Barcelone : Une salle de shoot encadrée à  l'hôpital du Vall d'Hebron

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Alain Will homme
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Barcelone : Une salle de shoot encadrée à  l'hôpital du Vall d'Hebron

© www.lindependant.com | 07.09.10 | Joana Viusà 

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Barcelone. Depuis 2005, Barcelone dispose de cinq centres où les consommateurs de drogues par injection peuvent s'injecter leur dose dans de bien meilleures conditions d'hygiène et de sécurité que dans un coin de rue.

Le personnel qui les accueille fournit des seringues stériles aux toxicomanes, leur prête une oreille attentive et tente de les inclure dans un programme de réhabilitation. Mais l'un de ces centres, abrité par l'hôpital du Vall d'Hebron, est allé plus loin, mettant en oeuvre une expérience, inspirée d'une initiative réalisée en Suisse : ce n'est pas seulement une salle d'injection de drogue qui est proposée au toxicomane, mais une structure complète, adossée au service de psychiatrie. Placée sous la supervision du docteur Carlos Romero Alonso, le CAS (Centre d'assistance et de suivi)
est une unité hospitalière et universitaire expérimentale mise en place en 2006, par la municipalité de Barcelone et la Generalitat de Catalogne.

Programme de désintoxication

Une équipe de 35 personnes se charge de mener à  bien cette unité thérapeutique qui ne se contente pas seulement d'offrir au toxicomane l'accès à  la salle d'injections, aux douches, aux activités ludiques ou d'information : il a la possibilité d'être suivi par des thérapeutes, voire de se prêter à  des essais de médicaments ou de substances de substitution dans le cadre d'un programme de désintoxication.

"C'est un centre intégré", explique le Dr Roncero, où psychiatres, psychologues, médecins, infirmiers, éducateurs et travailleurs sociaux prennent en charge le patient. "Le toxicomane apporte sa substance, et nous sommes là  pour le conseiller, et l'aider en cas d'overdose ou de réactions imprévues à  l'injection de la drogue".

Le personnel médical ne s'occupe pas de vérifier si la substance est nocive ou pas – en fait, assure le Dr Roncero, les patients arrivent ici avec des produits très manipulés – mélangés à  hauteur souvent de 80 % à  d'autres poudres. "Nous nous contentons de leur suggérer de s'injecter la drogue en plusieurs doses, petit à  petit ; de ne pas aller chercher directement la veine du cou – l'effet est plus rapide, mais le risque d'overdose est plus grand-, etc. Le but de notre programme de réduction des risques est d'amener au moins 60 % de nos patients à  se soumettre à  un traitement de désintoxication. Nous sommes en train d'y parvenir, sachant que nous devons faire face à  des cas compliqués : en effet, 30 à  40 % sont des "okupas" (des "squatters") , vivant dans des conditions très précaires, et présentant un degré élevé de toxicomanie. Mais nous sommes contents du résultat".

Résistance des riverains

S'il est certain que grâce à  l'encadrement thérapeutique dont ils bénéficient, les toxicomanes du quartier du Vall d'Hebron ont toutes les chances de leur côté pour tenter de s'en sortir, les habitants, eux, avaient opposé une farouche résistance à  l'implantation du CAS : en 2005, les manifestants coupaient l'avenue Diagonal tous les mercredis en signe de protestation et ils réussirent à  retarder de deux ans la création de ce centre, jusqu'au moment où une décision judiciaire mit fin à  cette situation.

Aujourd'hui, les responsables des manifestations d'alors reconnaissent que le CAS n'a pas posé de problème. Le docteur Roncero se moque un peu : "Ils s'imaginaient que le centre attirerait des hordes de drogués dans les environs de l'hôpital. Rien de tout cela ne s'est produit : tout est tranquille. Personne dans le quartier ne se rend compte de l'existence d'un centre d'assistance de toxicomanes. Les scènes de piqûre en public ont considérablement diminué ; les troubles de l'ordre public aussi, il y a beaucoup moins d'interventions de la police et des ambulances : du coup, cela coûte moins cher à  la collectivité !".

Joana Viusà 

Il m'arrive de trouver que la vie est une horrible plaisanterie. F. Sagan.

Je vois dans la révolution la revanche du faible sur le fort. La liberté est un mot que j'ai longtemps chéri. Sade (Le marquis de)

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