Le laboratoire Bouchara Recordati oraganise un webinaire pour fêter les trente ans de méthadone en France, jeudi 4 avril de 12h30 à 14h30. Votre serviteur y est le seul usager invité (grâce à mon propre addictologue) et voilà l'adresse web de l'inscription au Webinaire accompagnée de l'affiche de l'évènement.
J'espère ne pas décevoir trop de gens, car j'ai des choses à dire en faveur des usagers de TSO et en défaveur de certaines pratiques encore vivantes dans certains centres spécialisés et quelques têtes non pensantes du domaine. Merci à Bouchara d'avoir inclus un usager (à la demande un peu scandalisée de quelques addictologues présents à cette table ronde).
et l'affiche :
Amicalement
Fil
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Ciao Fil J'espère avoir le temps de participer car rdv dans ce créneau horaire, autrement ma demande pour le laboratoire est d'avoir un metadone injectable aussi, puisque on est beaucoup accro à la seringue, au rituel. Ca évitera aussi le détournement que est très dangereux
Un PUD pour 5 addictos à la table, ca montre bien l'asymétrie de pouvoir...
je serais aussi à cet événement. Pas sur l'estrade comme Fil, mais dans la salle. Et oui je compte bien l'ouvrir pour faire passer le message d'une substitution injectable (pas forcément de la méthadone d'ailleurs !)
Puisque j'y étais, je vous en raconte un peu. J'en suis ressorti regonflé pour 6 mois, seul pud entouré de personnes médiatisées : Amine Benyamina, Nicolas Authier, Xavier Aknine, Bertrand Lebeau (avec qui je partage le même amour de certains végétaux), William Lowenstein et celui qui s'est déclaré pote avec moi depuis quelque temps, le professeur Georges Brousse. Je suis arrivé 1h30 avant le début et tous étaient déjà là. Ils m'ont accueilli chaleureusement. Leurs discussions d'avant étaient très intéressantes. Tous sont 100% Ok pour dire que la méthadone est un traitement qui a changé pas mal de choses et qu'il est à vie ou pas du tout, le sevrage leur paraissant absurde ainsi que la notion d'abstinence.
Tout cela m'a mis dans un état de confiance et de décontraction tel que j'ai pu dire qu'une toute petite partie de ce que je voulais dire par manque de temps de parole, discuté avec eux en regardant mes notes et tous étaient OK. Du coup, je me suis lâché comme il faut, expliquant au passage le pied que c'est de voire le nuage de sang remonter dans la seringue, vision qui précède tout juste l'arrivé d'un plaisir orgasmique et que vivre cela ainsi que les douleurs qui accompagnent les excès m'avaient offert les outils de ma propre construction. Ça l'a fait grave quand j'ai parlé de plaisir qui se doit d'accompagner un TSO/maintenance si l'on veut éviter de tomber dans la fosse commune de l'ad hédonisme. Aucun n'a parlé à part moi de ses propres consommations, mais je connais celles de plusieurs d'entre eux qui se sont confiés à moi.
J'ai pu parler du travail réalisé par l'équipe de Psychoactif, Pierre Chappard en tête et annoncé le processus génial qu'est ATP, leur ai fait remarquer que sans trouver une substitution qui plaise vraiment à tous, je serai en dépression sans mon usage de cannabis et parfois d'amphétamines. Cannabis que je fais pousser dans ma cave, of course.
L'évènement à pris fin sur le parking de la gare de Clermont-Ferrand vers 19h30 par une grosse embrassade de potes entre le professeur Georges Brousse qui était au départ mon addictologue référent et qui s'est mis à me tutoyer en me disant qu'on était copains avant d'être addicto/patient et qui a exigé à ce que je participe en tant que pud à cette table ronde.
Merci Georges ! On est sur la même longueur d'ondes et ça compte beaucoup. Et puis plein de gens sont venus me voir à la fin avec le commentaire suivant : "de tous les intervenants, vous avez été différent car on a senti chez vous une grande sincérité, de l'authenticité et de la passion.
Je ne sais pas quand ce Webinaire sera monté et mis en réseau sur You Tube ou autre.
Lors d'une séance plénière le dimanche matin au Prado pour le congrès de la Fédération Addiction, j'avais fumé mon joint du matin avant la séance qui commençait, je crois à 9h30. Sur la scène, dans de magnifiques fauteuils en cuir, il y avait quelques Addictologues dont Amine Benyamina à côté de moi et deux autres usagers de Cannabis, un pote de Principes Actifs et Bertrand Rambault. D'un seul coup, peu de temps avant que l'on m'appelle au pupitre équipé du micro, grosse crise d'angoisse avec de grosses gouttes de sueur qui tombaient de mon menton et de mon nez. Amine Benyamina, mon voisin de droite voit le truc et me parle dans l'oreille me disant : "t'es con, il ne faut pas fumer un pétard avant ce genre de choses, moi aussi j'ai le trac mais je prends un peu de Valium avant et tout se passe bien. Ce généreux conseil m'est revenu. Du coup, la veille, je n'ai pratiquement pas consommé de weed et hier matin, je n'ai pris que ma méthadone 80 mg vers 6 heures du mat et + 40 mg vers 10h30. Rien d'autre. Merci Amine, c'est la première fois depuis des années que je ne m'enfile pas de weed en me levant, ni dans la journée, juste un vrai joint roulé en arrivant chez moi vers 22 heures. Grosse baffe dans la tronche et une rupture d'avec le train train quotidien m'amenant une nouvelle sensation, juste comblé en opioïde, j'ai vécu une journée dense sans fatiguer du tout et avec un moral en acier forgé.
Vive les expériences, on y apprend systématiquement quelque chose. Pierre qui a suivi le webinaire m'a complimenté sur la radicalité de mes propos.
À suivre
Fil
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Salut Fil et merci pour ton retour. Entre mon travail et mon lieu d'habitation (BZH) je ne peux pas me rendre disponible pour ces événements, du coup j'apprécie beaucoup de lire des articles ou encore mieux des résumé comme tu la fait ci dessus.
Je suis d'accord, sa serait bien d'avoir un TSO qui procure plus de plaisir comme tu le dis, j'espère que ce jour viendra !
filousky a écrit
...,juste comblé en opioïde, j'ai vécu une journée dense sans fatiguer du tout et avec un moral en acier forgé.
Tu décrit très bien le feeling qu'une personne bien dosé en methadone resent !
"Nous sommes contre l'abstinence", cette phrase valait son pesant d'or au milieu de tout les addictos ! Comme dit ailleurs, notre discours est radical ou ne l'est pas.
Ce qui va te surprendre Pierre, c'est que nous avons passé ensemble une bonne heure à papoter devant un buffet haut de gamme. Comme à part Nicolas Authier, j'avais déjà partagé des scènes ou des atelier avec tous les autres. Ils m'ont donc accueilli chaleureusement et continué de parler entre eux avec moi. Avec un d'eux, on a regardé nos notes prises et surtout je les entend entre eux affirmer deux choses qui me paraissent essentielles de porter à votre connaissance et je sais que je me répète :
- Unanimité de tous pour dire : le méthadone c'est à vie ou pas - L'abstinence est inutile et contre productive (il y a quand même une pensée qui a évolué grave et qui nous est commune).
Je savais donc à l'avance que j'avais leur soutien dans à peu près tout ce que j'ai dit. J'ai redécouvert Amine Benyamina avec lequel j'avais déjà eu une relation très sympathique et qui s'est présenté avec une humilité très classe rappelant qu'il a débarqué d'Algérie avec son diplôme en quémendant du travail en France et dans les choses imperceptibles qui font une relation, je le savais humble, sujet au trac comme moi. De nombreuses fois il a pris la parole en me jetant des regards permanents, regards riches de complicité, c'est mon ressenti et je me goure peut-être à 100%.
En gros, pour moi, en dehors des choses radicales que j'ai pu dire, mes préjugés sur ces addictologues là se sont en grande partie envolés. Il en reste, mais beaucoup moins qu'avant.
Je sais que beaucoup de choses sont calculées, je fais de même. La discussion d'avant m'a fait entendre le nom d'Anne Coppel cité par tous dans l'historique de la R.D.R. retracé depuis 1987, année du décret Barzach qui autorisa alors la vente libre des seringues. Plusieurs années de continuation des contaminations par les virus du Sida et par celui de l'hépatite C qui fera, dans les années à venir, d'après les prévisions, plus de mort que le sida. Et en 85 et 86, le VIH ne laissait pas beaucoup de temps à vivre à ceux qui étaient contaminés. Les tâches du syndrome de Karposi arrivaient très vite et j'ai perdu quelques bons copains en l'espace de quelques mois. Le VIH a beaucoup participé à l'engagement associatif de beaucoup de gens en soutien des deux communautés pointées du doigt : les homosexuels et les injecteurs de stupéfiant qui partageaient leurs seringues, voire dénonciation par le bon peuple des homosexuels injecteurs de drogues alors considérés comme les pires merdes de la planète par bien des gens pour qui c'était "bien fait pour eux cette punition divine" contre le péché de sodomie droguée.
Pour terminer mes paroles sur le besoin de compléter les TSO avec du plaisir, je leur ai rappelé que faute d'avoir mis en place rapidement ce fameux plaisir, ce qui est arrivé aux USA avec les Zènes et le Fentanyl pourrait bien débarquer chez nous, sur une simple décision des chinois. Eux, n'en avaient pas parlé, du futur ...
Voilà, j'ai fini le complément du compte rendu.
Bien à vous
Fil
Ps : un info = il y aurait eu dans les années précédentes autour de 8 morts dues à la méthadone seule. Tous le autres décès chez des consommateurs de méthadone montraient des associations dangereuses avec les benzodiazépines ou avec d'autres dépresseurs du SNC. J'ai été étonné par ce chiffre si bas, le nombre d'usagers répertoriés de la méthadone étant de 72 000, sans compter les usagers du marché noir.
Extrait d'un étude publiée par NIH (National Library of medecine) : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC10266982/ en 2020, dans seulement 4 cas, la méthadone était la seule substance retrouvée dans les analyses et dans 80 cas d’autres substances étaient également impliquées dans le décès au regard des concentrations retrouvées.
Ça calme un peu la réputation de la drogue qui provoquerait le plus de décès en surdose ! 4 cas en 2020 avec juste de la méthadone avec une présomption personnelle d'au moins deux cas sur les quatre qui seraient volontaires. Quand on parle de nombre élevés de morts par surdose en liaison avec la méthadone, elle est toujours accompagnée d'un autre dépresseur.
Fil
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