Pourquoi parlez-vous (ou pas) à votre médecin traitant de vos consommations ?

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#Communication #consommation #médecine générale
Kyrha homme
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Salut Calice, ton témoignage est très touchant, je comprends ton ressenti, il y'a quelques années je consommais beaucoup d'oxycodone, environ 2,5g quotidien, pour des douleurs chroniques intense, mon médecin traitant étant en congé,  je m'oriente vers sa remplaçante. Elle n'a pas voulu me faire ma délivrance,  elle était prête à me laisser en manque pendant 1 semaine le temps qu'il rentre, j'ai été obligé d'insister,  de lui décrire l'état dans lequel je serai et de lui dire " ce n'est pas votre boulot de soulager et aider les gens qui souffre ?"
Elle a finalement accepté contre le prix de la consultation en liquide.

Comprends bien que tu n'es pas moin légitime qu'un(e) autre à être suivie, écoutée  et soignée par un professionnel de santé.
Malheureusement comme dans toutes les professions il y'a beaucoup d'incompétents, lourd de jugement et avec des idées préconçues.
Heureusement ce n'est pas le cas de tous, trouver un bon médecin traitant qui saura être à l'écoute et te suivre sans jugement n'est pas toujours simple mais il ne faut pas désespérer.
Courage à toi

Dernière modification par Kyrha (11 avril 2024 à  11:06)

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Bonjour, c'est pour tous ces problemes, qu'en cas de douleur chronique, être suivi (ou vu au moins une fois)  par une consultation specialisée de la douleur est utile.
ça "rassure" les medecins et les contrôles medicaux (medecins de Caisse) et ça facilite les prescriptions.  Et, en plus, souvent , ils ont des "plus" techniques, comme les perfusions de Ketamine, les prescriptions de kine etc..  Amicalement.

S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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Calice34
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Merci Kyrha pour ta compassion et ton soutien.

Mais plus j'y réfléchis, plus j'en suis convaincue: je n'ai pas besoin d'un médecin, j'ai juste besoin d'une ordonnance.

À trop se donner, on s'abandonne.

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zuzu
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Bonjour à vous,

Pour ma part je vais ajouter un autre épisode à mon précédent témoignage qui etait un poil HS mais je que je jugeais nécessaire de partager.

On va dire que de mes 21 à mes 28 ans, j'étais un gros cconsommateur de Hash. Je fumais 3 à 5 joint tous les jours. Sur la fin, lorsque je suis entré dans la vie active, vers mes 25 ans, je me contentais alors que de deux joint de H. A cela a commencé à s'ajouter une consommation d'alcool en mode assomoir. Casser le stress des durs journées de labeur afin d'éteindre un cerveau qui ne voulait pas abdiquer lorsque je devais aller au lit.

Résultat, "nervous break down", puis licenciement. Donc direction mon médecin de famille pour en parler et voir comment faire pour résoudre cela:

Il faut savoir que niveau antécédent j'avais été suivi et traité du VHC, entre mes 19 et 21 ans. Période assez dure à vivre et connu de mon médecin de famille.

Une fois dans son cabinet, je lui expose ma problématique et aussi mes consommations privées. J'ai observé un changement consubstantiel dans l'appréciation de ma personne. Dès lors mes propos n'étaient plus, de son pov de vue, cohérent, une défiance envers moi et mes demandes grandissait peu à peu.

Au point que, vers mes 31 ans, alors que j'étais abstinent de tous (tabac, alcool, cannabis), j'ai ressenti des crises de douleurs situées au niveau de l'estomac et du dos, crises brèves mais relativement intense.

Ainsi, j'ai;
- Dans un premier temps, fais des recherches sur internet en vue d'un auto-disagnostique. Je me suis rendu à l'évidence que j'avais des calculs billiares (colique hépatique)
- Dans un second temps, je suis allez revoir mon médecin de famille lui expliquant les symptômes et lui demandant de me prescrire une échographie de ma vésicule billiare.

Ca réponse ma contrarié:
"Mr XY, je pense que c'est dans votre tête que tout cela se passe"
Ce à quoi j'ai répondu:
"Ce qui se passe dans ma tête c'est mon affaire, je vous prie de me faire cette ordonnance, et nous verrons bien où se situe le problème"
Elle me sourit et me répondit:
"Très bien, faîtes donc cette analyse et on en reparlera"

Résultat:
J'avais bien une vésicule en mauvaise état, elle était pleine de cailloux noir. Impliquant qu'une cholécystectomie devait être partiquée au plus vite, sinon je pouvais risquer d'importante complication. Elle céda non sans malaise, et m'orienta, merci à elle, vers un spécialiste en clinique privé, pratiquant ce type d'intervention avec une grande maîtrise. Moins d'un mois après me voilà avec un nouveau nombril et sans vésicule biliare. Deux semaines après je reprennais le sport (contre l'avis du chirugien, bon là c'est moi qui déconnais), les douleurs avaient totalement disparût. Aujourd'hui, je vis parfaitement sans vésicule billiare avec aucun effet secondaire.

Depuis lors, mes relations avec mon médecin de famille se sont définitivement dégradé au point, qu'elle me refusa fin 2012 comme patient.

Dernière modification par zuzu (23 avril 2024 à  22:16)

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Eh oui, les toubibs se trompent aussi !

"Petit, Cucul la praline me piquait ma chocolatine à la récré"

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aaeel femme
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Bonjour,

Moi une fois j'avais appelé sos médecin car je me sentais mal suite à une prise de subutex en sniff, j'étais en descente et très angoissé, mais à partir du moment ou j'ai prononcé le mot "subutex" et "drogue" le médecin s'est reculé et n'a pas voulu me donner quoi que ce soit. Même pas un benzo pour calmer l'anxiété. J'ai eu l'impression d'être un déchet.

Aujourd'hui j'ai un médecin traitant à qui je dis tout sur mes consommations et elle ne me juge pas, au contraire elle est bienveillante. Je dirais que ça déênd vraiment de la personnalité des médecins...

"Heureux les fêlés, ils laissent passer la Lumière"

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Calice34
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zuzu a écrit

"Mr XY, je pense que c'est dans votre tête que tout cela se passe"

Je déteste tellement ce genre de réponse déplacée, on dirait du mépris, du dédain, presque une moquerie... si les symptômes sont là, la meilleure chose à faire est toujours, en principe, de faire le nécessaire pour vérifier l'anamnèse du patient...


À trop se donner, on s'abandonne.

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pierrotlalune non binaire
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alb.vic a écrit

Bonjour à tout le monde

Nous sommes deux internes en médecine générale à l'université Paris Est-Créteil et nous sommes en train de travailler à une thèse concernant la communication des consommations de la part des usagers à leurs propre médecin traitant. C'est-à-dire, nous cherchons les facteurs qui aident ou empêchent la communication avec le médecin traitant, dans le but de comprendre comment nous pourrions changer les pratiques des médecins généralistes pour avoir une meilleure communication sur le sujet des consommations, tout produit inclus (sauf le tabac car nous travaillons sur les psychoactifs).

Ma réserve de tramadol étant à sec, j'en ai parlé à mon médecin traitant il y a un an, que je trouvais particulièrement humain, pour qu'il devienne mon "dealer légal". Je voulais continuer à me droguer. J'avais même préparé mon argumentaire.
Lorsque j'ai commencé à m'exprimer, il m'a coupé la parole en me répondant que la drogue est un gros problème alors qu'elle était pour moi une solution, le fait d'avoir un moins une journée par semaine un bien-être m'aidant à ne pas me suicider. Alors, pour pouvoir avoir mes cachets, j'ai fermé ma gueule et j'ai fait la victime qui cherche à sortir de sa dépendance.
Je vis un véritable enfer qui n'a aucun rapport avec les psychotropes et la seule chose qui libère un peu mon esprit est cette journée hebdomadaire de bien-être par dopage. L'une des mesures fondamentales de la RDR est sans doute une écoute réelle. Qu'un médecin, pourtant humain, voit alors la drogue comme un problème en soi, lui qui utilise pourtant des drogues en guise de solution et sans rien connaître de mon existence, je trouve cela affligeant.
Cette expérience m'a dissuadé de dire la vérité aux professionnels de la santé concernant ma toxicomanie.

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Texte mis dans les morceaux choisis de Psychoactif. (pierre)

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Calice34
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En lisant tous les témoignages et en reprensant à mon propre vécu, j'essaie de me mettre à la place des médecins et je me dis qu'ils n'aiment peut-être pas prescrire des opiacés, BZD ou autre car ils n'aimeraient pas avoir la charge ou la culpabilité de faire parti de "tout ça".

J'en viens à penser que les médecins sont très réticents, par peur de maintenir quelqu'un dans la dépendance ou d'y enfoncer un patient encore plus qu'il ne s'y trouve déjà... tout ça par peur de culpabilité. Tout ça car ils n'ont pas envie de se dire "c'est de ma faute". Sauf qu'être médecin, c'est justement prendre ce risque: un médecin est responsable de son patient, ce qui implique qu'il en a la charge, et donc potentiellement qu'il est à l'origine d'une situation dans laquelle se trouve son patient.

Et on dirait qu'ils souhaitent échapper à ça, qu'ils ne veulent pas être concernés par cette prise de risque, qu'ils ne veulent pas être responsable de quoi que ce soit...

En ne participant pas à la prescription que le patient lui demande, j'ai l'impression que c'est comme si les médecins cherchaient à "se protéger" eux-même d'une quelconque faute qu'ils pourraient commettre, et ainsi de se dédouaner de toute responsabilité.

Sauf que quand on est médecin, la responsabilité et la charge du patient ainsi que sa situation font intrinsèquement partis de la profession. L'addiction, les consommations, etc. d'un patient incombent au médecin. Et c'est comme si les médecins voulaient échapper à ça... Ils ne veulent pas être responsables de quoi que ce soit. Ce qui est, justement, précisément et paradoxalement, irresponsable de leur part... et donc contraire à l'éthique du domaine médical. Un véritable comble.

Dernière modification par Calice34 (23 juin 2024 à  14:37)


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prescripteur homme
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En lisant tous les témoignages et en reprensant à mon propre vécu, j'essaie de me mettre à la place des médecins et je me dis qu'ils n'aiment peut-être pas prescrire des opiacés, BZD ou autre car ils n'aimeraient pas avoir la charge ou la culpabilité de faire parti de "tout ça".

L'un des principes les plus anciens de la Medecine est "primum non nocere". Un médecin ne doit pas, par ses actions,  nuire à son patient. Et pour les medecins certains  gestes que reclament les patients, sont pour lui   source de dommages à celui ci. ça concerne le suicide medicalement assisté, la chirurgie esthetique "abusive", des certificats medicaux abusifs et bien sûr la prescription de medicaments qu'il considère comme inutiles ou dangereux ou la non prescription de medicaments utiles (par exemple la transfusion sanguine chez les témoins de Jehovah).

Le point important est pour lui. Si le client reclame cette prescription c'est qu'il pense que pour lui (cette fois le client) c'est quelque chose de positif. Evidemment il n'y a pas de reponse toute faite qui donne raison à l'un ou à l'autre a priori. C'est une question qui depend des circonstances.  L'ideal est bien sûr, que le dialogue arrive à trouver un consensus sur ce qui est dangereux pour le patient (et parfois pour le médecin) ou non.

Malheureusement l'ideal est rarement realisé. Notamment en matière de drogues parce que les medecins, comme la population générale, sont nourris de préjugés et ne peuvent pas admettre que "la drogue" puisse etre benefique à la personne et que sa consommation relève de la liberté individuelle et ne nuit pas à autrui, comme l'orientation sexuelle etc..,  les choix de vie en général, même si ce  ne sont pas ceux du medecin.
Il y a là un combat à mener pour eradiquer les préjugés contraires aux droits de la personne.

Mais, en attendant il faut faire avec l'existant. Dans ce cas, il y a deux cas.
Soit le medecin a une obligation de soins urgents à la quelle il ne peut pas echapper. par exemple la prise en charge d'un syndrome de manque.
Soit le medecin peut faire jouer son droit de retrait mais alors il doit orienter son patient vers un autre soignant (eventuellement un CSAPA) . Pour la prescription ou la delivrance de "drogues" je pense qu'elle devrait relever de structures non médicales afin que la personne puisse obtenir ce qu'elle demande sous sa propre responsabilité et ainsi eviter la "quête humiliante" de prescriptions..
Amicalement

Dernière modification par prescripteur (23 juin 2024 à  16:22)


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