Un de plus! Le groupe des responsables politiques de premier plan appelant à la
légalisation du
cannabis compte un membre supplémentaire en la personne de l´actuel président colombien Juan Manuel Santos. Un membre des plus éminents puisque, jusqu´à présent, le club était essentiellement composé de retraités et que le chef d´Etat colombien, premier producteur de
cocaïne au monde et gros exportateur de
marijuana, est bien placé pour parler drogues.
« Le monde a besoin de discuter de nouvelles approches, a déclaré le président Santos dans une interview au quotidien Métro. Nous pensons toujours dans le même cadre, comme nous le faisons depuis quarante ans. »
Parmi ces « nouvelles approches », Juan Manuel Santos propose donc la
légalisation de la
marijuana « à condition que tout le monde le fasse en même temps ». A la remarque du journaliste qui souligne qu´il faudra bien que quelqu´un commence, le Président répond: « Oui, et ce ne sera pas moi. » En effet, souligne-t-il, la question des drogues est en Colombie une question de sécurité nationale: « Le trafic de drogues finance la violence et les groupes armés dans notre pays. Je serai crucifié si je faisais le premier pas. » Et de suggérer que les Etats-Unis et l´Europe seraient bien mieux placés pour faire cela, puisque les drogues n´y sont « que » des questions de santé publique et de petite criminalité…
Aucun laxisme toutefois dans les propositions de celui qui fût jusqu´à l´année dernière ministre de la Défense d´Alvaro Uribe, président qui mena une guerre sans relâche à la drogue et aux groupes armés, au prix de nombreuses entorses aux droits de l´homme. Pour Juan Manuel Santos, la
légalisation de la
marijuana ne doit permettre que de concentrer les efforts internationaux sur la lutte contre les trafics de
cocaïne ou d´héroïne, qui doit être renforcée.
Juan Manuel Santos rejoint dans ce combat d´anciens chefs d´Etat latino-américains, continent qui a énormément souffert du trafic de drogues à destination des pays du Nord. Au mois de juin, dix-neuf personnalités internationales de premier plan réunies au sein de la Global Comission on Drug Policy appelaient ainsi à une
légalisation contrôlée de la
marijuana et à des mesures sanitaires pour le traitement des toxicomanes aux drogues dures. L´appel avait été signé, entre autres, par les anciens présidents mexicain Zedillo, brésilien Cardoso, colombien Gaviria et suisse Dreifuss, par l´ancien secrétaire général de l´ONU Kofi Annan ou encore par Louise Arbour, Javier Solana, Richard Branson, Mario Vargas Llosa…
Un seul gouvernant en exercice avait signé cet appel: le Grec Papandréou, qui n´en est pas resté au stade des déclarations puisque son pays a, depuis, annoncé la décriminalisation de toutes les drogues. Samedi, c´était au tour du parti de gauche allemand Die Linke de se prononcer pour une
légalisation, à terme, de l´usage de toutes les drogues.
La France n´est pas en reste. Pendant la campagne des primaires socialistes, Martine Aubry s´est déclarée pour la
dépénalisation du
cannabis, une première pour un dirigeant du PS, tandis qu´un rapport sur la
légalisation contrôlée, signé de l´ancien ministre de l´Intérieur Daniel Vaillant, attend toujours sur le bureau du groupe socialiste à l´Assemblée.
Arnaud Aubron
Source :
http://blogs.lesinrocks.com/droguesnews … marijuana/