sortes de trucs, et même quelques traces de subutex qui faisaient un bon effet sympa aussi. J'adorais connaitre les effets et en redemander..Mais c'est l'héro que j'ai préféré, toujours de façon festive les premières années; heureusement ma vraie limite, c'est de ne jamais m'être injecté quoique ce soit. J'aurais pu arrêter vers 24 ans, car en semaine je ne prenais rien et mes quelques amis s'en procuraient seulement quelques weekend car on n'avait pas vraiment accès à ce milieu. Mais un jour j'ai tout raconté à mon toubib. Et ce médecin ne s'est pas trop posé de questions. Il était tout fier de me vendre un produit miracle qu'est le subutex en me disant qu'au moins, c'était légal et que je n'aurais pas besoin d'aller chercher de l'héroïne dans la rue..forcément dit comme ça à une jeune femme qui aime bien se défoncer, j'ai pris de suite et je m'en suis mordue les doigts pendant de longues années...car le subutex, ça se sniffe, et c'était trop facile de l'avoir à portée de mains pour égayer mes journées et toujours me sentir plus forte. Donc là je suis vraiment tombée dans l'addiction.
Depuis je le vois tous les mois pour me faire mon ordonnance, c'est clairement devenu mon dealer; j'ai voulu arrêter 1000 fois car je n'ai jamais supporté le fait de prendre un traitement appelé "de substitution" qui en fait est une belle drogue qu'on augmente au fur et à mesure pour que ça fasse plus d'effet jusqu'à que ça n'en fasse plus mais qu'on ne peut plus arrêter. Mon toubib n'a jamais entendu que je veuille arrêter, il n'a jamais compris ce qui me posait problème par rapport à ce traitement, et me dit depuis le début que c'est un traitement à vie. J'aurais pu ne compter que sur moi pour arrêter mais c'est compliqué la volonté car au fil des années je me suis créée un vide et le produit est tout simplement devenu ma béquille. Je te passe le poids du secret (personne n'est au courant), le fait que je me suis énormément isolée par la honte de moi même et de ne pas savoir justement maitriser ma vie, et le fait que je me suis beaucoup dégoutée à vivre depuis tant d'années en me cachant dans les toilettes de mon boulot..et mentir, passer son temps à mentir à ses proches...j'espère qu'on aura l'occasion d'échanger en privé; et si j'écris aujourd'hui, c'est que j'ai beaucoup d'espoirs ces derniers temps parce que j'arrive à descendre par paliers.
Et toi tu en es ou depuis ton témoignage? Tu as réussi à en parler à ton entourage?
Prends soin de toi aussi,
Hélène

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cependant
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helene98 a écrit

J'aurais pu ne compter que sur moi pour arrêter mais c'est compliqué la volonté car au fil des années je me suis créée un vide et le produit est tout simplement devenu ma béquille. Je te passe le poids du secret (personne n'est au courant), le fait que je me suis énormément isolée par la honte de moi même et de ne pas savoir justement maitriser ma vie, et le fait que je me suis beaucoup dégoutée à vivre depuis tant d'années en me cachant dans les toilettes de mon boulot..et mentir, passer son temps à mentir à ses proches...j'espère qu'on aura l'occasion d'échanger en privé; et si j'écris aujourd'hui, c'est que j'ai beaucoup d'espoirs ces derniers temps parce que j'arrive à descendre par paliers.
Hélène

Salut,

j'ai l'impression que ce qu'on peut faire c'est aussi inverser le problème.

À la place de se mettre la pression avec l'injonction à être "clean", pourquoi ne pas apprecier les trucs de ouf que ça nous a permis de faire ?
Certes, je trouve abusé les médecins qui préscrivent des traitements sans en expliquer les tenants et aboutissant et sans sonder si c'est vraiment ce qui s'adapte au patient.

Je comprends et je partage le fait qu'on trouve insoupportable d'être stigmatisés pour un traitement, mais je trouve que j'ai tout intérêt à agir pour modifier le regard de la société et décostruire cette vision culpabilisante plutot que de me priver d'un traitement qui me convient !!

C'est moi point de vue, mais je n'ai pas envie de subir des choix moraux et sociétaux. Et je ne vois pas quelle honte faudrait que j'aille parce que j'ai besoin d'une béquille. Pour faire de l'alpinisme on utilise bien des batons de marche, pour continuer la métaphore, je préfere voir l'Everest plutôt que croupir dans mon canap clean. Bref, ce n'est que mon point de vue, mais je pense que c'est fondamental de bouleverser cette vision des choses qui nous culpabilise en tant que PUD. Et je pense aussi qu'il y a beaucoup de personnes qui pourraient bien mieux vivre leur vie si on arrivait à niveau de la société à se débarasser de ce fardeau qui est la culpabilité, l'enjeux moral à la suffrance et à la volonté comme unique levier pour changer les choses...

Je ne me reveillerais pas à 50 ans en découvrant d'avoir été addicte, je sais dès maintenant que je suis une "droguée", mais je revendique les bénéfices que je peux en tirer et l'envie de le faire, en essaiant de trouver le moyen pour le faire dans les meilleures conditions qui m'apportent le plus...


fugu kuwanu hito niwa iwaji

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helene98 a écrit

Avec grand plaisir. Je ne savais pas qu'on ne pouvait pas envoyer de MP tout de suite.
.

Salut,

En effet il faut un certain nombre de messages mais aussi de temps de présence,  sur le forum car certains pensent directement a faire x messages souvent HS , bref  du flood à tire la rigaut mais non ca serait trop facile.

Pour en revenir à ton témoignage, tu aurais dû le poster dans le forum dédié aux opiacés / tso ( je vais voir avec le reste de l'équipe si je déplace ou pas ) car ici c'est le forum cocaïne / freebase , crack.

Ensuite, beaucoup de PUD moi le premier,  se sont trouvés ( et d'autres se retrouveront) dans la même situation.

De devoir faire la même démarche :
trouver un médecin ( hors addicto, csapa....) qui soit d'accord pour prescrire un TSO , un Traitement de Substitution aux Opiacés ( seulement  la buprénorphine pour les médecins généralistes ) , ce qui est quelques fois, pas si aisée que ça !

Perso, j'ai essuyer trois refus avant d'aller voir un médecin que j'ai encore aujourd'hui comme médecin traitant, lui ne m'a jamais jugé lorsque je lui ai dit que cela faisait des années que je prenais de la rabla, mais aussi de la coke etc etc...

helene98 a écrit

Il était tout fier de me vendre un produit miracle qu'est le subutex en me disant qu'au moins, c'était légal et que je n'aurais pas besoin d'aller chercher de l'héroïne dans la rue..forcément dit comme ça à une jeune femme qui aime bien se défoncer, j'ai pris de suite et je m'en suis mordue les doigts pendant de longues années...car le subutex, ça se sniffe, et c'était trop facile de l'avoir à portée de mains pour égayer mes journées et toujours me sentir plus forte. Donc là je suis vraiment tombée dans l'addiction.

Il t'as prescrit un tso, c'est que tu étais bien dépendante à  l'héroïne ... non? Après bien sûr qu'il faut communiquer sur ce type de traitement,cela va de soit...

Sauf le cas contraire, quelle différence fais-tu entre :

- être addicte à de l'héroïne #3, dans laquelle tu ne connais ni sa composition, ni sa pureté et que tu dois payer entre 20 et 40€ le gr

Et

- être addicte à  un médicament de substitution, donc de qualité pharmaceutique ( tu peux lire sa composition dans la notice) et qui est remboursé par la secu au cas où tu n'aurais pas de mutuelle , cmu/css ...  ?


amicalement

Dernière modification par meumeuh (02 avril 2023 à  02:08)

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helene98 femme
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Bonjour Meumeuh, et bonjour Cependant,

C'est cool de pouvoir discuter de ça, je regrette de ne pas l'avoir fait avant mais c'est quand même trop bien d'avoir des avis intéressants.
Meumeuh, je suis d'accord avec toi sur le fait que le subutex permet de vivre plutôt normalement; je me trompe peut être, mais je n'avais pas le sentiment d'être accro à l'héroïne car je n'en prenais que quand il y en avait (par des copains), et ça se limitait à des bringues. Mais quand même je commençais malgré tout à avoir le manque et si je faisais la fête sans, car il n'y en avait pas, ça devenait super fade...donc tu as sûrement raison d'une certaine façon j'étais vraiment entrain de tomber dedans.
De toutes façons je me dis qu'à partir du moment ou on a besoin d'être "défoncé" pour s'amuser (même avec l'alcool) c'est qu'on est une grande proie à tout ça (drogue et médoc). Et que j'étais comme ça je ne sais pas pourquoi. Mais oui, c'est bien mieux le subutex que l'héro. Je regrette juste que le médecin m'ait mis sous sbu aussi facilement, sans tenter autre chose. Après, bien sûr que j'aurais pu refuser, mais forcément quand on aime ça, on est pas les plus forts pour s'opposer à ce genre de proposition d'avoir du sbu quotidiennement.
Et désolée pour m'être trompée de forum, c'est dommage, j'aimais beaucoup toutes vos interventions. Pour moi la coc, et tout le reste ça a beaucoup de point en commun qd même.
Et pour répondre à Cépendant, j'adore ta façon de voir les choses, et c'est clair qu'avec cette vision et en assumant, voir en le clamant haut et fort, j'aurais eu la vie plus douce. Mais je viens d'une famille ou ce genre de choses n'existe pas, et avec l'éducation que j'ai eu, on ne se refait pas!!! Mais franchement j'essaierai d'y penser car dans l'absolu je suis d'accord avec toi, voir même envieuse de pouvoir penser comme toi, on a qu'une vie, et c'est trop dommage de bouffer de la culpabilité. 
Merci à bientôt j'espère.
Hélène

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meumeuh homme
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helene98 a écrit

C'est cool de pouvoir discuter de ça, je regrette de ne pas l'avoir fait avant mais c'est quand même trop bien d'avoir des avis intéressants.

Ré,

Oui c'est cool, comme tu dis,  même si parfois  il y a des divergences d'avis, mais cela ouvre le débat et c'est une des richesses de l'association  et de son forum psychoactif !!


Au plaisir d'échanger avec toi

MM

Dernière modification par meumeuh (02 avril 2023 à  11:14)

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