prison 1981

j'ai eu le malheur de fêter mon 21 eme anniversaire en prison , pour des pécadilles qui m'ont coutées 2 ans fermes..se taire peut valoir très cher! mais mon honneur etait sauf et c'est ce qui m'a fait tenir dans l'horreur qu'est la prison!
je suis entrée là  dedans très malade, en manque comme une "sauvage" (3 jets de blanche par jour) sans aucune substitution car dans les années 80 cela n'existait pas en france, et surtout encore moins en taule!
j'ai mis Deux mois à  faire passer ce manque odieux, qui me tenait éveillé toutes les nuits, qui me torturait les jambes, le ventre, les muscles....un très mauvais souvenir!
quand je me suis retrouvée enfermée avec des femmes qui avaient toutes tuées quelqu'un j'ai eu un sacré choc d'incompréhension! pourquoi moi me retrouvais je ici , pour trois keps de came vendus? il faut vous rappeler que cette affaire jugée dans une petite ville etait la 1ere du genre! le tribunal n'avait donc pas lésiné! "les vendeurs de mort devaient payés et chers!"
j'ai eu alors une réaction de replis quasi autiste! pas un mot, pas un regard échangé, pas de sortie commune, pas de communication ; rien; pendant des mois un retrait du monde qui en fit m'a protégée l'esprit des horreurs qui m'entouraient!
Le pire je pense était les nuits; j'entendais la ronde des matones , l'oeilleton relevé, le regard qu'on devine sur soi; puis les pas qui s'en vont faire la même manoeuvre à  la porte suivante....les heures nocturnes sont si longues là  bas!
on se sent coupé du monde, de la vie, du temps; c'est une mise au placard au sens littéral.

un peu de joie etait entré avec des ROMS, mineures incarcérée peu de temps; je me souviens de leur joie, leur geaité, leur grande gentillesse; elles ne risquaient rien et le savaient!
Elles ont apporté un air peu habituel pour quelques jours; on etait 8 par cellules de 9m3, mais au moins on souriait!
mais les matones n'aiment pas le rire!comme certains religieux d'un autre temps, elles execraient toute expression de bonheur! cela ressemblait à  leurs yeux à  une sorte de révolte sans violence.

le retour à  la "normale" fut triste et difficile! je mangeais peu , fumais beaucoup, lisait sans cesse; heureusement!
j'ai pu entendre des histoires de vie odieuses! une femme avait violée ses gosses avec son mari à  l'aide de légumes...une autre avait supprimé le mari alcoolisé et violent à  coup de marteau sur la tête...une autre pleurait son très jeune fils mort d'un cachet qu'elle lui avait donné , voulant mourir avec lui...elle fut sauvée , mais pas lui...18 ans de trou pour avoir voulu mourir!!!!
et bien d'autres....des vies à  jamais brisée..des enfances malmenées qui expliquaient bien des dérives! une SDF heureuse enfin d'avoir un toit, après avoir tué son mari pour une bouteille volée...pauvre femme! elle n'avait rien connu de positif dans cette vie là ! elle est morte d'un cancer en prison
beaucoup de gens meurent en taule! les crimes ne tuent pas que les gens assassinés!
et aucune aide! pas de psy, pas de parloirs pour la plupart; pas de cantines par manque de tunes...
la pauvreté en prison aggrave le régime pénitentiaire! le manque de tout peut rendre fou!
et les clefs.....
ouverture des portes pour un seau d'eau froide le matin
fermeture
ouverture pour un parloir
fermeture
ouverture pour la fouille générale
fermeture
ouverure/fermeture: une "erreur*
etc..
comme ça toute la journée peu sainte!

le dimache on peut aller à  la messe..histoire de "sortir" de la cellule
moi non
aucune concession pour "mes ennemis; mes tortionnaires
je n'ai rien oublié
même à  ce jour..si longtemps après!