Bonjour.
Ma réponse arrive après la bataille, presque un an après la création de ce post. J'espère qu'elle arrivera tout de même aux yeux de quelqu'un...
Et après l'avoir lu hier, et m'être trituré les méninges jusqu'à ce matin, je me décide à répondre.
C'est la première fois que je lis que oui, on peut se retrouver "coincé" avec la
Ritaline.
Je ne trouvais d'écho à mon ressenti et vécu nulle part avant de tomber sur ce topic.
Même mon psychiatre que j'apprécie pourtant énormément, et qui est très ouvert, me maintient qu'il n'y a aucune dépendance à la
Ritaline.
Je vais tenter de faire bref (ce n'est pas mon fort...)
J'ai été diagnostiquée tardivement, adulte donc,
TDAH.
J'ai vu deux psychiatres spécialisés (sur Paris au tarif de la bagatelle de 150€ la séance), qui ont confirmé le diagnostic.
TDAH relativement sévère.
Pendant plusieurs années, pas de problème.
Je suis sous d'autres traitements, produits, que je ne peux ABSOLUMENT PAS arrêter du jour au lendemain, sous peine de me rouler par terre, mais que je gère bien, jamais de tentation de surdosage, je respecte à la lettre ma prescription à la lettre et ai même du rab parfois en fin de mois. (Antidépresseur, Anafranil, et anxiolytique, Tranxène, pour TOC et anxiété généralisée.)
Avec la
Ritaline, je me rends aujourd'hui compte à quel point c'est insidieux. La façon dont l'addiction, le fait de dépasser, de temps en temps, puis de plus en plus régulièrement, les posologies s'est installé dans ma vie.
Je suis partie de 4 x 10mg/jour, soit 40mg, et aujourd'hui, après 9 ans de traitement, mon psychiatre m'en prescrit 60mg/jour depuis un an.
En deux prises.
Progressivement, j'ai ressenti la montée, lorsque je prenais un ou deux comprimés de 10mg de plus.
Pour moi, c'est le piège sans fond. La trappe.
J'ai une personnalité qui accroche extrêmement vite aux produits qui m'apportent un "high", même léger.
D'ailleurs, je ne sais pas comment j'ai réussi à ne jamais tomber dans les produits plus forts, j'étais la candidate idéale pour des drogues du type
coke,
kétamine,
MDMA,
speed,
amphétamines et autres produits psychostimulants dopants.
Je suis maman, et il y a toujours eu cette espèce de deadline avec laquelle j'ai flirté un bon nombre de fois, mais que je n'ai jamais franchie, retenue par ce que j'ai pu construire dans ma vie, chose que j'avais peur de pouvoir réaliser au vu de mon histoire. J'ai eu de la chance malgré mon enfance désastreuse du fait de parents dysfonctionnels, ma mère surtout, et très toxiques,dans ma vie d'adulte, j'ai plutôt eu le vent dans le dos malgré les nombreuses répercussions dues justement à tout ce qui a été saboté durant mon enfance et adolescence. Je me bats chaque jour pour protéger tout ça, ce que j'ai pu construire malgré tout, selon les psys, je m'en sors très bien en regard de mon passif.
Par contre, depuis un an, je gère très mal ma
Ritaline, sans oser en parler à mon psy, à qui je dis pourtant tout, même le plus moche. C'est devenu un vrai problème.
J'ai honte. J'ai une trouille bleue de perdre sa confiance.
Je me suis mise à abuser, à en reprendre dans la journée pour ravoir une petite montée.
En un an, j'en suis arrivée à griller mon traitement du mois sur 1 semaine et demie/deux semaines...
Alors il y a encore quelques mois, pas de soucis, j'attendais la prescription suivante, je n'avais aucun effet de
sevrage. Stopper du jour au lendemain car je n'en avais plus ne posait pas de problème, excepté un
craving qui s'est installé progressivement...
Jusqu'à il y a environ 3 mois:
Comme les mois précédents, je bouffe en moins de 2 semaines l'intégralité de mon traitement.
Avec des arrêts de plus en plus compliqués.
Quand tu parles des négociations avec le psy pour obtenir un chevauchement d'ordonnance, mon dieu comme ça m'a fait tilter...
J'ai été obligée de le faire, deux fois déjà en mentant pour la première fois à mon psy (boîtes perdues das le train puis à l'hôtel, soit-disant...)
Je pense qu'il a cerné le souci la dernière fois, d'où le fait que ce mois-ci, quitte à me rogner les doigts, je respecte à peu près la posologie: Comme je le disais, les arrêts brutaux sont devenus de plus en plus durs.
Pour arriver à me retrouver, il y a 10 jours, dans un état qui m'a fait très peur. Vraiment. Je refuse de revivre un
sevrage, c'est ce qui le permet de me contenter de mes 60mg, mais avec un
craving quotidien. Pas horrible, mais très désagréable.
Le oure sest produit lors de mon dernier
sevrage donc:Le jour même de l'arrêt,
dépersonnalisation, et angoisse majeure liée à cet état de
dépersonnalisation.
Je tentais de garder contact avec le réel en regardant régulièrement l'heure, en essayant de répondre à mes amies sur mon téléphone. Mais évidemment, écrire une réponse digne de ce nom dans cet état m'était presque impossible.
Mais il me fallait ce contact avec la réalité, me sentant totalement hors de mon corps.
C'est une sensation vraiment très difficile à décrire à quelqu'un qui ne l'a pas vécue.
J'ai attrapé mes deux Staffs , leur laisse, et je suis allée dehors avec eux, encore une façon de tenter de reconnecter avec le réel. Je marchais comme un automate, l'esprit complètement... Dissocié. J'étais là sans être là.
J'ai pu ressentir mon identité se réunifier le soir seulement, j'étais totalement dissociée durant une bonne partie de la journée, avec angoisses majeures vraiment, cet état me laissait intacte ma lucidité, donc je tournais en boucle sur un atterrissage aux urgences psys (une de mes plus grandes phobies, par chance je n'y ai jamais eu droit), avec en plus, pas de pot, pile cet après-midi là, un message vocal du secrétariat de mon psy qui m'annonce que mon prochain rdv était décalé.
À ce moment, j'étais dans une sorte de clairière avec mes chiens détachés. Je me suis assise au sol. Je me suis dit que malgré toutes les batailles que je mène pour aller bien, là, j'étais cuite.
Alors non, je n'étais pas cuite.
J'ai passé les deux jours suivants connectée à moi-meme, mais avec un réel
craving, mon humeur était vacillante (par chance, mon traitement dont je parlais plus haut fait "rempart" derrière et assure le minimum.)
Et lundi dernier, il y a une semaine et demie me revoilà en train de servir à mon psy que j'avais perdu une boîte en vacances, que je venais seulement de m'en rendre compte, arrivant sur la fin du traitement...
Comme je le disais, ça faisait la deuxième fois en moins d'un an que je lui sortais ça. J'ai senti qu'il a grillé, ou tout du moins, se doute.
J'ai eu mon ordonnance sans avoir à insister avec chevauchement, mais j'ai tellement eu peur et honte, que je me fais un point d'honneur à m'en tenir aux posologies, tout su moins sans m'en éloigner de trop, de façon à en avoir un minimum jusqu'au bout des 28 jours légaux, quitte à en prendre moins sur la fin.
Depuis hier, je respecte à la lettre mon fameux dosage de 60mg, pris en deux fois 30mg.
Pour revenir sur le sujet du
craving, de la tolérance, je te rejoins totalement. OUI, la tolérance s'installe, et je peux vraiment le constater, en 8 ans de traitement.
Et malheureusement, les effets de
sevrage aussi, lorsqu'on commence à consommer un peu plus (je suis une petite joueuse, j'ai du prendre au maximum 1gramme, donc 10x10mg, peut être une fois ou deux 12x10mg, mais c'est anecdotique), et déjà, le
sevrage qui n'était pas un problème avant est devenu au cauchemar (je trouvais même ça top de pouvoir prendre un médicament psychoactif et de pouvoir le stopper du jour au lendemain sans l'horrible
sevrage aux benzos par exemple.)
Alors c'est un
sevrage différent. Les effets ne sont pas les mêmes que ceux d'un
sevrage classique (benzos, anti D...)
Mais carrément horribles, pour celui que je me suis payé il y a 10 jours.
J'avoue qu'hier, le temps étant absolument ignoble dehors, je le suis vue lorgner plusieurs fois la fenêtre, agacée de ne pas pouvoir sortir, puis sur mes boîtes de
Ritaline.
Je suis plutôt contente, même si j'espère tenir dans le temps, de me contenter de mes 6 comprimés par jour. J'ai tenu bon. Mais merde, je n'avais pas besoin de ça a gérer en plus. Ça m'angoisse, m'énerve. Je n'avais pas de problème avec la
Ritaline, et aujourd'hui, j'en ai un.
J'en ai pris environ 8 la semaine dernière, là, je repasse à 6, par terreur du
sevrage.
Mais je me sens réellement accrochée, addict au Méthylphénidate. Et dans les règles. Avec tout ce qui va avec.
Là où j'ai le plus de mal à ne pas en reprendre, c'est lorsque je dois accomplir une activité qui me demande un effort social, ou quand je suis seule, pour me redonner un coup de fouet, pour pouvoir étudier (je suis en Monitorat, pour devenir éducatrice canine en club canin, et je lis beaucoup sur la psychologie du chien, comportementalisme, mais aussi sur la génétique et un tas d'autres trucs qui me demandent une concentration que j'ai énormément de mal à mobiliser.)
C'est là que je reviens sur la tolérance.
Pour que je puisse étudier sur mes bouquins plus d'une demie heure/40mn, et encore, il me faut plus de
Ritaline. Bien plus qu'au début de mon traitement, ou qu'il y a même quelques années.
Je ne sais pas comment aborder le sujet avec mon psy.
Parfois je me demande si ce ne serait pas mieux de ne pas en prendre. Mais mon
TDAH est bien trop préoccupant et fort pour que je puisse envisager de me passer de
Ritaline.
Et je l'avoue, je ne veux pas la sortir de ma vie, elle m'apporte des possibilités que je n'ai pas sans...
Ceux qui savent comprendront.
J'ai peur qu'il me donne des ordonnances à la semaine. La honte totale. J'ai déjà toujours eu du mal avec les pharmacies (j'ai toujours eu honte de tout et de rien, honte d'exister même fut un temps), alors me pointer avec mon ordonnance hebdomadaire (qui est forcément due à un manque de confiance), à la pharmacie de ma petite ville (ils sont très discrets, sympathiques et empathiques, rien à dire), je ne veux pas. J'ai honte.
Je veux absolument pouvoir driver ce produit seule.
Comme j'ai réussi à ne pas tomber dans la
coke,
MDMA etc.
D'ailleurs, pour en revenir à la tolérance, elle s'est montrée particulièrement présente, le peu de fois où j'ai consommé de la
coke et du
MDMA. Les personnes qui étaient présentent ne comprenaient pas pourquoi je ne partais pas avec une dose classique, avec mes même pas 50kgs.
Je ne pense sincèrement pas que ce sont mes autres traitements, que je prends à dose très raisonnables qui ont installé cette tolérance, aux produits
psychotropes de façon globale.
Je suspecte fortement la
Ritaline, qui n'est rien d'autre qu'un dérivé amphétaminique...
Bref, j'ai été longue, je m'en doutais...
Navrée pour le pavé, et merci de m'avoir lue, si c'est le cas!
Je serais très soulagée de pouvoir échanger avec des personnes ayant un problème similaire, et surtout une ouverture d'esprit concernant les produits psychoactifs.
Mes proches et amis ne prennent strictement rien.
Mes amies les plus proches non plus, ma meilleure amie, juste un antidépresseur à faible dose.
Je ne peux pas parler de cela avec des personnes qui ne "savent pas", qui ne se sont jamais coltiné les soucis relatifs à la prise de produits, de traitement psy au long cours, ou prise de produits stupéfiants de façon générale.
J'aurais besoin de connaissances ayant ce même passif, vécu.
Je me sens bien souvent très seule avec ça.
Très belle journée et n'hésitez pas à me contacter en privé. Myna